C’est un fait, l’époque est aux aventures difficiles, aux productions qui challengent les joueurs et aux périples qui mettent les nerfs en compote. Donjons hostiles, labyrinthes à s’en casser le bulbe rachidien, boss aussi collants que des darons après une virée un peu mouvementée en boite… il faut croire que le joueur moyen aime souffrir ! Jamais les Metroidvania et les périples à la Souls n’ont été aussi nombreux et les développeurs ont bien compris le message. Cette fois, c’est le studio brésilien Massive Work qui s’y colle et qui tente, avec Dolmen, de dépoussiérer un genre qui commence un peu à tourner en rond. Avec son scénario de science-fiction et son atmosphère claustrophobique, il a pour lui une approche intéressante. Mais à vouloir copier sans maîtrise, c'est au risque de se prendre un coup de menhir.
Dolmen n’est pas là pour nous éblouir d’un script renversant, à grands coups de retournements de situation. Son truc à lui, c’est plutôt le gameplay et les joutes contre des créatures prêtes à tout pour terrasser le pauvre quidam que vous êtes. Mandaté pour enquêter autour d’évènements paranormaux se déroulant sur la planète minière Revion Prime, vous découvrez que celle-ci est en proie à une invasion d’extraterrestres rendue possible par l’émergence de portails interdimensionnels et d’étranges cristaux. Et… c’est à peu près tout. L’intrigue va ensuite se matérialiser sous la forme de documents et consoles à activer à droite et gauche. Un parti pris comme un autre, mais ne vous attendez pas à une aventure hautement scénarisée, malgré un lore qui n’est pas inintéressant.
L’âme des Souls dans un univers de science-fiction
On passera donc rapidement sur la trame pour se concentrer sur ce qui fait le socle de Dolmen : ses mécaniques de jeu. Si vous êtes habitué à la philosophie des Souls, vous ne serez pas surpris des choix de l’équipe de la ville brésilienne de Natal. En reprenant les codes du genre Souls-like, le titre n’est pas là pour bouleverser une formule bien établie. Endurance, ennemis à cibler (le fameux système de lock), attaques légères, coups puissants, esquive, blocage… nous sommes en terrain connu ! L’ensemble est plutôt dynamique, ça ne bouge pas trop mal et on note quelques idées intéressantes dans le bestiaire. Maintenant, si Dolmen parvient à trouver écho auprès des amateurs du genre, ça sera aussi et surtout pour son ambiance qui s’extirpe du côté chevaleresque des Souls. Le soft prend en effet les contours d’une aventure exigeante dans un univers à la Dead Space. Son absence récurrente de musique, son atmosphère flippante, ses bruitages glauques… Dolmen rappelle au joueur qu’il est seul à pouvoir se dépêtrer de ce marasme alien. Malheureusement, son côté générique ressort rapidement, d’autant que le héros est d’une lenteur agaçante !
From Software gravé dans la roche
Ici, pas question de camper dans un coin pour sortir son sniper (certains ont la réf’ ?). Dolmen fait la part belle aux affrontements au corps-à-corps et le joueur n’a pas d’autre choix, lors des attaques lourdes, que d’attendre la fin de l’animation pour relancer une offensive. Ce simple mouvement est d’une lenteur abyssale et il n’y a aucun moyen de contrer son vis-à-vis, si bien que l'on finit par se limiter à des coups plus rapides – mais moins puissants. En fait, le jeu enregistre les actions (les inputs dans le langage technique) et il arrive constamment, sans faire gaffe, que l’on appuie plusieurs fois sur le bouton correspondant. Résultat, sans que vous puissiez faire quoi que ce soit, les attaques se lancent et Dolmen donne parfois l’impression de ne rien contrôler – ou presque. Cette sensation, désagréable au possible, fait que l’intérêt en pâtit. Heureusement pour elle, l’œuvre de Massive Work Studio propose également des phases de tirs à distance. Les armes à feu sont liées à la barre d’énergie de couleur bleue. L’originalité de cette feature réside dans le fait que cette même jauge permet de se soigner. En effet, avec une arme, la barre se décharge puis remonte petit à petit. À l’inverse, si vous êtes mal en point et que vous choisissez de régénérer votre santé, la jauge sera grignotée ! Il faut donc constamment osciller entre sortir les grosses pétoires (parmi les 25 disponibles) ou se revitaliser à coups de soin. Si l’on y ajoute les aptitudes du bestiaire, obligeant le joueur à crafter son arsenal et équipement, et l’univers S.F assez immersif, Dolmen s'en sort surtout grâce à son atmosphère.
Comme une impression de déjà vu ?
Sorti de là, il faut reconnaître que Dolmen peine à surprendre. La proposition n’est pas désagréable, mais c’est comme tout : lorsqu’un genre est essoré, on devient tout de suite plus exigeant. Durant notre périple, nous avons ainsi dû lutter contre cette lenteur dans les animations, mais aussi faire face à des problèmes de colissions et de caméra mal ajustée. Le titre est tout de même difficile, parfois très punitif, et toute cette accumulation (à vouloir privilégier les attaques légères pour gagner en célérité) fait qu’on oscille constamment entre plaisir et frustration. Au final, l’impression qui sommeille en nous, c’est la sensation d’une œuvre mal finie, sans doute rushée en fin de développement. Dans un tel titre, l’équilibrage doit être optimal et Dolmen pêche clairement dans ce domaine.
Conclusion
Points forts
- La jauge d'énergie pour les armes et la santé
- Univers à la Dead Space intéressant
- Un bestiaire parfois surprenant
- Un arsenal assez complet
Points faibles
- Un peu trop générique visuellement
- Un équilibrage à revoir
- La lenteur de certaines animations
- Une impression prégnante de déjà-vu
- Des problèmes flagrants de collisions
- La caméra mal ajustée agaçante
Note de la rédaction
Malgré toute la sympathie que l’on peut éprouver pour Dolmen, l’expérience perfectible nous laisse un coût d’inachevé. Prônant le farming à outrance (on affronte encore et encore les boss et ennemis pour améliorer son équipement) et une approche du genre très classique, le titre de Massive Work souffre d’un gameplay un peu trop rigide et lent. Si l’aventure ne manque pas d’initiatives intéressantes, comme la jauge qui impacte la santé comme les armes à feu, le jeu peine à embarquer pleinement. L’ambiance à la Dead Space est bien rendue, mais l’ensemble demeure trop générique et on finit par lutter contre les collisions et la caméra pour se défaire d’une difficulté très relevée. Avec une mise à jour pour dynamiser les combats, on peut espérer un périple plus immersif, mais en l’état, Dolmen n’a pas les reins aussi solides que les ténors dont ils s’inspirent.