Les jeux de course en vue du dessus on connaît depuis MicroMachines (1991), et ceux qui ont repris la formule manquaient souvent de profondeur dans leur gameplay et de détails dans leurs graphismes. Du coup, quand les Italiens de chez Playstos, développeur indépendant de Real World Racing, nous annoncent que ce jeu dispose de "paramètres automobiles fidèles à la réalité" et "des images aériennes haute définition de qualité photographique", on se dit que ce jeu pourrait apporter un renouveau au genre dans lequel il s’inscrit. Est-ce le cas ?
Ces dernières années ont vu sortir plusieurs jeux de course en vue plongeante, qui ont fréquemment un gameplay adapté au support mobile, c’est-à-dire moins précis. On peut citer Bang Bang Racing (2011), Mini Motor Racing (2012) ou autre nom-en-trois-mots-avec-Racing-à-la-fin. Les développeurs de Real World Racing (littéralement la Course du Monde Réel) sont aussi coutumiers des jeux smartphones, mais nous livrent ici une production plus originale sur PC uniquement et se voulant réaliste : environnements réels, circuits réels, voitures réelles. Le tout accompagné par des musiques d’Alessio Giorgianni à base de sons synthétiques bien rythmés (lien vers un extrait de l’OST). S’adaptant au mode de jeu, on pourra les trouver tantôt oppressantes en mode Survie tantôt stimulantes en un contre un, mais toujours cohérentes entre elles et avec ce qu’on attend d'un jeu de course.
DES GRAPHISMES A BASE D’IMAGES SATELLITE
La première chose qui frappe lorsqu’on voit des visuels, c’est la similitude entre Google Earth (qui n’est pas un jeu vidéo…) et Real World Racing (qui n’est pas un SIG…), comme l’atteste ci-contre la comparaison de deux images du même lieu : la fameuse Tour Eiffel et l’avenue Gustave Eiffel à Paris. Cela étant dit, RWR n’est pas (seulement) un jeu de course sur fond d’images satellites auxquelles on aurait ajouté un HUD. Il fournit des indications visuelles au sol, des effets de lumière et de météo, des villes vivantes. Ainsi peut-on entendre la foule sur certaines portions, voir des trains et bateaux en mouvement sur les voies ferrées et canaux environnants.
Majoritairement urbains, les circuits permettent de parcourir quelques-unes des villes les plus importantes d’Europe, telles Oslo, Londres, Copenhague, Munich, Paris, Prague, Milan et d’autres ; à quoi s’ajoutent quelques virages sur la Riviera méditerranéenne. Dommage que seules des villes occidentales soient présentes. On appréciera en revanche l’intégration de différentes heures de la journée et diverses conditions météorologiques offrant quelques courses de nuit et sous la pluie.
UNE CONDUITE EXIGEANTE, ENTRE ARCADE ET REALISME
Passée la particularité visuelle du titre, on remarquera que sa conduite présente de bons arguments. Le pilotage demande d’être adapté en fonction du véhicule. En effet, un même virage pourra être appréhendé très différemment selon le modèle avec lequel on roule, possédant ses statistiques propres. On trouve renseignés la marque et le modèle (fictifs), la vitesse maximale, le temps pour passer de 0 à 100 km/h, le poids, la cylindrée, le nombre de vitesses, l’année de sortie et surtout les diverses performances fixes (vitesse, accélération, prise en main, dérapage, freinage). Dans l’ensemble, les véhicules possèdent une forte inertie que ça soit dans l’accélération, le freinage ou les virages. Il faut donc autant que possible éviter les collisions et anticiper les virages afin de ne pas perdre trop de vitesse. Seul souci : il est parfois difficile de savoir où se situe la hitbox du circuit en bord de piste, c’est pourquoi il est important de connaître les circuits des courses les plus corsées. Mais bien conduire n’est pas toujours suffisant pour arracher la victoire : il est souvent nécessaire de prendre des risques, de freiner plus tard que ses adversaires, de ré-accélérer plus tôt. Cela ne fait pas de ce jeu une simulation pour autant : le gameplay s’il est exigeant et précis reste arcade.
En outre, le jeu fournit de bonnes indications visuelles (flèches, marquage au sol, signe danger…) permettant d’anticiper les virages et d’adapter sa vitesse. Pour plus de réalisme et de challenge, elles sont désactivables. Tout un chacun peut ainsi gérer sa difficulté comme il l’entend : en désactivant les aides visuelles, en passant les vitesses manuellement, en remplissant les objectifs secondaires, ou encore en changeant la difficulté de l’IA. Des options bienvenues, d’autant qu’on ne les attend pas nécessairement dans ce genre de "petit" jeu de course. De même, on a la possibilité de jouer aussi bien à la manette qu’au clavier / souris (le menu est d’ailleurs plus adapté à la souris).
UN CONTENU RICHE ET VARIE
En tout, 8 types de courses différentes nous sont proposés : standard (opposant jusqu’à 16 concurrents), contre-la-montre, checkpoints, survie (le dernier est éliminé à chaque tour), un-contre-un, slalom, championnat, poursuite d’hélicoptères. Dans ce dernier mode, la caméra se place du point de vue d’un hélicoptère, le but étant en gros de rester dans son champ de vision. Un principe intéressant qui s’avère en pratique ennuyeux en raison de la lenteur de l’hélico. Mais hormis ce dernier, tous les modes présentent de l’intérêt et du défi, notamment pour remplir les objectifs secondaires. Ceux-ci consistent par exemple à ne pas se laisser dépasser par les concurrents, à ne percuter aucun obstacle lors d’un slalom, à conduire un véhicule de classe inférieure, à franchir le dernier checkpoint en marche arrière, à doubler un adversaire dans les dernières secondes… En les remplissant, le joueur peut non seulement gagner plus d’argent afin d’acheter de nouvelles voitures, mais c’est également le moyen de débloquer certaines courses. De manière générale, les courses, les catégories, les voitures sont déverrouillées progressivement en mode Carrière : une bonne manière d’encourager la progression. Le mode Arcade permet quant à lui de profiter du contenu débloqué avec les paramètres de son choix. Une bonne diversité donc, à quoi il faut ajouter le permis de conduire à passer au début, indispensable pour concourir contre d’autres pilotes, et accessoirement pour maîtriser rapidement les bases du gameplay. Ce n’est pas sans rappeler un certain Gran Turismo, dont on reconnaît l’inspiration, des menus aux statistiques des véhicules en passant par le mode Carrière.
Au final, entre les voitures disponibles de base, celles que l’on gagne grâce aux victoires et celles qu’il faudra acheter, pas moins de 78 véhicules aux caractéristiques différentes sont jouables dans le jeu (hors DLC payants) ! L’argent gagné en jeu grâce aux victoires et autres actions spéciales (dérapages, dépassement, tour parfait…) permet de se payer assez rapidement une bonne voiture dans sa catégorie… mais pas de les acheter toutes. S’il n’y a pas de licences officielles, on reconnaîtra aisément les vrais modèles ayant inspiré la création des voitures du jeu : Porsche 911, Ford Mustang, Hummer, Mini Cooper, Coccinelle, Aston Martin ou encore Toyota Prius. Enfin, il faudra compter près d’une vingtaine d’heures de jeu pour terminer le mode Carrière. Et si vous n’en avez pas assez, plusieurs DLC payants sont disponibles, qui ajoutent de nouvelles voitures, villes, circuits…
Malgré plusieurs mises à jour gratuites de contenu et autres correctifs (dont ce test tient compte à sa date de parution) depuis sa sortie initiale fin 2013 de la part de la petite équipe de développeurs, RWR n’a pas été le succès commercial escompté. Pour autant, une suite au jeu a été annoncée, plus ambitieuse et en 3D.
Points forts
- Conduite exigeante et précise
- Villes et circuits réels
- Contenu imposant et grosse durée de vie
- Utilisation originale de photos aériennes
- Musiques et conception sonore
Points faibles
- Multi seulement en ligne…
- … et serveurs online vides !
- Uniquement des villes occidentales
- Traduction de l’interface piètre et partielle
Real World Racing est un petit jeu qui a presque tout d’un grand. Issu d’un sous-genre du jeu de course qui avait tendance à tourner en rond (paradoxalement…), il réussit à apporter une touche qui lui est propre en intégrant des graphismes "photoaéroréalistes" (soit conçus à partir de photos aériennes). Finalement, ce qui manque surtout à RWR c’est… des joueurs ! Car il n’y a en ligne malheureusement personne. Dommage qu’il n’y ait aucun split screen. Mais pour 9 €, inutile de bouder son plaisir, car c’est un jeu qui les vaut amplement.