En attendant la venue de The Great Ace Attorney sur 3DS, dont on ignore encore s'il sortira en Europe, c'est sans grande surprise que Capcom recycle les anciens volets de la franchise. Destiné à ceux qui auraient pris le train en marche avec Dual Destinies ou via le cross-over Layton Vs Phoenix Wright, Ace Attorney Trilogy rassemble donc les trois premiers opus dans une compilation légèrement retravaillée.
Soulignons d'entrée de jeu que si vous connaissez déjà les trois premiers volets de la série Phoenix Wright sortis sur DS il y a quelques années, cette trilogie 3DS n'aura pas vraiment d'intérêt pour vous, à moins que vous n'ayez envie de la refaire... en anglais. Car non, cette version-là n'est pas traduite en français, ce qui est franchement regrettable. On s'en étonne d'autant plus que le premier volet était pourtant ressorti en français sur WiiWare et même sur iOS (sauf celui inclus dans la trilogie HD). L'histoire ne dit pas si Capcom n'a pas jugé utile ou n'a pas eu la possibilité de reprendre la traduction française des épisodes DS, le fait est que nombre de joueurs bouderont le soft uniquement pour cette raison-là. Et on les comprend d'autant mieux que la série s'articule entièrement autour de sa narration et de ses dialogues qui constituent l'essentiel du jeu et qu'il convient de cerner parfaitement si l'on veut avoir une chance d'entrer dans le rôle de l'avocat et d'apprécier toute la saveur des échanges verbaux entre les protagonistes de l'histoire...
Le phénomène Ace Attorney
Développés initialement sur Gameboy Advance puis portés avec succès sur DS, les trois premiers épisodes de la franchise Ace Attorney (Gyakuten Saiban en VO) ont créé un genre à part entière qui a immédiatement séduit les joueurs japonais puis occidentaux. En très peu de temps, la simulation de tribunaux de Capcom est parvenue, contre toute probabilité, à se hisser parmi les séries les plus incontournables de l'éditeur. Ceux qui ne connaissent pas encore celle-ci peuvent s'attendre à se retrouver scotchés des heures durant devant leur écran en compagnie des personnages insolites que sera amené à fréquenter Phoenix durant les nombreuses « volte-face » que comptent ces trois premiers volets. L'objectif est certes toujours le même : démêler des affaires improbables en exposant les failles dans les exposés des témoins durant les procès pour décrocher un verdict « non coupable », mais l'histoire et les dialogues sont si bien ficelés qu'on se délecte toujours par avance de voir les suspects se décomposer sous nos yeux lors des contre-interrogatoires.
Clef de voûte de toute la série, le premier volet nous laisse nous familiariser doucement avec les mécanismes de base du gameplay de la franchise en même temps que le jeune Phoenix Wright entame sa carrière d'avocat de la défense. Un opus incontournable, ne serait-ce que pour connaître quelques-uns des acteurs clefs de la saga qui feront des apparitions récurrentes d'épisode en épisode, à l'instar du détective Dick Gumshoe (Dik Tektiv) et du procureur Miles Edgeworth (Benjamin Hunter). Les habitués devront évidemment prendre de nouveaux repères avec les noms et le vocabulaire juridique en anglais s'ils veulent apprécier les jeux de mots et ne pas passer à côté des moindres subtilités du titre. Notez que cette version du premier Phoenix Wright inclut bien la cinquième affaire qui avait été rajoutée au moment de la sortie du remake DS. Le deuxième jeu de la série, Phoenix Wright : Justice for All démarre avec un Phoenix amnésique et introduit le personnage de Franziska von Karma dans le rôle du procureur intraitable, avec la notion de verrous-psychés et de magatama au cœur du système de jeu. Quant au troisième volet, Phoenix Wright : Trials and Tribulations, même s'il ne renouvelle pas les fondamentaux, il est encore considéré par la plupart des fans comme le meilleur de cette trilogie, notamment pour ses flash-back riches en révélations et la possibilité qu'il nous donne d'incarner Mia Fey à ses débuts.
Session de rattrapage sur 3DS
Notons que ce n'est pas la première fois que les trois épisodes fondateurs de la série Ace Attorney sont regroupés dans une compilation. En mai 2013 déjà, Capcom sortait un certain Phoenix Wright : Ace Attorney Trilogy HD sur iOS qui, certes, ne proposait pas non plus les textes en français, mais qui avait le mérite de ne pas dépasser les 15 € (soit 5 € par jeu), ce qui restait tout à fait raisonnable. La version 3DS est quant à elle vendue 29,99 €, uniquement en dématérialisé, deux fois plus chère donc que sur smartphones. Sont mis en avant ses graphismes remaniés en haute définition, son rendu 3D et ses musiques réarrangées, avec en prime la possibilité d'accéder en bonus à la version japonaise du jeu, Gyakuten Saiban 123 Naruhodo Selection. Malheureusement les sauvegardes ne sont pas communes aux deux versions et surtout on ne peut pas conserver les voix japonaises sans que les textes ne passent eux aussi en japonais. Avouez que cela limite considérablement le nombre de joueurs pouvant réellement tirer parti de ce super bonus. Autant dire qu'on attendait davantage de cette version 3DS qui ne comporte rien de suffisamment croustillant pour inciter les fans à replonger dans la frénésie des procès pour défendre des causes qu'ils connaissent déjà. Quant aux nouveaux venus, quels sont ceux qui choisiront d'opter pour une version non traduite alors que les versions DS sont compatibles sur leur console ? On se le demande un peu, même si les cartouches en question sont devenues aujourd'hui assez difficiles à trouver.
Points forts
- Les trois premiers volets de la série réunis pour 30 euros...
- Graphismes retravaillés et musiques réarrangées
- Possibilité d'accélérer les dialogues
- Durée de vie solide (+ de 30 heures)
Points faibles
- ... mais reste deux fois plus cher que la trilogie sur iOS
- Textes en anglais alors que les trois jeux sont en français sur DS
- En téléchargement uniquement
- On ne peut pas combiner la version japonaise (pour les voix) avec les textes anglais, et la sauvegarde n'est pas commune aux deux versions
A qui s'adresse réellement cette compilation réunissant les trois premiers épisodes de la simulation d'avocat de Capcom ? La refonte reste trop légère pour motiver les fans à refaire les trois jeux, d'autant que le seul petit supplément est inexploitable à moins de lire couramment le japonais. Quant aux néophytes, pas sûr qu'ils apprécient de devoir découvrir ces titres en anglais alors que les versions DS étaient intégralement traduites dans notre langue. Les faibles ventes de Miles Edgeworth et de Dual Destinies en Europe n'ont visiblement pas suffi à convaincre Capcom de la nécessité absolue de traduire les jeux Phoenix Wright en français pour redonner à la série l'aura qui était la sienne à ses débuts, et c'est regrettable. En revanche, si l'anglais ne vous pose aucun souci, vous pouvez rajouter 3 points de plus à la note !