Après plusieurs phases de bêta et une sortie sur launcher dédié, voilà qu'Elite : Dangerous débarque sur Steam en cette belle année 2015, décidément placée sous le signe de l'espace, avec notamment un Star Citizen dantesque qui se fait un peu attendre. Frontier Developments nous offre donc un simulateur de vaisseau spatial bac à sable et massivement multijoueur de grande qualité que nous vous présentons aujourd'hui.
Avant tout, sachez que si vous souhaitez aborder ce test avec un angle roleplay (un élément déterminant dans l'approche d'Elite Dangerous), nous vous avons concocté deux journaux de bord qui couvrent les différents aspects du jeu : vaisseaux, formation, voyages supraluminiques, cartographie, et fitting dans le premier "journal du commandant Panthou". Pour le second, baptisé "Enfin libre dans Elite Dangerous, mais qu’y faire ?", nous abordions les vitesses de déplacement, l'atterrissage et l'abordage des stations, les modules, les quêtes, factions, les systèmes de planètes et les métiers. Cette approche nous a permis de traduire le côté bac à sable du titre le plus librement possible. Désormais, il est grand temps de faire un test plus conventionnel du jeu.
Quel est le principe d'Elite : Dangerous ?
Si vous avez déjà entendu parler d'Elite, ou que vous avez entraperçu des images du jeu et que votre curiosité a été titillée, un rapide résumé du concept s'impose. Elite : Dangerous est une simulation spatiale dans laquelle chaque joueur dirige un vaisseau. Vous voilà donc lâché dans l'univers (qui se compose de plus de 400 millards de systèmes) et votre destinée sera celle que vous choisirez. Vous pouvez très bien devenir un chasseur de primes enchaînant les missions de traque et de destruction, ou tenter d'obtenir une petite fortune en faisant du commerce de station en station en profitant pour cela des fluctuations du marché, bien au chaud, à bord d'un vaisseau cargo fraîchement acheté à la station du coin.
Si vous vous sentez l'âme d'un explorateur, sachez qu'il est aussi possible de partir à l'aventure, équipé d'un module permettant de détecter et d'analyser les planètes afin de découvrir de nouveaux mondes et de les baptiser, tel un Christophe Colomb de l'espace intersidéral. Evidemment, vous n'êtes pas seul dans le vide stellaire et des milliers de joueurs et de PNJ viendront agrémenter vos parties, que ces derniers souhaitent vous traquer pour vous détruire, récupérer le contenu de votre soute et le revendre au marché noir, ou qu'ils souhaitent un peu d'aide pour une traque et vous proposent de former une escadrille en contact vocal, voguant en équipe de système en système à la recherche d'aventure... Ça fait rêver n'est-ce pas ?
Une réalisation sobre mais efficace
Elite : Dangerous bénéficie d'une réalisation à la fois réaliste et modeste. Comprenez par là que nous n'aurons pas droit à des fioritures graphiques dans tous les sens ni à des déluges d'explosions à tout bout de champ comme ce que souhaite faire EVE Valkyrie. Nous sommes ici sur un open world avant tout et rencontrer des vaisseaux en grand nombre n'arrive pas souvent hors des stations dans lesquelles ces derniers s'amassent pour le commerce, le ravitaillement ou la prise de contrats. Le titre se veut optimisé pour les configurations ayant quelques années mais laisse suffisamment de marge pour faire cracher ses tripes à un bon gros PC de gamer. Si en plus vous rajoutez la prise en compte de la réalité virtuelle via Oculus Rift, sachez que l'expérience est hors du commun, sans pour autant être exempte de défauts, malheureusement inhérents au statut de prototype du casque.
Prise en main parfaite pour les plus fortunés, et pour les autres ?
La prise en compte de l'Oculus Rift a fait d'Elite le parfait étalon PC pour prouver au monde entier que la réalité virtuelle a un potentiel dingue sur de la simulation en véhicule. Bien immergé dans votre cockpit, vous pouvez suivre vos ennemis des yeux tout en manoeuvrant, regarder en direction des différents côtés de l'habitacle afin de gérer vos modules installés, vos cibles, vos trajectoires de voyage... Ajoutez à cela des HOTAS, les joystick et manette des gaz, que le titre a remis au goût du jour alors que ces accessoires étaient désormais réservés à une toute petite niche de joueurs, et vous obtenez une expérience optimale.
Evidemment, cela implique un investissement lourd (comptez 120 à 130 € pour les HOTAS utilisées pour ce test, les X52 de Saitek) et un Oculus DK2 se monnaye autour des 300 € mais pour cela il faut affirmer être développeur... L'équipement ultime n'est donc pas à la portée de tout le monde, néanmoins le jeu reste jouable au combo clavier + souris. Je tiens par contre à vous prévenir : il s'agit d'une simulation... Vous allez donc avoir un bon paquet de touches à apprendre ! Rassurez-vous, il existe une partie "formation" dans le jeu qui vous apprend les bases et vous permet d'aborder sereinement l'espace.
Comment se déroule une partie d'Elite ?
Elite, c'est un peu comme Minecraft, on y retourne par période, parfois après quelques semaines sans jouer, mais on reste toujours émerveillé par le potentiel du jeu et par son immersion. Le titre impose de longues parties à la manière d'un MMO, puisqu'il est quasiment impossible de faire une session concluante en moins d'une grosse demi-heure de jeu. De plus, les différentes quêtes sont minutées et il ne sera pas rare de devoir réaliser des missions en moins d'une heure pour obtenir la validation de votre action. On apprend donc à être patient et, croyez-moi, c'est très important dans une simulation spatiale.
Il vous sera par exemple parfois demandé de zoner dans différents secteurs spatiaux à la recherche d'individus à dessouder, une quête en apparence simple qui peut déboucher sur une à deux heures d'errance à la recherche des fameux individus. Vous aurez également très souvent l'occasion de voyager en HyperSpace (le second mode de déplacement, entre la vitesse de croisière et le SuperDrive façon Stargate), et les voyages peuvent être un peu longuets, avec des phases d'approche où l'on doit décélérer progressivement et bien doser ses moteurs. Il faudra donc s'armer de patience pour jouer à Elite, mais de telles phases s'avèrent au final extrêmement utiles pour mettre en valeur les séquences épiques que propose le titre.
Il m'est par exemple arrivé à plusieurs reprises d'être sorti de route par un pirate de l'espace qui souhaitait récupérer ma cargaison. Une fois face à face, le combat s'engage, plusieurs choses sont alors à gérer afin de s'attribuer la victoire. Il est évidemment conseillé de ne jamais avoir l'ennemi dans le dos, et vous devrez donc jouer des HOTAS et des axes de déplacement pour faire en sorte d'avoir toujours le visu sur l'adversaire. Il faudra également avoir le réflexe de bien répartir l'énergie de votre vaisseau pour optimiser les tirs et les boucliers. Côté gestion encore, il faudra penser à avoir les gaz "dans le bleu" pour garantir une manoeuvrabilité optimale du vaisseau, et bien vérifier qu'aucun module gênant n'est activé (soute ou train d'atterrissage).
Côté attaque, c'est assez classique : il faudra s'assurer que les modules offensifs sont activés et bien répartis sur votre configuration actuelle. Le combat peut donc commencer et son issue dépendra de votre équipement mais aussi de votre capacité à tourner efficacement autour d'un ennemi pour lui asséner des attaques sans jamais être ciblable. Evidemment, vous sortez vainqueur de cette rixe que vous n'avez pas souhaitée, et votre ennemi laisse derrière lui de l'équipement, matérialisé par des cellules de ressources qui flottent maintenant librement dans l'espace. Pensez donc à ouvrir la soute de votre cargo et avancez doucement en faisant bien attention à votre vitesse lors de la récupération de la ressource pour éviter de la détruire suite à une approche trop brutale.
Une fois votre cargaison récupérée, vous pouvez aller la vendre au marché noir sur une station, et vous devrez le faire vite car en cas de scan d'un vaisseau sur votre cargaison, la mention "cargaison illégale" ne tardera pas à arriver et vous deviendrez donc une cible hors la loi, à moins que vous puissiez payer votre amende à la fédération la plus proche. Pour rappel, les différentes factions qui composent l'univers peuvent être amadouées par les joueurs qui souhaitent s'en rapprocher. Une fois de plus, cela passe par les missions et quêtes qui sont ici le liant encore un peu trop discret de tout le jeu. Car oui, Elite : Dangerous est vaste et complet, mais manque encore un peu de cohérence. Difficile pour l'instant d'imaginer un endgame ou une partie dans laquelle nous ne pensons jamais "Et maintenant, que faire ?", les joueurs se contentent de faire de l'argent, de miner des ressources, de traquer des pilotes ou des PNJ, ou d'explorer, toujours mieux équipés en modules atypiques et en vaisseaux de haut niveau.
Une excellente simu, un bon sandbox, mais un mauvais MMO ?
L'arrivée des escadrilles a évidemment fait son petit effet, en permettant de créer une véritable interaction sociale entre divers joueurs, mais le jeu n'a pas encore atteint son objectif ultime de MMO sandbox puisqu'il manque encore, à mon sens, une trame scénaristique fixe efficace. Peut-être qu'une campagne serait l'idéal pour cela, une vraie, pas un amas de missions vagues réparties entre diverses stations. De même, l'espace manque actuellement de divertissement, les joueurs devraient pouvoir décompresser en ayant par exemple accès à des arènes de tournoi ou à des endroits calmes dans lesquels on peut discuter comme une cantina, avec une représentation visuelle des joueurs. Le côté MMO n'est donc pour l'instant pas assez sexy pour attirer sur le long terme tous types de joueurs. Le côté simulation sera le premier souci pour certains joueurs qui essayeront le jeu pendant une demi-heure, trouveront cela trop difficile à prendre en main, et désespèreront sûrement. Pour d'autres, l'évidente persévérance dont il faudra faire preuve représentera un challenge séduisant et une fois l'aspect simulation maîtrisé, ces joueurs s'émerveilleront sans doute à chaque nouvelle découverte de fonctionnalité. Voilà qui rend donc le titre difficile à noter, néanmoins son excellent concept, ses ambitions, sa réalisation, les sensations de vol et les prévisions pour la suite de l'aventure nous ont largement convaincus.
Points forts
- Une perle en matière de simulation spatiale
- Une immersion totale, surtout si l'on a des HOTAS
- Un des jeux les plus impressionnants en réalité virtuelle
- Possibilité de choisir sa propre voie : chasseur, cargo, explorateur...
- Le fait de devoir apprendre les protocoles de chaque action complexe (minage, traque, interception, apontage...)
- Graphiquement très joli
- Bande-son très appréciable
- 400 milliards de systèmes, et encore plus de stations spatiales sur lesquelles on peut se poser et commercer, prendre des quêtes, se tenir au courant des news du système, changer de vaisseau, s'équiper avec de nouveaux modules...
- Une expérience en ligne atypique, de plus en plus satisfaisante
Points faibles
- Assez répétitif : manque de variété entre les missions
- Demande pas mal de temps libre : il n'est pas rare de devoir attendre 5 à 10 minutes avant d'atteindre une destination, même en HyperSpace
- Certaines missions où l'on doit traîner dans divers systèmes à la recherche d'individus... souvent très bien cachés...
- Un titre qui prend tout son sens une fois équipé de HOTAS et d'un casque de réalité virtuelle. L'expérience reste très intéressante sans, mais ne développe pas tout son potentiel
Elite : Dangerous est une excellente simulation spatiale avec un online très prononcé qui permet de satisfaire les fantasmes des amateurs de space operas. Il ne lui manque plus qu'un peu de trame scénaristique afin de captiver les joueurs sur le long terme sans qu'ils décrochent, de même on espère pour plus tard un peu plus de variété dans les activités proposées qui, à l'heure actuelle et couplées à la relative lenteur des sessions de jeu, rendent le tout assez peu sexy pour les profanes. Côté simulation, le verdict est simple : Elite Dangerous est la meilleure expérience en termes d'immersion si l'on y joue avec un casque de réalité virtuelle et des HOTAS. Le titre est très complet et propose donc de vivre sa vie d'aventurier de l'espace, perdu avec des milliers d'autres joueurs au coeur d'une aire de jeu composée de plus de 400 milliards de systèmes. Impressionnant, grisant, parfois rebutant, assez redondant, chronophage, mais tellement bon !