En dépoussiérant le jeu de rôle dit « old school » de manière grandiose, Octopath Traveler démontrait en 2018 que les RPG à l’ancienne avaient encore un très bel avenir. Ce nouvel opus le prouve à nouveau en nous contant 8 destinées inédites à découvrir sur Switch mais aussi sur PS5, PS4 et PC.
Sommaire
- Le miracle de la HD-2D a encore frappé
- Une épisode autonome qui n’exige pas de pré-requis
- « Octopath » ou les 8 voies à emprunter
- Une classe de base, tant d'autres possibilités
- La stratégie au cœur des affrontements
- Des histoires croisées
Le miracle de la HD-2D a encore frappé
S’il serait regrettable de réduire Octopath Traveler à un simple enchantement visuel, la qualité de sa réalisation n’en reste pas moins l’une des raisons évidentes de son succès. Sans elle, beaucoup de joueurs n’auraient sans doute jamais daigné tourné les yeux vers ce titre qui cache aussi, derrière le vernis incroyable de sa direction artistique, des trésors de gameplay. En 2018, lors de la sortie du premier épisode sur Nintendo Switch, Octopath Traveler avait donc eu la bonne idée de dégainer cet argument imparable afin de convaincre un maximum de monde de s’intéresser à lui. Depuis, d’autres jeux ont emprunté ce parti pris graphique si caractéristique (dont les excellents Triangle Strategy et Live a Live), mais c’est bien Octopath Traveler qui a su imposer avec autant de brio la technique de la HD-2D.
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Pour rappel, la H2-2D consiste à combiner un style rétro pixelisé à des effets 3D multiples pour proposer un rendu moderne qui embellit la réalisation caractéristique des jeux de rôle à l’ancienne. Le résultat est tel qu’il s’avère attractif même aux yeux de ceux qui considèrent les pixels comme totalement désuets. Il faut réellement voir le jeu tourner pour réaliser l’impact que peut avoir la HD-2D dans un RPG comme celui-ci et comprendre son efficacité aussi bien sur le terrain que lors des batailles. Et la formule a même été améliorée à l’occasion de ce nouvel opus qui retravaille les proportions des personnages et dote ces derniers de mouvements plus détaillés pour mieux faire passer les émotions. L’utilisation de la caméra a, elle aussi, été modifiée afin d’offrir plusieurs niveaux de zoom qui rendent l’expérience de jeu encore plus dynamique.
Une épisode autonome qui n’exige pas de pré-requis
Dans sa croisade visant à démontrer que le jeu de rôle japonais « old school » a encore de la ressource pour nous éblouir, Octopath Traveler II ne se contente pas d’impressionner la rétine. Il propose ce qui est sans doute l’un des systèmes de jeu les plus élaborés du genre, loin des racines traditionnelles du tour par tour. Il y a tellement de possibilités offertes, en combat mais aussi en dehors des combats, que la dimension stratégique du jeu sidère par sa consistance. Si vous connaissez le premier opus, vous savez déjà tout ou presque du fonctionnement des mécaniques de gameplay, mais comme le titre risque de tomber entre les mains de personnes n’ayant pas touché au premier volet, quelques explications s’imposent.
N’oublions pas que ce second opus est disponible aussi sur les consoles PlayStation, ce qui n’était pas le cas du premier épisode. Il faut donc insister sur le fait que les néophytes ne seront aucunement pénalisés dans le sens où Octopath Traveler 2 n’est pas une suite mais bien une nouvelle aventure à part entière. Si le chiffre 2 peut sembler dissuasif, le titre renouvelle totalement son univers, ses personnages et leurs scénarios respectifs, sans jamais renvoyer à des éléments issus du premier jeu. En clair, la forme est effectivement très proche de l’épisode initial mais le fond est complètement différent, ce qui permet de découvrir les deux titres de manière totalement indépendante. N’ayez donc aucun regret si vous pénétrez pour la première fois dans l’univers de la série à travers cet épisode, car cela ne vous pénalisera en rien !
« Octopath » ou les 8 voies à emprunter
Dès le lancement du jeu, le choix est cornélien. On a beau savoir que ces 8 nouveaux personnages seront tous amenés à rejoindre notre partie à mesure que l’on s’aventurera toujours plus loin dans le monde de Solistia, la sélection du premier protagoniste reste importante. Car tout commence avec un unique héros livré à lui-même dans une histoire morcelée en plusieurs chapitres, à découvrir de manière totalement libre sur plusieurs dizaines d’heures de jeu. Ce sont uniquement les indications concernant le niveau des ennemis croisés sur la carte du monde qui nous aiguillent vers tel ou tel endroit, mais rien ne nous empêche d’emprunter la route de notre choix pour suivre les histoires des personnages dans le désordre. Le titre offre toujours autant de liberté dans la manière d’aborder ces scénarios respectifs, la taverne permettant de reprendre facilement les chapitres en cours ou en attente. Bien sûr, plus on avance dans le jeu, plus notre groupe s’enrichit de nouvelles recrues et plus les combats s’en trouvent facilités. Ce sont donc les premières heures de l’aventure qui exigent le plus votre attention si vous souhaitez maîtriser au plus vite les rouages si bien huilés du système de combat.
Une classe de base, tant d'autres possibilités
Quel que soit votre choix initial, votre personnage se distingue par son point de départ sur la carte du monde, son histoire, mais aussi sa classe. Celle-ci le définit en tant qu’individu et lui confère des capacités particulières qui rendent chaque protagoniste unique à jouer. Né dans un royaume désertique constamment en proie à la guerre, l’épéiste Hikari va tenter de trouver une solution pacifique lui permettant de sauver son peuple. Ses talents au combat se limitent à ses armes de prédilection (épée et lance), celles-ci étant variables pour chaque classe de personnage incarnée. En défiant des PNJ croisés en chemin, notre protagoniste peut apprendre de nouvelles techniques de combat ou tenter de soudoyer les gens pour obtenir des renseignements. Très enjouée de nature, la danseuse Agnéa est convaincue qu’elle pourra redonner le sourire au monde entier si elle quitte sa contrée natale. Son charme lui permet d’appeler des PNJ en renfort durant les batailles ou de les attendrir afin de récupérer quelques récompenses. En tant que marchand, Partitio se rêve un avenir prospère où il pourra monnayer les embauches de ses compagnons et obtenir leurs possessions au meilleur prix.
Tout juste sorti de prison, l’érudit Oswald ira plutôt extorquer les PNJ pour mettre la main sur ce qu’il désire, passant son temps à scruter tous ceux qui l’entourent afin de collecter de précieuses informations. Versé dans la résolution de mystères brumeux, le prêtre Temenos sait que l’église est loin d’être irréprochable. Il ne contente donc pas de guider les fidèles mais il s’efforce aussi de démasquer les individus louches pour obtenir, de force, des renseignements. Traquée par les Serpents Noirs, la voleuse Throné joue un jeu dangereux en essayant de dérober les clés de sa propre liberté. Le vol fait partie de son quotidien mais elle sait aussi neutraliser ses cibles en les attaquant par surprise. Fille de la nature, Ochette maîtrise l’art de la chasse et peut capturer des monstres pour les rallier à elle, même si ce n’est évidemment pas son seul talent. Enfin, l’apothicaire Castti n’utilise pas seulement ses ressources pour guérir autrui, elle connaît également l’art des mélanges permettant d’anesthésier les individus et son aptitude à questionner les habitants sans éveiller les soupçons est inestimable.
Sachant que certaines actions effectuées par un personnage ou par un autre débouchent parfois sur des résultats similaires, on apprend vite à privilégier les talents qui ne risquent pas de ternir notre réputation en ville, même si certaines interactions existent justement pour favoriser les techniques les plus périlleuses comme le vol ou l’extorsion de fonds. Imaginez maintenant tous ces talents réunis de manière à être utilisables sur le terrain mais aussi en combat et vous commencerez à avoir une vague idée de la richesse du système de jeu ! Sachant que chaque personnage peut développer, en plus de sa classe de base, n’importe quel autre job à condition de trouver les certificats appropriés, l’ensemble brille rapidement par sa dimension personnalisable à volonté. Chaque membre de l’équipe devient incroyablement polyvalent en fonction de la combinaison de classes choisies, ce qui débloque l’utilisation de nouvelles armes, de nouvelles techniques mais aussi de compétences de soutien. Une fois tous les membres réunis, le jeu devient un véritable régal tant il fourmille de possibilités, d’autant que ce nouveau volet met en place une alternance diurne/nocturne qui influe sur les talents de nos héros. On peut ainsi alterner le jour et la nuit à la volée en un clin d’œil pour exploiter rapidement l’ensemble des talents propres à chaque membre de l’équipe. Le soleil et la lune ont aussi des répercussions sur le déroulement des combats en fonction des personnages inclus dans notre groupe.
La stratégie au cœur des affrontements
Comme évoqué plus haut, l’aspect faussement « old school » d’Octopath Traveler II cache en réalité un système de jeu extrêmement moderne et approfondi. Les concepteurs ont appliqué la trame du tour par tour et y ont greffé une quantité astronomique de subtilités pour rendre les combats passionnants. Très peu de changements ont d’ailleurs été introduits dans ce nouvel opus tant la recette avait démontré son efficacité à la sortie du premier volet. Le tout n’en reste pas moins encore pertinent dans son approche, la maîtrise des éléments stratégiques étant cruciale pour espérer progresser dans l’aventure. En clair, si vous n’utilisez pas correctement la myriade de possibilités offertes dans le jeu, ne comptez pas sur la simple montée de niveaux pour triompher des boss.
Chaque bataille commence par la nécessité de jauger les points faibles des ennemis, qualifiés ici de failles, mais il existe plusieurs façons de les repérer. Par exemple en utilisant les talents naturels de l’érudit ou en frappant au hasard avec différentes armes pour tenter de percer à jour la vulnérabilité de l’ennemi. La bonne nouvelle, c’est que chaque faille démasquée chez un adversaire reste en mémoire, ce qui rend les combats plus faciles lorsqu’on a déjà affronté plusieurs fois un même adversaire. Pour percer la défense d’un ennemi et le mettre en état de choc, il convient de frapper une ou plusieurs de ses failles un nombre de fois bien précis. On bénéficie alors d’un court instant pour lui infliger des dégâts accrus avant que son bouclier ne se recharge. Afin d’éviter que les combats ne s’éternisent, les personnages peuvent cumuler des niveaux d’exaltation pour frapper plusieurs fois à la suite ou décupler les dégâts magiques. Octopath Traveler II fait même intervenir une nouvelle réserve d’énergie qui débloque des pouvoirs latents bien spécifiques pour chaque héros. Une fois toutes les cartes en main, on a presque l’impression de jouer aux échecs tant les combats sont stratégiques et grisants !
Des histoires croisées
Nous l’avons vu, en dehors du cycle jour/nuit et des pouvoirs latents rajoutés pour enrichir encore un peu plus la formule, Octopath Traveler II ne compte pas énormément de nouveautés par rapport à son aîné. Pour autant, le fait que le monde soit totalement différent et les personnages tous inédits permet vraiment de repartir de zéro, ce qui est parfait pour ceux qui n’ont pas pu jouer au premier volet. Le monde de Solistia abrite deux grands continents séparés par un océan et brille par la diversité de ses populations. Pour rallier les différentes zones du jeu, les occasions d’embarquer sur l’eau ne manquent pas et la navigation fait partie intégrante de l’aventure. Qu’il s’agisse de simples lacs, de canaux, de fleuves ou de mers lointaines, le jeu laisse une plus grande part à l’exploration maritime, au-delà de la terre ferme. Le bestiaire se renouvelle en conséquence selon les biomes traversés et même en fonction du jour et de la nuit.
Octopath Traveler II rectifie aussi en partie un élément parfois jugé frustrant concernant son prédécesseur : le fait que les scénarios ne soient pas davantage imbriqués les uns dans les autres. Sur le plan purement narratif, chaque personnage vit toujours sa propre destinée indépendamment de celle des autres mais on peut désormais débloquer des quêtes en duo baptisées « histoires croisées ». L’occasion de voir les personnages interagir entre eux dans des aventures en plusieurs actes qui méritent vraiment d’être parcourues en marge de l’aventure principale. Plusieurs dizaines d’heures de jeu seront nécessaires pour tout découvrir et on n’en ressort pas indemne, d’autant que les compositions musicales signées Yasunori Nishiki sont toujours aussi envoûtantes. Il faut d’ailleurs souligner que les mélodies évoluent quand on alterne entre le jour et la nuit à la volée, preuve d’un souci du détail assez incroyable. La plupart des confrontations avec les boss constituent toujours de vrais morceaux d’anthologie sur le plan tactique et chaque histoire commencée donne envie d’en connaître le dénouement. C’est aussi cela la force d’Octopath Traveler II qui ne démérite pas face à son prédécesseur, même s’il ne bénéficie plus du même effet de surprise.
Conclusion
Points forts
- Une réalisation HD-2D encore plus éblouissante
- Un continent et des personnages complètement inédits
- Les histoires croisées qui impliquent maintenant des quêtes en duo
- La mise en scène et la narration vraiment approfondies
- L’alternance diurne / nocturne et ses conséquences
- 2 fois plus d’actions spéciales liées au moment de la journée
- La navigation renouvelle habilement les moyens d’explorer le monde
- L’immersion renforcée par la qualité des musiques et des voix japonaises
- Le système de combat, un modèle de stratégie encore enrichi
- La polyvalence des combinaisons de classes
- Un challenge qui impose une maîtrise de toutes les subtilités
- Aucune nécessité d’avoir fait le premier volet
Points faibles
- Une formule qui se repose en grande partie sur ses acquis
- Des classes de personnages déjà connues mais d’autres jobs spéciaux à découvrir
- Une mini-map toujours aussi vague, même si c’est délibéré
- Des donjons de taille souvent assez réduite
- Journal obligatoire pour se raccrocher aux quêtes optionnelles
- Quelques longueurs dans le déroulé de certaines histoires
- Un peu moins d’émotion sur la globalité de l’aventure
Note de la rédaction
Octopath Traveler avait mis la barre si haut en 2018 qu’il n’était pas certain que son successeur parvienne à faire aussi bien. S’il ne se montre pas forcément très audacieux en termes de nouveautés, ce deuxième opus s’efforce surtout de peaufiner une formule déjà quasi parfaite en y intégrant toujours plus de subtilités. Passionnant sur le plan du scénario, du système de jeu et de la stratégie qui découle des combats, le titre affiche aussi une maîtrise de la HD-2D plus fascinante que jamais avec des effets de lumière saisissants. Dommage que l’émotion soit un peu moins palpable sur l’ensemble de l’aventure.
L'avis des lecteurs (25)
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