Alors que la sorcière était aux abonnés absents pendant 8 ans, voilà que Bayonetta revient pour deux nouvelles aventures sorties à cinq mois d'intervalle. Après Bayonetta 3 qui vient apporter une conclusion à la trilogie, Bayonetta Origins s'intéresse au passé de Cereza, alors qu'elle débute à peine avec la magie. Loin des beat'em all nerveux qui ont fait la réputation de la franchise, ce préquel aux allures de jeu d'action-aventure réussit-il à la sorcière préférée du jeu vidéo ?
Sommaire
- Comme un rêve éveillé dans un conte de fées
- Un stick pour toi, un stick pour moi
- Cereza au pays des Tír na nÓg
Annoncé pour la première fois lors des Game Awards 2017, Bayonetta 3 n'avait plus donné de ses nouvelles jusqu'en 2021, pour une sortie fixée en octobre 2022. Finalement, entre le second et le troisième opus, il s'est écoulé exactement huit ans. Alors, forcément, quand on a appris au cours d'un Nintendo Direct en décembre 2022 qu'on allait déjà avoir droit à un nouveau Bayonetta quelques mois plus tard, il y avait de quoi être surpris. Une surprise d'autant plus grande qu'il ne s'agit pas d'un beat'em all spectaculaire comme la série nous a toujours proposé, mais plutôt d'un jeu d'action-aventure plus calme dans des graphismes colorés et au style dessiné. C'est donc intrigués que nous avons plongé dans les profondeurs de la forêt d'Avalon avec la jeune Bayonetta, alors appelée Cereza.
Comme un rêve éveillé dans un conte de fées
Comme son nom l'indique, Bayonetta Origins : Cereza and the Lost Demon (que l'on va vite simplement appeler Bayonetta Origins) s'intéresse aux origines de l'héroïne, à une époque où elle ne maîtrise pas encore les arts occultes. Fruit de l'union interdite entre un sage de Lumen et d'une sorcière de l'Umbra, Cereza se retrouve seule après que sa mère ait été enfermée dans un lieu inconnu. C'est alors qu'une sorcière du nom de Morgana accepte de la prendre sous son aile pour la former à la magie, la jeune fille ayant pour but de sauver sa mère grâce à ses pouvoirs. Mais tandis que son apprentissage ne porte pas ses fruits, Cereza décide de se rendre dans la forêt des fées, lieu interdit par Morgana, à cause d'un rêve récurrent qui lui dit de suivre un loup blanc pour obtenir le pouvoir de sauver sa mère. Isolée dans ce lieu qu'elle ne connaît pas, notre héroïne finit par invoquer sans le vouloir un démon dans sa peluche, Chouchou (qui a d'ailleurs le même nom et apparence que celui qui accompagne Viola dans Bayonetta 3). Ne pouvant retourner aux enfers par lui-même et Cereza n'étant pas capable de créer un portail, nos deux héros vont devoir coopérer malgré leurs différences pour survivre au sein de cette forêt qui leur est hostile.
Si Bayonetta Origins propose une histoire relativement classique, elle multiplie néanmoins les clins d'oeil à la trilogie originale qui feront plaisir aux fans fidèles qui ont fait tous les épisodes. De quoi approfondir le lore pour mieux découvrir comment la peureuse Cereza est devenue l'intrépide Bayonetta. Pour autant, soyez rassuré, si vous n'avez jamais joué à un jeu de la série par le passé, l'aventure reste parfaitement compréhensible par sa sobriété. Mais si l'intrigue du titre était assez simple, c'est par son aspect visuel que Bayonetta Origins brille particulièrement. En optant pour une direction artistique inspirée des livres de conte (qui se ressent aussi par le fait que toute l'aventure est racontée à travers la voix d'une narratrice), le jeu offre un rendu coloré et chatoyant de toute beauté.
Le charme opère tout au long de l'aventure sans qu'on s'en lasse et constitue de loin la première qualité de l'expérience. Bien conscient de la beauté de ses environnements, le titre multiplie les panoramas pour émerveiller le joueur. Ce sentiment est d'autant plus renforcé par la bande-son du jeu tout aussi somptueuse qui offre des thèmes oniriques et délicats, ainsi que par le sound design sobre mais efficace qui rappelle celui de Breath of the Wild. Par ce parti pris visuel et le choix d'une caméra distante, toute l'aventure reste fluide, à quelques rares exceptions près, lorsque l'action devient trop intense par exemple. Car oui, même si l'exploration occupe un rôle central dans Bayonetta Origins, les combats n'en sont pas pour autant absents.
Un stick pour toi, un stick pour moi
Pour faire face aux fées de la forêt, Cereza ne peut pas se défendre comme la Bayonetta que l'on connaît. Au mieux, elle peut les immobiliser grâce à son sortilège de base, mais c'est tout. Heureusement, notre héroïne peut compter sur son doudou-devenu-démon Chouchou pour attaquer à sa place à coups de griffes acérées. Ainsi, nos protagonistes se complètent parfaitement, l'un paralysant les ennemis pour que l'autre puisse facilement les dévorer. Mais la particularité de Bayonetta Origins, c'est que l'on contrôle Cereza et Chouchou en même temps grâce aux deux sticks de la manette, la première avec celui de gauche et le droit pour le second. Un gameplay déroutant au premier abord puisqu'il faut s'occuper des déplacements de deux personnages simultanément, ce qui rappelle l'invocation de démons de Bayonetta 3 qui fonctionnait un peu pareil.
Rassurez-vous, le rythme des combats est beaucoup plus lent que ceux de la trilogie originale ce qui permet de se familiariser rapidement avec les contrôles. C'est d'autant plus le cas que le but est souvent de mettre Cereza à l'abri pendant que Chouchou se déchaîne, la jeune sorcière ne revenant dans le coeur de l'action que pour immobiliser à nouveau sa cible. Évidemment, le démon n'est pas pour autant surpuissant, car chaque coup porté consomme de sa jauge de magie qui, une fois vide, le retransforme en peluche, ce qui oblige notre héroïne à le prendre dans ses bras, le temps qu'il récupère. Grâce aux nombreux effets qui accompagnent les attaques, les combats sont franchement dynamiques, surtout compte tenu des assauts virevoltants de Chouchou. Ils gagnent même en complexité à mesure que l'on débloque de nouvelles techniques dans l'arbre de compétences. Le contrecoup de tout cela, c'est que les affrontements manquent parfois de lisibilité à cause de la confusion à l'écran, sentiment renforcé par le fait de devoir gérer deux personnages en même temps. Mais à côté de ça, les combats de boss les plus importants profitent d'une mise en spectaculaire comme Platinum Games sait si bien le faire, ce qui permet de renforcer l'enjeu du moment. C'est dans ces moments-là qu'on a l'impression d'être en face un jeu Bayonetta.
Cereza au pays des Tír na nÓg
Pour que l'expérience de jeu se renouvelle au fil de la progression, on obtient régulièrement de nouveaux pouvoirs pour Chouchou liés aux éléments. Ces compétences s'avèrent utiles aussi bien lors des combats que durant les phases d'exploration qui demandent de mettre les capacités de chacun à profit.Tout au long de l'aventure, on alterne entre affrontements et énigmes pour avancer dans la forêt d'Avalon. Si la progression se fait avec une grande fluidité, on retrouve même un petit côté Metroidvania puisqu'on peut facilement revenir sur nos pas pour débloquer de nouveaux chemins grâce aux pouvoirs de Chouchou. Un passage obligé pour ceux qui voudraient viser le 100% qui vous prendra une vingtaine d'heures, l'aventure ne durant qu'une quinzaine d'heures en ligne droite.
Malgré sa courte durée, il faut reconnaître qu'après un certain moment, la structure du jeu alternant combat et exploration finit par se répéter sur la fin. Cela se ressent particulièrement à cause des Tír na nÓg, sortes de donjons que l'on croise tout au long de l'aventure. Si certains proposent de sympathiques petites phases d'énigmes qui obligent à utiliser intelligemment les compétences de nos héros, la plupart se contentent de reproduire la même structure avec une simple arène en guise de défi. On finit par se demander s'il ne s'agit pas d'une façon pour les développeurs d'augmenter artificiellement la durée de vie tant ces derniers deviennent répétitifs à la longue.
Conclusion
Points forts
- Une magnifique direction artistique colorée et charmante
- Un gameplay à deux sticks original aux nombreuses possibilités
- Une progression fluide qui alterne entre combats et exploration
- Une mise en scène spectaculaire dans les moments clés
- Une chouette bande-son et un sound design soigné
Points faibles
- Une structure qui a tendance à se répéter au bout d'un moment
- Des combats parfois brouillons à cause des deux persos à contrôler
Note de la rédaction
Avec Bayonetta Origins, Platinum Games sort de sa zone de confort pour proposer une expérience plus posée, et c'est réussi. Grâce à sa sublime direction artistique colorée, la première aventure de Cereza s'inspire des livres de contes pour offrir un rendu visuel qui conserve son charme jusqu'au bout. Manette en main, le titre reprend des éléments de Bayonetta 3 en nous faisant contrôler deux personnages simultanément pour une approche aussi originale que déroutante au premier abord. Finalement, c'est surtout par sa progression bien rythmée que l'expérience captive le joueur, alternant combats et énigmes avec une grande fluidité, même si on a tendance à voir la structure se répéter en fin de jeu. Pour toutes ces raisons, Bayonetta Origins est une aventure aussi sympathique que charmante qui s'offre une place de choix parmi les exclusivités de la Nintendo Switch.