Advance Wars, c'est qui, quoi et quand ?

Pour bien comprendre le sujet d'aujourd'hui, il est essentiel de revenir sur ce que sont Advance Wars et Advance Wars 2 : Black Hole Rising. Ce sont deux épisodes de la licence de jeux de stratégie Wars. Depuis son premier opus, elle est développée par le studio japonais Intelligent Systems (mais aussi Fire Emblem et les Paper Mario). Les deux épisodes Advance sortent... sur la Game Boy Advance en 2002 et 2003. Les deux jeux sont alors considérés comme des références du jeu de stratégie .

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C'est lors de l'E3 2021 que Nintendo annonce le retour de ces deux opus dans une compilation remastérisée sur Nintendo Switch avec Advance Wars 1+2 : Reboot Camp. D'abord attendu pour le mois de décembre de cette année-là, le jeu est repoussé pour une sortie en avril 2022. Mais quelques semaines avant l'arrivée du titre, Big N décide une fois de plus de décaler l'échéance en raison du conflit russo-ukrainien. C'est finalement pour le 21 avril 2023 que le jeu est daté : une date qui est bien la bonne cette fois-ci.

Une histoire effacée qui fait le boulot

En tant que compilation remastérisée, Advance Wars 1+2 Reboot Camp fait comme beaucoup d'autres. Elle conserve dans son intégralité le contenu d'origine pour les remettre au goût du jour : "Rien ne se perd, rien ne se créé, tout se transforme" comme dirait Lavoisier. On retrouve un mode Campagne quasi-identique. Toutes les batailles sont les mêmes et seul le tutoriel du premier épisode a été raccourci : pas de panique pour les débutants toutefois, on revient sur l'accessibilité du titre un peu plus loin dans le test.

Comme à l'époque, l'intrigue des deux jeux est assez secondaire. Sous les ordres de la commandante Nell, le joueur incarne les troupes militaires d'Orange Star : l'une des nations de Wars World. Il doit repousser l'envahisseur Blue Moon, dirigé par le général Olaf, dans une guerre où d'autres nations pointent le bout de leur fusil.

L'histoire se déroule sans accroc, déplie au fur et à mesure ses rebondissements scénaristiques sans jamais atteindre des sommets d'écriture. Il y a bel et bien des retournements de situations mais que l'on voient venir. Le petit plus ? Le doublage des personnages principaux : s'il reste partiel, il donne réellement un supplément d'âme à l'intrigue d'autant que chacun a une personnalité bien marquée. Fait amusant, les lignes de dialogues peuvent varier selon le personnage choisi par un joueur avant un chapitre.

Une richesse stratégique accessible aux débutants

Une scénario assez effacé mais nécessaire. Il sert de liant pour justifier le contexte belliqueux des deux jeux dans lequel le joueur est (normalement) un stratège hors pair. Idem de ce côté-là puisque rien n'a changé en 20 ans. Sur une carte quadrillée, le joueur utilise ses différentes unités pour remporter la victoire finale. Ça, c'est le jeu grossièrement résumé puisque de nombreux facteurs sont à prendre en considération pour planter le drapeau Orange Star en territoire adverse.

Pour commencer, ce sont les unités dont on dispose qui doit être pris en compte. Elles sont toutes réparties parmi trois composantes : l'armée de terre, l'armée de l'air et l'équivalent de la Marine. Chaque unité parmi ces régiments dispose d'avantages et de désavantages. Les tanks moyens viennent à bout de n'importe quel véhicule blindé mais s'incline contre les bombardiers, eux-même en danger lorsqu'opposé à des véhicules anti-aériens. Il faut alors apprendre si ce n'est maîtriser chacune de ses troupes d'autant qu'elles ont toutes des caractéristiques bien distinctes (portée de tir, déplacement, munitions) comme le suggère l'image ci-contre.

Une fois cela acquis, ce sont les différents terrains de carte qu'il faut inclure dans sa réflexion. Les montagnes et les forêts rendent le déplacement compliqué voir impossible pour tous les véhicules mais permet d'avoir une meilleure visibilité et une meilleure défense à l'infanterie. Les villes capturées peuvent également changer le cours de la bataille : outre le ravitaillement et le soin léger qu'elles permettent, elles donnent plus de fonds. Cela permet de déployer de meilleures unités comme des tanks moyens ou des avions de chasse. L'argent reste le nerf de la guerre dans Advance Wars.

Enfin, un dernier facteur entre également en jeu. Tout comme dans les opus originaux, le joueur dirige des généraux : ce sont les protagonistes. Ils disposent tous d'une capacité passive ainsi que d'une capacité active pour améliorer leur troupe, très souvent en lien avec leur personnalité. Il est assez facile de se rappeler de qui fait quoi tant l'identité des personnages est forte. Très débrouillard, Andy peut soigner ses unités tout en maximisant leurs performances. Issue des forces spéciales, Sami affiche une forte affinité avec l'infanterie tandis que Max excelle dans le combat direct pour pécher dès qu'il y a un peu de distance.

À la fin de chaque bataille, une note est attribuée au joueur selon trois critères : la puissance, la vitesse et la téchnique employées. Le jeu semble plutôt indulgent avec la notation dont les notes vont jusqu'à S pour la meilleure. Plus le résultat est haut, plus le joueur récupère alors des pièces qu'il peut dépenser dans le magasin de Hachi : un fourre-tout où l'on peut récupérer généraux, nouvelles cartes mais aussi musiques et artworks en tout genre.

Ouah, ça fait quand même beaucoup de choses à digérer on pourrait se dire et il faut reconnaître que c'est pas forcément évident au premier abord. D'un autre côté, chaque début de chapitre fait office de tutoriel (on ne saurait ne pas vous conseiller de suivre leurs indications). La prise en main est donc progressive et rend le jeu accessible à tous (aux débutants comme ceux n'ayant pas touché la saga depuis 20 ans). Plus les chapitres passent, plus il devient agréable de se lancer dans la tactique à apporter surtout pour se rendre compte qu'elle finit par payer ! Pas de panique pour ceux ayant des difficultés ou ne voulant pas trop se prendre la tête puisque deux modes de difficultés existent : un Classique pour les amateurs de défis ou les nostalgiques et un facile.

Un contenu colossal qui manque de punch

Mais... Cette compilation remastérisée pêche tout d'abord par son rythme lent. Il faut parfois s’y reprendre plusieurs fois avant de trouver la bonne tactique et cela prend du temps. Il faut plusieurs tours pour mettre en place sa stratégie : les captures de bâtiments sont longues, surtout s'ils sont loin des endroits de départ. De temps à autres, il faut juste envoyer son armée faire l'appât. Il faut aussi souvent plusieurs jours (ou plusieurs unités) pour venir un bout d'un combattant adverse. Parfois pour se rendre compte que la tactique employée n'est pas la bonne. Une affirmation surtout observable lors de la campagne : on ne fait pas long feu si on met de côté les aides proposées par la commandante Neil. Ce n'est pas un défaut en tant que tel mais cela peut frustrer les plus impatients. Surtout s'ils ont pu s'essayer à des titres comme Into the Breach ou les derniers Fire Emblem.

Une pénibilité qui se ressent notamment par les mêmes animations qui défilent ou les bruitages de moteur et de missiles qui sifflent inlassablement dans nos oreilles. Un écueil à moitié comblé par deux fonctionnalités de ce remaster : l'avance rapide (vitesse dédoublée) ainsi que la possibilité de rejouer le tour. Si ces ajouts sont plus que bienvenus, ils n'arrivent pas à eux seuls à rendre plus dynamique ces titres remastérisés qui manquent un peu de punch 20 ans après leurs sorties.

Quelque chose d’autant plus dommageable en regard du contenu gargantuesque de la compilation. Il faut compter une bonne trentaine d’heures pour arriver au bout des deux campagnes et une fois l’histoire terminée, des dizaines et des dizaines de missions attendent dans le mode Quartier Général. Ce sont des batailles à faire, indépendantes de la campagne principale. De quoi prolonger l’expérience Advance Wars, d’autant qu’elles existent en plusieurs formats selon le nombre de joueurs. L’éditeur de cartes, déjà présent sur les version GBA, fait aussi son retour. L’outil parfait pour les créatifs qui veulent coucher sur le bitume leurs idées en ligne avec leurs amis. Il y est possible de créer une map à son image puisque tout y est personnalisable : terrain, unités et taille de la carte sont façonnés selon les désirs du joueur. Les plus acharnés ne sont pas non plus mis de côté. Comme on l’a déjà évoqué, le magasin d’Hachi permet de dépenser tous ses deniers durement acquis. Une raison de plus de réenfiler ses rangers pour chasser la note S dans toutes les missions du jeu.

Une direction artistique qui fait plus que le travail

Quasi-identique aux jeux originaux dans le fond, Advance Wars 1+2 : Reboot Camp passe au garage pour la forme. Le studio WayForward, connu entre autres pour la franchise Shantae, donne un sacré coup de pinceau. Les graphismes très colorés rendent le titre optimal dans sa lisibilité tout en donnant un côté assez mignon : on oublierait presque que l'on fait la guerre tant la direction artistique est chatoyante. Quelque chose de particulièrement observable avec l'animation des modèle légérement en trois dimensions des personnages.

Et concernant les protagonistes, ce dont on parle va probablement sauter aux yeux des joueurs... mais surtout à leurs oreilles. Comme évoqué plus haut dans ce test, il y a un doublage français des voix des protagonistes et des antagonistes. Un ajout plus que bienvenu : elles leur donnent un supplément d'âme et renforce d'autant plus l'identité de chacun. Le seul point négatif étant qu'on en redemande : tous les textes n'ont pas été doublés et c'est vraiment dommage.

Concernant la bande-originale, c'est aussi celle des opus originaux qui a été retravaillée pour cette compilation remastérisée. Elle sait rester discrète... à la différence des bruitages qui peuvent vite taper sur le système après de longues sessions de jeu.

Conclusion

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