En ce mois de janvier, Prince of Persia : The Lost Crown récupère ses lettres de noblesse en s'essayant au genre du metroidvania. Avant de m'y essayer à sa sortie, j'ai donc décidé de lancer le cinquième volet des Momodora. Et ce fut une bonne surprise.
Le cinquième volet d'une licence commencée en 2010
Loin du moule traditionnel des AAA narratifs d’aventure en monde ouvert, le genre du metroidvania est indubitablement ce que l’on appelle une niche. Il a été popularisé par Metroid et Castlevania (d’où le mot-valise) dans les années 80/90. Les ventes des jeux décollent rarement (Metroid Dread, le dernier et le plus vendu de la licence, s’est écoulé à 3 millions d’exemplaires) et encore plus rares sont les séries à afficher plusieurs épisodes. Hormis Castlevania et Metroid, les licenses à plus de trois volets se comptent sur les doigts de la main. Et parmi elles se trouve Momodora, dont l’épisode final est sorti dans l’ombre de Prince of Persia : The Lost Crown en ce mois de janvier.
Lancée en 2010 avec Momodora I, la série compte donc cinq volets en 2024 avec la sortie de Moonlit Farewell. Ce dernier est la suite directe de Momodora III. Néanmoins, nul besoin d’avoir joué aux précédents pour l’apprécier. On comprend rapidement les tenants et aboutissants de l’intrigue : la Cloche Noire a été dérobée. Le responsable s’en sert pour invoquer des démons, menaçant la sécurité des habitants du village de Koha. Le joueur, dans la peau de la prêtresse guerrière Momo, doit alors mettre un terme à tout ceci.
Si toutefois connaître le lore respectif de l’univers est indispensable pour vous, un personnage non-jouable offre, à travers des documents à lire, des cours de rappel dans le village.
Le voilà donc parti en mission et, à la différence de nombreux metroidvania à succès (Hollow Knight, Blasphemous, The Last Faith… même Ori est assez anxiogène), c’est plutôt le cœur léger qu’il se lance à l’aventure. Une sensation qui s’observe finalement durant la grosse demi-douzaine d’heures pour boucler le jeu à 110% à travers son gameplay et sa direction artistique.
Une ambition modérée synonyme de gameplay bien exécuté
Momodora : Moonlit Farewell reprend les codes classiques des metroidvania en deux dimensions. Il y a de la plateforme dans un monde labyrinthique dont les portes s’ouvrent au fur et à mesure de l’obtention de pouvoirs d’exploration comme le double saut ou le saut mural. Cette exploration est jonchée d’obstacles constitués par les ennemis, que l’on peut éliminer ou non. L’arsenal de base de Momo est composé par une cloche (touche Y) pour se soigner ; d’une feuille sacrée pour attaquer (X) ainsi que d’un arc (X+Haut) ainsi que d’un saut.
L’amélioration de cette boîte à outils passe alors par l’exploration du joueur : certaines baies augmentent les points de vie ; d’autres les points de mana tandis que prier devant un lys sacré augmente ses dégâts de base. Le système de sigils, inédit dans Momodora, permet de personnaliser sa prêtresse. Il est possible d’en équiper deux (un nombre qui augmente dans l’aventure) et d’orienter alors son style de jeu : plutôt tir à l’arc ou combat au corps à corps, une réaction basée sur les roulades ou sur la protection… Les possibilités ne sont pas infinies mais sont dans l’ensemble divertissantes à jouer, surtout vers la fin du jeu !
De manière générale, tout se combine bien et il y a rarement des temps morts. Un rythme soutenu permis grâce à la mini-carte (fort utile, il faut le reconnaître) qui traque les collectibles dans chaque pièce. La construction des niveaux est assez classique (on aurait aimé peut-être un poil plus de connexion entre les différents biomes) et permet une navigation fluide. Certains allers-retours agaçants font regretter l’arrivée tardive du moyen de téléportation mais n'entache en rien l’appréciation finale du jeu. À l'heure du test, on regrette surtout la présence limitée de séquences de plateformes tant les contrôles répondent bien de ce côté là.
Momodora : loin du du stress de ses confrères
Momodora : Moonlit Farewell est une expérience brève, mais surtout intense et tranquille à la fois. Quelque chose que le jeu doit aussi à sa difficulté (pour laquelle on a réservé un encart ci-dessous) et sa direction artistique. S’il faut être sensible à l’esthétique pixel-art, le jeu propose des environnements variés (mention spéciale au dernier, très Castlevania !) avec certains plans sublimes. Ils provoquent chez moi une certaine sérénité, même pour certains situés dans des zones à l’hostilité exposée. De ce que je me souvienne, je n’ai jamais expérimenté un tel sentiment avec d’autres jeux du genre.
Encore une fois, c’est le cadre qui joue. Comme j’en ai parlé plus haut, les jeux type Castlevania, Blasphemous ou même Ori s’installent dans des contextes vraiment sombres, parfois en pleine dark-fantasy. Les développeurs insistent, à travers de nombreuses caractéristiques, sur la dimension chaotique de leur monde. La musique est un outil particulièrement plébiscité pour ce genre de choses. Dans Momodora : Moonlit Farewell, la bande-originale brille par sa discrétion. Une nouvelle fois, c’est aussi grâce à elle que je ressentais une certaine quiétude en jouant, allant d’un biome à un autre sans stress particulier. La BO privilégie des sons doux voire clairs, chatouillant les oreilles. De quoi appuyer cette sensation de calme mais à un niveau différent.
Momodora : Moonlit Farewell est loin d'être un jeu compliqué. Quelque chose de logique dans sa proposition. Toutefois, les plus aguerris peuvent se compliquer la tâche de plusieurs manières. Un sigil permet de rester à 1 PV toute la partie ; tandis qu'un mode Hardcore est débloqué après avoir vu les crédits une première fois : mourir oblige alors le joueur à recommencer le jeu depuis le début.
Conclusion
Points forts
- Un gameplay simple et maîtrisé
- Une exploration au rythme exemplaire
- Les combinaisons de sigils, peu variée mais divertissante
- Une direction artistique chouette (mention spéciale au dernier niveau)
Points faibles
- Peu de séquences de plateformes
- La lisibilité des combats parfois chahutée
Note de la rédaction
Momodora : Moonlit Farewell m’a surpris. Avec une direction artistique bien différente des références du genre, je m’attendais à une expérience moins maîtrisée. Mea culpa puisque Momodora propose certes un titre loin de la norme mais sans fausse note. Il offre une exploration bien rythmée, un gameplay loin d’être révolutionnaire mais efficace et le tout emballé dans une direction artistique séduisante. Momodora : Moonlit Farewell montre qu’il n’est pas nécessaire d’avoir des ambitions démesurées pour être un bon jeu.