Il y a des retours de licence dont l'annonce, si prévisible, laisse de marbre les plus difficiles, quand d'autres nous font frémir d’excitation devant nos écrans, tant la surprise est plaisante. Ghost Trick : Détective Fantôme, de la maison Capcom, est de ces derniers. Sorti en 2011 sur la Nintendo DS, il est l’une des créations inédites de Shu Takumi, qui s’est adonné avant cela et des années durant au développement de procès comiques pour étoffer la saga Ace Attorney. Exit l’avocat plein d’ambitions, le protagoniste de Ghost Trick n’est qu’un cadavre (néanmoins hautement charismatique) lâché dans un entrepôt défraîchi. Le joueur doit prendre les rênes de son fantôme, tout de même pourvu de quelques capacités hors du commun qui le rendent bien utile à la société. Sissel, de son nom, a peut-être perdu tous les souvenirs de sa vie d’humain, il peut user de ses pouvoirs surnaturels pour prendre possession des objets ou remonter le temps pour résoudre des énigmes et, accessoirement, comprendre les circonstances de sa mort. Mais attention, les heures sont comptées : au lever du soleil, son fantôme sombrera dans l’oubli.

Une version HD d'un jeu qui n'a pas pris une ride

Bye aux pixels anguleux de la version Nintendo DS, Ghost Trick revient dans un portage HD remastérisé au sein duquel les graphismes profitent d’une belle rénovation, histoire de s’adapter à nos consoles et PC modernes. L’occasion rêvée de s’extasier davantage devant les animations de personnages excentriques et hétéroclites, déjà saluées dans le jeu original. On peut reprocher aux menus, à quelques arrières plans disgracieux et au format 4:3 sur ordinateur d’être restés bloqués dans une époque plus lointaine. Mais difficile d’en tenir rigueur tant les autres aspects du titre sont un régal. La version s’agrémente aussi de nouvelles musiques du compositeur des Ace Attorney, Yasumasa Kitagawa, qui s’avèrent être, comme promis, totalement en harmonie avec les morceaux d'origine, drapant l’aventure d’une ambiance d’autant plus engageante. Vous pouvez d’ailleurs les écouter à votre guise depuis la galerie mise à disposition, laquelle inclut également quelques illustrations.

Un puzzle game hyper fun

Ce qui est assez brillant dans Ghost Trick, c’est sa faculté à ne jamais se montrer trop lassant malgré des mécaniques de gameplay qui n’évoluent que très peu durant la quinzaine d'heures de jeu. Chaque chapitre repose plus ou moins sur la même structure et constitue un nouveau puzzle à résoudre : Sissel doit manipuler en chaîne les objets d’une ou plusieurs pièces et ne peut les posséder que s'ils se situent chacun à une distance suffisante ; un cheminement motivé par des objectifs assez variés pour maintenir notre intérêt constant. Et puisqu’il est capable de naviguer dans les lignes téléphoniques comme sur des autoroutes, notre protagoniste peut osciller entre plusieurs décors. À cela s’ajoute une certaine dose de challenge lorsqu’il est nécessaire de remonter le temps jusqu’à quatre minutes avant le décès d’un personnage : le mode Fantôme permet de passer d’un objet à l’autre sans aucune limite de temps tandis que dans le monde réel, les minutes s'égrènent, constituant un contre-la-montre fort intéressant.

Le principe repose sur un système d'essais et d'erreurs, les niveaux ne proposant qu’une solution possible à toutes leurs énigmes qui rappellent volontiers un jeu d’Attrape Souris ; ainsi, il faudra très souvent recommencer plusieurs fois un chapitre avant de parvenir à sa conclusion, ce qui peut se montrer potentiellement frustrant si la solution vous manque au bout de la quinzième répétition (puis très satisfaisant quand elle est finalement trouvée). Heureusement, l'utilisation des pouvoirs de Sissel se fait de façon très intuitive et les manipulations à la manette sont vraiment confortables, du moins jusqu’aux ¾ de l’aventure, avant que le système ne se complexifie.

Une intrigue bien prenante

Ghost Trick passe du point’n click malin au visual novel très bavard, sans être trop verbeux. La traduction française est bonne, et on aime beaucoup la mise en scène et toutes les petites situations comiques que le jeu a à offrir. Plus globalement, Shu Takumi maîtrise très bien les mystères de son intrigue, qui s’accumulent au fil des chapitres pour se dévoiler habilement. Mais c’est davantage la galerie de personnages que l’on adore, le character design étant absolument génial ; les looks sont moins burlesques que dans un tribunal de Phoenix Wright, à l'exception du chef cuisto et de son nez en forme de baguette de pain, mais chaque rôle est un régal à découvrir et conserve cette petite touche caricaturale très amusante que l’on reconnaît bien aux univers de Takumi.

Conclusion