Graphismes, scénario… Une belle chanson

C’est par les yeux que le jeu a conquis les joueurs, alors commençons par là ! Songs of Conquest est magnifique. Le niveau de zoom permet d’apprécier à la fois de grandes maps harmonieuses, même si parfois un poil trop linéaires, mais aussi de charmants détails. Ça fourmille de petites animations, comme ces cochons tout mignons qui bondissent autour de vos fermes. Chacune des 4 factions a sa propre patte, à la fois pour ses villes et ses unités. Ainsi, une grave corruption se répand au sol sous l’influence des nécromanciens, alors que la promenade dans une forêt habitée par les esprits vous enchante, et génère l’inconfort aïgue de ne pas se sentir là où l’on devrait être. Les squelettes font flipper, les grenouilleux sont marrants… Bref, il y a du cachet.

Le visuel est magnifié par la bande son. La musique fonctionne à la fois pour les temps calmes et les combats, et le “Songs” du titre prend tout son sens quand, entre deux scénarios, une cinématique sous forme de chanson vient narrer l’aventure en cours. L'idée d'inclure tout ce que le joueur fait dans cette narration justifie un langage verbeux des protagonistes de l’aventure, avec de belles tournures de phrases ou des rimes. Tout est traduit en français, et l’aventure est plus profonde qu’il n’y paraît. Pas de choix à faire ici : on vous raconte une histoire, et vous devrez donc accepter les conséquences. Et parfois, on se demande si on joue vraiment les gentils…

Deux campagnes sont disponibles, qui peuvent vous occuper un nombre d’heures conséquent, facilement une dizaine en fonction de votre volonté de piller la carte intégralement. Les modes escarmouches et le multijoueur en ligne vous permettent de jouer avec 4 factions, tout en personnalisant votre partie. On nous promet par la suite plus de contenu, sans plus de détails, mais on peut s’attendre notamment à de nouvelles factions et campagnes. Enfin, un éditeur de niveau est présent mais il est encore très perfectible, et les développeurs en sont conscients et travaillent dessus. Si un aspect communautaire s’intensifie, on ne va pas s’ennuyer !

Combat, gestion… De belles conquêtes, parfois difficiles

Si vous avez connu les premiers Heroes of Might and Magic, ce jeu va vous ravir, les leitmotivs attendus sont présents ! Le jeu se déroule en deux phases. D'une part, la carte principale, où vous explorez les environs round par round. Votre Thaumaturge trimballe avec lui ses batteries de soldats et amasse des richesses ou conquiert des villes. D'ailleurs, il n'y a pas d’écran spécifique pour gérer ces villes, ça se passe directement sur la carte principale. Vos constructions ont des emplacements définis à l’avance, et vos actions ont donc un impact visuel. Une façon de réciter les gammes du genre tout en ajoutant un air rafraîchissant. Votre village va devenir une forteresse, et chaque bâtiment peut être pillé individuellement. Il y a donc un juste équilibre à trouver entre structures de défense, bâtiments de recrutement et édifices qui génèrent des ressources, c’est plaisant ! Autre originalité : un système de recherche qui permet d’améliorer votre économie ou vos unités.

La seconde phase ce sont les combats, plus classiques pour toute personne ayant déjà touché un tactical RPG. On est surpris au début par le tempo rapide des combats. Les ennemis faibles sont expédiés… Et à l’inverse, notre belle armée peut se faire foudroyer en quelques minutes sans qu’on ne comprenne trop ce qui se passe. A ce titre on sent un peu qu’on est dans une early access. Les premiers scénarios de la campagne vous laissent un sentiment de tranquillité, et au bout de quelques temps dans les scénarios suivants, un ennemi surpuissant sort de nulle part et vous annihile. C'est surprenant et un peu frustrant, le jeu peut vous tomber des mains quand on se rend compte qu’il faut reprendre ses gammes à zéro pour pouvoir espérer rivaliser, en mettant de coté des zones plus secondaires, un peu à la façon d'un die and retry. Surtout quand ce fameux héros balèze arrive après plusieurs heures de jeu et qu’il nous fait comprendre qu’il faut tout recommencer, ou se planquer pour entraîner lentement une nouvelle armée…

Nul doute que des rééquilibrages seront effectués bientôt par les développeurs. Mais ne boudons pas notre plaisir, les combats introduisent des systèmes originaux qui fonctionnent bien. La magie est subtile : chaque unité, au début de son tour, vous donne des points de magie spécifiques. Les soldats donnent des points d’Ordre, et les esprits des points de Chaos, par exemple. Ce système vous oblige à réfléchir davantage à votre façon de construire votre armée. Plutôt rassembler ses troupes pour être plus fort, ou les séparer pour générer plus de magie ? Vous pouvez lancer autant de sorts que vous avez de points disponibles, sur un livre déjà pré-établi. C’est un peu dommage d’avoir tout dès le départ, ça enlève le plaisir de découvrir un nouveau sort.

Enfin, coup de chapeau au système d'initiative, bien fichu et qui oblige à jouer les chefs d’orchestre. Le placement des unités est primordial, il faut anticiper les mouvements de vos adversaires façon jeu d'échecs. Idem pour le système de portée des armes à distances, à plusieurs niveaux. Le tout mis bout-à-bout, ça donne des combats rapides, nerveux, avec beaucoup de choses à prendre en compte. Grisant !

Interfaces un peu plus “early” que “access”

Outre le souci de rééquilibrage qui sera sans doute réglé à l’avenir, les interfaces ont également quelques problèmes. La volonté de les intégrer dans le gameplay, plutôt que de mettre des menus partout, est une excellente idée. Mais ça ne doit pas se faire au détriment de la visibilité. Peut-être que nous manquions de vigilance, mais il est possible de ne trouver le bouton de compétences spéciales des unités qu’après des heures de jeu, alors qu’il était à côté de leur barre de vie depuis le début… Le tutoriel, succession de textes à lire, n’est pas très engageant et ne nous dit même pas que la touche Alt du clavier permet d’afficher les éléments cliquables sur la carte principale, alors que c’est bien pratique !

Enfin, le joueur pourrait sans doute être mieux alerté de ce qui se passe, notamment au niveau de la gestion de la ville. Il y a bien un système de notification, assez peu visible dans un coin de l’écran. Un indice visuel permettant de savoir qu’une amélioration peut être achetée serait appréciable, pour l’instant vous devez penser à vérifier les bâtiments pour ne rien oublier. Enfin, laisser des troupes en faction dans une ville et organiser la défense s’avère encore laborieux. Ces très petits reproches ne doivent pas ternir les bonnes idées du jeu, mais allez, quitte à être exigeant, si les temps de chargement entre phase de combat et carte principale pouvaient être un peu moins longs… Merci d’avance !