Il y a deux ans, nous avions droit au retour de Destroy All Humans, saga bien connue des années 2000 à l’humour ravageur et à l’action efficace : c’est donc en toute logique que THQ Nordic continue son travail de refonte avec le remake du deuxième opus, baptisé Reprobed. Et oui, l’annihilation est bien mieux maîtrisée.
Ne nous le cachons pas : les remasters, les remakes, les réimaginations ou les reboots, ce n’est pas vraiment ce qui manque dans l’industrie du jeu vidéo. Pour autant, si la politique peut lasser en toute légitimité plus d’un joueur, celle-ci s’avère franchement appréciable pour relancer des franchises dormantes et, en fonction du succès, pondre un tout nouvel épisode : c’est peut-être dans cette logique que THQ Nordic a décidé de refaire à neuf les épisodes de Destroy All Humans!, iconique saga d’il y a deux décennies et débarquée en 2005.
Après un remake publié il y a deux ans - efficace, mais aussi très perfectible - c’est sa suite qui a désormais droit au même traitement. À l’époque déjà, ce deuxième opus s’avérait mieux ficelé, plus ambitieux et globalement plus solide. Mais parce qu’un bon jeu en 2006 ne l’est pas forcément en 2022, c’est avec une certaine curiosité que nous avons retrouvé Crypto dans sa quête génocidaire, remise au goût du jour.
Gros cerveau, gros flingues
Le premier jeu se voulait déjà un défouloir adepte de la parodie, se moquant allègrement des États-Unis et des films de science-fiction des années 50 : autant dire que Destroy All Humans 2 reprend la formule pour l’élever encore à un autre niveau. Nous voici dorénavant à la fin des années 60, en pleine révolution hippie : Crypto-138, un alien du peuple Furon, a pris le contrôle de la Maison Blanche en se faisant passer pour le Président. Un secret décelé par le KGB qui prendra l’extraterrestre en chasse.
Alors oui, on ne sait vraiment pas si l'on joue à Destroy All Humans 2 pour l’histoire, mais force est de constater que celle-ci a fait un joli bond en avant par rapport au volet précédent. Sans casser trois pattes à un martien, la narration s’avère bien mieux maîtrisée et surtout, plus présente et plus étoffée ; il y a de nombreuses options de dialogue et l’aspect parodique du cinéma d’époque - la S-F et James Bond en tête - est franchement appréciable.
Crypto lui-même est davantage développé, faisant encore plus dans l’irrévérence : il déteste profondément les humains, mais tombe aussi amoureux d’une agente secrète russe ultra-cliché, qu’il n’hésitera pas à draguer avec tout l’humour graveleux du monde. Destroy All Humans 2 fait dans l’humour absurde, parfois potache, souvent très stéréotypé et à prendre constamment au second degré : des phrases font souvent sourire, parfois réellement glousser pour peu que l’on adhère au style très décalé, mais totalement assumé.
Attention, vous n’allez certainement pas tomber de votre chaise pour autant mais il y a là une nette amélioration par rapport au précédent remake, apportant une bonne humeur générale ; soulignons aussi le travail des développeurs (il s’agit toujours de Black Forest Studios) qui a enrichi la mise en scène avec quelques nouveaux plans et, évidemment, une technique entièrement refaite.
Plus d’ambitions, plus de meurtres
Destroy All Humans premier du nom souffrait d’une structure finalement très désuète : on se contentait d’enchaîner les missions dans plusieurs lieux des États-Unis, sans vraiment d’histoire appuyée, ni de grande liberté. Le numéro deux se permet de corriger le tir avec une structure moins linéaire : il existe cinq maps - à San Francisco, à Londres, au Japon, en Russie et sur la Lune - qui se débloquent au fil des missions principales.
Chacune peut être explorée librement et propose de nombreuses missions secondaires, des collectibles et défis ; les missions principales aussi s’appuient sur plus d’élaboration et de mise en scène. On reste sur une progression très basique à la GTA de l’époque (il s’agit ici de quatre petits open-world reliés par des temps de chargement) et pas mal de quêtes annexes se répètent, mais il y a eu un effort considérable de fait en 2006 qui se ressent aujourd’hui, surtout après avoir fait le remake précédent.
Cela permet notamment d’étoffer la durée de vie : en mode “Normal”, nous avons mis une douzaine d’heures pour compléter la campagne solo, sans s’attarder de trop sur les nombreuses quêtes secondaires. Pour un jeu de l’époque, ce n’est pas si mal et les complétionnistes y trouveront leur compte, avec aussi un tonne de skins à obtenir. Autre très joli point : il est possible de faire toute l’aventure à deux dans un mode coop et local, en écran scindé. Une aubaine de nos jours, d’autant plus qu’il existe un multijoueur compétitif et un autre mini-jeu encore. Ce n’est pas clairement pas radin et surtout à 39,99€ !
Cyptomonnaie
Côté gameplay, Destroy All Humans 2 a également amélioré sa recette. Comme d’habitude, Crypto a la gâchette facile et une grosse partie du concept consiste à éliminer les humains (c’est dans le titre) en les faisant griller n’importe comment. Sans oublier cette fameuse nécessité et ce plaisir viscéral d'extraire les cerveaux de nos ennemis, cela va de soi. On retrouve aussi de l’infiltration grâce à la capacité de prendre l’apparence des passants et de lire dans les pensées, toutefois ici fluidifiée et beaucoup moins barbante que dans le jeu précédent.
C’est d’ailleurs un peu le ressentiment qui s’en dégage : l’ensemble est moins archaïque et beaucoup nerveux, facile à prendre en main et donc plus fun, tout simplement. L’arsenal s’est étoffé encore davantage et les armes disposent toute d’une capacité bien précise ; leur personnalisation aussi a gagné un peu en profondeur, laissant le choix au joueur d’optimiser une fonction plutôt qu’une autre sur telle ou telle pétoire (tout comme certaines capacités liées à Crypto). À vrai dire, entre la variété des armes et l’utilité même de chacune, on doit avouer avoir ressenti quelques vibes de Ratchet & Clank, ce qui n’est clairement pas pour nous déplaire.
Même si la répétitivité n’est pas exclure totalement - certains outils s’avèrent beaucoup plus efficaces que d’autres et donc utilisés majoritairement - l’action est mieux huilée, c’est un fait. Le bestiaire est aussi plus étoffé avec l’arrivée de monstres, de plusieurs boss et d’un tout petit peu de technique pour en venir à bout : c’est tout bête, mais l’expérience est donc plus moderne (surtout en 2006).
Enfin, la soucoupe volante dispose aussi de quelques améliorations avec de nouvelles features et armes, tout comme son feeling, plus impactant. Son maniement n’est pas forcément des plus pratiques ni intuitifs, et l’action est parfois surchargée et brouillonne, mais l’engin se laisse approcher facilement… et l’action s’en voit aérée.
Les contes de la Crypto
Mais puisque l’on parle donc d’un remake, qu’en est-il de l’aspect technique ? Tout d’abord, décision plutôt surprenante, Destroy All Humans! 2 fait l’impasse sur la PS4 et la Xbox pour se concentrer exclusivement sur le PC et la nouvelle génération. Si le jeu est encore loin de nous donner une claque next-gen, on comprend facilement le choix puisqu’une grosse partie du concept du jeu repose sur la destruction à grande échelle.
On peut abattre quasiment tous les édifices qui s’effondrent alors dans une myriade de particules et de nouveaux effets : le problème, c'est que l’on se souvient de la mauvaise optimisation des précédentes consoles. Le PS5 et la Xbox Series permettent donc d’offrir une expérience plus stable et plus solide, sans être irréprochable.
Pour autant, sur consoles de salon (nous avons testé le jeu sur PlayStation 5), pas mal de bugs et petits problèmes persistent. Le clipping (c'est-à-dire l’apparition en retard de textures et d’éléments en 3D) est assez présent, quelques crashs ont été rencontrés et nous avons eu plusieurs soucis de scripts, obligeant à recommencer des missions entières.
Le framerate n’est pas non plus constant avec des petites chutes ; nous avons également eu de nombreux problèmes de bruitages pendant les cinématiques, soit totalement absents, soit calés au mauvais moment. Dommage, vraiment.
Si le tout est perfectible, Destroy All Humans 2 Reprobed s’en sort tout de même avec les honneurs. Le travail de reconstruction est réel et par rapport au jeu originel, les différences sont édifiantes : les environnements sont beaucoup, beaucoup denses tandis que la lumière, la colorimétrie et les différents effets permettent quelques panoramas qui ont de la gueule. Le jour et la nuit avec l’ancienne version.
Une nouvelle itération qui magnifie totalement celle dont elle découle et c’est forcément un bon point ; pour autant, si l’on devait comparer à des jeux de 2022, le rendu final n’est pas non plus extravagant. Qu’importe, le remake de Destroy All Humans 2 s’avère plus léché que le précédent, plus moderne et tout simplement plus plaisant, malgré quelques écueils loin d’être dramatiques.
Conclusion
Points forts
- Une expérience plus moderne, plus plaisante que la précédente
- Un monde ouvert plus libre, plus dense
- Un gameplay qui gagne un peu en nervosité et en profondeur
- Un humour parodique et potache qui peut vraiment faire mouche
- Une direction artistique qui sublime l’originale
- Un mode coop à deux joueurs en écran scindé
Points faibles
- Pas mal de bugs techniques à déclarer encore
- Ce n’est pas non plus une tuerie graphique pour un jeu nouvelle génération
- Malgré la cure de jouvence, l’ensemble sent quand-même fort le 2006
Note de la rédaction
Ceux qui avaient goûté au remake précédent seront ravis d’apprendre que Destroy All Humans 2 Reprobed corrige bien des tirs : l’expérience s’appuie sur une narration plus drôle et plus dense, sur un gameplay étoffé et un feeling globalement plus fluide, plus moderne. C’est évidemment dû au jeu original qui, à l’époque en 2006, avait su s’élever d’un échelon mais le travail de refonte est aussi appréciable : l’aspect graphique délivre parfois quelques chouettes surprises, malgré des bugs et soucis techniques à souligner. Nous avons passé un moment franchement agréable et dans sa finalité, cette seconde aventure témoigne d’une bien bonne humeur à dévorer sans modération.