Par Toutatis ! Les célèbres gaulois des regrettés Goscinny et Uderzo sont de retour sur nos consoles et PC ! Après un Astérix XXL 3 correct, mais perfectible, les mangeurs de sangliers partent en Irlande – ou plutôt en Hibernie – pour porter secours à leurs lointains cousins. Baffes surhumaines, énigmes vicelardes, thèmes musicaux entraînants et humour décapant, Astérix XXXL (non, Obélix, tu n’es pas gros !) se veut fidèle à la bande dessinée et réunit jusqu’à 4 joueurs en simultané. De quoi devenir « Radiogagax » ?
Et de quatre ! Avec Astérix & Obélix XXXL : Le Bélier d’Hibernie, et si l’on excepte les remasters, la collection née en 2003 dans les studios d’Étranges Libellules signe sa quatrième aventure ! Désormais sous la houlette des Lyonnais d’OSome Studio, nos deux Gaulois continuent de faire des misères à l’armée de César. Et ce n’est certainement pas avec cet épisode inédit qu’ils vont changer leurs bonnes vieilles habitudes. Pauvres Romains.
Le bon air du large
Nous ne vous ferons pas l’affront de répéter au mot près le contexte des albums d’Astérix, mais grosso modo, y a un porteur d’une couronne de lauriers qui trône à Rome et qui veut asseoir son emprise sur le continent. Problème, alors que toute la Gaule est occupée, une bande de ripailleurs à moustache lui tient tête grâce à une potion magique qui donne une force surhumaine. Exaspéré, le pauvre Jules essaye tous les stratagèmes pour faire taire ces satanés Gaulois d’Armorique (foi de breton têtu, on sait d’où on vient…), mais il essuie échec sur échec. Par mimétisme, certains peuples sont revigorés par la résistance gauloise et causent, à leur tour, des problèmes à l’empereur romain. Ce qui nous conduit en Hibernie, le nom que l’on donnait jadis à l’île d’Irlande.
Au cœur de ces terres nobles et majestueuses, le village du valeureux chef Irishcoffix, Drogheda, résiste aux légions romaines. Pour se donner du courage et de la ténacité, les Hiberniens possèdent un atout bien différent de la potion magique : un bélier aux cornes dorées appelé O’Kidokix ! Malheureusement, le général Roulètrus s’est emparé de l’animal sacré et les romains sont sur le point de prendre l’ascendant sur le bastion des derniers résistants de l’Hibernie. Voyant son père déprimé et prêt à rendre les armes, sa fille Kératine se rend en Gaule pour demander de l’aide à Astérix et Obélix. Ayant eu connaissance des exploits du duo (probablement par l’ami d’un ami de l’oncle de Jolitorax, le lointain cousin de Bretagne), la demoiselle compte sur le petit gaulois et son fidèle acolyte livreur de menhirs pour retrouver O’Kidokix et bouter hors de ses terres les affreuses romaines légions.
Cornedebouc, à l’attaque !
Après un rapide tutorial se déroulant dans la forêt près du village gaulois, le joueur se dirige vers l’Hibernie pour coller de bonnes roustes aux romains. Avant de nous intéresser au gameplay, il est important de souligner l’excellence de la bande son de Valentin Lafort (on se croirait en plein Fest-noz par moments, et les thèmes s’essayent même à du style country) et l’humour des dialogues. Outre l’accent anglais (volontairement exagéré) de Kératine et des siens, Astérix, Obélix et les romains sont de sacrés bavards ! Cela rend l’atmosphère du jeu très vivante et on est parfois interpelés par des références à la musique (Les Lacs du Connemara, Queen…). Certes, les voix ne sont pas officielles, mais les doubleurs ne s’en tirent pas trop mal. Pour un titre familial, difficile de faire la fine oreille, Astérix & Obélix XXXL fait vraiment le job !
Côté exploration et baston, l’œuvre d’OSome Studio (à l’origine des Schtroumpfs : Mission Malfeuille ) reprend les mécaniques de la précédente aventure du duo gaulois. L’action s’affiche en vue aérienne – avec un zoom paramétrable – et mêle combats et énigmes avec quelques phases plus originales (poursuite avec un défilement automatique, arène avec légionnaires à éviter, etc.). Par rapport à Astérix & Obélix XXL 3 : le Menhir de Cristal, le parcours des deux héros est un peu plus interactif dans le sens où le joueur peut utiliser tout ce qui passe à sa portée pour cogner sur les romains. Poisson, marteau, bouée, bouclier (faisant office de frisbee qui vole dans tous les sens), bâton, tabouret, balai, haltères… tout est bon pour mater du centurion ! Les obstacles, quant à eux, reposent surtout sur des mécanismes (ouverture de porte, activation de blocs…) et la coopération, si elle existe, aurait mérité d'être un peu plus poussée dans les énigmes. Dans l’ensemble, la progression est plutôt fluide, même si on peut regretter un certain manque de renouvellement dans les situations. Cela n’empêche pas le jeu de proposer quelques bonnes idées, notamment les énigmes misant sur la mémorisation de séquence musicales. En matière de combat, le jeu reste fidèle à l’aspect beat’em up (on avance et on tape) de la précédente aventure, mais l’immersion est renforcée par des animations amusantes et la possibilité pour nos héros de concentrer leur coup de poing ou d’activer une attaque ultime plus ou moins puissante (tout dépend du remplissage de la jauge prévue à cet effet et qui se vide à mesure que l’on ne combat pas). Un peu plus de punch à l’impact ne serait pas de trop, mais l’ensemble fonctionne assez bien.
The Show Must Go On
Dans ces conditions, surtout pour celles et ceux qui sont allés voir la note finale, vous vous demandez ce qui pose problème. La première chose, c’est que le jeu se termine en 6 heures et que la seule replay-value (en gros, ce qui pousse à y revenir) réside dans la présence de casques à collectionner. Ensuite, et c’est un défaut qui avait été répertorié sur Astérix & Obélix XXL 3, les personnages ne peuvent toujours pas sauter ou nager ! Ils sont juste capables d’effectuer une ruée (on maintient le bouton et on le relâche pour qu’ils foncent vers l’avant) et cette action n’est vraiment, mais alors vraiment pas évidente à négocier pour un jeune public. Les développeurs ont bien intégré une flèche pour visualiser le point « d’atterrissage » du joueur, mais la précision n’est pas optimale. On peut également parler de certains choix que l’on pourrait qualifier d’antinomiques. Pour briser les caisses en ferraille, Astérix et Obélix doivent utiliser… un marteau. Si on peut comprendre le principe d’une telle association dans le cadre d’un jeu vidéo, c’est tout simplement contradictoire à la bande dessinée. Astérix peut boire de la potion magique et Obélix est carrément tombé dans une marmite remplie de potion magique étant petit. À quoi bon tenir un marteau quand ce dernier peut terrasser à lui seul une légion entière ? Le dernier point fâcheux, mais on imagine que cela sera résolu avec la sortie du patch au jour du lancement, c’est que notre expérience a été entachée par différents bugs bloquants (caméra qui part à vau-l’eau, personnage qui ne répond plus…), obligeant à relancer une partie. On note ainsi tout un tas de petits détails qui ont tendance, par moments, à nous faire sortir de l’aventure.
Malgré cela, ça serait mentir qu’Astérix & Obélix XXXL nous a fait passer un mauvais moment. On sourit souvent, les combats sont amusants, les animations et les cris des romains sont drôles et on retrouve immédiatement l’ambiance de la bande dessinée. On s’amuse à projeter les romains dans les cieux pour les voir ensuite retomber sur le sol avec fracas. Il est même possible d’attraper un romain pour s’en servir comme projectile ou pour cogner ses collègues ! Une nouvelle fois, on mesure tout le travail des développeurs d’OSome Studio et on se dit qu’avec un peu plus de temps sur leur planning, ces derniers pourraient vraiment nous sortir un jeu en béton armé. Cela permettrait au prochain Astérix & Obélix (car on les voit mal s’arrêter là) d’être plus ambitieux en matière de level design (conception des niveaux), de mise en scène et de renouvellement dans les situations. Indiscutablement, ils sont sur la bonne voie car cet épisode est plus abouti que le précédent. Et si on le trouve trop court, ce n’est pas pour rien !
Conclusion
Points forts
- De nombreux objets (86 !) pour mettre sur la figure des romains
- Jouable jusqu'à 4 en simultané
- Des dialogues bien écrits et des voix drôles
- Les références à la musique, à la BD et la pop-culture
- Les thèmes celtiques très réussis
- Le plaisir d'envoyer valdinguer les romains dans les nuages
- Un jeu pour toute la famille !
Points faibles
- On ne devine pas toujours qui fait quoi
- Un marteau pour casser des caisses ?
- Pas de saut, pas de nage !
- La ruée, peu évidente à maitriser pour les plus jeunes
- Seulement 6 heures d'aventure
- Quelques bugs bloquants
Note de la rédaction
En voilà une aventure familiale qui a de la ressource ! Jouable jusqu’à 4 joueurs simultanément, Astérix & Obélix XXXL reprend les bases de l’aventure précédente pour un cocktail des plus sympathiques. Entre action, exploration et séquences de course-poursuite, les légions romaines vont en voir de toutes les couleurs ! Plus abouti qu’Astérix & Obélix XXL 3, l’œuvre d’OSome Studio affiche quelques défauts, mais peut compter sur son atmosphère celtique des plus réussies, ses combats amusants (avec un paquet d’objets interactifs) et son humour. Ce n’est pas encore parfait, mais il ne manque pas grand-chose à l’équipe lyonnaise pour qu’elle coiffe les meilleurs titres du genre. Le grand saut pour 2023 ?