Bien qu’il ne soit pas le premier jeu du genre, Final Fantasy Tactics a marqué les esprits de bien des manières depuis sa sortie initiale en 1997. Au-delà du genre tactical-RPG au tour par tour, le jeu de Square Enix offrait un scénario prenant et un univers particulièrement crédible. C’est dans cette lignée que vient s’inscrire Triangle Strategy.
Sommaire
- Les graphismes 2D-HD
- Univers et scénario : Des choix et de la politique
- Fins et durée de vie
- Système de combat et d'évolution
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En sortant Octopath Traveler, le studio BD11 de Square Enix a lancé la mode du 2D-HD : des jeux qui profitent de pixel-arts à l’ancienne pour les décors et personnages tout en utilisant des effets 3D pour la lumière, les reflets et les sorts, notamment. Après le succès du premier jeu cité, les développeurs de BD11 étaient attendus au tournant. Ce Triangle Strategy est au final officiellement développé par Artdink (derrière les jeux de simulation A-Train), mais il reste sous la houlette du même producteur, Tomoya Asano, et d’une partie de l’équipe BD11.
Les graphismes 2D-HD
Le premier constat est bien évidemment visuel. Triangle Strategy est tout simplement magnifique à regarder, mélangeant la patte artistique incroyable de l’époque 16-bits avec des effets 3D sous Unreal Engine 4. Le travail sur les couleurs et les décors est de toute beauté et chaque lieu a été créé pixel par pixel pour un rendu impeccable. La gestion de la lumière amène un style unique à l’ensemble, le soleil radieux ou les temps pluvieux ajoutant de la vie à chaque zone. Nul doute qu’il y a de la passion derrière ce travail d’orfèvre, et en tant que joueur, on ne peut qu’apprécier. L’univers est d’autant plus cohérent qu’on reconnaît la région dans laquelle on est situé en un coup d’oeil, entre les déserts brûlants, les plaines enneigées et les terres herbeuses du centre de la carte.
Univers et scénario : Des choix et de la politique
L’univers de Triangle Strategy, c’est le point d’attrait principal du Tactical-RPG de Square Enix. Au début de l’aventure, on suit le destin de Serenor Wolffort, futur héritier de la Maison Wolffort dirigée de main de maître par son père Simon. Rapidement, on comprend le contexte de la région de Norzélia où se déroulent les évènements : une tension politique règne entre les trois états : Le Duché d’Aefrost situé au nord, les terres saintes de Hyzante, à l’est et le Royaume de Glenbrook qui prend la partie ouest. Si la paix est effective, le Roi de Glenbrook ayant réussi à réunir les trois nations sous un projet commun d’excavation dans une mine, une guerre de plus de 30 ans s’est terminée il y a peu et les desseins de chaque dirigeant ne sont pas clairs. Sans surprise, les choses vont rapidement dégénérer et nous allons devoir construire une petite armée pour mener des batailles aux conséquences parfois dramatiques. Un mariage arrangé, des trahisons et des compagnons d’infortune, Triangle Strategy brille par un scénario alambiqué et un univers politique ultra cohérent, qui en fait sans aucun doute un des jeux du genre les plus accrocheurs ! Ce dernier point est d’ailleurs important pour deux raisons : d’une, Triangle Strategy est très verbeux. On passe certainement autant de temps à parler avec des NPC et à assister à des scènes entre chefs de nation qu’à nous battre sur le champ de bataille. Cela pourrait paraître comme un défaut pour certains et pourtant il n’en est rien. Car, et c’est notre deuxième raison, il va falloir suivre ses conversations avec attention puisque nos décisions, basées sur notre ressenti personnel, ont un grand impact sur la suite de l’aventure.
Pour être clair, Triangle Strategy fait du joueur un véritable politicien, qui doit faire des choix aux grandes conséquences. Faut-il livrer notre meilleur ami à l’agresseur ou faut-il nous battre sur nos propres terres, quitte à brûler la moitié de notre propre royaume et devoir en subir les conséquences auprès de notre peuple ? Voilà le genre de décisions que le joueur doit prendre, la plupart du temps sans être sûr des tenants et aboutissants. Pour se renseigner, on participe à des phases d’enquêtes pendant lesquels des habitants donnent leur avis sur la question, mais le jeu ne rend jamais le choix facile et il y a toujours du pour et du contre dans chaque situation. Là où le système est très intéressant, c’est que le joueur n’a même pas la mainmise sur le verdict. Serenor étant un partisan de la démocratie, il soumet toutes ses décisions à un vote auquel participent ses compagnons (Serenor, le joueur, ne vote pas). Chacun à sa propre opinion sur le sujet et c’est au joueur d’essayer de convaincre ceux qui ne sont pas d’accord avec lui, en parlant avec eux. Obtenir des informations auprès des habitants permet à Serenor d’avoir des choix de dialogues supplémentaires dans ces discussions, mais ce n’est pas pour autant que ce sont les bons mots pour convaincre l’interlocuteur. Certains sont d’ailleurs plus inflexibles que d’autres selon la situation, et les décisions passées du joueur. D'ailleurs, certaines réponses lors de discussions, et nos prouesses en combat, ont toutes un impact sur la force de conviction de Serenor. Ce système hautement démocratique est d’autant plus efficace qu’à aucun moment le joueur n’a accès à un indicateur de moralité qui lui précise dans quelle direction sa morale penche (si on peut parler dans morale dans un jeu qui n’est pas vraiment manichéen). Dans l’esprit, comme en politique, on ne maîtrise pas tout, ce qui rend d’autant plus intrigante la suite de l’histoire ! Rares sont les jeux de ce type qui nous poussent à suivre leur histoire avec passion, surtout quand des personnages meurent de façon régulière.
Fins et durée de vie
Vous l’aurez peut-être compris, Triangle Strategy fonctionne avec un système de chapitres, et il est impossible de faire tous les chapitres en une seule partie. En effet, si de nombreuses séquences se rejoignent, d’autres nous font jouer une partie de l’histoire différente avec des impacts distincts. Il y a des régions dans lesquelles on ne mettra peut-être jamais les pieds (ou bien plus tard dans le scénario, dans des conditions différentes) parce qu’on aura décidé d’aller dans un lieu plutôt qu’un autre. A vrai dire, certains alliés potentiels ne nous rejoignent jamais selon nos choix, et le titre offre plusieurs fins différentes. Attendez-vous à faire quelques New Game+ pour tout voir ! On remercie d’ailleurs les développeurs d’avoir inclus une frise des chapitres qui nous permet de voir les différentes bifurcations, ce qui permet d’avoir une visibilité sur ce qu’on a fait ou pas sans pour autant connaître le contenu de ce qu'on a pas vu. Comptez bien une trentaine d’heures de jeu pour la première partie, et sans doute vingt heures de plus si vous espérez tout voir.
Système de combat et d'évolution
Si la politique est le point d’orgue de Triangle Strategy, il faudra bien sûr prendre régulièrement les armes, ce qui nous amène à la partie Tactical-RPG. Dans l’esprit, nous sommes devant un classique du genre très proche de ce que proposait Final Fantasy Tactics et les jeux de Yasumi Matsuno en général. Sur un terrain quadrillé, on place ses unités et on peut agir au tour par tour. Chacune d’entre elles dispose de compétences spécifiques et est plus habile dans le domaine de la magie, de la défense ou des pièges par exemple. Il n’existe pas de doublons et il faudra faire les bons choix dès la formation de l’équipe. Dans les éléments à prendre en compte, il y a la vitesse de déplacement de chacun, leur portée, le type de terrain qui a une influence sur la précision ou l’esquive par exemple, ou encore la hauteur. Mettre des archers sur les toits de maison, garder les magiciens à distance et placer des pièges pour gérer la position des adversaires, les stratégies sont nombreuses, voire nécessaires selon le mode de difficulté choisi. Comme souvent dans les jeux du genre, il est important de jouer défensivement pour ne pas envoyer nos personnages en enfer. Notez qu’aucune mort n’est permanente dans Triangle Strategy, ce qui enlève malheureusement un peu de tension.
Au rayon des regrets, on note un système d’évolution des personnages très basique. On peut certes influer sur quelques statistiques lors des montées de niveau, mais rien de drastique. Du coup, on se contente de refaire les pseudo quêtes annexes à volonté pour monter les persos et gagner des hauts faits (points octroyés lors de certaines actions simples qui font office de seconde monnaie), mais on ne peut pas parler de stratégie à ce niveau. Le système d’atout fait office de jokers en nombre limité à utiliser à n’importe quel moment au combat et seul le système de tenaille (bonus d’attaque lorsqu’un ennemi est encerclé) ajoute une légère dimension stratégique supplémentaire. Attention, cela ne veut pas dire que Triangle Strategy est simple, la difficulté étant au rendez-vous en mode difficile. De plus, il est possible de jouer avec les éléments, comme l’eau qui conduit l’électricité ou le feu qui fait fondre la glace, même si on peut très bien s’en sortir sans maîtriser à fond ce domaine.
Terminons rapidement cet article par un mot sur la bande-son, avec des musiques d’excellente facture, signées Akira Senju surtout connu pour des B.O. d’animes et de quelques films. Triangle Strategy bénéficie aussi de doublages en anglais et japonais, et ce n’est pas peu dire vu la grande quantité de dialogues parlés.
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Conclusion
Points forts
- Un univers ultra cohérent
- Le système de vote et les conséquences de chaque choix
- Un contexte politique prenant
- Du très beau pixel art, accentué par des effets 3D réussis
- Les multiples fins
- Un tactical efficace
- Une bonne durée de vie
Points faibles
- Des combats assez classiques
- Le système d’évolution des personnages n’est pas des plus excitants
- Manque de missions annexes scénarisées
Note de la rédaction
Triangle Strategy réussit là où on ne l’attendait peut-être pas. En plus de ces visuels alléchants mariant pixel-art et effets 3D, et de son système de combat plutôt efficace malgré un classicisme certain, il propose un univers des plus cohérents et surtout un scénario prenant. Le principe de vote pour les décisions politiques pousse le joueur à vraiment essayer de comprendre ce qui se joue et l’idée de convaincre d’autres personnages plutôt que de décider soi-même nous met directement devant l’impact de nos choix passés. Bien qu’on aurait aimé avoir plus d’alternatives quant à l’évolution des personnages en termes de statistiques et de compétences, on en a pour notre argent. Rien à dire, Triangle Strategy est tout bonnement excellent !