Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi l’éditeur Quantic Dream s’est intéressé au projet de Parallel Studio, un studio lui aussi français, basé à Paris et amoureux d'épopées narratives. Under The Waves propose une virée mélancolique dans les profondeurs des eaux du Nord et surtout dans le cœur serré de Stan, un plongeur professionnel chargé de maintenance, coincé à vingt mille lieues sous les mers et dans la solitude qu’il s’est imposé. Un périple à l'atmosphère mémorable.

Palme d'or du jeu atmosphérique

Under The Waves décroche probablement la palme d’or du jeu le plus atmosphérique de l'année. Plongée dans les abysses brumeuses de la mer du Nord, la solitude de Stan nous submerge tout autant que l’immensité de la mer. À part notre héros, vous ne croiserez jamais aucun autre visage humain, si ce n’est à travers l’écran de télévision de son module d’habitation. Seulement une faune locale dont la routine est crédible. La quiétude des abîmes nous happe dès les premières virées et en même temps, le silence pesant semble présager une menace tapie dans les grottes. Pour autant, le jeu ne vous veut véritablement jamais de mal, les requins nageant même près de vous en vous ignorant allègrement. Mais impossible de se débarrasser de l'impression qu'une présence nous suit à la trace. C’est aussi ce qui fait le charme singulier de l’expérience, également sublimée par des musiques incroyablement électrisantes.

On ne peut que vous encourager à découvrir la généreuse bande-son de Nicolas Bredin, compositeur du jeu, directement sur Spotify. Elle comble le vide aquatique d’une ambiance extrêmement dense, faite de mélodies post rock et de sons métalliques, qui disons-le, procurent à l’univers technofuturiste des années 1970 la majorité de son charme et vous invitent dans son flow hypnotisant. Les doublages français sont tout aussi excellents, servis pas des performances formidables qui comblent sans trop de mal l’absence de synchronisation labiale, et le regard quelque peu vitreux de Stan. Le budget n’est certes pas équivalent aux productions signées Quantic Dream, Under the Waves ne brillant certainement pas par sa technique, ses animations faciales ou la qualité de texture de ses algues. Mais la patte est en revanche assez jolie, les jeux de lumière sont souvent charmants, l’immersion est garantie et l’émotion est palpable.

Une histoire de deuil et de recyclage d'algues

Si Stan écume les eaux souillées de la mer du Nord et ne quitte jamais les yeux de ses objectifs de maintenance du matin au soir, il endosse également une mission davantage importante qui perturbe quelque peu son boulot : faire le deuil d’une tragédie dont on devine rapidement les traits dès l’introduction, personnifiée par la puissance dévorante de l'océan. Une intrigue passionnante qui parle de mort, d’écologie et de vandalisme climatique, mais aussi un récit au rythme lent, éparpillé de manière disparate au gré d’errances et de tâches laborieuses. Stan doit, chaque jour, reboucher des fuites d’oxygène, réparer les éléments de bâtiments sous-marins de forage pétrolier et recycler un tas de ferraille. Des moments de flottement paralysés par des marqueurs de carte parfois cassés, ou des objectifs un peu trop flous. Under the Waves refuse néanmoins de vous prendre la main à juste titre, préférant concilier l’ADN du titre à votre propre autonomie. Il fait aussi le pari malin de proposer une certaine possibilité d’exploration dans les profondeurs, le joueur étant libre de scanner, photographier et récolter quelques éléments plus ou moins dispensables en dehors de sa quête principale. De quoi aisément faire grimper la durée de vie de 7 à 10 heures.

Enfin le jeu se contente de quelques éléments de survie, très peu pour ne pas dénaturer l’expérience hautement atmosphérique, mais qui paraissent parfois bien futiles. Ainsi, il faut prêter attention au niveau d’oxygène de Stan et crafter de nouvelles provisions au besoin, mais ces dernières seront très souvent disponibles aux différents lieux stratégiques où vous vous rendrez. Les commandes demandent leur petit temps d’adaptation tout comme la plupart des jeux d’exploration aquatiques. Après quoi, vous pourrez piloter facilement votre petit vaisseau ou votre plongeur. Si la balade est globalement agréablen, dommage que la progression dans les eaux se montre un peu lente, voire douloureuse, Stan n'étant certainement pas le nageur le plus rapide de la mer du Nord.

Conclusion