Tout sourit à la saga Yakuza ces derniers temps, et l’année 2023 s’annonce toute aussi radieuse. Le studio Ryu ga Gotoku gâte les fans avec le remake d’un épisode très apprécié, qui malheureusement n’est jamais accosté sur les rives occidentales par le passé. Like a Dragon : Ishin ! débarque sabre au clair avec la ferme intention de marquer les esprits. Ryoma Sakamoto est-il aussi légendaire que le Dragon de Dojima ?
Une vengeance historique
Les scénaristes de Ryu ga Gotoku revisitent avec Ishin ! une période charnière de l’Histoire du Japon. La fin des samouraïs et de l’époque Edo fusionnent avec l’univers bariolé et haut en couleurs de la saga Like a Dragon le temps d’une aventure souhaitée théâtrale et épique. C'est ainsi que les personnages iconiques de la franchise interprètent les figures historiques de cette période ayant marqué l’archipel nippon. L’intrigue débute à l’aube de l’ère Meiji, en 1867, et s’intéresse aux événements à l’origine de la Restauration, puis de l’ouverture du pays après 300 ans d’autarcie sous le règne des Tokugawa.
Le récit (doublé en japonais et sous-titré en français - VOSTFR) s’attarde principalement sur la vie totalement réinventée de Ryoma Sakamoto. Après avoir assisté impuissant au meurtre de son père adoptif, il décide de se rendre à la capitale pour traquer l’assassin. Sur fond de lutte des classes, cette simple décision va avoir de lourdes conséquences pour lui-même ainsi que le pays tout entier. Suivre les aventures toujours plus rocambolesques de ce personnage historique dont le sens de l’honneur n’a d’égal que la bravoure et la droiture est un régal.
Loin d’être un cours formel d’Histoire avec un grand H, Like a Dragon : Ishin ! est avant tout un récit aux milles et un rebondissements, trahisons, manipulations et autres complots servis sur un plateau par une mise en scène efficace à défaut de surprendre. Les élans cinématographiques de la saga enfantent des séquences Over The Top, dont seul “Yakuza” a le secret, et instantanément cultes. Toutefois, la narration souffre d’une certaine rigidité inhérente à la saga. Le spin-off applique simplement la formule “cinématiques et phases de discussion” sans jamais remettre en cause les traditions. La révolution narrative attendra encore un peu.
Un théâtre révolutionnaire
La franchise “Like a Dragon” s’est toujours démarquée par sa capacité à reproduire à l’échelle 1:1 certains des quartiers les plus iconiques des grandes villes japonaises modernes. Avec Ishin !, les artistes de Ryu ga Gotoku tentent de retranscrire l’ambiance si particulière de la ville de Kyoto du milieu du XIXe siècle au coeur d'un japon en pleine effervescence. Malgré de bonnes intentions, la cité de Kyo peine à faire jeu égal avec ses illustres prédécesseurs, à commencer par Kamurocho (Kabukicho - Tokyo), Sotenbori (Dotenbori - Osaka) et Isezaki Ijincho (Isezakichō - Yokohama).
Ce remake hérite d’une ère de jeu et d’une structure urbaine contrainte par d’anciennes limites techniques qui en 2023 se ressentent d’autant plus. Les quartiers de Kyo sont ainsi reliés entre eux par des “zones de chargement”. Mêmes les rues et ruelles se dépeuplent par instant. Ces quelques défauts empêchent d'apprécier à sa juste valeur ce Kyo de la fin des années 1860. Le plaisir de la découverte et de l'exploration n’en demeure pas moins intact. La capitale regorge de missions secondaires, de mini-jeux devenus de véritables institutions auprès des fans, et bien d’autres activités.
Les studios japonais se sont surtout attardés sur les graphismes et retravaillés intégralement l’épisode originel pour un résultat satisfaisant. Mise à part quelques textures et des environnements généralement trop "figés”, cette version 2023 de Like a Dragon : Ishin ! fait bon usage de l’Unreal Engine 4 afin de rendre justice aux aventures de Ryoma Sakamoto. Les personnages en particulier reprennent des couleurs lors des cinématiques et des combats, ce qui accentue la charge émotionnelle qui émane du jeu. En définitive, ce remake accuse un certain retard technique vis-à-vis de la concurrence, sans pour autant démériter.
La poudre & le sabre
Après avoir abandonné pour un temps la baston en temps réel avec Yakuza : Like a Dragon, Ryu Ga Gotoku revient (enfin) à ses premiers amours… le Beat’em All. Ce remake se contente de moderniser la formule vidéoludique du jeu d’origine sans jamais la dénaturer. Les joueurs peuvent ainsi (re)découvrir un gameplay basé sur quatre styles de combat distincts (Bagarreur, Bretteur, Danseur endiablé, Tireur) à alterner à la volée et selon les situations. Bien entendu, les habitués retrouveront instantanément leurs marques, même si l’utilisation des sabres et surtout des armes à feu changent un peu la donne.
Il est toujours aussi plaisant d’affronter de multiples ennemis et d’en sortir vainqueur suite à des combats souhaités épiques, et ils le sont assurément, notamment les boss. Ryoma Sakamoto se fraye un chemin dans les rues malfamées de Kyo “Yakuza style” et repeint la cité couleur “rouge sang” avec une aisance déconcertante. Cette existence sabre à la main se traduit en jeu par des séries de combos, esquives, parades se concluant par des actions contextuelles de grandes classes et des attaques dévastatrices. Encore une fois, Like a Dragon : Ishin ! ne révolutionne pas son univers, mais assure une performance martiale grisante… ce qui est tout à son honneur.
Le remake conserve également la dimension roleplay du jeu sorti en 2014 sans y toucher outre mesure. Notre héros possède diverses armes et équipements qu’il peut fabriquer/améliorer tout au long de son périple et débloque des compétences actives/passives liées aux différents styles de combat mentionnés précédemment. Plus notre protagoniste utilise un style et plus il devient performant avec celui-ci. Enfin, notre maître d’armes peut compter sur ses troupes pour l'aider dans la mêlée via des attaques spéciales, des soins et autres bonus. Cette approche Light-RPG permet aux joueurs d'influer sur la destinée de Ryoma Sakamoto selon leurs appétences pour le sabre et/ou l'arme à feu.
Conclusion
Points forts
- L'Histoire du Japon revisitée par la saga Yakuza
- Un récit épique porté par des personnages charismatiques
- La découverte du Kyoto des années 1860
- Les quatre styles de combat
- Les mini-jeux et activités secondaires
- Une aventure sous-titrée en français (VOSTFR)
Points faibles
- Des mécaniques RPG trop peu exploitées
- Les incessants allers-retours à travers la ville
- La multiplication des temps de chargement
- Techniquement en deçà des standards actuels
Note de la rédaction
Like a Dragon : Ishin ! assure le spectacle et offre aux fans de la saga “Yakuza” une épopée féodale épique à souhait. Ce remake ne dénature à aucun moment l’expérience originelle de 2014, mais modernise suffisamment les visuels et la jouabilité afin de rendre l’aventure mémorable une décennie plus tard. Ishin ! n’est pas parfait, loin s’en faut, et présente quelques lacunes, surtout techniques. Pourtant, le plaisir de jouer à un jeu “Yakuza” est bel et bien là, et c’est là l’essentiel.