Dans la lignée de Mario vs Donkey Kong et avant Luigi's Mansion 2, c'est Paper Mario : La Porte Millénaire qui vient s'ajouter aux jeux vidéo modernisées par Nintendo. Un titre attendu pour un portage, surtout modernisé, sur Nintendo Switch tant il a fait les beaux jours des joueurs Gamecube à l'époque. La plus brillante des gemmes des jeux de rôle Mario brille-t-elle toujours 20 ans après ?
Tout joueur de jeux vidéo a, dans un coin de sa tête, une période de sa vie dont il garde un précieux souvenir vidéoludique. Cette période coïncide souvent avec celui de l’enfance, de l’adolescence. Je fais partie de ces gens-là et, bien qu’ayant eu mes premiers contacts avec le monde du jeu vidéo avec la Game Boy et la Nintendo 64, j’ai fait mes premiers pas en solitaire avec la GameCube. Un catalogue de jeu que je considère toujours aujourd’hui comme époustouflant malgré les nombreux épisodes controversés parus à l’époque avec The Legend of Zelda : The Wind Waker et Super Mario Sunshine pour ne citer qu’eux. Même Starfox Adventure, qui voyait Fox pied à terre muni d’un bâton à parcourir une planète habitée par les dinosaures, tranchait avec ses précédentes productions.
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Malgré les débats qui ont lieu lors de leurs sorties, ces jeux sont aujourd’hui considérés comme excellents et rejoignent ceux qui ont été acclamés dès le départ. Comment ne pas citer Super Smash Bros. Melee, jeu vidéo le plus vendu de la Gamecube ? Idem pour Metroid Prime, transition à la 3D réussie pour une saga fondatrice du milieu.
On pourrait alors continuer pendant des heures pour au final, bien sûr, évoquer Paper Mario : La Porte Millénaire. Le plombier le plus connu de la planète arrive pour la première fois dans un jeu de rôle au tour par tour sur la console cubique avec une aventure qui fait plus que séduire à l’époque, en 2004. En témoigne l’agrégateur de notes metacritic, qui évalue la moyenne à 88/100. Un engouement critique puisque Paper Mario : La Porte Millénaire est souvent considéré comme le meilleur des RPG de Mario qui n’a pas suscité un engagement du public. Selon des chiffres datant de 2007, le titre s’est vendu à près de 2 millions d’exemplaires. Un gros chiffre quand il s’agit de ventes de jeux vidéo, moins quand il s’agit de jeux Mario.
Cela n’a pas inhibé l’enthousiasme du public lors de l’annonce du remaster haute définition du jeu en septembre 2023. Cela n’a pas inhibé le mien puisque vous l’aurez compris : Paper Mario : La Porte Millénaire fait partie de ces jeux avec lesquels j’ai grandi. Cette version revisitée permet de voir les choses qui n’ont pas changé depuis et qui peuvent toujours être considérées comme de grandes qualités. De la même manière, Nintendo a aussi mis sa main à la pâte avec Intelligent Systems pour apprécier, aujourd’hui, ce jeu de rôle Mario. Mais il faut aussi souligner que certains aspects restent d’époque et qu’il est difficile de ne pas les pointer du doigt en 2024.
Sommaire
- Des qualités intemporelles
- Une refonte pour coller aux standards de 2024
- Un défaut majeur qui tire l'intégralité du jeu vers le bas
Des qualités intemporelles
Ce test de Paper Mario : La Porte Millénaire s’appuie en partie sur les retours que j’ai pu faire lors de mon premier aperçu du jeu tant ceux que je partage aujourd’hui en sont la continuité. Il y a presque un mois, j’avais déjà souligné la qualité de l’écriture de ce Paper Mario et n’en démord pas aujourd’hui. La plume décalée et humoristique propre aux RPG Mario est toujours aussi efficace malgré le sérieux de l’aventure proposée : Mario essaie de rejoindre Peach à Port-Lacanaïe (ce genre de jeux de mots est présent du début à la fin) puisque celle-ci a mis la main sur une carte au trésor. Arrivé sur place, notre héros moustachu apprend que sa douce a été kidnappée. Comme si ça ne suffisait pas, cette histoire de carte au trésor est liée à une légende ancienne de fin du monde. Pour sauver l’humanité (et accessoirement, Peach), il doit alors partir en vadrouille à la recherche de gemmes étoiles
Son aventure l’emmène, à travers huit chapitres, dans des zones plus que distinctes aux personnages plus que variés. Je n’ai pas souvenir d’un titre soignant autant le dialogue de personnages secondaires, que l’on croisera à peine qu’une seule fois. Tous les habitants de ce monde ont leur mot à dire et, dans 90% des cas, il vous fera sourire ! Certains passages obligatoires sont longuets, surtout en fin d’aventure : un écueil seulement mis en lumière par le plus gros défaut du jeu, sur lequel on revient dans la troisième partie de ce test. Mais le changement de rythme apporté par les aventures de Bowser et Peach, que l’on incarne à tour de rôle à la fin de chaque chapitre, permet de souffler un peu.
Si l’écriture est toujours en vogue, le système de combat n’est pas en reste. Avec sa formule du RPG au tour par tour initiée dans les années 90, Nintendo a trouvé la recette idéale entre dynamisme et réflexion. Dans des combats prenant place sur une pièce de théâtre, le joueur doit vaincre ses ennemis avec les capacités de Mario et d’un compagnon. Mario peut sauter, utiliser un marteau et, au fil de l’aventure, utiliser le pouvoir des gemmes étoiles qu’il récupère. De la même manière, ses amis disposent de capacités qui leur sont propres. Koopek peut protéger Mario avec sa carapace ou encore jouer au bowling avec ses adversaires. Des composantes classique du jeu au tour par tour, d’autant qu’il faut prendre en considération les résistances et faiblesses adverses, qui font du joueur un acteur à part entière : il est obligé d’appuyer sur les boutons, au bon moment ou de manière imposée, pour optimiser les effets de la technique lancée. De quoi impliquer le joueur.
Même en 2024, Paper Mario : La Porte Millénaire brille par deux traits majeurs : son humour (l’écriture a dû être revu pour coller à des thématiques plus modernes) ainsi que son système de combat toujours très efficace.
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Une refonte pour coller aux standards de 2024
C’est aussi dans la forme que cette nouvelle version de Paper Mario : La Porte Millénaire brille de mille feux. S’il faut rappeler que c’est un remaster (à la différence de Mario vs Donkey, sorti plus tôt, qui est un remake), Nintendo n’a tout de même pas fait les choses à moitié concernant la direction artistique du titre.
Dans la foulée de son annonce, Paper Mario a littéralement ébloui les joueurs avec ses graphismes modernes. Difficile de passer à côté du travail fait à côté des lumières ; et de manière plus générale sur la propreté des décors et des animations. Si l’aventure de Mario se rafraîchit constamment par des personnages haut en couleurs, c’est aussi grâce à des zones bien distinctes et toutes raffinées. On passe d’une ville dans le ciel abritant un colisée à un village désert où les ombres locales se font transformer en cochon au premier son de cloche. En bref, c’est beau, surtout en comparaison avec le jeu original.
La haute définition se voit mais surtout s’entend. Dans mon aperçu, j’avais indiqué que j’avais été plus que surpris par le travail réalisé sur la bande-originale. Et après avoir fini mon aventure, je le confirme : elle est exceptionnelle. Elle figure parmi les forces de cette nouvelle mouture et il est difficile de ne pas être séduit par le travail de réorchestration. Si le thème musical lié aux combats reste le même, il est décliné en plusieurs versions selon les zones dans laquelle Mario se trouve. Par rapport à la version originale, certaines musiques bénéficient d’instruments supplémentaires (violons, trompettes…). De quoi contribuer au plaisir de nos oreilles.
Un défaut majeur qui tire l'intégralité du jeu vers le bas
Malheureusement, il ne suffit pas de proposer un jeu, aussi d’excellente qualité à l’origine, dans une version haute définition pour gommer ses défauts. Pour Paper Mario : La Porte Millénaire, il y en a un majeur, flagrant, qui tire vers le bas toutes les autres qualités du titre. Une crainte que j’ai formulée dans les dernières lignes de mon aperçu qui s’est concrétisée durant mon aventure (une grosse vingtaine d’heures pour la boucler, sans dévier de la quête principale). Paper Mario : La Porte Millénaire oblige le joueur à de trop nombreux allers-retours au sein de chaque chapitre. Le quatrième fait illusion en variant les énigmes, mais difficile de passer outre avec l’île Tropatroce et surtout l’enquête du train pour Piccadilly Hills. Ce dernier est le symbole de voyages inutiles, où il faut simplement rendre compte à quelqu’un pour débloquer la suite des événements. Pour illustrer la chose, des délits sont commis au sein du Cressus Express. Un détective pingouin semble être sur le coup mais laisse clairement à désirer pour ses talents d’investigation. C’est donc Mario qui doit fouiller les multiples cabines du train avant de revenir voir l’inspecteur.
Un défaut tellement majeur qu’il s’impose naturellement à nous à la fin de l’aventure. Impossible de ne pas le citer tant on y est confronté tout au long de notre voyage, d’autant qu’il est suffisamment rédhibitoire pour nous empêcher de profiter d’autres qualités du jeu. On évite au possible les combats pour éviter de rallonger notre temps de jeu : quelque chose qui n’est, heureusement, pas dommageable puisque les affrontements obligatoires sont loin d’être insurmontables. De la même manière, le système de requêtes (les quêtes secondaires, grosso modo) ne sont pas séduisantes puisqu’elles suggèrent également de faire la navette. C’est dommage tant, on l’a dit, les personnages secondaires sont intéressants à lire !
La fin de l’aventure principale paraît bien longue à cet égard avec de longues séquences vidéo qui n’apportent pas grand chose. On regrette alors l’absence de fonctionnalités modernes, comme le fait de pouvoir accélérer les textes ou de passer les cinématiques. À ce sujet, s’il y a bien quelques options supplémentaires de confort avec l’ajout de raccourcis, elles n’arrivent pas à inverser la tendance sur le rythme un poil trop lent du jeu.
Conclusion
Points forts
- L'écriture de chaque personnage, principal ou secondaire, brillante
- Une bande-originale remastérisée exceptionnelle
- Très soigné visuellement
- Système de combat efficace
Points faibles
- Allers-retours trop nombreux, gâchant l'expérience au global
- Peu d'options de confort ajoutées
- Des tunnels de texte parfois inutiles
Note de la rédaction
Comme prévu, Paper Mario : La Porte Millénaire HD suit le même chemin que la version originale de 2004. Cette version remastérisée garde l’excellence de sa plume avec un casting de personnages tout aussi marquants les uns que les autres avec un système de combat qui a déjà fait ses preuves. La direction artistique modernisée fait des merveilles, tant sur le plan visuel qu’auditif. Mais la forme ne fait pas tout. La structure du jeu peut vite peser pour quiconque est allergique aux multiples allers-retours forcés, d’autant que les fonctionnalités pour soulager cette architecture archaïque sont trop peu impactantes pour en soulager la lourdeur. En bref, Paper Mario : La Porte Millénaire HD reste la meilleure manière de découvrir le meilleur des RPG Mario dès sa sortie le 23 mai 2024 sur Nintendo Switch. Mais il faut garder en tête qu'il risque aussi de ternir le merveilleux souvenir que certains s’en font.