Développé par une équipe d'expérience connue pour son travail sur Star Wars : Empire at War ou encore Command and Conquer, Grey Goo entend revenir aux bases du RTS en étant articulé autour de la collecte de ressources, de la construction de bases et de la gestion d'unités. Pour ne rien gâcher, le studio Weta, qui est à l'origine des effets spéciaux du Seigneur des Anneaux, a contribué au design général, ce qui est tout de même d'assez bon augure. Alors, Grey Goo tient-il toutes ses promesses ?
Grey Goo se déroule dans un futur lointain sur une planète nommée Ecosystème 9. Son sol, très riche, comprend des quantités énormes d'une ressource qui est la seule et unique du jeu et qui se nomme le Catalyseur. Objet de toutes les convoitises, il va engendrer un conflit entre 3 factions au style de jeu radicalement différent : les Betas, les Humains et les Goos. Les premiers sont plutôt équilibrés, les seconds sont très défensifs et enfin les troisièmes constituent sans doute une des factions les plus originales auxquelles j'ai pu me frotter dans un jeu de stratégie. Notons, avant de rentrer dans le vif du sujet, que chacune a droit à 5 missions dans une campagne comprenant donc un total de 15 scénarios, ce qui est assez peu. La présentation est toutefois très soignée, puisque des cinématiques des plus plaisantes introduisent généralement la bataille, ce qui est à la fois agréable pour les yeux et bon pour l'immersion dans cet univers des plus riches.
Trois factions au gameplay bien distinct
Commençons déjà par les Betas. Première faction jouable dans la campagne, ils s'avèrent assez classiques dans leur fonctionnement. En début de partie, ils disposent ainsi d'un centre de commandement capable d'alimenter en énergie 4 bâtiments. Le premier à construire est une raffinerie qu'il s'agit de relier rapidement à un extracteur à placer dans un puits de catalyseur. A partir de là, on commence à engranger des ressources à une vitesse bien évidemment définie par la distance entre l'extracteur et sa raffinerie. Il convient ensuite de placer un silo pour augmenter la limite de stockage puis une usine pour produire des unités de base. La particularité des Betas est qu'ils peuvent construire d'autres centres énergétiques afin de produire facilement des extracteurs un peu partout sur la map, mais aussi des nouvelles usines plus performantes. En effet, les gros générateurs comportent 6 emplacements de construction, ce qui permet non seulement de s'offrir une grosse usine capable de créer 3 unités simultanément, mais aussi d'y associer des annexes débloquant des unités plus performantes. D'ailleurs, une grosse usine accompagnée de toutes les annexes disponibles peut être transformée en une Main de Ruk, soit l'unité de faction ultime qui dispose d'un canon surpuissant, et de 6 emplacements pour placer certaines unités qui fonctionnent alors comme des tourelles. Cela fait donc des Betas une faction pas spécialement originale, mais plutôt efficace de par sa capacité à occuper le terrain en plaçant des générateurs un peu partout sur la map. On peut également regretter son manque de diversité au niveau des unités, puisque seules 8 unités terrestres sont comprises, plus 3 unités aériennes (reconnaissance, air-sol et air-air) et la Main de Ruk.
Les Humains disposent, eux, d'un style radicalement différent. Il leur est en effet impossible de construire des nouveaux générateurs, ce qui implique de concevoir des bases plus concentrées et donc plus exposées à des attaques massives. En contrepartie ils peuvent placer des lignes électriques sur lesquelles il est possible de construire n'importe quel bâtiment, ce qui offre tout de même une petite possibilité d'expansion, notamment vers les puits de catalyseur les plus proches. Il peuvent aussi placer des tourelles défensives assez puissantes et des murs solides, ce qui leur offre une capacité assez intéressante à se protéger. Avouons tout de même qu'ils sont bien plus difficiles à jouer que leurs adversaires dans la mesure où le but est d'éliminer les bases ennemies plus que de défendre la sienne. Avec 11 unités (7 au sol, 3 dans les airs et 1 spéciale) pas spécialement puissantes, ils sont généralement en position assez défavorable, ce qui est problématique. Les Goos sont quant à eux bien plus intéressants et surtout très originaux. Pas question ici de construire des bâtiments, on incarne des formes visqueuses capables de ramper sur n'importe quelle partie de la map afin de se faufiler de puits en puits. Ainsi placées sur un gisement, les Mères Goo grossissent et peuvent se diviser afin de générer de nouvelles reines capables d'occuper le terrain. Une fois la stratégie mise en place, et les Mères Goo bien cachées, il faut commencer à se diviser en réelles unités de combat qui peuvent ainsi surprendre l'ennemi en surgissant de toutes parts. Même les grosses substances baveuses peuvent se mêler à la bataille et engloutir des unités entières. Jouer les Goos demande donc une grosse adaptation mais peut s'avérer très plaisant malgré la faible diversité d'unités (seulement 8 sont au programme).
Une bien bonne surprise
Bref, il y en a pour tous les goûts et les stratégies paraissent variées. Malheureusement, une fois le terrain occupé, les Goos sont très compliqués à éliminer, ce qui peut éventuellement déséquilibrer un peu les choses. Mais Grey Goo n'en reste pas moins très sympathique à jouer et devrait procurer d'excellentes sensations aux amateurs de stratégie à l'ancienne qui souhaitent un titre à la fois simple d'accès et profond. Il peut en prime s'appuyer sur une bande-son très soignée et sur une direction artistique des plus réussies grâce au soutien de Weta, le studio derrière les effets spéciaux du Seigneur des Anneaux. Il est peut-être un peu court, les dialogues ne sont pas doublés en français, le spawn infini est parfois trop présent dans la campagne, et quelques crashs viennent de temps en temps perturber l'expérience mais, globalement, le constat est très intéressant et bien plus original qu'il n'y paraît de prime abord. On peut également regretter la présence de simplement 8 maps dans le jeu de base, mais ce problème est plus que largement compensé par la présence d'un éditeur de cartes qui, à défaut d'être intuitif, apporte une durée de vie potentiellement infinie. Bref, que vous comptiez jouer en solo ou bien en multi dans des parties opposant jusqu'à 4 joueurs, nous ne pouvons que vous conseiller ce Grey Goo.
Points forts
- Réalisation artistique réussie
- Bande-son soignée
- Background plaisant
- Présence d'un éditeur de maps
- Des factions au style de jeu radicalement différent
- Les Goos, très intéressants à jouer
- Les cinématiques introduisant les missions sont très immersives
Points faibles
- Une seule ressource à exploiter
- Quelques crashs
- Equilibrage entre les factions pas toujours parfait
- Assez peu d'unités
- Campagne pas très longue (15 missions)
- Voix uniquement en anglais
Malgré quelques défauts de jeunesse évidents, Grey Goo s'avère être un très bon jeu de stratégie. Son gameplay est plus technique qu'il n'y paraît de prime abord et ses factions présentent toutes des spécificités bien marquées. L'équilibrage pourrait certes être meilleur, mais il n'en reste pas moins un titre très intéressant à l'univers très riche et à la réalisation soignée. Bref, c'est une réussite !