En 2019, Raphaël Colantonio et Julien Roby quittent l’enceinte bien établie d’Arkane pour vaquer à de nouveaux périples plus risqués. Sous l’égide de WolfEye, leur bannière fraîchement bâtie, ils développent Weird West ; l’Action-RPG édité par Devolver nous embarque dans les confins d’un Ouest américain sauvage où cowboys cohabitent avec zombies et sirènes fétides. Les chemins croisés de cinq protagonistes chevronnés sont à tracer de notre main.

Ambiance western et immersive sim

Avec sa vue isométrique et son esthétique en cel-shading, Weird West peut faire penser à un vaste plateau de jeu cartoonesque où des pièces minuscules s’animent avec une rigidité immanquable. Mais la distance n’empêche pas au titre de WolfEye d’imposer une ambiance toute particulière. Une voix graveleuse vous guide dans les quartiers de repos et les domaines hostiles d’un western survitaminé. La bande-son vise juste et les visages sublimes dessinés par l’artiste Cédric Peyravernay, visibles dans les bulles de dialogue, donnent vie aux petits personnages. Ici chaque bâtiment, certes tous très stylisés, est pénétrable et abrite de généreuses ressources à looter. Les quêtes annexes et les rencontres inattendues sont d’agréables et de fréquents à-côtés. Et si vous êtes toujours poussé à l’action et aux affrontements, le récit n’est pas en reste pour autant. Pas exempt de quelques creux, mais toujours captivant, il se déroule auprès de personnages passionnants qui évoluent au sein d’un lore aussi bizarre que séduisant.

Votre première acolyte est Jane, redoutable as de la gâchette et ancienne chasseuse de primes forcée à reprendre du service suite à la découverte macabre du cadavre de son fils sur le bas de sa porte. Les coupables sont les Stillwaters, un groupe de mercenaires qui, sans vergogne, ont aussi kidnappé son âme sœur. Le protagoniste suivant est un homme à tête de cochon, métamorphosé par une sorcière infâme. Leurs destins dépendent en partie de vous. Héritier des codes de l’immersive sim déjà insufflés dans Prey et Dishonored, Weird West se façonne en fonction de vos actions. Décimez une ville entière et elle deviendra fantôme jusqu’à la fin de la partie, secourez des âmes en détresse et elles viendront vous porter assistance dans les épreuves difficiles. Votre réputation importe, comme certaines de vos décisions qui laissent leurs marques sur un monde intelligent qui évolue selon un cycle jour/nuit ; le terrain se soumet à vos actions : les bouteilles de verre peuvent être explosées en plein vol, des cordes peuvent être accrochées au rebord d’une fenêtre afin de s’y infiltrer, les lampes à huile peuvent s’enflammer. Les cases immersion et ambiance sont brillamment cochées.

Twin-Stick Shooter et RPG

Dans Weird West, l’action est en temps réel. Les mécaniques sont celles d’un twin-stick shooter intuitif aux sensations plaisantes. Le joystick gauche sert aux déplacements quand le stick droit aide à tracer une ligne de visée à l'écran. L'expérience est globalement fluide mais n'a pas échappé à quelques ralentissements sur PlayStation 4. Braver les dangers peut s’avérer ardu, mais jamais frustrant ; les zones hostiles pouvant toujours s'appréhender de plusieurs façons telles de petits puzzles à résoudre. La furtivité est une option, mais la densité des ennemis rend la méthode parfois difficile. Un système de sauvegarde rapide adoucit les erreurs. D’abord peu résistant, votre aventurier est personnalisable au fil d’intéressantes récoltes. Les fétiches de Nemp, des griffes pétrifiées de créatures mortes, peuvent être utilisés pour acquérir des compétences de classe et d’armes capables de vous sauver la mise. Les cartes d’or, elles, débloquent de nouveaux talents qui se conservent bien heureusement d’un personnage à l’autre. Et puis il y a les alliés : dans vos missions, vous pouvez embarquer jusqu’à deux compagnons de route, incluant les protagonistes de vos chapitres précédents. Mais en cas de trépas, aucun moyen de les ramener à la vie.

Vos armes ont des portées et des dégâts différents. Passer de l’une à l’autre est facile grâce à votre roulette. Mais le choix doit être judicieux, car les munitions se font rares. Un aspect en fait assez plaisant, qui vous force à l’économie de ressources et aux décisions rapides. Humains et créatures difformes défilent sous vos balles ou sous la lame bien aiguisée de votre machette. Et bien sûr, leurs aptitudes sont diverses. Seulement si le terrain réagit intelligemment, il n’en est pas vraiment de même pour les ennemis. Certains remarquent à peine votre présence tandis que vous venez de descendre son compagnon à quelques mètres à peine. Un autre a détecté en un coup d'œil le cadavre que nous avions judicieusement dissimulé dans un buisson. Frustrant. Mais pardonnable, tant l’étendue de Weird West est aussi vaste que généreuse. N'importe quel point de la carte peut être sélectionné pour s’y rendre. Et si vous optez pour une traversée à pied, attendez-vous à quelques embuscades de bandits, de coyotes ou même d’ours enragés. Un grand programme qui vous occupera bien une vingtaine d’heures en ligne droite.

Conclusion