Si le phénomène n’est pas aussi remarqué et remarquable qu’au début des années 1990, force est de reconnaître que les Tortues Ninja profitent d’un regain de popularité évident depuis quelques mois. Après le succès mérité de Shredder’s Revenge par le studio Tribute Game et la préparation d’un tout nouveau film d’animation (par le réalisateur de l’excellent Les Mitchell contre les Machines), c’est au tour de Konami de nous gratifier de Teenage Mutant Ninja Turtles : The Cowabunga Collection, une compilation généreuse et remplie de bonus, dont certains totalement inédits !
Pizzas, bourre-pifs et humour, les Tortues Ninja sont de retour ! Très attendue, The Cowabunga Collection débarque à point nommé pour lancer cette rentrée 2022 ! Revisitant plusieurs générations de consoles, le titre nous fait voyager de la fin des années 1980 au début de la décennie suivante. Que ce soit pour les amateurs d’arcade (les bornes des cafés), de machines de salon ou des indispensables consoles portables, ce TMNT ne manque pas d’atouts pour faire craquer les plus nostalgiques, mais aussi le jeune public curieux !
Le compte est bon
13 jeux ! Ce ne sont pas moins de treize jeux que Konami a intégré dans cette compilation signée par le studio Digital Eclipse. Par le passé, l’éditeur japonais était l’un des plus respectés de l’industrie du jeu vidéo (aujourd’hui, son aura n’est plus du tout la même) et il s’est notamment illustré par des beat’em up – comprenez jeu d’action contre plusieurs adversaires – d’une qualité rare. À l’orée des années 1990, les joueurs ont ainsi vu débarquer de très bonnes adaptations vidéoludiques comme Les Simpson, Astérix ou encore Teenage Mutant Ninja Turtles. Eh bien, on vous le donne en mille, mais ce dernier fait partie des heureux élus et il est accompagné par, tenez-vous bien, TMNT : Turtles in Time (Arcade et Super Nintendo), Teenage Mutant Ninja Turtles (NES), TMNT II : The Arcade Game (NES), TMNT III : The Manhattan Project (NES), TMNT : Tournament Fighters (NES, Super Nintendo et Mega Drive) TMNT : The Hyperstone Heist (Mega Drive), TMNT : Fall of the Foot Clan (Game Boy), TMNT II : Back From The Sewers (Game Boy) et, enfin, TMNT III : Radical Rescue (Game Boy). Vous l’aurez compris, ça en fait du monde !
Comme indiqué plus haut, les salles d’arcade sont ces lieux remplis de bornes de jeux vidéo payantes qui font généralement le « malheur » des parents (votre serviteur est passé par le Futuroscope cet été et on se retrouve vite dépouillé par les enfants à la Cyber Avenue). Quant aux consoles, un petit guide s’impose peut-être pour les plus jeunes d’entre vous. Concrètement, la compilation se divise en deux constructeurs : Nintendo et SEGA. Pour le premier, elle repose sur trois machines : la NES, la Super Nintendo et la Game Boy. La NES est la toute première console de Nintendo sortie sur le sol occidental tandis que la Super Nintendo, bien plus puissante, est tout simplement celle qui a pris sa succession. La Game Boy, quant à elle, est la très célèbre console portable monochrome, autrement dit sans écran couleur. Pour SEGA, c’est la Mega Drive, la concurrente de la Super Nintendo à l’époque, qui est mise sur le devant de la scène. Grosso modo, tous les jeux présentés sont des œuvres sorties entre 1989 et 1993. Alors oui, ça peut paraître vieux, mais les jeux proposés sont vraiment de qualité !
Dans la grande majorité des titres présentés, le joueur doit progresser dans des beat’em up, c’est-à-dire qu’on avance à un ou plusieurs dans des niveaux en combattant des vagues d’ennemis. De temps à autre, comme on va le voir plus loin, il sera question de phases de plate-forme (autrement dit de la gestion de sauts), mais aussi – et ça fera plaisir aux amateurs du genre – de combat en un contre un.
Mamie NES en a encore sous le capot !
Le premier à ouvrir le bal, c’est Teenage Mutant Ninja Turtles sur borne d’arcade. Développé à l’époque dans les locaux flambant neufs de Konami à Kobe, il s’imprègne d’éléments aperçus dans le comics et le dessin animé pour un cocktail explosif. Immeuble en flammes, égouts, ville, pont… l’ambiance des Tortues Ninja est parfaitement respectée grâce à la puissance offerte – autrefois – par les cartes d’arcade. Musiques excellentes signées Mutsuhiko Izumi, voix digitalisées et gameplay rythmé (bien que manquant d’un peu de punch à l’image du jeu Les Simpson)… un tel titre ne pouvait manquer à l’appel ! Sur console, on le retrouve sous le nom TMNT II : The Arcade Game dans une version réussie, mais forcément moins spectaculaire.
D’ailleurs, tant qu’on parle de la NES, Konami ne pouvait passer à côté de l’adaptation devenue culte : Teenage Mutant Ninja Turtles. Fourni dans un pack avec la console, ce jeu a marqué une génération entière. Après avoir obtenu le droit d’exploitation des Tortues Ninja, l’éditeur japonais s’est entouré de ses meilleurs éléments pour créer un jeu digne de l’œuvre d’Eastman et Laird (les deux créateurs des Tortues). Bien que considéré comme très difficile, ce titre – écoulé à plus de 4 millions d’unités – est à découvrir car il regorge de qualités. Pour terminer, le troisième jeu NES n’est autre que TMNT III : The Manhattan Project. Jamais sorti chez nous (jusqu’à aujourd’hui), le jeu exploite les dernières techniques de développement sur le support et s’avère tout simplement excellent avec son mode deux joueurs, son interactivité assez poussée et ses idées en pagaille. Quant on sait qu’il a été réalisé par une jeune équipe inexpérimentée, ça calme !
La couleur ne fait pas tout
Avant de passer aux consoles de la génération suivante, attardons-nous rapidement sur la Game Boy, la petite protégée de Nintendo. Portable sans écran couleur, les jeux sont en noir et blanc, mais ça n’empêche pas de passer un très bon moment sur trois titres Tortues Ninja parus sur ce support, à savoir Fall of the Foot Clan, Back From the Sewers et Radical Rescue. Dans leur principe, les deux premiers sont assez simples car il s’agit juste d’avancer en tapant et la taille des personnages fait que la visibilité est parfois aléatoire. Le dernier épisode, en revanche, s’inspire plus de Metroid et offre une véritable sensation d’exploration, en plus d’afficher des graphismes convaincants. Pour la petite histoire, le réalisateur de ce jeu, Hiroyuki Fukui, participera aux fondations d’un certain Castlevania : Symphony of the Night (un vrai chef d’œuvre).
Les Tortues au top de leur forme !
Quand il y en a plus, il y en a encore ! Considéré par beaucoup comme le meilleur jeu Tortues Ninja de tous les temps (avec Shredder’s Revenge désormais), Turtles in Time est proposé dans sa version arcade (4 joueurs) et Super Nintendo (deux joueurs). SI les différences se résument à quelques variations d’ennemis, on ne peut que saluer la présence de l’épisode console. La raison ? Très proche visuellement de la version arcade, il a pour lui un punch bien plus prononcé ! Grâce à une sorte de tremblement à l’écran, les collisions sont bien plus nerveuses et le jeu regorge d’élément inédits (ennemis, boss, niveau additionnel, mode contre-la-montre, mode VS…). Avec son voyage dans différentes époques et son atmosphère extraordinaire, Turtles in Time est une petite pépite à découvrir et redécouvrir !
La compilation propose, en plus, un jeu qui s’en rapproche et qui s’intitule The Hyperstone Heist. Paru sur Mega Drive, c’est un excellent titre qui mélange le premier Tortues Ninja sorti en arcade et Turtles in Time. La construction du jeu est différente (il se déroule en cinq actes) et le gameplay est plus rapide. Là encore, c’est une valeur sûre ! Pour terminer, et parce qu’il faut bien conclure un jour, sachez que The Cowabunga Collection réunit les trois épisodes de TMNT : Tournament Fighters. Celui-là est un vrai cas d’école car les trois versions sont… toutes différentes ! L’épisode NES est plutôt rigolo et montre que la première console occidentale de Nintendo peut s’essayer à la baston. En revanche, à choisir entre la mouture Super Nintendo et celle sortie sur Mega Drive, c’est très clairement la première qui l’emporte. Tournament Fighters sur Super Nintendo est bien plus beau, coloré et globalement réussi que son homologue de SEGA. Ce dernier a souffert d’un temps de développement très réduit et se montre plus terne (pas les mêmes décors, pas les mêmes personnages) et moins accessible. Seul lot de consolation, des décors destructibles et constitués de plusieurs zones (comme dans Dead or Alive 2 et suivants) et un coup fatal qui se déclenche quand le combattant est au bord du K.O.
Des bonus (inédits) en pagaille !
Pour chacun des jeux présentés, une série d’options est proposée. Certains titres profitent ainsi d’aides spécialement étudiées pour améliorer le confort du joueur. C’est notamment le cas de Radical Rescue sur Game Boy qui se voit gratifier d’une carte que le joueur peut visualiser pour se repérer dans les dédales labyrinthiques. De la même manière, il est possible de supprimer les ralentissements ou le scintillement de sprites (deux personnages qui se chevauchent) dans les jeux les plus anciens. On peut parfois activer un mode Turbo, un mode Tout-Puissant (invincible) ou encore opter pour un mode Cauchemar (très dur). Le studio Digital Eclipse a vraiment fait en sorte de peaufiner chaque option et cet effort est à saluer. Bien évidemment, vous pouvez sauvegarder à tout moment, personnaliser les commandes, ajouter des filtres visuels ou rembobiner l’action en cas d’échec. Il y a même un mode en ligne pour Teenage Mutant Ninja Turtles, Turtles in Time, The Hyperstone Heist et Tournament Fighters. Mais la plus grande surprise de cette compilation, outre sa générosité, c’est incontestablement la qualité de ses bonus !
C’est un peu comme s’ils avaient sorti toutes les archives de Konami liées aux Tortues ! On peut visualiser les boites et manuels des jeux, les publicités des magazines, les catalogues, les dossiers de presse (!) et il y a même des guides stratégiques – entièrement traduits – pour profiter au mieux de chaque jeu ! Outre l’écoute des musiques de tous les titres, le joueur peut s’enfoncer dans les coulisses (la section porte d’ailleurs de nom) pour découvrir des documents de conception totalement inédits et jamais exhumés jusqu’alors ! En plus des brevets liés au dessin animé, The Cowabunga Collection propose des croquis incroyables et dans le « jus » de l’époque avec les annotations japonaises. Ils ont même poussé l'excellence jusqu'à traduire ces vestiges ultra précieux ! On peut ainsi s’amuser à déchiffrer chaque page et la comparer aux différents jeux. Et alors qu’on pense avoir tout vu, on découvre l’intégralité des couvertures du premier comics et même des images tirées du dessin animé (avec un tri par saison !). En matière de bonus, Konami et Digital Eclipse donnent tout simplement une leçon à toute l’industrie du jeu vidéo.
Alors, on achète ?
Digital Eclipse est un studio habitué aux compilations (Mega Man et les Disney, c’est eux !) et on peut clairement dire qu’ils ont visé juste avec The Cowabunga Collection. L’interface est vraiment sympa, l’ensemble est soigné et on prend un malin plaisir à redécouvrir chacun des 13 titres proposés. Néanmoins, il ne faut pas oublier que ce sont des jeux qui sont (quasi) intégralement restés dans leur forme originelle et qui ne parleront probablement qu’à une certaine frange de joueurs. Cela n’empêchera pas le jeune public de s’amuser avec cette ribambelle de titres Tortues Ninja, mais à condition de mettre de côté toutes les habitudes du moment. Ceci dit, c’est totalement possible puisque le fils de votre serviteur (âgé de 7 ans) s’est éclaté sur les jeux de la compil, y compris les productions NES et Game Boy ! Cela reste une compilation, mais elle est vraiment soignée et s’avère absolument indispensable à tous les fans des Tortues Ninja.
Pour en savoir plus :
Conclusion
Points forts
- Un habillage soigné
- Une compilation généreuse en jeux
- De véritables pépites dans la sélection
- Un mode Musée exemplaire (documents inédits, musiques...)
- Des options personnalisées pour chaque jeu
- Le summum du confort (filtres, sauvegardes, rembobinage...)
- Jeux disponibles en versions japonaise et américaine
Points faibles
- Quatre jeux en ligne seulement
- L'intérêt moins prononcé de certains titres
- Elles sont où les versions européennes ?
Note de la rédaction
The Cowabunga Collection est franchement à la hauteur des attentes placées en lui. Malgré son statut de « simple » compilation, l’œuvre du studio Digital Eclipse est une leçon pour tous les éditeurs qui ressortent les vieilleries du passé. Si les 13 jeux n’affichent pas le même intérêt, on ne peut que s’incliner devant l’avalanche d’options et de bonus intégrés à cette compilation. Certes, certaines productions ont pris de l’âge et la durée de vie n’est pas énorme, mais la convivialité est au rendez-vous et dans le domaine des compil’, ce Cowabunga Collection tient la dragée haute aux ténors du genre. Dans de pareilles conditions, difficile de ne pas être séduit.