Après avoir détroussé la veuve et l’orphelin pendant dix ans, dans la belle et longue vie de Payday 2, le gang aux masques de clown reprend du service, cette fois dans la ville de New York… La grosse pomme réserve pas mal d’opportunités, surtout pour une équipe qui repart de zéro. Eh oui, l’ultime casse de Dallas, Chains, Wolf, Hoxton a mal tourné, laissant le quatuor sur la paille. Pour se refaire, l’équipe - maintenant accompagnée de Joy et Pearl - devra donc faire ce qu’elle sait faire de mieux : voler. Pour son lancement ce 21 septembre, Payday 3 propose ainsi huit braquages (dont un 100% action). Des missions qui sont pour l’heure uniquement en one-shot. Pour les fameuses séquences sur plusieurs jours, très appréciées sur le deuxième opus, il faudra attendre de futures mises à jour. En attendant, voyons si le nouveau bébé de Starbreeze à l’étoffe pour, lui aussi, tenir une décennie.

La bonne paye

Déjà, un petit rappel s’impose. Comme par le passé, Payday 3 est un jeu en coopération où quatre joueurs doivent voler le plus de butin possible. À part pour les braquages 100% action, c’est à vous de choisir votre approche… infiltration, armé jusqu’aux dents, ou un mélange des deux (dans le cas où ça dérape). En général, vous commencez chaque mission en civil, visage découvert ! Ainsi, vous pouvez avoir un premier aperçu des lieux - l’entrée d’une banque, d’une bijouterie - sans éveiller les soupçons. C’est d’ailleurs un premier point qui distingue ce troisième volet de son grand frère : il y a plus d’opportunités pour les phases sans masque, et c’est une très bonne chose. Désormais, quand un garde vous repère avec la tête de monsieur ou madame tout le monde dans une “zone privée”, il ne déclenche pas immédiatement l’alarme. Dans un premier temps, il vous escortera gentiment vers la sortie, et si vous insistez trop, ce sera les menottes. Dans tous les cas, vous aurez sans doute eu le temps d’appréhender la ronde de l’adversaire, repérer quelques caméras, voire de voler un badge.

Cet exemple illustre bien ce qui distingue Payday 3 de Payday 2 : une aventure toujours exigeante mais moins rigide que par le passé, qui cherche à moins sanctionner le joueur. Dans le même ordre d’idées, ici, plus de sacs mortuaires, seul moyen de transporter des cadavres dans le second opus. Vous pouvez désormais bouger les morts comme il vous plaît. Idem pour les liens, qui permettaient avant d’attacher les otages, remplacés par une formule open bar ! Bref, c’est plus souple, mais pas facile pour autant, le tout demandant une bonne connaissance des lieux. D’ailleurs, tant qu’on parle des victimes collatérales, ce troisième volet permet à présent d’échanger des civils contre du temps supplémentaire entre deux assauts des forces de l’ordre. Plus tard, le troc sert également à obtenir des ressources (poche de soin, armure, munitions). Autrement dit, les phases d’action de Payday 3 sortent de leur habituelle fatalité et exigent de mieux gérer la foule. Mieux, les sensations de shoot sont clairement plus réussies que dans Payday 2. Les tirs ont un réel impact, avec un joli boulot sur le son et la destruction des décors. Et cerise sur le gâteau, le gang est plus agile, ce qui aide aussi.

Savoir faire le clown

Ce n’est bien sûr pas la seule nouveauté de ce Payday 3… Il y a par exemple les Armes Overkill, une sorte d’ultra qui se charge au fur et à mesure de la partie et qui permet de commander du “pan pan boom boom” plus puissant, comme un lance-grenades ou un fusil sniper (super utile contre les plus gros ennemis des assauts avancés). Des gadgets inédits sont aussi de la partie, comme une micro caméra que l’on peut coller à peu près n’importe où, et même sur un garde. On retrouve également tout ce qu’il faut pour personnaliser ses armes. Pour l'heure, le bébé de Starbreeze propose déjà pas mal de choses à débloquer, et de quoi créer des synergies entre les membres d’une même équipe. On aurait cependant apprécié un arsenal plus complet, ce qui arrivera dans de futures mises à jour. Pour rappel : ici, tout l’argent récupéré lors d’un braquage peut être réinjecté dans de l’équipement ! Et l’argent ça se mérite. Sur Payday 3, les sacs de billets se portent toujours un à un jusqu’au point d’exfiltration - à part pour les petites coupures -, tout est perdu si l’ensemble de l’équipe est au sol.

Au-delà des armes, un domaine est garni : les compétences. À l’heure actuelle, 100 bonus répartis en 17 catégories vous attendent avec de quoi améliorer les munitions, la résistance aux explosions, la gestion de la foule, l’infiltration ou encore la précision. C’était déjà un très bon point de Payday 2, ce troisième épisode s’inscrit clairement dans cette même voie (comme par le passé, vous pouvez redistribuer vos points de compétences à volonté). Et à l’image du second opus, c’est un super bon moyen d’encourager les joueurs à développer des synergies et un excellent moteur à la rejouabilité. On en profite d’ailleurs pour rappeler qu’entre deux parties, sans même varier la difficulté, Payday 3 s’amuse à changer des éléments de place, comme les caméras, les gardes, voire même les pièces.

De notre côté, pas de place pour la lassitude : les cartes présentes au lancement donnent d’ores et déjà envie de se dépasser et de réaliser la run parfaite. Le système de progression amène toujours à vouloir essayer ce qu’on vient de débloquer. Ainsi, la compétence “piratage” vous sera sans doute utile pour la Galerie d’Art truffée de caméras, alors que “tireur d’élite” est un atout de poids face aux snipers de la Banque. Des améliorations qui seront d’autant plus cruciales en mode Très Difficile ou Overkill, où les systèmes de surveillance sont parfois indestructibles et où certains gardes appellent en boucle le PC Sécurité, même une fois morts. À ce jour, Payday 3 permet d’atteindre le niveau 150.

“Bas les masques !”

Bref, Payday 3 n’est pas avare en nouveautés mais ne boulverse pas sa formule pour autant… et ce n’est pas ce qu’on attend de lui : l’IA des gardes reste pas mal basique, juste ce qu’il faut pour qu’on puisse apprendre et anticiper leurs mouvements ; les attaques des forces de l’ordre sont des vagues incessantes avec de gros sacs à PV, et c’est juste ce qu’il faut pour avoir un challenge équilibré (du moins en mode Normal) et redouter cette deuxième phase où l’infiltration n’est plus permise ! Même si ce troisième épisode peut paraître encore un poil rigide, il restitue en réalité une formule qui a déjà fait ses preuves et qui marche terriblement bien. Sur nos parties, à part pour quelques objectifs qui manquent de clarté, c’est l’adrénaline et l’euphorie qui ont toujours primé. Quel régal de profiter d’un garde qui nous escorte vers la sortie pour dérober une carte d’accès, ou de sauver une situation in extremis avec un headshot sur un ennemi et une réponse au PC Sécurité, depuis la radio du défunt. Tout est affaire d’organisation, et jouer avec des personnes de confiance est encore une fois crucial. D’ailleurs, on note l’absence de chat vocal in-game. Un comble pour un jeu vidéo 100% coopération.

Au final, les vrais reproches que l’on a à faire à Payday 3 sont des détails. Les malfrats contrôlés par l’ordinateur - qui comblent parfois les trous des parties - ont toujours deux mains gauche : il ne porte pas de sac par eux-mêmes… et attendent les bras croisés pendant que vous vous faites l’impossible pour vous infiltrer. On aurait aussi aimé une meilleure mise en scène. Un exemple parlant, la fin d’un casse qui nous promet une descente en rappel, mais qui se conclut (en réalité) par un fondu au noir. C’est dommage, car c’est typiquement le genre de moments qu’on aimerait vivre en tant que malfrat du dimanche. Nous avons aussi rencontré quelques bugs, dont certains assez pénalisants pour finir la mission. En revanche, rien à dire sur la réalisation. L’Unreal Engine 4 fait plus que du bien, avec des décors très soignés, de chouettes éclairages et même une direction artistique qui fait son petit effet. Chacune des huit séquences a sa propre personnalité - que ce soit en termes de level design ou de palette de couleur. On croise les doigts pour que les futurs braquages fassent l’objet du même soin.

Conclusion