Annoncé lors de l'E3 2021, Stranger of Paradise : Final Fantasy Origin en a surpris plus d'un lors de sa présentation alors que des rumeurs d'un Final Fantasy façon Dark Souls se faisaient de plus en plus pressantes. Pour rassurer les joueurs, le titre a ensuite proposé de nombreuses démos pour dévoiler les possibilités de son gameplay. Mais alors que la franchise célèbre cette année ses 35 ans, Stranger of Paradise Final Fantasy Origin réussit-il à être un bon spin-off (un épisode en marge de la série classique) de la saga phare de Square Enix ?
Sommaire
- Le monde du premier Final Fantasy réinventé
- Un gameplay à mi-chemin entre Nioh et Final Fantasy
- Une expérience aussi difficile qu'Elden Ring ?
- Des graphismes datés et une direction artistique particulière
Souvenez-vous: à l'été 2021, de nombreuses rumeurs prédisaient qu'un Final Fantasy façon Dark Souls allait être annoncé lors du Square Enix Presents, un stream diffusé au cours de l'E3 dédié aux jeux de l'éditeur japonais. Ça n'a pas manqué puisque Square Enix a bel et bien présenté Stranger of Paradise Final Fantasy Origin au cours de cet événement. Derrière ce titre à rallonge (que l'on va tout de suite abréger en SOPFFO), on découvre rapidement que le développement de ce spin-off est confié à la Team Ninja, des habitués des jeux d'action à la japonaise à qui l'on doit la série des Dead or Alive ou Ninja Gaiden.
Cependant ce n'est pas la première fois que le studio travaille sur la franchise Final Fantasy puisqu'on leur doit notamment le jeu de combat Dissidia : Final Fantasy NT, ainsi que le jeu mobile Dissidia Final Fantasy : Opera Omnia. Avec Team Ninja, il est alors évident que ce spin-off va plus se rapprocher des précédentes productions du studio comme Nioh et Nioh 2 plutôt que d'un Dark Souls, même si les deux séries partagent des similitudes. En toute logique, on était donc en droit de s'attendre à un spin-off de Final Fantasy version jeu de rôle action qui reprend des éléments de la formule de From Software, mais avec un gameplay qui rappelle les Ninja Gaiden.
Le monde du premier Final Fantasy réinventé
En plus de cet aspect action qui tranche avec le traditionnel tour par tour de la franchise, SOPFFO a aussi surpris beaucoup de monde dès son annonce par le choix de se dérouler dans l'univers du premier Final Fantasy. Sauf que cette fois, au lieu de jouer quatre Guerriers de la Lumière, on incarne Jack et ses compagnons, Ash et Jed, qui se sont rencontrés grâce aux cristaux noirs en leur possession et qui partagent un objectif commun : vaincre Chaos, une entité qui serait à l'origine de tous les maux du royaume. En réalité, on se rend rapidement compte que cet objectif est une véritable obsession pour Jack au point de tout ramener à Chaos et de répéter son nom en permanence, ce qui a fait l'objet de quelques moqueries sur les réseaux sociaux lors de l'annonce du jeu.
À partir de ce postulat, l'intrigue du jeu propose une réinterprétation des éléments du premier Final Fantasy, mais qui peine à impliquer le joueur à cause de la forme de sa narration. En effet, la plupart du temps, on se contente d'enchaîner les niveaux avec une cinématique au début et à la fin qui font progresser le récit. Une forme malheureusement simpliste puisque le titre explore des pistes intéressantes pour donner un nouveau sens aux événements du jeu original. De plus, l'intrigue est aussi gâchée par un décalage entre des conversations sérieuses et des réactions complètement inattendues, voire saugrenues, des protagonistes qui brisent tout l'enjeu du moment. Par exemple, à la fin du premier niveau, notre groupe de héros fait la rencontre de Néon, une jeune femme qui rejoint vite l'équipe. Elle tente d'expliquer à nos héros une théorie : Chaos, le grand méchant n'existerait pas, ce à quoi Jack rétorque que ce ne sont que des foutaises, avant de sortir seul du temple... en passant un morceau de rock à fond sur son téléphone. Tout au long de l'aventure, le titre réserve plusieurs moments décalés de ce genre-là qui prêtent à sourire, mais qui finissent par desservir ce que le scénario essaie de construire, à savoir un nouveau point de vue sur les événements de Final Fantasy, premier du nom.
Au-delà de son récit singulier, SOPFFO nous donne l'occasion de recroiser les personnages et lieux de Final Fantasy I que l'on ne connaissait jusque-là qu'à travers des pixels. Rapidement, on est amenés à rencontrer la princesse Sarah, le chef des pirates Bikke ou encore le roi des elfes noirs Astos, mais aussi à redécouvrir des endroits bien connus comme la cité royale de Cornélia, la ville portuaire de Pravoka ou encore le Temple de Chaos. Mais bien plus qu'au jeu original, c'est à toute la franchise que le titre rend hommage puisque tous les niveaux sont inspirés des donjons des épisodes numérotés, aussi bien dans leur aspect visuel que musical. Concrètement, l'un des niveaux reprend par exemple l'atsmophère du premier donjon de Final Fantasy XIV : A Realm Reborn, Sastasha. Par ces multiples références, le titre revêt donc un aspect de jeu anniversaire plutôt logique en cette année des 35 ans de la série. Néanmoins, on peut tout de même regretter que les donjons choisis ne soient pas toujours les plus iconiques de chaque jeu.
Un gameplay à mi-chemin entre Nioh et Final Fantasy
S'il reprend de nombreux éléments de l'ADN de Final Fantasy comme le système de jobs, SOPFFO est d'abord un jeu d'action nerveux qui propose un gameplay particulièrement soigné. Sur les bases de ce système de combat de Nioh 2, le titre est encore plus frénétique que ce dernier grâce à la suppression de la jauge d'endurance et du système de posture. Désormais, on peut donc enchaîner les coups sans contrainte jusqu'à briser la jauge de rupture pour immobiliser l'ennemi (un peu comme dans Sekiro Shadows Die Twice), avant de l'achever avec une Explosion d'âme particulièrement brutale. À chacune de ces exécutions, qui rappellent celles des God of War sur PS2, Jack attrape brutalement son adversaire avant de le transformer en cristal rouge et de le faire exploser en mille éclats.
Au-delà des attaques de base, chaque job dispose de ses propres techniques qui consomment une partie de la barre de magie (ou MP pour les puristes). Pour remplir cette dernière et atteindre sa taille maximale, il faut achever ses adversaires grâce à une Explosion d'âme ou absorber une attaque ennemie avec une garde spéciale appelée Égide spirituelle. Cependant, cette dernière consomme rapidement votre jauge de rupture et si elle se brise, vous serez alors vulnérable pendant une longue période. Par ces deux mécaniques, le titre pousse le joueur à être particulièrement agressif et réactif face aux mouvements de ses opposants. En résulte un gameplay jouissif qui doit gagner en intensité grâce à son mode multijoueur que nous n'avons pas pu essayer au cours du test. Malheureusement, ce déluge d'action efficace est entaché par un manque de lisibilité à l'écran.
Côté mécaniques de jeu, le titre propose un grand nombre de jobs iconiques de la saga Final Fantasy : paladin, moine, voleur, mage noir, blanc et rouge, samurai, ninja, chevalier dragon... Pour ne pas frustrer le joueur en l'obligeant à faire un choix, SOPFFO permet de basculer d'un job à l'autre à tout moment, sans avoir à repasser par le menu d'équipement. Une façon originale de customiser son personnage en tirant parti des techniques des deux jobs. Combiner le sort "Booster" du Mage avec les coups naturellement rapides du Moine et vos adversaires seront submergés par un déluge d'attaques. Mais là où le titre excelle particulièrement, c'est qu'il parvient à rendre aussi fun à jouer tous les jobs, aussi bien les plus agiles, comme le voleur, que les mages qui doivent charger leurs sorts pour être plus efficace. De plus, chaque job dispose d'un arbre de compétences qui lui est propre et puisque la montée de niveaux est relativement rapide, on peut facilement essayer tous les gameplays et trouver ainsi celui qui nous convient le mieux.
De façon générale, SOPFFO est un titre qui permet au joueur de personnaliser son approche de manière poussée, et de créer ainsi des emsembles variés. Cela passe d'abord par le menu des combos qui permet de choisir les techniques que l'on souhaite utiliser en fonction de chaque situation, et ce, pour chaque job. Pour le dire plus simplement, cette interface permet de faire en sorte qu'après un enchaînement d'un, deux, trois coups, une attaque chargée ou encore une garde parfaite, il possible d'utiliser une compétence différente dans chaque cas. On retrouve aussi cette volonté de proposer une personnalisation poussée dans l'équipement puisqu'à force de porter différents éléments qui ont une affinité avec un même job, il est possible de profiter de bonus passifs propres à ce dernier. D'ailleurs, pour ce qui est des armes et armures, le titre est particulièrement généreux puisqu'on récupère au cours d'un niveau plusieurs dizaines, voire une centaine, d'objets ce qui donne parfois la sensation d'être submergé. Dans tous les cas, il est possible de désassembler tout ce qui ne sert pas pour récupérer des ressources et améliorer l'équipement dont on a réellement besoin.
Stranger of Paradise Final Fantasy Origin dévoile de nouvelles images !
Une expérience aussi difficile qu'Elden Ring ?
Puisque Nioh a beaucoup été comparé à Dark Souls et à ses suites lors de sa sortie, on serait tenté de faire la même chose avec SOPFFO et la dernière production de From Software, Elden Ring. Mais en réalité, les deux titres ne partagent plus autant d'éléments en commun que leurs prédécesseurs. Certes, on retrouve quelques éléments issus de la formule des Souls avec une expérience de jeu qui se veut un minimum exigeante, un nombre de potions limité ou encore le système de feux de camp, mais la direction très action du titre à la limite de beat'em up (combat comtre plusieurs adversaires) rend compliquée la comparaison entre les deux jeux. Malgré tout, on note que la difficulté du titre est beaucoup moins élevée que celle d'Elden Ring, et ce, pour plusieurs raisons.
Tout d'abord, si le débat sur la présence d'un mode facile dans les Soulsborne revient régulièrement, SOPFFO tranche en proposant trois modes de difficulté classiques : facile, normale et difficile. Bien entendu, plus le challenge est relevé, plus on obtient de récompenses intéressantes en fin du niveau. Au-delà de ce choix, le titre propose aussi des conseils aux joueurs en cas d'échecs répétés face à un boss. Enfin, la plus grande différence avec les productions de From Software où la solitude est de mise (hormis certains moments précis où l'on peut invoquer des alliés), c'est qu'ici, le jouer est constamment accompagné par de deux de ses compagnons contrôlés par la console en solo, mais qui peuvent être incarnés par d'autres joueurs à plusieurs. Si vos camarades agissent seuls, il est possible de leur ordonner de devenir plus agressifs pendant une courte période de temps afin qu'ils accaparent l'attention des ennemis pour vous soigner dans un coin par exemple. Même de manière générale, les ennemis sont moins brutaux que dans les productions From Software, hormis certaines créatures spéciales comme les Tonberry (les fans de FF connaissent la bête...).
Malheureusement, s'il y a bien un aspect sur lequel SOPFFO se défend beaucoup moins bien que les productions From Software, c'est en ce qui concerne le level design. Comme dans Nioh, ici pas de monde ouvert puisque le jeu prend la forme de niveaux que l'on peut sélectionner à partir de la carte du monde . On n'a donc pas droit à des environnements interconnectés comme dans Dark Souls. Mais une fois en jeu, on se rend vite compte qu'on se contente d'avancer à travers des couloirs qui proposent parfois des détours menant à des coffres. Mais la plupart du temps, le level design reste assez basique, avec des raccourcis réguliers qui apparaissent pour retourner à un cube activé précédemment, l'équivalent des feux de camp de Dark Souls. Une structure de niveaux assez classique donc, poussant le joueur à se concentrer d'autant plus sur les combats.
Des graphismes datés et une direction artistique particulière
Jusque-là, il y a un aspect que nous n'avons pas abordé alors qu'il fait figure d'éléphant dans un magasin de porcelaine : la partie artistique et technique. N'y allons pas par quatre chemins : oui, SOPFFO est visuellement daté. Effet de scintillement très prononcé par moments, animations faciales figées lors des cinématiques mineures, une image qui manque de finesse... Clairement, on a parfois l'impression d'avoir à faire à un jeu de la fin de la PS3 plutôt qu'à un titre cross-gen PS4-PS5. Au moins, le titre parvient à offrir un framerate à 60 images par seconde que ce soit en mode Résolution ou Fréquence d'images, ce qui est assez important pour un jeu d'action frénétique. Malheureusement, on se rend compte que le premier mode souffre de ralentissements lorsque les ennemis sont trop nombreux, tandis que le second offre une résolution parfois si basse qu'on se demande si on a toujours à faire à du 1080p.
Au-delà de cette technique fluide mais visuellement datée, la direction artistique a aussi fait beaucoup parler d'elle dès l'annonce du jeu. Entre les environnements qui proposent un mélange science-fiction et fantasy, le design contemporain des personnages principaux qui tranche avec l'univers dans lequel ils évoluent, ainsi que les équipements trop souvent en cuir noir, les différents partis pris visuels de Team Ninja risquent de ne pas plaire à tout le monde. Il s'en dégage une esthétique typique des jeux japonais de l'ère PS3-Xbox 360 qui rappellera autant de souvenirs à certains qu'il n'en rebutera d'autres. Cependant, au-delà de ces considérations esthétiques, on peut noter que ces choix visuels sont justifiés par l'univers du jeu, ce qui offre une certaine cohérence à l'ensemble.
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Conclusion
Points forts
- Un gameplay dynamique et nerveux terriblement efficace
- Une grande variété de jobs tous aussi fun à jouer les uns que les autres
- La possibilité de personnaliser son champion et ses builds avec aisance
- Des niveaux inspirés des épisodes numérotés de la franchise
- Difficulté ajustable pour tous les types de joueurs
- Une bande-son parsemée de sympathiques reprises
Points faibles
- Visuellement vraiment daté (scintillement, résolution, animations faciales...)
- Level design peu inspiré souvent en forme de couloirs
- Un scénario intéressant mais desservi par des scènes saugrenues
- Combats parfois confus à cause d'une caméra qui a du mal à suivre
- Direction artistique clivante
Note de la rédaction
Passé son titre à rallonge et sa proposition singulière, Stranger of Paradise Final Fantasy Origin brille par son gameplay nerveux et surtout fun, tout droit hérité de l'expérience de Team Ninja avec la série des Nioh. Grâce à la variété de jobs proposée et la personnalisation de son héros, le joueur peut facilement renouveler sa façon de jouer pour ne jamais se lasser. Mais au-delà de ses combats effrénés, le titre souffre d'une technique vraiment datée, d'une histoire pas toujours maîtrisée malgré des pistes intéressantes, ainsi que de choix esthétiques particuliers qui risquent d'en rebuter plus d'un. Il n'en reste pas moins un jeu d'action très efficace qui rend hommage aux jeux de la franchise Final Fantasy et promet d'être encore plus agréable à jouer en multijoueur.
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