En juin 2024, Nintendo surprend son monde en présentant pour la première fois un jeu The Legend of Zelda ayant pour personnage principal la princesse Zelda. Une première depuis 1986 et les débuts de la saga. Le titre s’appelle Echoes of Wisdom, est prévu sur Nintendo Switch le 26 septembre 2024. Lors de sa présentation, il interpelle. Les joueurs de longue-date de Zelda reconnaissent un univers qui évoque avant tout les premiers jeux. Mais dans un second temps, ce sont ceux qui se sont attachés à la licence avec Breath of the Wild et Tears of the Kingdom qui s’exclament. Ce nouveau titre semble tirer son interface et sa proposition de gameplay permissif de ces deux mastodontes de la console hybride. Et Echoes of Wisdom arrive à prouver que ces deux mondes, l’ancien et le moderne, peuvent tout à fait cohabiter.
Une narration à l’écho lointain
Il a fallu donc attendre 38 ans pour pouvoir, enfin, jouer la princesse qui donne son nom à une saga de jeux vidéo légendaire. En effet, Zelda n’a jamais été le protagoniste de sa propre histoire.The Legend of Zelda : Echoes of Wisdom vient rectifier ce qui pouvait être perçu par certain comme un non-sens absolu. Quelque chose que l’on doit probablement à Tomomi Sano, co-réalisatrice (avec Satoshi Terada, du studio Grezzo) de ce nouvel opus et surtout première femme à réaliser un jeu de la série.
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On change donc de personnage principal mais ce Echoes of Wisdom reste un jeu The Legend of Zelda à part entière. Quelque chose que l’on constate rapidement par le scénario. De grandes failles violettes déchirent Hyrule, engloutissant villages et habitants sur son passage. Dans un dernier élan de courage, Link sauve Zelda mais ne parvient pas lui-même à échapper au néant qui l’attire. C’est donc à la princesse de trouver un moyen pour sauver le héros d’Hyrule mais aussi tout le royaume.
La trame principale est toute tracée et évolue peu. Sa narration affiche une structure très linéaire et laisse peu de place à la surprise. C’est un déroulé identique, dans le sens où l’on devra toujours faire la même chose (à savoir fermer les failles), mais qui laisse place à un sentiment de liberté. Echoes of Wisdom est divisé en deux grandes parties qui n'imposent rien au joueur en terme de suivi. Quelque chose qui se goupille à merveille avec le gameplay de ce Echoes of Wisdom.
Une dernière phrase qui aurait pu servir de transition parfaite dans ce test pour parler du gros point fort de ce jeu. Mais avant ça, il est tout de même important de revenir sur l’histoire et l’écriture du jeu. À ce niveau, Echoes of Wisdom se rapproche plus des précédents jeux de la saga qui ont été développés sur consoles portables. La trame scénaristique sert alors juste de toile de fond à, il faut le reconnaître, une proposition de gameplay inédite pour la saga. C’est exactement ce que fait ce dernier opus et, après un Tears of the Kingdom à la narration intime, on regrette que l’histoire soit aussi peu prenante. C’est dommage d’autant plus que l’univers établi ici jouit d’une écriture soignée à défaut d’être magistrale que l’on trouve à travers plusieurs histoires souvent prenantes aux tons toujours différents.
Un univers Zelda qui s’adresse à tous, même aux experts
On comprend néanmoins le choix de Nintendo de moins s’investir dans l’histoire dans ce Echoes of Wisdom. Il a vocation à être plus accessible que Breath of the Wild et Tears of the Kingdom et, en ce sens, arrive très bien à le faire par son histoire et son écriture. C’est aussi tout l’univers du jeu qui accueille à bras ouvert les nouveaux venus sans pour autant oublier les premiers joueurs de la licence.
Il y a quelques jours, une news Zelda a fait les gros titres. Nintendo a officialisé le fait que Breath of the Wild et Tears of the Kingdom étaient dans une réalité alternative aux jeux précédents de la saga. Nintendo doit avoir ses raisons et l’une d’elles, c’est que ça lui permet probablement de se libérer niveau créativité. Quelque chose qui se voit dans Echoes of Wisdom, avec un festival de références aux anciens jeux Zelda. Y’a du Breath of the Wild mais aussi du Ocarina of Time, du Majora’s Mask, du A Link to the Past… Impossible de toutes les lister mais on s’est exclamé plusieurs fois lors de notre test en reconnaissant de quel opus telle ou telle chose était tirée.
Echoes of Wisdom reste toutefois dans la lignée de l’intégralité des jeux Zelda de la série principale : ils constituent tous des portes d’entrée à la licence et peuvent s’apprécier chacun individuellement. Nintendo ne lésine pas et se diversifie tant sur le fond que sur la forme. Outre les différents biomes à explorer entre désert, volcan et forêt tropicale, c’est au niveau des histoires racontées qu’on ressent de la variété. Il n’y a donc jamais ce sentiment de déjà-vu. Par exemple, on découvre l’histoire comique des pestes mojos dans une forêt au climat tropical. Elles sont devenues complètement addictes au fil d’araignée. De l’autre côté de la carte, la région enneigée n’abrite qu’un yéti solitaire découragé par le départ de son frère. Des histoires qui n’ont rien à voir entre elle mais qui font chacune leur petit effet.
Un jeu Tri-dimensionnel
L’univers d’Hyrule, grâce à sa richesse, constitue l’un des moteurs qui poussent le joueur à continuer son aventure avec curiosité. D’autant que, bien sûr, la variété des environnements sert aussi l’essentiel de Echoes of Wisdom : son gameplay.
Dès le début de son aventure, Zelda cherche tant bien que mal à s’extirper d’une faille à deux doigts de l’engloutir. Elle y arrive mais se retrouve, dans la foulée, jetée en prison. C’est alors que Tri, une espèce de créature lumineuse, lui vient en aide. Il lui forge un sceptre spécial qui permet à son porteur de mémoriser puis d’invoquer les échos de ce qui l’entoure. Pour s’échapper de sa geôle, la princesse doit alors se servir de tables, lits et autres plantes à décorer. Au fur et à mesure de son aventure, elle mémorise d’autres échos utiles à la résolution d’énigmes, à l’exploration ou encore au combat. Il y en a 125 à mémoriser et quasiment tous (encore une fois, on n’a pas réussi à trouver l’utilité de celui de la pancarte) peuvent être utilisés à un moment ou à un autre. C’est au joueur de faire sa propre tambouille, sa construction sur-mesure, à chaque situation donnée.
Cette proposition de gameplay se ressent sur trois grands axes dans le jeu : l’exploration, les énigmes et le combat. Pour chacun d’eux, il est possible d’y aller à sa sauce. On a déjà pu le voir dans les bandes-annonces diffusées sur le jeu. Pour l’exploration par exemple, il existe de multiples manières d’aller en haut d’un arbre : faire une colonne d’eau, synchroniser ses mouvements avec une araignée ou encore faire une espèce d’escalier en colimaçon avec des vieux lits. De façon évidente, les combats sont aussi des moyens d’exprimer sa créativité puisque chaque ennemi dispose de points forts et de points faibles.
Finalement, plus que par la liberté qu’il promet, Echoes of Wisdom est grisant par les restrictions qu’il impose aux joueurs qui doivent chercher l’une des bonnes manières de faire. De fait, c’est surtout en cherchant ce qu’on voulu nous faire faire les développeurs que l’on prend du plaisir. C’est un énorme jeu à puzzle dont cette dimension casse-tête est magistralement dissimulée par l’exploration et l’aventure proposées.
Et c’est dans la manière dont Echoes of Wisdom arrive à suggérer aux joueurs d’expérimenter qu’il brille. On l’a déjà évoqué tout à l’heure mais rien que par sa trame narrative, le jeu peut proposer des expériences différentes. À trois reprises, on va choisir un endroit où aller pour continuer la quête principale. Ces choix-là ont forcément une influence puisqu’ils déterminent l’ordre dans lequel vous allez mémoriser vos échos. Deux joueurs qui décident de suivre des routes différentes n’auront alors pas la même expérience. Il faut faire avec ce que l’on a et c’est aussi de cette façon que l’on expérimente. Le monde d’Hyrule a été construit comme un grand bac à sable avec une savante alternance des activités.
Sans revenir sur toutes, d’autant que la partie liée à l’exploration est là pour ça, ce sont les donjons majeurs qui transmettent le mieux cette philosophie. Chacun est situé dans un environnement différent et dispose de ses propres échos. C’est avec ceux-là qu’on sera souvent le plus efficace dans ces bâtiments, construits de la même manière que ceux des premiers jeux Zelda. Il faut y récupérer des petites clés, affronter ennemis et mini-boss avant d’aller vaincre le geôlier de l’endroit. Une construction à l’ancienne donc mais qui marche terriblement bien avec ce gameplay moderne basé autour de la réflexion et de la liberté du joueur.
Avant notre test, on avait toutefois quelques appréhensions. Surtout autour de la forme d’épéiste que récupère Zelda au bout de sa première heure d’aventure, dont on avait peur que la puissance prenne le dessus sur la mécanique principale. Il faut dire qu’elle permet de vaincre les monstres bien plus facilement. Mais son utilisation reste limitée par une jauge d’énergie mais aussi par le cadre du jeu qui ne l’exige pas à longueur de temps. En plus de ça, et c’est ce qui prouve que Zelda : Echoes of Wisdom est aussi un bon jeu, c’est que l’utilisation de la forme d’épéiste reste moins satisfaisante que l’utilisation variée des échos. Surtout lorsque l’on trouve les combinaisons adéquates pour tel combat ou telle énigme.
L’exploration et le contenu annexe, voyage initiatique pour apprendre à maîtriser nos pouvoirs
Une sensation que l’on cherche (et trouve !) pas seulement à travers l’histoire. Comme la majorité des jeux Zelda, Echoes of Wisdom encourage le joueur à explorer. À la manière d’un jeu Pokémon, on prospecte chaque région à la recherche de l’écho rare. Mais pas seulement ! Il y a de nombreux collectibles à récupérer triplant voire quadruplant la durée de vie du jeu. Une activité annexe qui n’est pas du tout répétitive. On a été même surpris de voir à quel point ça a été naturel pour nous de passer Hyrule au peigne fin en quête d’un fragment de cœur ou d’une station de tamponnage.
Tout ce contenu facultatif permet à Nintendo et à Grezzo de donner des champs d’expérimentation supplémentaires à l’utilisation des échos à travers des quêtes secondaires, des mini-donjons, boss ou grottes à explorer. Il récompense en plus le joueur en lui offrant la plupart du temps, des récompenses à la hauteur de son investissement. C’est par exemple en réalisant des quêtes secondaires et en explorant un minimum que Zelda peut obtenir des accessoires, de l’équipement octroyant des compétences passives à ne pas négliger. Une exploration d’autant plus gratifiante qui peut parfois montrer comment le monde d’Hyrule peut interagir de lui-même. Interactions que l’on peut reproduire ensuite de notre côté.
Ces différentes activités ne sont donc que facultatives par leur nature indépendante de l’histoire. Elles ne sont donc pas le fer de lance de Zelda Echoes of Wisdom mais constituent bien la pointe de l’épée en servant à 100% la philosophie du gameplay proposée par Nintendo. En témoigne l’alternance contenu secondaire et quête principale imposée par le titre, puisque certaines activités et quêtes ne se débloquent qu’à différents moments de l’aventure.
Confortable à jouer
Lors de notre aperçu en début de mois, Echoes of Wisdom affichait tout de même deux ombres au tableau. La première étant un problème lié à l’ergonomie du titre : la navigation pour choisir ses échos à invoquer était fastidieuse. On passait parfois plus de temps à choisir son écho qu’à l’utiliser en combat ou pour une énigme. Un inconfort qui a disparu après quelques heures de jeu, où l’on apprend à naviguer entre le menu déroulant et la grille de collection. Toutefois, on regrette aujourd’hui l’imprécision ponctuelle de l’invocation d’écho ainsi que les limites du système de verrouillage en combat, celui-ci ne permettant pas de basculer d’un ennemi à l’autre.
En outre, The Legend of Zelda : Echoes of Wisdom n’affichait pas une technique exemplaire avec des ralentissements ponctuels du jeu. Ces derniers sont toujours présents en jeu et, comme dit, n’handicape pas ni ne tire vers le bas notre expérience globale du titre. Cela compense avec la direction artistique pensée pour cet opus. Une esthétique pleine de couleurs et de lumière plus que compatible avec un jeu réfléchi pour être accessible, sans pression et propice à la créativité. Et c’est d’autant plus vrai sur le modèle OLED de la Switch.
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Conclusion
Points forts
- Gameplay sur-mesure
- La variété de l’univers dans la forme et le fond
- Un contenu annexe diversifié et très bien pensé
- Une exploration libre et naturelle
- Convient aux amateurs de longue date comme aux nouveaux venus
- Une version sur OLED sublime
Points faibles
- Les approximations dans les invocations d’échos et le système de verrouillage
- La narration, linéaire et anecdotique
- Des boss qui manquent de challenge
Note de la rédaction
The Legend of Zelda : Echoes of Wisdom n’est pas une copie de seconde zone d'une aventure de Link. C’est bien un nouvel épisode de la saga à part entière qui a, en plus, la lourde tâche de passer après Breath of the Wild et Tears of the Kingdom tous deux considérés comme des chefs-d’œuvre. S’il est moins ambitieux et affiche une narration très en retrait, Echoes of Wisdom arrive à proposer un gameplay séduisant basé sur la réflexion. Il est habilement dissimulé par un univers toujours aussi riche aussi bien destiné aux amateurs de longue date de la série qu’aux nouveaux venus. C’est aussi par son contenu annexe qu’il brille, qui n’a pour nous de facultatif que le nom tant il pousse à la créativité. Avec Echoes of Wisdom, la légende de Zelda est bel et bien passée dans une nouvelle dimension avec un épisode réunissant l’ancien et le moderne avec brio. Il n'est, à n'en pas douter, l'incontournable jeu Nintendo de 2024.