Après avoir régalé pendant un temps les - quelques - joueurs de la plateforme Stadia, Young Souls débarque sur consoles et PC. C’est un beat'em up / RPG haut en couleur imaginé par le jeune studio français 1P2P, dont c’est le premier projet. Et mine de rien, l’équipe a pris le taureau par les cornes, avec une direction artistique ambitieuse et un système de combat à la fois riche et simple à prendre en main. Le tout en solo ou avec un ami, en coopération locale. Alors, qu’est-ce que ça vaut ? Voici notre verdict.
Test réalisé sur PC. Young Souls est également disponible sur PC, PS4, Xbox One, Nintendo Switch et Stadia.
À l’instar de son système de combat, le monde de Young Souls cache, par-delà son apparente simplicité, des trésors qui ne demandent qu’à être découverts. Et ça tombe bien car le quotidien de Jenn et Tristan - les deux héros - paraît bien banal et ennuyeux, en début de partie. À quoi bon aller à l’école et supporter les autres élèves ? Mais les jeunes gens vont découvrir le poteau rose : depuis des années, une ville de gobelins prospère en réalité sous leurs pieds. Pire, leur père adoptif, Le Professeur, a été enlevé, et il faut bien sûr lui venir en aide. L’homme connaissait la vérité et ses recherches ne semblent pas vraiment plaire aux êtres souterrains. Jenn et Tristan devront donc s’aventurer au plus profond de la Terre pour retrouver le scientifique et au passage mettre un terme au projet de vengeance des gobelins. Le maître-mot pour y parvenir : baston, baston et encore baston.
Donjons & Gobelins
Même si, dans Young Souls, le scénario occupe une place plutôt importante (avec une écriture assez agréable et quelques très belles cinématiques), ce sont avant tout les phases d’action qui figurent au premier plan. Après une intro d’environ une heure, le joueur entrera dans le Portail Lunaire, passage qui mène à la cité des gobelins. Mais avant d’arriver à La Salle du Trône - là où est détenu Professeur - il faudra trouver trois artefacts et explorer en tout quatre donjons. Les précieux objets serviront à améliorer la puissance du portail et descendre toujours plus loin dans les profondeurs. Plus concrètement, chacun des donjons est ici une succession de courts niveaux où vous devrez enchaîner des zones remplies d’ennemis, avec en prime quelques rares phases de plateforme. Et le tout ne sera pas simple comme bonjour. Déjà parce que les niveaux imposent de temps en temps un challenge assez relevé - nous reviendrons sur le sujet dans un second temps - et surtout parce que les donjons ne se résument pas à une simple ligne droite. Vous tomberez souvent sur de gros embranchements, où vous pourrez choisir d’emprunter un chemin plutôt qu’un autre. Mais ne vous faîtes pas, on est clairement loin du labyrinthe. L’idée est d’insuffler de la variété et de l’exploration en marge des phases d’action qui restent très linéaires.
Action à la carte
Dans Young Souls, dans 95% du temps, vous allez donc avancer de gauche à droite pour terrasser un tas d’ennemis, dans la plus pure tradition du beat’em up (comme dans Streets of Rage 4 par exemple). Si jamais vous vous posez la question : non, le titre ne propose pas de missions annexes, mis à part les routes et trésors secondaires à trouver dans les donjons, renfermant bien souvent les pièces d’équipement les plus précieuses. Avec une telle formule, on s’attend donc à ce que les combats envoient du pâté, et c’est bien sûr le cas ici. Les affrontements de Young Souls sont à la fois dynamiques, faciles à prendre en main et très satisfaisants, faisant parler les boucliers, les armes légères et lourdes au détriment des poings. Une réussite qui repose avant tout sur le gameplay à deux héros. En marge du mode multi local où chacun contrôle Jenn ou Tristan, le titre propose de changer de personnage n’importe quand en combat - il faudra seulement attendre quelques instants avant de répéter l’opération. De quoi mettre à profit les talents de l’un ou de l’autre et de donner un bon coup de peps à l’ensemble. Si l’un des personnages meurt, vous devrez prendre un petit peu de temps pour le réanimer.
Surtout qu’avec ce Young Souls, les talents des héros sont entièrement personnalisables, grâce à une dimension jeu de rôle. Il sera ainsi possible de prévoir, d’un côté, un build lourd avec une grosse armure et une arme à deux mains (sachant que le poids de l’équipement influe sur la vitesse de déplacement) et, de l’autre côté, une double-lame avec des protections légères. Sans oublier l’importance des Accessoires, des armes ou objets à équiper en plus de la lame principale, comme un arc ou des bombes, et qui ouvrent la voie à encore d'autres complémentarités. L’un dans l’autre, c’est très agréable à utiliser et d’adapter sa stratégie selon les ennemis présents sur le terrain, ce qui se révèle d’autant plus important dans les niveaux de difficulté avancés. Toutefois, le jeu n’offre pas non plus une infinité de possibilités du côté de l'équipement, la faute aux quatre types d’armes “seulement” disponibles (mais qui bénéficient quand même de bonus et de pouvoirs très variés). La majorité des joueurs se retrouveront donc avec un duo lourd / léger. C’est dommage. On aurait aimé plus sur ce point. Notez que les statistiques des armes et des héros peuvent être améliorés grâce à divers objets et de l'expérience.
Mais ce n’est pas ce détail qui vous gâchera le plaisir. Car au-delà de la sélection d’équipement, les combats de Young Souls sont fondamentalement réussis. Plus clairement, nous avons pris du plaisir avec chacun des types d’armes, notamment grâce au feeling des coups, qui délivre de très bonnes sensations. Des mandales qui sont d’ailleurs capables d’envoyer l’adversaire dans les airs - où l’on peut poursuivre son combo - ou de le faire rebondir sur un mur. Pour cela, vous devrez faire appel aux techniques les plus puissantes, comme l’attaque chargée, ou votre pouvoir spécial. Ce dernier est conditionné par le niveau de votre barre de mana, qui se remplit à mesure des coups que vous donnez à l’adversaire. Cerise sur le gâteau : ce pouvoir change en fonction des armes, avec des frappes au corps-à-corps, de la magie à distance voire de l’invocation d’alliés. C’est donc une ressource très importante à surveiller, au même titre que l’endurance, qui permet aux héros de réaliser quelques roulades (leur exécution repose sur une logique de paliers et pas à n’importe quel niveau d’énergie). Il y a aussi du blocage avec le bouclier, de la parade, du lancé d’objet en pleine poire. Le tout en faisant attention à son placement, ici crucial - et qui manque peut-être encore un petit peu de précision - avec ce mélange 2D-3D.
Exigeant et abordable
Vous l’aurez donc compris, les combats de Young Souls sont “simples à prendre en main mais durs à maîtriser” comme on dit dans le milieu. Et c’est d’ailleurs dans les modes de difficulté avancés que les phases d’action révèlent leur profondeur. En “Challenge”, vous n’aurez par exemple qu’une chance par héros de réanimer un personnage tombé au combat. En “Expert”, vous n’aurez tout simplement pas le droit à l’erreur. Le tout vous poussera à fignoler l’ensemble de vos approches et pièces d’équipement tout en faisant attention à un dernier détail important : la santé du héros, qui remonte lorsque celui-ci n’est pas sur le terrain (mais pas possible de retrouver toute sa vie non plus). Au passage, sachez que vous ne pourrez pas non plus utiliser à répétition les potions de soin, soumises un temps de recharge. Même chose pour les Accessoires. Un tas de paramètres sur lesquels il faut toujours garder un œil et qui sont bien pensés, sans jamais être frustrants. Encore un bon point.
Surtout : vous pouvez changer à tout moment le niveau de difficulté, même au beau milieu d’un combat. De quoi réhausser le challenge quand on ressent un manque de ce côté-là, ou bien réduire la difficulté pour venir à bout d'un boss un peu trop compliqué. Il y a aussi tout un menu avec une dizaine d’options d’accessibilité pour convenir à toutes et tous. Une souplesse qui représente une autre jolie qualité pour Young Souls. Car plus qu’un beat’em up solide, le titre de 1P2P est une aventure agréable à vivre et à suivre, avec une très chouette direction artistique, des héros au design soigné et souvent bien écrits (on est en revanche pas super fan de la vulgarité assez gratuite de certains dialogues). Il y a même une petite ville à la surface, où vous pouvez brièvement vous balader, parler avec des habitants et acheter quelques objets. Alors si l’histoire reste convenue et qu’il y a encore quelques bugs à déplorer, Young Souls offre une aventure plus que réussie pendant 10h. Une très bonne pioche.
Conclusion
Points forts
- Des combats très réussis
- Le gameplay à deux héros
- Un aspect RPG bienvenu
- Univers original, travaillé
- Jolie direction artistique
- Le mode coop à deux
- Un challenge flexible
Points faibles
- Écriture assez perfectible
- Un léger manque d’armes
- Patterns qui se répètent
Note de la rédaction
Avec des combats solides et un univers aussi plaisant pour les yeux qu’intéressant à découvrir, les français de 1P2P visent juste avec Young Souls et nous offrent avec un beat’em up RPG de très bonne facture. Son gros point fort, ce sont d’abord ses phases d’action, qui reposent sur un duo de héros à personnaliser entièrement. Alors oui, on aurait apprécié un petit peu plus de matière de ce côté-là, pour éviter de tomber dans le cas d’école du tandem lourd / léger. Mais ce n’est clairement qu’un détail. Peu importe la situation, les affrontements de Young Souls sont dynamiques, tactiques, surtout dans les modes de difficulté avancés. Le joueur a d’ailleurs la possibilité de régler le challenge à sa convenance et à tout moment. Un autre très bon point qui permet d’apprécier en toutes circonstances l’univers de Young Souls, qui a fait l’objet d’un soin tout particulier malgré une écriture au final assez perfectible. Un premier projet qui annonce la couleur pour les futurs titres du 1P2P. Du très bon, inclus au Game Pass.