Les studios Gearbox Software ressortent de leur arsenal une licence culte trois ans après l’assaut mené par Borderlands 3. Tiny Tina’s Wonderlands compte bien dépoussiérer au printemps 2022 un pilier du Looter-Shooter et souffler un vent de fraîcheur fantastique sur le genre. L’heroic-fantasy peut-il faire jeu égal avec le punk-apocalyptique ?
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Une aventure “Tina’nesque”
Gearbox Software a imaginé Tiny Tina’s Wonderlands comme un immense jeu vidéo de rôle sur table avec tout ce que cela implique en termes de rebondissements et de structure narrative. La jeune et singulière Tina, personnage charismatique fortement appréciée des fans, est aux commandes d’une aventure fantastique opposant de “nobles” aventuriers - les Mains du Destin - au Seigneur Dragon en personne. La force du récit se situe dans la capacité de la narratrice à changer les règles en cours de jeu et à altérer l'histoire selon son humeur. Tina est réputée pour être imprévisible et n'en faire qu’à sa tête en toutes circonstances. Elle le prouve une fois de plus.
Le scénario, à l’image de son autrice Tina, est volontairement décousu et puise sans vergogne dans les œuvres qui ont fait la gloire de l’heroic-fantasy, mais pas uniquement. Il souffle sur l’histoire de Wonderlands un vent de fraîcheur principalement dû à un effet de surprise omniprésent et une volonté assumée de dépayser quitte à oser le hors-piste. Bien entendu, le ton si caractéristique de la saga est bel et bien présent. Le contraire aurait été étonnant. L’humour est souvent gras, frappe fort et majoritairement sous la ceinture, et se veut référencé.
Entre les clins d'œil appuyés à la culture populaire et l’art "pas si subtil" de l’autodérision, les scénaristes caressent les joueurs dans le sens du pad. Les non-initiés seront probablement surpris avant d’adhérer ou non à cette plume qui a participé à la réputation de la saga Borderlands par le passé. La mise en scène, parfois en retrait afin de laisser au gameplay l’espace suffisant pour s’exprimer, enchaîne les séquences épiques avant de totalement les désamorcer via un trait d’esprit ou une boutade qui majoritairement touche sa cible… le fan. Toutefois, le récit s’avère parfois (trop) verbeux. A noter que les excellentes performances des acteurs de doublage français parviennent à retranscrire le ton, et donc l’humour, si particulier du jeu.
Un potpourri fantastique
Gearbox Software troque leur traditionnel cadre punk-apocalyptique pour celui de l’heroic-fantasy. Les artistes s’autorisent et à raison toutes les fantaisies, mêmes les plus improbables, pour concevoir un univers propice au dépaysement. Piraterie, Egypte antique, Atlantis, Le Seigneur des Anneaux, etc. Tiny Tina pioche ouvertement dans de nombreux mythes et autres œuvres majeures - littéraires et cinématographiques - pour enrichir un monde qui met l'accent sur la découverte. Crapahuter des heures durant dans des environnements semi-ouverts afin de dénicher divers collectibles et de lancer de nouvelles missions est toujours d’actualité.
Gearbox Software ajoute même une nouvelle strate qui relie ces différentes zones au demeurant vastes et généreuses en contenu. Cette surcouche appelée Overworld est une projection ludique de l’univers imaginé par Tiny Tina. Les aventuriers s’y déplacent en temps réel dans une version “chibi” ce qui rend le Wonderlands d’autant plus concret et intéressant à parcourir. Cependant, la perte de temps occasionnée par des allers-retours obligatoires entre les principaux lieux transforment une idée plaisante sur le papier en frein à la montée en puissance des personnages, malgré la richesse apportée par cet Overworld.
Tiny Tina’s Wonderlands possède des fondations techniques solides sur lesquelles repose une expérience de jeu fluide et exempte de bugs. Progresser dans l’aventure se fait sans heurts, sans ralentissements et autres désagréments du genre. Le titre développé par Gearbox Software n’est pas à la pointe de la technologie et ne cherche pas à l’être, mais se démarque par sa direction artistique en Cel Shading toujours aussi séduisante et des effets visuels léchés. Le simple plaisir de vagabonder dans cet univers coloré accompagne les joueurs tout au long de leur épopée.
Les sentiers de l'action
La formule mise au point par Gearbox Software sur la saga Borderlands a certes évolué avec le temps, a gommé s'est transformée un épisode après l’autre, mais demeure fidèle à ses origines sur bien des aspects. Tiny Tina’s Wonderlands ne révolutionne en rien le Looter-Shooter, et s’appuie fondamentalement sur les piliers du genre, et en particulier ceux hérités de ses aînés. Une fois en jeu, les fans retrouveront sans nul doute leurs habitudes tant le gameplay rappelle celui de Borderlands 3.
Armes à feu, pouvoirs magiques et corps à corps s’entrechoquent lors de combats rondement menés et bien souvent épiques face à un bestiaire varié. Malheureusement, et ce malgré le contexte fantastique, les attaques de mêlée sont constamment en retrait. Gearbox Software manque une occasion en or de redéfinir le temps d’un spin-off la recette du Looter-Shooter. Affronter des centaines d’ennemis s'avère toujours aussi plaisant, notamment grâce au feeling des armes à feu et des aptitudes aux effets dévastateurs. Cependant, la boucle de gameplay souffre d'une certaine répétitivité inhérente au genre.
Aussi fun soit le titre édité par 2K Games en solo, l’aventure gagne en intensité lorsqu’elle est partagée. Tiny Tina’s Wonderlands est jouable de 1 à 4 joueurs, et c’est bien de cette manière, et nulle autre, que le jeu se doit d’être exploré aussi bien en coopération qu’en compétition. La différence tient dans le simple fait de partager ou non le loot une fois les ennemis terrassés. Pour ce qui est de la dimension Shooter, l’aventure conçue par Gearbox Software se repose (trop) sur des bases ayant fait leurs preuves par le passé et ne s’en émancipe jamais véritablement.
L'appel du loot
Les nouveautés concernant ce spin-off de la saga Borderlands sont à chercher du côté de la personnalisation aussi bien cosmétique que ludique de l’avatar. Sur ce point, Gearbox Software n’a pas fait les choses à moitié. Au contraire, les studios ajoutent à la formule plusieurs mécaniques tirées des jeux de rôles et attendues de longue date par les fans. Il est désormais possible de créer intégralement un personnage. Pour ce faire, de nombreuses options de customisation permettent aux joueurs de modifier le visage, la morphologie, l’armure et les décorations du héros, au-delà des sets prédéfinis sur les précédents épisodes de la franchise.
Gearbox Software a toujours mis un point d’honneur à proposer une dimension RPG toujours plus riche, et cela passe également par la montée en puissance du personnage incarné. Au gain d’expérience et à l’obtention de nouvelles compétences passives et/ou actives s’ajoutent un système de multi-classes qui change radicalement la donne en offrant toujours plus d’opportunités aux joueurs pour bâtir une Main du Destin unique. Tiny Tina’s Wonderlands voit les choses en grand et applique sa vision rôliste avec un certain panache. Le loot n’est pas en reste, pour ne pas dire central. Pour ce qui est de looter, vous allez looter par centaines si ce n’est par milliers les équipements et autres armes.
Cette quête de puissance quasi sans fin est néanmoins confrontée à une limite parfois frustrante. Les récompenses octroyées par le système peinent par instant à correspondre au personnage forgé durant de longues heures. Enfin, les sentiers du loot s’étendent ici à perte de vue avec un End Game totalement repensé. La Chaos Chamber ouvre ses portes une fois la campagne principale terminée. Ces épreuves, qui prennent la forme de donjons agrémentés de plusieurs boss inédits, symbolisent cette dimension Looter prônée par les studios et donnent aux téméraires une raison de poursuivre l’aventure.
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Conclusion
Points forts
- Le ton et l’imprévisibilité de l'histoire contée
- L’univers ultra référencé
- La direction artistique colorée en Cel Shading
- Les doublages français
- Les combats acharnés face à un bestiaire renouvelé
- La personnalisation ludique et cosmétique des avatars (éditeur de personnage, multi-classes, loot, etc.)
- Le End Game (la Chaos Chamber)
- Le multijoueur (jusqu'à 4 joueurs)
- L'excellente durée de vie
Points faibles
- Un humour que ne plaira pas à tout le monde
- Un récit parfois secondaire et trop verbeux
- Des attaques de mêlée peu exploitées
- La répétitivité de la boucle de gameplay
- Un Overworld accessoire
Note de la rédaction
Tiny Tina’s Wonderlands n’est ni plus ni moins que le digne héritier de la saga Borderlands. Le titre de Gearbox Software reprend les codes du Looter-Shooter et les fait siens non sans apporter plusieurs nouveautés, à commencer par l’éditeur de personnage, le système de multi-classes et le End Game. Ce spin-off fantastique se démarque aussi de ses prédécesseurs par son récit à la fois épique et léger, sa narratrice imprévisible et son univers ultra référencé, mais conserve leur direction artistique toujours aussi séduisante et cette impression de forger sa propre destinée ludique. Tiny Tina’s Wonderlands est à conseiller dans un premier temps aux fans de Borderlands, mais devrait également plaire aux amateurs d’heroic-fantasy et aux joueurs curieux.