Depuis son entrée en bêta ouverte en mars 2014, l’Infinite Crisis de Turbine, MOBA utilisant l’univers DC Comics comme socle narratif, a fait un peu de chemin. Du moins assez sur le papier pour proposer une version finie depuis septembre. Qu’apporte donc cette nouvelle version et, surtout, est-ce que ce « LoL DC » dispose d’assez d’atouts pour être une valeur sûre du free-to-play compétitif ? Chaussez vos collants et préparez-vous à cliquer frénétiquement, nous partons pour Gotham !
Notre Vidéo-Test d'Infinite Crisis
Avec sa réalisation pas très jojo et légèrement vieillissante depuis son entrée dans la dangereuse cour des arènes en ligne, Infinite Crisis s'est souvent vu relégué au rang de "LoL skinné". Ses mécaniques ne cherchent d'ailleurs pas à changer la formule inspirée de Dota, et les développeurs ont ici tenté de « faire ce qui marche », tout en proposant un solide background avec des héros, des objets et des univers empruntés à DC Comics. Ainsi, IC vous donne la possibilité de ganker sévèrement Batman avec Mecha Wonder Woman et Gaslight Joker afin de vous emparer de la Wayne Tower : un rêve de gosse se réalise.
Découvrir le MOBA avec Batman, un concept alléchant pendant un temps
Fort de son univers, Infinite Crisis nous propose, en guise de tutoriel, une très sympathique mini-campagne scénarisée à travers l’ambiance de l’univers Gaslight. En 5 missions, les joueurs peuvent tout comprendre des mécanismes du titre, et s’approprier le principe des MOBA. En plus de ça, ces missions déverrouillent l’accès gratuit à 5 héros, on ne va donc pas s’en priver ! Le tout est bien introduit, doublé en français, et chaque mission est suivie d’une cut-scene mêlant images du jeu et artworks.
Si vous n’avez pas envie de vous faire l’intro pour savoir si le genre vous plaît et que vous ne connaissez pas le MOBA, une petite "minute explication" s’impose.
S’il s’agit là de votre premier MOBA, la définition du genre peut vous être utile pour comprendre les tenants et les aboutissants de ce type de jeu bien particulier. Premièrement, MOBA est l’acronyme de Multiplayer Online Battle Arena (batailles multijoueur sur arènes en ligne).
Le but est simple : on contrôle un personnage qui dispose de plusieurs sorts ou capacités déverrouillables au fil de sa progression. Ce champion aura d’ailleurs été préalablement sélectionné, parmi une liste de protagonistes, pour sa complémentarité avec le profil de vos alliés et pour son efficacité face aux profils de vos ennemis (généralement, le MOBA se joue en 5 contre 5 ou en 3 contre 3). Il existe plusieurs types de personnages, qu’ils soient « à distance » ou au « corps-à-corps », magie ou attaque, « Tank » logiquement réputés pour leur défense et leurs points de vie ou encore « Support Healer », essentiels pour leur appui sur le terrain, un atout qui se traduit ici par les soins et protections prodigués aux alliés.
Cette joyeuse troupe part ensuite au casse-pipe à travers différentes « configurations de niveaux » dont la plus connue se joue « en 3 lignes ». 4 joueurs s’affrontent en haut de la carte, 4 en bas, et deux sur la ligne du milieu. Le but est d’aller détruire la base adverse en gagnant du terrain sur les lignes grâce à des assauts répétés et réussis.
L’IA a son mot à dire dans l’affaire puisque ces fameuses lignes sont occupées par des tours qui font office de structures défensives. Terriblement dangereuses si on tente de les attaquer seul, ces tours doivent être détruites en équipe et si possible en utilisant intelligemment les sbires contrôlés par ordinateur. En effet, le long de ces 3 lignes, l’ordinateur va envoyer régulièrement, pour chacun des camps, des petits monstres qui s’affronteront à armes égales.
Le but du joueur est donc de favoriser l’avancée de ses monstres tout en repoussant ceux de l’adversaire. Ce faisant, le héros du joueur gagne de l’or et des points d’expérience. Le premier permettra d’acheter des objets pour renforcer ses caractéristiques, et les seconds le feront passer au niveau supérieur avec ainsi un point de compétence à dépenser dans ses capacités. De cette manière, au bout de plusieurs dizaines de minutes (entre 30 et 50 minutes généralement), l’une des deux équipes arrivera à percer les défenses adverses et réduira en miettes la base des opposants. La partie étant terminée, on récupère des points qui nous servent à acheter, le plus souvent, de nouveaux héros jouables choisis parmi une large sélection. Voilà, vous parlez couramment MOBA, félicitation à vous, il ne reste plus qu’à être bon !
Quoi de neuf depuis la bêta ?
Infinite Crisis n’est pas tout jeune, pour tout dire il s’agit même d’un jeu qui a un an et demi si l’on prend en compte sa première version jouable. D’ailleurs, vous avez peut-être déjà visionné notre Gaming Live Découverte réalisé après quelques heures de jeu sur la bêta du titre en mars 2014. Le côté pratique de ce dernier c'est que, visiblement, pas grand-chose n’a changé sur le titre de Turbine… Enfin, ne soyons pas mauvaise langue, il y a tout de même de nouveaux héros, et plusieurs points intéressants semblent assez importants pour que l’on en parle à l’écrit. On y vient donc juste après ces 9 minutes de gameplay commenté (avec son lot d’approximations et d’hésitations).
Notre Gaming Live Découverte sur la bêta d'Infinite Crisis
Le très bon concept de multivers, malheureusement sous-exploité…
On pourra tout de même saluer l’implémentation de nouveaux champions depuis cette fameuse bêta. Le roster compte à l’écriture du test 37 larrons et larronnes issus du multivers DC et plus particulièrement des 6 univers parallèles que sont Prime Earth, Arcane Earth, Atomic Earth, Gaslight Earth, Mecha Earth et enfin Nightmare Earth. On retrouve donc notre bon vieux Batou en variante Nightmare et Gaslight, une variante partagée par le Joker qui pioche également du côté de l’univers Atomic. Quant à Superman, ce dernier dispose de ses variantes Mecha et Nightmare.
Comme d’habitude chacun a ses skins même si la majorité des persos n’ont qu’une skin alternative. Le souci est que ce potentiel de « déclinaison multiverse » ne concerne malheureusement que le quart des champions jouables, et ce n’est pas avec un nouveau personnage par mois, soit une dizaine de nouveaux entrants depuis notre découverte de la bêta ouverte, que les choses vont s’améliorer sur un secteur où les mastodontes proposent désormais plus de 120 personnages. A titre de comparaison, le MOBA de Blizzard, Heroes of the Storm, jouable depuis 9 mois, propose actuellement 32 personnages, tandis qu’Infinite dispose d’un peu moins de 40 personnages et ce… plus d’un an et demi après sa première version jouable. Pourtant, DC Comics n’est pas du genre à être avare en personnages de qualité !
Warner et Turbine n'hésitent pas à présenter de manière détaillée les personnages.
Un game design classique qui a du mal à capter une communauté :
Le challenge lorsque l’on fait un jeu qui s’inspire d’un autre jeu en se basant sur le postulat « si les gens aime bien ce concept, on ne va pas prendre le risque de le changer », c’est qu’il faut être meilleur que le modèle. Or, c’est extrêmement difficile sur le domaine du MOBA de battre LoL ou Dota sur leur propre terrain et la horde de « LoL-like » qui débarque depuis des mois a bien compris que faire un MOBA juste parce que c’est tendance ne suffit pas. Le cash dégagé par l’achat de skins et le succès de l’e-sport sur un jeu analogue ne sont malheureusement pas assurés. Encore une fois, un business model attirant ne doit pas motiver la création d’un clone de jeu à succès. Même EA a fait ce constat avec une vivacité étonnante en annulant son MOBA Dawngate, jeu pourtant punchy, mais qui n’innovait pas assez.
Pour faire le lien avec Infinite Crisis, il y a actuellement un souci de population plutôt gênant puisque le matchmaking met parfois plus de 6 minutes pour trouver une partie sur le mode le plus joué (et je me situe en fin de test au niveau 7 avec une vingtaine de matchs joués). Le souci, c’est justement qu’un jeu trop proche de son modèle perdra forcément en population au fil des mois, sauf si le contenu ajouté creuse les différences avec le mastodonte dont s’inspire le titre. Dans le cas d’Infinite Crisis, Warner et Turbine ont flairé le potentiel problème et ont même limité le matchmaking aux maps Gotham Devided (une classique 5v5 en 3 lignes) et Gotham Heights (une carte copiant le mode Dominion de League of Legends). La 3ème carte jouable en multijoueur, Coast City Marina (une classique 5v5 sur 2 lignes), n’est accessible qu’en partie personnalisée, ce qui vous imposera de trouver 9 compères disponibles dans votre liste d’amis afin de lancer une partie. Ne pas trop diviser le matchmaking semble donc être le maître mot actuel pour Infinite Crisis qui tente de se focaliser sur son Gotham Heights pour les parties fun, et sur Gotham Devided pour les amateurs de parties en 3 lignes. Seulement voilà, la stratégie ne semble pas payer puisqu'à certaines heures, les serveurs européens sont plutôt vides. Pourtant, le titre offre pas mal de bonnes idées, déjà évoquées dans notre Gaming Live Découverte, et toujours présentes ici. D'ailleurs, attardons-nous sur ces dernières.
De bonnes idées qui rendent le jeu très abordable !
Dans les particularités d'Infinite Crisis, on citera évidemment sa timeline d'événements qui permet d'anticiper l'arrivée des boss de map ou de la disponibilité du canon orbital sur Gotham Heights, un atout plutôt chouette qui nous évite de compter les minutes pour optimiser sa partie. Le concept assez laxiste autour de l'XP semi partagée qui permet même aux plus nuls de ne pas être largués et de pouvoir revenir dans la partie plaira sans doute à beaucoup de joueurs parfois frustrés à cause d'une ou deux situations dans lesquelles les choix ont été mauvais. Situations qui, bien souvent dans les autres MOBA, ne font pas de cadeau et plombent littéralement votre heure de jeu.
On retiendra également des petites idées sympas comme le système d'or récupérable au sol quand un monstre tue un autre monstre : si le meurtre est pour votre équipe l'orbe ramassé vous rapporte de l'or, si le meurtre est pour l'autre équipe, l'orbe empêchera l'ennemi de toucher le surplus. Le fameux "last hit" n'est donc pas obligatoire pour prospérer financièrement. Abordable ? Le jeu l'est, sans aucun sans doute, surtout qu'il inclut un item shop très pratique avec des filtres, des diagrammes récapitulatifs et des objets conseillés qui ne nous forcent pas à apprendre dans les grandes lignes les builds de nos héros. Il est d'ailleurs possible de faire ses emplettes directement aux tours sur classique en 2 ou 3 lignes. Avec toutes ces assistances, il est possible que les puristes du genre ne s'y retrouvent pas et délaissent vite ce jeu sur lequel un joueur lambda peut avoir un personnage très correct sans s'entraîner avec avant, c'est malheureusement la tendance sur beaucoup de MOBA qui se veulent plus accessibles que les deux rois du genre. Autre fait intéressant : il est possible de faire monter de niveau l'affinité que l'on a avec les personnages que l'on prend. Aucun intérêt à cette manoeuvre pour l'instant si ce n'est pour récupérer un succès qui se déverrouille lorsque l'on monte 5 persos au niveau 5.
MOBA idéal pour les débutants ayant un faible pour l'univers DC Comics, Infinite Crisis aurait mérité d'offrir un contenu qui se différencie un peu plus des classiques clones de League of Legends. Largement moins fourni que ce dernier et souffrant à l'heure actuelle d'un manque de joueurs assez gênant à certaines heures, le titre peine malheureusement à convaincre sur le long terme. Il offre tout de même une bonne expérience de jeu avec des personnages fun et une vision du mode Dominion qui sait se montrer intéressante.
Si vous souhaitez essayer le jeu, ce dernier est gratuit et disponible à l'adresse suivante : Télécharger le MOBA free to play Infinite Crisis
Points forts
- Un MOBA agréable à jouer et très abordable pour les novices
- Le plaisir de jouer avec des personnages alternatifs issus des 6 univers présents
- De bonnes idées : orbes dorés pour les crédits hors last hit, boutiques d'objets très pratiques, XP semi partagée pour les plus novices, timeline d'événements pour anticiper
- Un modèle free-to-play non abusif
Points faibles
- Ouvertement clone de League of Legends
- Un peu vide en termes de population sur les serveurs
- 3 modes de jeu, mais seulement 2 ouverts au matchmaking au moment du test...
- Le manque de héros alors que le potentiel est quasi infini (moins de 40 champions plus d'un an et demi après la première version jouable)