Avec Mario vs Donkey Kong, Nintendo revient aux origines du plombier. Et plutôt deux fois qu’une ! Initialement sorti sur Game Boy Advance en 2004, le jeu s’appelait d’abord Donkey Kong Plus et devait être une suite au Donkey Kong sorti sur arcade en 1981. Il a été annulé au début des années 2000 pour laisser sa place à ce projet. 20 ans et 7 jeux plus tard, la série du plombier moustachu qui mélange plateformes et réflexion revient en exclusivité sur Nintendo Switch le 16 février. Coup de vieux ou cure de jouvence ?
On l’a dit lors de notre premier contact avec Mario vs Donkey Kong : après le chef-d’œuvre constitué par Super Mario Odyssey et l’exceptionnel Super Mario Bros. Wonder, les joueurs attendent sans doute un nouvel opus inédit du même acabit concernant le héros moustachu. Pas de bol, il va falloir patienter avec des remakes de jeux déjà sortis auparavant. C’est donc avant Paper Mario : La Porte Millénaire que Mario vs Donkey Kong se plie à cet exercice. Et on souhaite autant de réussite au premier qu’il y en avec le second.
Voir Mario vs. Donkey Kong sur Amazon
Mario vs Donkey Kong, une histoire qui n'en fait pas des tonnes(aux)
On l’a dit, Mario vs Donkey Kong s’appelait à la base Donkey Kong Plus. Quoi de plus normal alors de retrouver la dualité entre le singe et le plombier dans ce jeu ? Le remake ne change pas un poil à l’histoire, toujours aussi décalée et insolite : la marque des jeux dérivés du genre. Elle nous raconte la colère de DK quand, séduit par une publicité télévisée traitant de jouets minis-mario, il s’aperçoit qu’ils sont en rupture de stock. Sous le coup de la frustration, il braque tout simplement une usine de production de ces poupées mécaniques.
Si c’est un euphémisme de dire que la réaction est exagérée, elle permet de lancer les nouvelles aventures de Mario puisque ce dernier se lance à la poursuite du primate voleur. Difficile d’être une star !
Cette intrigue sommaire n’en fait donc toujours pas des caisses et c’est tant mieux. On attend rarement des jeux Mario, a fortiori en deux dimensions et privilégiant la réflexion, qu’ils mettent en avant la narration. Le côté décalé est bien là, on sourit lors de la cinématique d’introduction et c’est parfaitement suffisant. De quoi être fin prêt pour se lancer dans l’aventure.
Un gameplay qui ne vieillit pas
La première partie de l’aventure (qui constitue la majeure partie du temps de jeu) est constituée de huit mondes suivant chacun la même structure : six niveaux distincts à compléter pour débloquer le septième qui déverrouillera à son tour le huitième. Cette architecture identique, on la retrouve également dans la composition des niveaux en eux-même. À travers un casse-tête à résoudre, les joueurs doivent faire chauffer leurs éningespour récupérer une clé. Celle-ci leur permet d’ouvrir une porte, synonyme de seconde partie du niveau : c’est à cet endroit que Mario peut sauver l’une des poupées à son effigie volées par Donkey Kong.
Cette architecture identique ne trahit pourtant aucune lassitude. Chaque monde affiche une mécanique qui lui est propre : la Jungle Donkey Kong tourne autour des lianes ; Mirifique Mario Land s’appuie sur des fleurs ventilateurs ; Sommet Verglacé propose des jeux autour des déplacements sur glace ; et ainsi de suite. Chacun arrive à proposer des puzzles variés. On a systématiquement l’impression de devoir réfléchir de manière différente que précédemment. Une prouesse que l’on salue d’autant plus qu’on a fini le jeu Game Boy Advance il y a moins de deux mois ! Comme d’habitude, Nintendo arrive habilement à nous faire comprendre que la solution est toute simple, qu’elle est juste là, sous nos yeux. C’est à nous de lui faire confiance et d’aller contre notre réflexion habituelle. C’est ce que l’on attend d’un jeu de réflexion.
En somme, l’offre de gameplay faite par Mario vs Donkey Kong en 2004 est toujours aussi efficace d’autant qu’elle a été modernisée. Le joueur peut faire traîner la caméra avec le joystick droit de manière à voir ce qui l’attend au bout d’une corde ou s’il venait à sauter. Il est aussi bien plus facile de recommencer un niveau juste avant un échec annoncé pour ne pas perdre de vie. Dans cette lignée d’ajouts, on note aussi l’intégration d’un mode détendu : Mario n’a plus de limite de temps pour résoudre les énigmes et peut encaisser les coups plus facilement. Une option qui peut être séduisante.
Ce n’est pas un gros mot de dire que Mario vs Donkey Kong est d’abord un jeu de réflexion avant d’être un jeu de plateformes. Si Mario a sa boîte à outils traditionnelle en ce qui concerne ses sauts, il n’a pas l’agilité affichée dans un Super Mario Bros. Wonder ou dans un Super Mario Odyssey. Quelque chose qui se ressent instantanément avec la latence des déplacements du plombier, l’incertitude de certaines zones de collisions et quelques imprécisions concernant les contrôles au joystick. De quoi occasionner de la frustration, a fortiori sur des longues sessions de jeu.
Enfin, on peut également ajouter à la liste des défauts les joutes avec Donkey Kong. Si l’on peut saluer l’esprit parfaitement retranscrit du jeu de 1981, ces affrontements (il y en a presque 20) ne se distinguent que par le monde dans lequel ils sont situés. Il faut jouer avec la restriction locale mais il s’agit toujours de mettre la tête au carré à DK en lui lançant des objets.
Les mini-marios : suis-moi je te fuis, fuis-moi je te suis
Certains considèreront que le vrai jeu commence une fois le primate battu pour la neuvième fois. De fait, après une cinématique qui suggère une suite plus qu’une fin, ce sont les mondes dits “+” qui sont débloqués. Ils sont composés de 7 niveaux chacun, un étant à chaque fois réservé au duel Mario / Donkey Kong.
Encore une fois, comme dans l’original, c’est aussi la façon de jouer qui change dans les mondes +. Celle-ci rappelle la série de jeu Lmmings débutée en 1991, qui consiste à mener une colonie de rongeurs humanoïdes d’un point A à un point B avec le moins de pertes possible. Dans Mario vs Donkey Kong, le gameplay est quand même simplifié : la poupée mécanique à l’effigie du protagoniste se contente juste de suivre Mario quand ce dernier entre dans son champ de vision. Il faut alors l’amener à bonne porte, synonyme de fin de niveau.
Comme dans le jeu original, cette proposition de gameplay est rafraîchissante d’autant que les premiers tableaux sont aisés. Une baisse dans la difficulté bienvenue après un monde 8 assez retors (avec un niveau dont on se rappellera, pour sûr cette fois !). On se prend alors au jeu et très rapidement, on met en place nos itinéraires au début de chaque niveau. Cet investissement cérébral est d’autant plus immersif que la foulée du mini-mario est lente et incertaine. Parfois même irréfléchie. On est souvent sorti de notre bulle de réflexion à cause d’un comportement du mini-mario totalement aléatoire en apparence. Pourtant, ce dernier obéit à des règles bien précises qu’on l’on appréhende vite mais qu’il reste difficile de maîtriser sur l’intégralité du titre. Un écueil qui devrait passer inaperçu pour les joueurs habitués aux sessions courtes, auxquelles le jeu se prête à merveille.
Un titre presque 2.0 avec beaucoup de nouveautés
Mario vs Donkey Kong, déjà à l’époque sur Game Boy Advance, affichait une durée de vie conséquente en appartenant au catalogue d’une console portable. Celle-ci a été plus que revue à la hausse avec du contenu inédit ajouté pour le remake Nintendo Switch. Celui-ci apporte de la variété.
Par exemple, les petits nouveaux Sommet Verglacé (6) et Mirifique Mini-Land (4) s’imbriquent parfaitement aux paysages déjà présents. Et ça d’un point de vue esthétique ou fonctionnel. Ils apportent avec eux 34 puzzles supplémentaires, soit plus d’un tiers du contenu original. Il faut une petite quinzaine d'heures pour réaliser le 100%, c'est-à-dire terminer les niveaux en ayant récupéré les trois cadeaux !
Il est aussi question de manière de jouer dans les nouveautés. Comme on l’a déjà évoqué, le mode détendu est inédit à cette version Switch. De même que le mode Contre-La-Montre, débloqué à une certaine condition. Comme son nom l’indique, il impose une limite de temps très petite au joueur pour terminer le niveau. Un challenge corsé qui vise essentiellement les joueurs à la recherche d’un défi supplémentaire. La moindre erreur peut y être éliminatoire. Le proverbe "ne pas confondre hâte avec précipitation" constitue un symbole parfait pour parler de ce mode de jeu.
En opposition parfaite de style, en plus d’être l’une des marques de fabrique de Nintendo, le mode co-op (à deux joueurs) réserve aussi une façon différente d’appréhender les niveaux. Dans le cas d’un jeu en duo, une clé supplémentaire doit être récupérée.
Mario vs Donkey Kong : un jeu flambant neuf !
Qui dit remake dit forcément une refonte graphique. Mario vs Donkey Kong n’échappe pas à la règle. Chaque monde, chaque personnage, chaque monstre… Absolument tout a bénéficié d’un soin particulier. La preuve ? Les stages sont méconnaissables puisque, même en ayant joué au jeu il y a deux mois, je n’ai reconnu aucun des puzzles proposés. Tout scintille, particulièrement sur console OLED en mode portable, sans jamais agresser la rétine. C’est très beau quoi.
Si cette modernisation saute aux yeux, les oreilles ne sont pas non plus épargnées. La bande-originale, discrète pour ne pas troubler la concentration du joueur, est propre à chaque monde. Elle suggère souvent son appartenance au jazz avec des passages à la trompette, dont une magnifique réorchestration du thème principal de Mario à écouter sur l’écran titre. De quoi rappeler les débuts 2000 où Nintendo était dans l’expérimentation à ce niveau-là (Super Mario Sunshine et Pokémon Rubis/Saphire par exemple). Un traitement identique pour Paper Mario : La porte Millénaire ?
Voir Mario vs. Donkey Kong sur Amazon
Conclusion
Points forts
- Un contenu supplémentaire non négligeable par rapport au jeu de base
- Les ajustements pour moderniser le gameplay
- Le soin apporté aux tableaux et à la bande-son
- Une proposition toujours efficace entre plateforme et réflexion
- La courbe de la difficulté
Points faibles
- Les imprécisions ponctuelles concernant les mouvements et l'intelligence artificielle des minis-Mario
- Une difficulté parfois inégale au sein d’un même monde
- Comme à l’époque, les affrontements avec Donkey Kong ne sont pas passionnants
Note de la rédaction
20 ans. C'est, souvent, l'âge symbolisant la jeunesse à son plein potentiel. C'est aussi la période qui s'est écoulée entre la sortie de Mario vs Donkey Kong sur Game Boy Advance et son remake. Il arrive en exclusivité sur Nintendo Switch le 16 février et est l'objet d'une excellente cure de jouvence de la part de "Big N". Le côté réflexion marche toujours aussi bien ; des fonctionnalités permettent de moderniser le soft ; un contenu inédit de prolonger sa durée de vie ; sans oublier la mise à jour graphique plus que soignée qui fera oublier les traits pixelisés de la version originale. Mario vs Donkey Kong a pris un sacré coup de jeune grâce à un remake comme l'on aimerait en voir plus souvent. Un excellent jeu pour attendre avec impatience les prochains jeux du plombier. Remake ou non.