À votre avis, ça ressemble à quoi l’au-delà ? Si en 1998, l’excellent Grim Fandango nous placait aux commandes d’un “agent de voyage” chargé d’accompagner les âmes jusqu’à leur ultime destination, Have A Nice Death en propose une autre version. Dans ce jeu d’action rogue-lite, on incarne la Mort au bord du burnout. Eh oui, ses cadres dirigeants - les Fléaux - se sont un peu trop lâchés sur Terre, tuant à tour de bras. Résultat : la société Death Incorporated croule sous la paperasse et la situation ne peut plus durer ! En tant que PDG des lieux, votre mission est simple… rappeler qui est le patron.

Être Mort, ça s’apprend

Qui dit action rogue-lite (Hades, Rogue Legacy) dit zones générées aléatoirement, échecs fréquents et plein de bonus-pouvoirs à ramasser pour améliorer votre personnage. Vous l’aurez compris, Have A Nice Death ne fait pas exception à la règle. Pour voir les crédits de fin, il faudra enchaîner tous les départements de Death Incorporated sans mourir… Chaque département comprend un à deux boss, des séquences d’action-plateforme façon metroidvania et des boutiques afin de se requinquer - sans oublier quelques surprises. Le tout est découpé en sept étages, que vous pouvez d’ailleurs choisir en fonction de vos besoins (santé, arme, argent). En revanche, si vous perdez la vie en chemin, ce sera retour à la case départ. Vous aurez à terme des raccourcis pour atteindre directement certains boss.

Mais avec Have A Nice Death, recommencer une “run”, ce n’est pas la mort... Comme souvent dans le genre, chaque échec fera monter votre niveau d’expérience, rendant les règles du jeu de plus en favorables. De plus : quand vous mourrez, vous conservez l’argent accumulé (les joies d’être PDG). Cet argent vous permettra d’acheter de nouveaux pouvoirs, qui apparaîtront aléatoirement dans les niveaux. Par contre, ici, pas possible d’améliorer vos armes ou personnage “pour toujours”. Ce sont les bonus trouvés en cours de route qui créeront les bonnes conditions pour terminer cette aventure. Vous allez devoir donc d’abord compter sur ces derniers. Un bon point, et nous allons voir pourquoi.

Gameplay ultra-aiguisé

Les bonus, les armes, parlons-en. Have A Nice Death peut compter sur un gameplay super efficace et assez grisant. Oui, la Mort sait manier sa faux, que ce soit à terre ou dans les airs… Chacune des lames lente ou bien rapide (standard ; lourde ; légère en mode “faucille” ; etc) offre des mouvements très bien sentis et précis. Magic Design ne se repose pas sur un modèle “attaque légère-lourde”. En gros, les combos de la faux seront différents si votre stick est orienté vers le haut ou le bas - et vous pourrez aussi compter sur une frappe de zone chargée ainsi qu’une capacité ultime par arme et sort. Du côté des coups plus puissants, c’est là que l’arsenal secondaire placé aléatoirement entre en jeu, que ce soit un sortilège de feu, de poison, un lance-roquettes ou marteau ! De parfaits compléments à une prise en main dynamique | aérienne, complétée par un saut, un dash, des attaques verticales.

Plus que n’importe quel autre action rogue-lite que nous avons pu essayer récemment, Have A Nice Death s’apparente à une vraie loterie (dans le bon sens du terme)… Avec ce système d’armes et de pouvoirs proposés aléatoirement, les parties sont réellement différentes | et c’est un plaisir de devoir se débrouiller à chaque fois avec les moyens du bord. Surtout, ces capacités peuvent être amenées à changer en cours de route, sont variées, ont bénéficié d’un soin tout particulier. Précisons qu’il y a aussi des Malédictions, pour renforcer temporairement votre personnage. L’un dans l’autre, le projet de Magic Design devient addictif et le challenge présent donne toujours envie d’aller plus loin. Dans l’ensemble, on regrette juste quelques défauts qui viennent alourdir la répétition inhérente au genre.

Pas loin d’être éternel !

Certes, le principe du rogue-lite, c’est de recommencer en boucle jusqu’à réussir. Mais Have A Nice Death tire peut-être un peu trop sur la corde, et aurait pu revoir sa difficulté à la baisse (même en la présence d’un mode facile) pour offrir une aventure plus condensée et mémorable… Selon nous, le plus gros problème, c’est le level design très classique (plateforme, ennemis, combat en arène, etc) qui peine à se renouveler tout au long de l’aventure. C’est dommage. Toutefois, on salue la version alternative de certains boss ainsi que le bestiaire, systématiquement étoffé au fil des départements.

Car sinon, Have A Nice Death a tout pour lui. Au-delà du gameplay : il faut souligner le super boulot sur l’écriture et la direction artistique, qui donne un vrai cachet à cette firme pas comme les autres. À la manière d’Hades, le casting loufoque de Death Incorporated évolue partie après partie, c’est un régal à suivre… Les employés se lancent par exemple dans un rituel le jour d’Halloween, s’extasient des nouveaux bretzels à la cantine ou n’hésitent pas à se mettre en grève. Sans parler des boss, au design tout autant soigné (on note d’ailleurs une action qui reste lisible en toute circonstance). Bref : Have A Nice Death, c’est beau et peint à la main, c’est très agréable à jouer. Donc oui, c’est mortel !

Conclusion