Avec ses trois premiers épisodes, la saga Diablo a sans aucun doute façonné le monde du jeu vidéo tel qu'on le connaît aujourd'hui. Diablo 4 a donc la lourde tâche de faire, si ce n'est mieux, aussi bien que trois grands jeux du hack'n'slash. Un quatrième volet considéré comme "le meilleur de tous" par Rod Fergusson, responsable de la franchise chez Blizzard. Qu'en est-il vraiment ? Réponse dans ce test garanti sans spoiler.
Sommaire
- Une mise en scène divine pour une histoire diabolique
- Diablo 4 : un gameplay efficace et riche en possibilités
- Un monde ouvert qui récompense la chasse aux démons
- Endgame : quand y'en a plus, y'en a encore
- Une beauté de tous les diables
La rédaction de JV a pu tester Diablo IV grâce à une version presque finale (sans le patch day one) fournie par l'éditeur à la presse et aux influenceurs. Le test s'est déroulé sur PlayStation 5 et aucun accroc technique majeur n'a été observé sur cette console. Les expériences peuvent varier sur les autres supports.
Une mise en scène divine pour une histoire diabolique
Il est compliqué de répondre à cette question tant les temps ont changé. Diablo III est sorti en 2012 avec l’ambition d’attirer un public encore plus large que ne l’avait fait Diablo en son temps. 11 ans et 65 millions de joueurs (chiffres de 2022) plus tard, on peut sans aucun doute dire que la mission est réussie. Le secret de ce succès tient en partie de l’histoire racontée, qui n’avait jamais autant pris de place dans un jeu Diablo. La rédaction de JV parlait déjà de "scénarisation travaillée aux personnages attachants".
Un point sur lequel Blizzard a travaillé corps et âme. Non seulement la campagne de Diablo IV dure environ deux fois plus longtemps que celle de son prédécesseur, mais elle bénéficie d’une mise en scène très soignée. Les cinématiques sont nombreuses et l’on sait à quel point Blizzard excelle dans ce domaine d’autant qu’il les a rendues immersives : le personnage créé et personnalisé par le joueur se démarque par sa présence et ses discours. Il faut dire qu’il a son mot à dire : son sang a été mélangé à celui de Lilith. C’est la créatrice de Sanctuaire mais surtout la fille de Méphisto : le seigneur de la Haine et l’un des trois plus gros démons des Enfers. Elle a été libérée de sa prison et n’a qu’une seule envie : soumettre l’humanité pour l’exécution de ses desseins.
C’est grosso modo l’intrigue de Diablo IV. Il s’agit encore d’un conflit angélo-démoniaque mais dont rien n’est ni tout ange ni tout démon. Elle se déplie au fur et à mesure avec l’arrivée de protagonistes aux personnalités fortes. On ne s’attache pas forcément à tout le monde mais on arrive à respecter les convictions de chacun. Un point fort indéniable d’autant qu’elles sont mises en valeur par un doublage français d’excellente qualité. C’est notamment Damien Boisseau (Matt Damon) qui se démarque par sa qualité de narrateur à travers le personnage de Lorath Nahr.
Nul doute que la fin de la campagne devrait susciter plus que des débats. On a spécialement hâte de voir la réaction des joueurs envers celle-ci puisqu’elle a déjà suscité moultes discussions entre journalistes lors de la session de test. Une histoire qui oppose les points de vue n’est-elle pas forcément réussie ?
Diablo 4 : un gameplay efficace et riche en possibilités
L’histoire s’est donc plus que rajeunie avec une mise en scène éblouissante là où le gameplay est resté identique. Est-ce dans les vieux pots que l’on fait les meilleurs remèdes anti-démons ? Probablement, puisque le gameplay de Diablo IV est toujours aux petits oignons et au principe strictement identique : on dérouille des ennemis, on récupère leur équipement, on dérouille des ennemis plus puissants et ainsi de suite. La prise en main est quasi-instantanée : un joystick pour se déplacer, une touche pour esquiver, les autres pour lancer des capacités. Les sensations de combat sont toujours aussi proportionnellement grisantes au nombre d’ennemis annihilés, même si l’on pourra se frustrer sur la visée automatique qui n’en fait qu’à sa tête à la manette.
Rien de bien difficile à comprendre mais ce n’est pas pour autant que c’est simpliste. On pourrait même dire que sur le sujet, Diablo est remonté 25 ans en arrière.
C’est effectivement l’arbre de talents de Diablo II, modernisé, qui fait son retour. Il est divisé en sept paliers, chacun représentant un ensemble de pouvoirs précis. Le premier concerne l’attaque de base, le second la compétence principale là où l’avant-dernier octroie une compétence ultime. Une architecture similaire dont le fond changera en fonction de votre classe. Il y en a 5 pour le lancement de Diablo 4 : le barbare compte sur son attirail de quatre armes et ses attaques au corps à corps ; le voleur s’appuie sur son agilité et peut aussi bien attaquer à l’arc qu’avec des dagues ; le nécromancien emploie la magie du sang et des familiers qu’il fait revenir d’entre les morts, le sorcier utilise des gros sorts de zone basés sur le feu, la foudre ou le givre ; le druide peut emprunter des formes animales tout en s’appuyant sur les magies de la nature. Chacune de ces classes ont une identité bien à elle de part leurs pouvoirs mais aussi grâce à leur quête de classe. Celle-ci permet d’améliorer un aspect de leurs capacités.
Une fois le choix de la classe réalisé (au moins aussi cornélien que celui du Pokémon de départ), le joueur monte alors en niveau. Il récupère des points de compétences qu’il peut directement investir dans cet arbre de talents. Chaque classe affiche a minima trois grandes spécialisations. Concernant le sorcier par exemple, ce sont Feu, Foudre et Givre.
Définition de build : ensemble d’équipements et de compétences qui définissent le style de jeu du personnage. Un build Feu pour Sorcier met en exergue les sorts de feu de la classe.
Mais la variété des builds ne s’arrête pas à ces trois spécialisations par défauts. Elle sera probablement moins intéressante que chez des concurrents du genre mais reste très convaincante. Il y a de nombreuses choses à tester et l’on prend un certain plaisir à bricoler un build efficace contre un ennemi qui nous aurait causé du fil à retordre à plusieurs reprises. Pour autant, l’utilisation de l’interface ne rend pas les choses faciles. On perd pas mal de temps dans les menus lorsque l’on remet ses talents à zéro. On aurait aimé avoir une page de profil permettant d’y enregistrer nos builds histoire de ne pas devoir tout refaire à la main lorsque la situation le demande.
Un écueil que l’on observe pour les équipements, tout aussi utiles que les sorts pour exploser du démon. Surtout lorsque celui-ci est légendaire ou unique ! Un type de rareté réservé aux objets qui influence directement vos sorts. Certains peuvent augmenter le nombre de vagues de sang du nécromancien et d’autres renforcer la puissance d’un ouragan du druide tant qu’il reste sur le terrain. Il existe de nombreux objets légendaires à récupérer dans Diablo IV et même après 40h à Sanctuaire, on a le sentiment de n’en avoir vu qu’une petite partie.
La difficulté est toujours un délicat sujet quand il s’agit de Diablo. Le deuxième est considéré comme trop dur par certains et le troisième trop facile par d’autres. Avec Diablo 4, on a vraiment le sentiment que Blizzard a réussi à viser juste. La campagne est disponible en Niveau de Monde 1 ou Niveau de Monde 2 et sert vraiment de longue introduction aux mécaniques du jeu. Le NM 1 s’adresse aux non-initiés tandis que le NM 2 peut poser de légers problèmes mais rien de trop important. Il y a toujours le mode Extrême pour ceux à la recherche de challenge : un mode où la mort est synonyme de suppression de son personnage. Le défi commence réellement à partir du NM3, débloquable une fois la campagne terminée. Mais ça, on y revient dans la partie Endgame de ce test.
Un monde ouvert qui récompense la chasse aux démons
Bon globalement, rien de neuf sous le soleil de Sanctuaire me direz-vous. Et bien vous ne croyez pas si mal dire. Outre une mise en scène bien plus spectaculaire qu’auparavant, c’est surtout par son exploration que Diablo 4 se distingue de ses prédécesseur. Notre héros vagabonde sur le continent d’Estuar, un monde ouvert divisé en cinq régions bien distinctes. Sommets enneigés, marécages, déserts infinis et zones démoniaques en tout genre, les biomes sont variés. Certains donnent même le sentiment (bon ou mauvais, c’est selon) qu’ils auraient pu servir pour un remaster du premier épisode. Malheureusement, une partie des joueurs regrettera le degré d’ouverture d’Estuar : on peut bien se rendre où on le souhaite dès le début mais les monstres au niveau bien supérieur à celui de son personnage risque d’en dissuader plus d’un.
Mais est-ce vraiment un défaut ? Pas le moins du monde tant les activités annexes sont nombreuses. On ne va pas les détailler ici mais elles permettent de casser la monotonie d’un voyage, qu’il soit pour une quête annexe où la campagne principale. En plus de toutes offrir de l’équipement pour notre personnage, elles possèdent une seconde utilité : d’être bénéfiques pour nos personnages secondaires. La découverte de nouvelles zones, la reprise des bastions aux mains ennemies ou encore les quêtes secondaires permettent d’accumuler du renom. C’est une espèce de barre de popularité, propre à chaque région, qui débloque des récompenses liées au compte via cinq paliers. Ces bonus peuvent être une potion supplémentaire utilisable ou bien l’attribution d’un point de compétences.
Des récompenses bienvenues qui arrivent à faire oublier la répétitivité de certaines de ces tâches. Une redondance qui devrait en agacer certains, surtout au niveau des donjons dont les boss sont souvent les mêmes. Néanmoins, il y a un réel plaisir de l’exploration et le jeu ne dévoile pas trop vite tous ses secrets et, encore une fois, on a encore envie de les découvrir après une grosse quarantaine d’heures déjà passées dans Estuar. Le seul petit bémol de cette exploration vient de l’arrivée à mon goût trop tardive
Dans Diablo 4, quasiment tout est lié entre les personnages. Les oboles, l’or mais aussi le cheval et les aspects légendaires des donjons ! On vous conseille donc de terminer la campagne le plus rapidement possible pour profiter d’un destrier. À ce sujet, les personnages alternatifs pourront passer la campagne et directement commencer dans la première capitale avec les avantages octroyés par le renom. L’arbre des murmures, que l’on va aborder, est aussi disponible.
Endgame : quand y'en a plus, y'en a encore
Malgré une campagne solide et une exploration riche en activité, c’est probablement le contenu endgame qui intéresse la plupart des joueurs : un terme anglais pour désigner les choses à faire une fois les crédits déroulés. Elles sont peu nombreuses mais certaines d’entre elle devrait titiller si ce n’est bousculer les joueurs à la recherche de challenge. Une fois la campagne terminée, il est possible de réaliser un donjon spécial qui permet de débloquer le niveau de monde III. Un niveau de monde qui permet de rendre le jeu plus difficile, d’accéder à des objets de rareté Sacré et d'accéder à ces nouveaux défis.
Ce sont les donjons du cauchemar qui promettent le plus de rejouabilité grâce aux sigils : des amulettes qui rendent les donjons plus difficiles en lui collant des caractéristiques spéciales (ou affixes). Par exemple, le joueur se soigne plus facilement mais les ennemis peuvent se téléporter ainsi que d’infliger des dégâts de glace. Un principe qui sert la promesse de base du jeu (celle de trouver le bon build pour réussir afin de récupérer du meilleur équipement) parfaitement conjugué avec la grande quantité de donjons disponibles. On peut alors y récupérer d’autres sigils mais aussi des glyphes à insérer dans son parangon.
Dans un second temps, c’est aussi l’Arbre des Murmures qui est disponible. Loin des combats sous tension des donjons du cauchemar, l’Arbre des Murmures offre au joueur une cache contenant des pièces d’équipement de la catégorie (jambes, torses, épée à une main…) de son choix. Pour avoir le droit à ce coffre, il suffit de réaliser des activités dans une zone prédéfinie pour récupérer des tributs. 10 de ces tributs et le deal sera conclu. L’arbre des Murmures devient vite redondants pour un personnage à haut niveau mais constitue une excellente manière d’équiper rapidement ses personnages secondaires;
Dans un défi un peu plus corsé, les Vagues Infernales semblent parfaites pour ceux à la recherche d’un compromis entre l’Arbre et les Donjons. De manière aléatoire, une zone d’Estuar sera envahie par les démons. Les vaincre donnera au joueur des cendres qu’il peut utiliser pour ouvrir des coffres disséminés dans la région. Quelque chose d’autant plus intéressant à réaliser quand on sait que les mêmes coffres offriront toujours la même catégorie de pièces d’équipements.
Il y a également les Champs de la Haine et les Boss Mondiaux que les joueurs pourront faire une fois la campagne terminée. Le premier est une zone fixe faisant office de zone Joueur contre Joueur : elle n’apporte pour le moment que des cosmétiques et semble afficher des difficultés de mise à l’échelle des dégâts entre deux personnages aux niveaux différents. Enfin, les Boss Mondiaux sont des monstres titanesques à affronter par groupe de douze en un temps limité. Des affrontements épiques grâce à la musique et la caméra très surélevée qui permet, une fois par semaine, d’avoir un équipement plus qu’intéressant.
Si le contenu endgame semble prometteur plus que révolutionnaire, il ne faut pas oublier l’arrivée des saisons. Blizzard semble avoir prévu les choses en grand et cela pourrait grandement changer l’expérience de jeu. Rendez-vous en juillet pour la saison 1. Il ne faut pas non plus oublier l’intégration de la boutique et du battle pass qui n’étaient pas disponibles lors de notre session de test. Quelque chose qui peut aussi changer la donne à partir du 02 juin.
Une beauté de tous les diables
Sur tous les points abordés précédemment, Diablo IV excelle. Mais c’est surtout sa direction artistique qui peut faire office de réel point fort. On a déjà parlé des cinématiques que l’on aurait préféré voir au cinéma. Les différents biomes, également évoqués rapidement plus haut, arrivent à se renouveler sans cesse : la valse lancée entre les jeux de lumière, le cycle jour/nuit et la météo arrivent à provoquer à nouveau la sensation de découverte. Par exemple, les Pics Brisés s’apprécient de différentes manières : avec un grand soleil ou qu’il neige la nuit. C’est d’autant plus vrai à dos de cheval : la caméra se relève d’elle-même et donne une autre perspective à l’exploration. Il est d’ailleurs bien dommage qu’on ne puisse pas la contrôler : elle est un peu trop rapprochée du personnage lorsqu’il est à pied, rendant parfois les choses compliquées à anticiper.
Il y a également eu un travail fabuleux pour retranscrire l’ambiance générale d’Estuar, en proie à un conflit qui dépasse ses habitants : jamais, en plus de 40 heures, la sensation de malaise, de désolation ou de pitié nous ont traversés. Une chose d’autant plus étonnante que, paradoxalement, les décors ont régulièrement provoqué des exclamations saluant leur élégance : Diablo 4 arrive à rendre beau mais surtout vivant les différents malheurs rencontrés par les citoyens d’Estuar.
On en profite pour saluer à nouveau le doublage d’excellente facture de la version française qui donne toujours un peu plus d’âme aux peines de chacun. La bande-originale est tout aussi formidable : elle comprend des clins d’œil à Diablo II et offre son lot de morceaux en tout genre qui se laisse écouter même en dehors du jeu. Des pistes adaptées à de la tristesse, de la désolation et des combats épiques. À du Diablo en somme.
Conclusion
Points forts
- Des personnages profonds et plein d’âme
- Une bande-originale magistrale
- S’adresse à tout le monde en termes de difficulté
- Une mise en scène éblouissante
- Une prise en main quasi-immédiate
- Une ambiance visuelle impeccable
- Un contenu colossal
Points faibles
- Une ergonomie pas au rendez-vous
- La gestion fastidieuse des talents
- La caméra pendant les premières heures de jeu
- Un léger manque de variété dans le bestiaire
- On aurait aimé le petit plus révolutionnaire
Onze ans après la sortie de Diablo III, la licence Diablo fait un retour de grande classe sur la scène du jeu vidéo PC et consoles avec Diablo IV. Ce quatrième volet numéroté se distingue de ses prédécesseurs grâce à son histoire immersive à la mise en scène impressionnante sans toucher l'essentiel de la formule.L'ambiance visuelle et sonore est également impeccable. Diablo 4 sait rester accessible tout en proposant une difficulté qui devrait bousculer les amateurs de défis. Les nostalgiques de Diablo 2 voient leurs vœux exaucés avec une direction artistique similaire mise en valeur de différentes manières : tout crie la désolation et le malheur en restant élégant. Diablo 4 n'est pas une révolution comme ont pu l'être ses prédécesseurs. Mais Blizzard livre avec lui une formule plus qu'aboutie de sa saga qui constitue aujourd'hui la meilleure manière de la découvrir. Il va falloir prendre son mal en patience d'ici la sortie le 02 juin sur PC, PlayStation 4, PlayStation 5, Xbox One et Xbox Series. De notre côté, on a déjà vendu notre âme au Diable et on en redemande.