L'année dernière, la licence Assassin's Creed fêtait sa quinzième année d'existence. Dans l'ombre du jeune studio d'Ubisoft Bordeaux, des petites mains agissaient dans l’ombre pour servir la lumière d’Assassin’s Creed Mirage. Mais cet épisode retour aux sources est-il aussi rayonnant que les artefacts Isu ? Le titre suit-il le bon credo pour les fans d’AC et les autres ? Il est temps de le découvrir.
Plus Unity qu’Assassin’s Creed premier du nom ?
Avant même que les mots “retour aux sources” ne soient prononcés, on savait déjà vers où allait nous emmener cet Assassin's Creed Mirage. En même temps, difficile de ne pas voir dans une aventure misant sur l’infiltration en plein cœur du Moyen-Orient un hommage revendiqué au tout premier épisode de la licence phare d’Ubisoft. Et puis, manettes en main, on a retrouvé les bureaux, les contrats et même Alamut, cette forteresse légendaire qui a inspiré le Masyaf que l'on a découvert dans la peau d'Altair. Les influences d'Assassin's Creed II et consorts se font également ressentir, notamment avec ce côté récit évolutif. Dans Mirage, on suit en effet l'ascension bordée de rites de Basim au sein de la confrérie, comme on suivait celle d'Ezio d'AC 2 à Revelations.
Alors oui, c’est indéniable, il y a un air des premiers Assassin’s Creed premier du nom dans Mirage. Pour les plus nostalgiques, il y a même un filtre bleu à l'ancienne qui fait vraiment illusion. Mais pourtant, manette en main, c’est plutôt d’Assassin's Creed Unity que Mirage tient le plus. Décrié à sa sortie pour de nombreuses raisons, l'opus qui se déroule en pleine Révolution Française a pourtant de gros atouts. Et bien Mirage a dans les grandes lignes les mêmes, à commencer par une action centrée sur une ville particulière bien reconstituée.
On l'avait déjà remarqué au cours de notre preview, ça se confirme aujourd'hui : Bagdad est une ville magnifique. Ses différents quartiers ont chacun leur propre identité, que ce soit d’un point de vue visuel ou sonore. Ses murs, ses portes, ses habitants, l'ambiance qui règne dans ses rues… Tout est détaillé, personnalisé, diversifié. Il y a une vraie richesse dans cette ville et c’est un véritable plaisir de découvrir les habitudes et les règles (grâce au codex principalement) de cette époque méconnue. Mais surtout, Bagdad est une ville vivante. Les gens jouent, parlent, chantent, crient… En l’an 861, Bagdad était un véritable carrefour culturel et commercial mondial. Il s’agissait de l’une des rares villes au monde à accueillir plus d’un million d’habitants à l’époque. Forcément, il fallait que cela se ressente en jeu et Ubisoft n’a pas failli à la tâche. Pour les fans d’Histoire et de reconstitution, la Bagdad de Mirage est le terrain de jeu parfait, mais pas que…
Les free runners vont également y trouver leur bonheur. Encore une fois, Mirage emprunte là plus à Unity qu’aux premiers opus. On retrouve le parkour fluide (aussi bien en montée qu’en descente) des rues de Paris. Qui plus est, la ville de Bagdad, avec ses rues étroites et chargées et ses toits plats, se prête particulièrement bien à l’exercice. De nombreux éléments vous permettent de fluidifier votre course qui, jeu à l’ancienne oblige, sera tout de même limitée à certains chemins prédéfinis. La poignée d’interactions possibles avec le décor sont aussi appréciables. En somme, dans les rues ou sur les toits, l’exploration est aussi plaisante dans les deux cas.
Un parkour plaisant c’est important dans un AC, surtout pour un opus qui se place sous le signe du retour aux sources. Cette façon quelque peu non-conventionnelle de se déplacer fait partie des trois piliers du credo de la licence, avec l’infiltration et l’assassinat. Ces derniers sont également mis à l’honneur, avec de nombreuses mécaniques issues d’Unity mais pas seulement. On retrouve ainsi les missions Black Box mais aussi les outils, le regard perçant de l’aigle, l’arc de compétences et bien d’autres éléments. Clairement, les équipes ont tout fait pour vous pousser à la discrétion. Sans surprise, on se retrouve donc avec un système de combat limité. Mais cela n’est pas vraiment dérangeant, surtout qu’il y a un certain nombre de subtilités qui permettent de rendre le tout un peu plus intéressant que prévu.
Tout est-il vraiment permis dans Mirage ?
Mais Mirage, ce n’est pas juste un retour aux sources. Les développeurs ont choisi de parsemer l’expérience de quelques petites nouveautés bienvenues, dont la fameuse Concentration d’Assassin (ou Assassin focus). Si elle peut permettre de se tirer de bien des mauvaises situations, cette mécanique est totalement optionnelle. Vous pouvez très bien ne jamais l’utiliser au cours de votre aventure. De façon générale, Assassin’s Creed Mirage est très permissif : le titre laisse le choix aux joueurs et permet ainsi de palier au côté très classique de l’expérience.
Ça va du choix de l’approche, au choix des améliorations de vos outils, en passant par les opportunités d’infiltration qui sont variées. Mirage vous invite à enquêter, deviner, déduire, trouver pour finalement vous glisser discrètement jusqu’à votre objectif. Certes, le titre nous prend parfois un peu trop par la main mais il y a tout de même toute une démarche à suivre en amont de la mission pour atteindre sa cible sans avoir à se contenter de suivre un point sur une boussole. Il faut trouver la petite brèche, le marchand qui vous permettra de passer inaperçu, le bon soldat avec la bonne clé… Résultat, on se retrouve avec un gameplay plus profond et intéressant et qui se complexifie avec le temps et ne rend l’immersion que plus grande. Dans “rien n’est vrai tout est permis”, les équipes de Mirage ont donc visiblement bien compris la deuxième partie.
Mais tout est-il vraiment permis dans le jeu ? Bien sûr, Mirage se heurte à quelques limites. Si Bagdad est somptueuse, des compromis techniques ou visuels (notamment sur les visages) ont dû être faits. S’il est possible de s’aventurer dans les étendues sauvages aux alentours de Bagdad, elles n'ont pas grand intérêt à la longue. Si les rues sont pleines de vie, il arrive parfois qu’un PNJ ait un comportement des plus étranges. Si le jeu est fluide, il a tout de même quelques lacunes techniques qui peuvent nuire à l’expérience, notamment quant il s’agit de redevenir anonyme. Notez néanmoins qu’un patch a été déployé pendant notre test et qu’un autre est prévu incessamment sous peu.
Les limites de Mirage, elles concernent aussi, et surtout, le contenu. On le savait, le titre a été façonné pour être plus court que ses prédécesseurs. Il ne vous faudra donc qu’une quinzaine d’heures pour arriver à la conclusion de l’histoire de Basim. Pourtant, la présence de personnages sous-exploités nous laisse penser que Mirage aurait mérité une ou deux heures de plus pour parfaire son récit. Mais c’est surtout pour le reste que le bât blesse. S'il y a tout un tas de points d’intérêts qui raviront les complétionnistes (moins de 30 heures pour le 100%), les Récits de Bagdad peinent à convaincre. Il propose pourtant une plongée intéressante dans le lore et l’Histoire de la ville, mais s’apparentent plus à des événements qu’à des quêtes secondaires et c’est tout de même un peu dommage. Si bien qu’à part les contrats, assez classiques, il n’y a pas de véritables quêtes annexes dans Mirage. On se languirait presque Assassin's Creed Codename Red du coup. Les développeurs ont en effet choisi de se concentrer sur la trame principale et ça se voit. Mais alors, est-ce que ça valait ces sacrifices ?
Siamo tutti Basim
On comparait plus haut Mirage à Unity mais il est maintenant tant de rajouter une différence majeure entre les deux titres : l’aventure et le personnage de Basim sont bien plus intéressants qu’Arno et son histoire. On l’attendait beaucoup à ce niveau et Mirage ne nous a pas déçu. L’histoire du jeu est aussi complexe que prenante et elle ne prend tout son sens qu’une fois arrivée la conclusion. Elle a un peu de mal à démarrer, mais après avoir vu les premières scènes inattendues et marquantes nous voilà embarqués dans un récit fort bien narré, où histoire et gameplay s'entremêlent habilement. Le tout est porté par une réalisation particulièrement soignée sur certaines scènes et une bande-son qui se classe facilement dans le top 5 des plus belles OST d’Assassin’s Creed (un grand merci à Brendan Angelides).
Ce qui est le plus plaisant avec l’Histoire de Basim, c’est qu’elle rappelle un peu celle d’Ezio. On le voit grandir au sein de la Confrérie, passer les rites les plus importants, mais aussi grandir en tant que personne, découvrir qui il est et ce qu’il veut vraiment. Mirage fait même mieux ! Car s’il était un peu difficile de s’identifier à un beau gosse charmeur et arrogant issu de la noblesse italienne, les questionnements de Basim sont, eux, plus universels, plus parlants. Cela brise le côté très manichéen que l’on peut retrouver chez certains AC, pour se pencher sur un rapport plus personnel aux choses. Pour sûr, le sous-texte de l’ascension de Basim au sein de Ceux que l’on ne voit pas résonnera chez de nombreux joueurs.
D’ailleurs, on sent cette volonté de parler à un maximum de gens dans plusieurs aspects du jeu. Il y a une réelle diversité dans Mirage, que ce soit au niveau des PNJ ou des possibilités de doublage (réussis d’ailleurs). Le jeu est également accessible au plus grand nombre avec ses trois niveaux de difficulté, même si les amateurs de challenge risquent de rester un peu sur leur fin. Même en “Difficile”, Mirage demeure un titre assez simple. Et malgré tout, Mirage ne parlera pas à tout le monde. Son côté très classique, bien qu’attendu, risque d’en laisser certains sur le carreau. Pourtant, le titre remplit bel et bien ses promesses et ça suffit à proposer une expérience solide et excellente. Un vrai hommage qui ne s’éloigne jamais du credo !
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Conclusion
Points forts
- Bagdad, la magnifique
- Un retour aux sources réussi
- Un récit vraiment intéressant
- Des bonnes idées et moments marquants
- Une liberté d’approche bienvenue
- Une bande-son et atmosphère parmi les meilleures de la licence
- Le sens du détail, partout, tout le temps
Points faibles
- Quelques manques de finition
- L’absence de vraies quêtes secondaires
- Un démarrage laborieux
- Manque de difficulté
- Certains pans sous-exploités
Note de la rédaction
Assassin’s Creed Mirage ne nous a pas menti. Le nouvel opus nous propose un retour aux sources en bonne et due forme, avec un credo à l’ancienne et des mécaniques modernes à la Unity. Véritable melting pot - aussi bien au niveau des approches, des PNJ que des mécaniques tirées des précédents AC -, Mirage est un appel à la liberté presque sans limite. En revanche, son gameplay à l’ancienne, ses petites lacunes techniques et son côté très classique risquent d’en laisser certains sur le carreau. Mais les fans de la licence tiennent avec Mirage un récit prenant, une bouffée agréable de nostalgie et une nouvelle plongée grandiose dans la grande Histoire. Oui, l'aventure de Basim ne réinvente pas la roue, mais elle constitue un excellent moyen de patienter en attendant le prochain gros jeu de la licence, Assassin’s Creed Codename Red.