Sorti sous une pluie de polémiques, Atomic Heart a d'abord été présenté comme le fils spirituel de BioShock. Mérité ?
Réécriture de notre histoire, Atomic Heart est une uchronie qui raconte une URSS triomphante et engagée dans une révolution technologique qui a profondément changé le cours de l'humanité. Désormais, des robots intelligents vivent en harmonie avec les humains et les servent avec ferveur à la manière des machines de Detroit : Become Human. Dmitry Sechenov, esprit scientifique remarquable, est le cœur de ces prouesses qui deviendront bien vite un cauchemar technologique sans précédent lorsque les machines se retourneront contre les humains et les dézingueront à tout-va.
Pitch sexy, scénario convenu
Dans Atomic Heart, vous incarnez le Major P-3, un agent spécial soviétique chargé de comprendre ce qui a pu semer un tel chaos sur les terres paisibles d'une URSS surpuissante. Un pitch franchement séduisant sur le papier qui renferme un scénario finalement assez convenu dont on se détache assez vite et porté par un protagoniste auquel on ne s’attache pas forcément. Les non-anglophones sont vivement invités à opter pour la version française du jeu, les sous-titres étant ridiculeusement minuscules et impossibles à modifier. Aussi, la myriade de phrases lâchées pendant les phases d’action peut être difficile à intercepter, l’aventure disposant finalement de peu de cinématiques afin de dérouler son récit. Notons toutefois un très bon point : le titre dispose de bons doublages dans une multitude de langues.
Enfin certains dialogues graveleux devront trouver leur public, au risque de susciter un malaise certain chez d’autres. Évoquons un court instant Nora, ce distributeur d’armes et de plasmides que vous croisez à quelques reprises et qui vous somme d’une voix criarde d’accéder à ses requêtes sexuelles tandis que vous tentez tant bien que mal de naviguer dans son menu extrêmement alambiqué et vraiment peu intuitif. Des supplications d’une gêne assez intense venues d’un personnage qui sera étrangement remplacé à mi-parcours par une autre voix bien plus sobre et réservée dont on se contentera bien mieux.
C'est quand même très beau
Atomic Heart ne brille donc pas particulièrement pour son écriture, mais peut néanmoins se targuer d’avoir de superbes panoramas. Les premiers pas rappellent avec nostalgie la découverte de Columbia dans BioShock Infinite avec sa grande cité ouverte et animée de citoyens pleinement heureux. L’ambiance du jeu d’Irrational Games n’est certes pas égalée mais l’architecture du titre et la qualité indiscutable des textures nous ont souvent flatté la rétine. Une visite accompagnée d’une OST qui semble aborder une flopée de genres différents au risque de ne pas s'approprier d'identité propre. Difficile néanmoins de ne pas se laisser transporter par les quelques chants russes et les mélodies du talentueux Mick Gordon.
La traversée profite en plus d’une excellente fluidité avec du 60 images par seconde sur PS5 et oscille entre des niveaux purement “couloirs” et des espaces bien plus ouverts. Ces derniers abritent des tunnels spéciaux et complètement optionnels qui referment des plans d’armes que vous pourrez récupérer à la condition de résoudre des puzzles franchement bien fichus. À ce propos, le jeu regorge de petites énigmes, casse-têtes et serrures vraiment malins qu’on salue chaleureusement.
Sensations correctes et puzzles malins
Pour ce qui est du shooter pur, les sensations s’avèrent globalement bonnes pour une expérience relativement classique. 9 mm et pompes seront vos meilleurs alliés tandis que votre gant en polymère pourra s’accompagner d’un pouvoir au choix, entre télékinésie, bouclier ou encore gel des ennemis. On se contentera finalement de ce dernier durant les ¾ du jeu, les autres accessoires nous paraissant plus futiles. Enfin notre agent est capable de faire planer certains objets pour les utiliser comme projectiles ; un atout qui fonctionne finalement assez mal et que l'on oublie vite.
Furtivité mise de côté, c’est la démarche bourrin qu’on vous demandera d’adopter la plupart du temps. Trois niveaux de difficulté s’offrent à vous, et si l’aventure commence en douceur, c’est probablement pour mieux vous casser la figure par la suite, les vagues d’ennemis (suffisamment variés à mi-parcours) étant parfois plus dures à décimer que les boss. Entre 40 robots moustachus à décapiter et une poignée de puzzles, vous aurez aussi droit à quelques phases de plateformes assez peu satisfaisantes à parcourir en raison de la rigidité des sauts du personnage. Une proposition tout de même bien variée qui s’étalera sur une vingtaine d’heures en ligne droite.
Au cours de l’aventure, nous avons eu droit à une poignée de crash et de bugs particulièrement gênants lors de combats, nous forçant à relancer une précédente save afin de se sortir d’affaire, de quoi largement entacher l’expérience. Notons par ailleurs que le jeu ne propose pas de sauvegardes manuelles, ce qui rend le problème d’autant plus frustrant. Le jeu reçoit néanmoins un patch day one susceptible de fixer certains soucis.
Conclusion
Points forts
- Un jeu superbe et fluide
- Des puzzles vraiment sympas à résoudre
- Des sensations de shoot assez agréables
- Des doublages dans une multitude de langues
- Une OST plutôt cool
Points faibles
- Un scénario peu convaincant
- Des dialogues qui peuvent susciter un énorme malaise
- Un système d'amélioration peu pratique
- Tout un tas d'aptitudes qu'on passe à la trappe
- Des phases de plateformes très peu satisfaisantes
- Des sous-titres vraiment trop petits
Note de la rédaction
D'une beauté franchement bluffante, Atomic Heart s'ouvre sur une architecture renversante et un pitch accrocheur avant de dérouler un récit qui peine un peu à convaincre et de laisser échapper des dizaines de dialogues qui peuvent faire grimacer. Reste un gameplay plutôt correct divisé entre combats classiques et robustes, puzzles hyper malins et plateformes à peine correctes.