Lorsqu'on l'avait vu en 2013, c'était sous la forme d'une démo technique assez impressionnante. Il avait été baptisé lors du Nintendo Direct du 15 janvier 2015, devenant ainsi IronFall : Invasion. Nous sommes maintenant en février 2015 et LE third-person shooter de la 3DS est enfin arrivé. Est-il plus qu'une vitrine technique ? C'est ce que nous avons cherché à savoir lors de ce test...
Les développeurs de IronFall : Invasion ne sont pas connus du grand public, mais ils ont pourtant quelques jolis succès à faire valoir. Ils sont notamment responsables de l'impressionnante version Game Boy Advance de V-Rally 3, sortie il y a maintenant 13 ans. Ah ça, ça ne nous rajeunit pas ! Après divers jeux GBA, VD-Dev avait frappé un nouveau coup en publiant, main dans la main avec Ubisoft, C.O.P. : The Recruit, un GTA-like venant rouler des mécaniques sur le terrain même de GTA : Chinatown Wars... La marque de fabrique du studio ? Des jeux graphiquement saisissants et un gameplay efficace, de quoi séduire de nombreux joueurs. Après ces quelques années de repos, l'équipe n'a pas perdu de son talent... en tout cas lorsqu'il s'agit de créer de petites prouesses techniques.
Une plastique de rêve... sur 3DS
Clairement, IronFall : Invasion impressionne. Si la modélisation des personnages n'est pas folle, le jeu propose de fameux effets de lumière et une fluidité à toute épreuve, assez bluffant lorsque l'on sait que l'on joue sur 3DS. La machine de Nintendo en a dans le ventre mais, a contrario de sa "rivale" (les guillemets sont de circonstance) la PS Vita, elle ne dispose pas d'une impressionnante dalle OLED/LCD, affichant une résolution de 960x544, et toutes ces caractéristiques sexy. Malgré cela, l'équipe de développement a une nouvelle fois trouvé le moyen de repousser les limites de la console sur laquelle ils officient pour proposer un jeu que l'on ne saurait critiquer d'un point de vue visuel. Enfin, sur le plan technique, en tout cas. Artistiquement, c'est autre chose. Certains diront qu'il n'y a rien de plus subjectif, mais ce serait sans doute fermer les yeux sur le fait que IronFall est d'un ennui mortel pour les yeux. C'est fade, vide, aseptisé au possible, rappelant les centaines de jeux existant déjà sur smartphones, et qui étaient déjà critiqués pour ces raisons. Le jeu rappelle tantôt Gears of War, tantôt Halo (notamment au niveau de la musique), mais ne parvient jamais à se créer sa propre personnalité. Toute cette débauche technique ne met finalement pas grand-chose en valeur, et c'est bien dommage.
Le problème du stylet
Pour les besoins de ce test, j'ai été soumis à une contrainte : j'ai dû m'essayer à IronFall : Invasion sur une 3DS classique, sans Circle Pad Pro. Le jeu est néanmoins supposé être jouable, mais ceux qui s'attendent à des sensations proches de celles procurées par les aventures de Marcus Fenix doivent tout de suite calmer leurs ardeurs. Mais commençons par le commencement.
Tout joueur de TPS s'attend à retrouver sur IronFall les commandes suivantes : courir, sprinter, tirer, couverture derrière des éléments du décor, recharger, changer d'armes, interagir avec un interrupteur, une porte, ou que sais-je. Et effectivement, tout est là. On se surprend dès les premières minutes de jeu à tester les possibilités, en se déplaçant donc avec le stick de la 3DS, tout en visant, en glissant son sylet sur l'écran tactile de la console. Cela fonctionne plutôt bien ! C'est en condition de combat que l'on revoit un peu son jugement. En effet, et même avec les diverses options de sensibilité montées au maximum, la visée manque de réactivité, et vous aurez parfois besoin de nombreux coups de stylet pour maintenir votre pointeur sur l'ennemi voulu. C'est d'autant plus énervant lorsqu'ils sont en mouvement ; il m'est arrivé à plusieurs reprises de manquer un adversaire parce que celui-ci bougeait plus vite que ce que me permettait mon viseur.
Et si l'on imagine sans peine que le Circle Pad Pro ou le second stick de la 3DS règlent le problème (même si cela reste à prouver), cela n'en est pas moins problématique puisque les joueurs ne disposant ni de l'un ni de l'autre se retrouveront forcément lésés, en solo et donc a fortiori en multijoueur.
Sans stylet, les problèmes persistent
Ne croyez pas que l'utilisation d'un joystick supplémentaire changera le jeu du tout au tout. IronFall souffre globalement de la rigidité de ses commandes : impossible de sprinter vers une table (ou n'importe quel autre élément de décor), puis de glisser pour se réfugier derrière elle ; impossible d'ouvrir une porte si vous n'avez pas le nez collé contre elle ; même chose lorsqu'il s'agit de s'adosser à un mur. Cela manque franchement de souplesse et nuit au dynamisme, rendant chacune de vos actions assez laborieuse. Pourtant VD-Dev avait quelques idées : il est possible de se retourner automatiquement en pressant rapidement deux fois votre joystick vers le bas, et le système de recharge rappelle curieusement celui de Gears of War, vous demandant de rester concentré même lorsque vous serez en train de réapprovisionner votre arme de mort. Mais le mal est fait, et cette raideur, aucun Circle Pad Pro ne saurait la faire disparaître.
Je suis sans doute un peu dur avec IronFall, puisqu'en fin de compte, et même si l'expérience est loin d'être parfaite, le titre de VD-Dev est très jouable. Mais il faut aussi reconnaître que le soft s'essaie à un exercice assez périlleux. C'est typiquement le genre de jeu qui me fait penser que, depuis la première DS (et la PSP), trop de développeurs s'acharnent à vouloir porter sur consoles portables des jeux et des genres jusque-là propres aux machines « sédentaires » (PC, consoles de salon) ; et alors que mes camarades me vantaient les mérites de leurs inferior versions pour portables modernes, je me régalais en jouant à Golden Sun ou Zelda : A Minish Cap sur ma GBA... Enfin, je divague.
Le solo : rien de passionnant à se mettre sous la dent
IronFall : Invasion vous propose donc une campagne complète, qui vous permettra d'incarner divers membres de la section IronFall, composée de soldats assez balèzes comme Wooper, le personnage principal de l'aventure. Dans un futur proche, la Terre se retrouve envahie par une race d'aliens nommés Dyxides, ayant l'apparence de robots insectoïdes. Vous serez amené à intervenir de par le monde pour secourir diverses personnes tout en cherchant à repousser l'invasion de ces visiteurs venus d'ailleurs. On ne va pas se voiler la face, le scénario d'IronFall n'a rien d'original et ne parvient jamais à nous captiver, la faute là encore à un manque de relief dans ce qui nous est proposé. C'est terriblement banal, et le doublage des personnages, niveau drama mexicain, n'aide pas à se sentir proche des personnages, pas plus que l'on ne se sent investi d'une quelconque mission. On se contente donc de passer de salle en salle, qu'il faudra bien entendu nettoyer à coup de mitrailleuses, snipers, et autre lance-roquettes. Oh il y a bien quelques portes à déverrouiller ainsi que des puzzles à résoudre, mais les joueurs de plus de 5 ans ne devraient pas avoir trop de mal à triompher de ces "obstacles".
Oh tiens, un mode multijoueur !
Belle surprise que ce mode multijoueur ! S'il n'a effectivement rien d'original et qu'il reste très classique de bout en bout, on ne s'attendait pas forcément à sa présence, ni même à ce qu'il fonctionne aussi bien. C'est pourtant le cas. Vous aurez donc la possibilité de participer à des matches à mort en solo ou en équipe, en online comme en local (sans fils), avec vos amis. Notez que vous avez tout de même la possibilité de choisir votre personnage, vos armes, et que les arènes de combat sont plutôt nombreuses. Voilà qui devrait prolonger la durée de vie d'IronFall : Invasion, durée de vie assez intéressante puisque qu'avec ses 11 missions solo et donc son mode multijoueur, le jeu devrait vous occuper une bonne dizaine d'heures... sinon plus, selon que vous tolériez ou non le classicisme extrême de ce qu'il vous donne.
Une offre plutôt large
Pour terminer, difficile de ne pas rappeler que le jeu est actuellement disponible sur l'eShop de la 3DS, sous plusieurs formats. Il y a bien entendu le jeu complet, pour lequel vous aurez à débourser un peu moins de 20 €. Mais vous pouvez également acheter le mode scénario et le mode multijoueur, ou même vous essayer à la version gratuite du titre, qui ressemble plutôt à une démo puisque vous aurez accès à une mission solo et au mode multijoueur (limité à un personnage, deux armes, et une carte). A vous de faire votre choix.
Notre Gaming Live de Ironfall : Invasion
Points forts
- C'est beau !
- Et c'est fluide : 60 fps, si vous désactivez la 3D
- Le premier vrai TPS de la 3DS
- Le mode multijoueur fait le travail
- Jusqu'à 6 joueurs humains en multi
Points faibles
- La raideur des contrôles
- Banal à en mourir
- Direction artistique portée disparue
- Les dialogues. Il faut entendre les dialogues !
- Le scénario ne nous attrape jamais
- On ne s'amuse pas vraiment lorsque l'on a une certaine expérience du genre
Solide d'un point de vue technique, en tout cas visuellement, IronFall : Invasion souffre avant tout d'un manque d'originalité flagrant et de quelques imperfections rendant le contrôle des personnages assez peu agréable. Mais en tant que véritable Gears of War-like, il offre à la console de Nintendo son premier vrai TPS, et un TPS qui fonctionne plutôt bien, malgré les défauts sus-cités. Reste la direction artistique, les personnages et le scénario à oublier, mais le jeu s'en sort avec les honneurs. On conseillera donc plutôt le jeu aux joueurs ne connaissant pas ou peu les TPS, et à ceux qui souhaitent expérimenter le genre sur la tactile de Nintendo.