Jouable en solo ou en coopération, Babylon’s Fall, comme son nom l’indique, s’imprègne du mythe biblique de la Tour de Babel. Dans cet action-RPG, autrement dit un jeu de rôle orienté action disposant de combats en temps réel et non au tour par tour, le joueur incarne une sentinelle qui doit gravir l’édifice pour y découvrir ses secrets. Parmi les recrues, il y a peu d’élus et beaucoup d’individus meurent au moment de recevoir le coffre de Gédéon, une sorte de sac-à-dos magique ne faisant qu’un avec son hôte. Bien évidemment, le protagoniste en réchappe et rejoint la caste des guerriers appelés à gravir la tour Ziggurat (là aussi, un nom en référence aux édifices religieux à étages de la Mésopotamie). En début d’aventure, l’utilisateur est amené à créer son héros/héroïne en lui octroyant l’une des trois classes disponibles : les Hyusien (peuple de la mer, agile et agressif), les Agavien (habitants des montagnes, experts en armes lourdes) et les Géléilionien (autochtones des forêts, maîtrisant la tactique et les poisons). La première, vous l’aurez compris, est la catégorie équilibrée, la seconde mise plus du côté « tank » (personnages lents, mais puissants) tandis que la dernière peut s’apparenter à des magiciens. Comme d'habitude, chaque clan dispose d’une capacité unique en combat et de spécificités dédiées. Chose importante à savoir – et qui est assez étrange – il est impossible de supprimer les personnages une fois créés (deux slots sont disponibles), donc ne vous précipitez pas au moment de façonner votre avatar.

JEU DE RÔLE EN LIGNE ORIENTÉ ACTION

Babylon’s Fall se présente comme une sorte de Monster Hunter mettant en avant tous les poncifs du genre, avec un lieu principal réunissant une guilde, des marchands ou encore une malle pouvant accueillir des artefacts. Après une rapide intro présentant le système de jeu, on est catapulté sur cette place en attendant de rejoindre, après acceptation de quêtes, les différents niveaux du jeu. Le titre de PlatinumGames fait appel à de nombreux boutons sur la manette. Outre les attaques légères et lourdes, le personnage peut déclencher des offensives spéciales (appelées fantômes dans le jeu) à l’aide des touches latérales (sur console). Elles sont effectuées à l’aide du coffre de Gédéon (concrètement, c’est le sac dorsal qui agit comme des membres supplémentaires) et peuvent être utilisées simultanément aux attaques standards. En l’état, le joueur est donc plus puissant, mais l'utilisation de ces bras est limitée par une jauge d’Esprit. À cela viennent s’ajouter l’esquive, indispensable, et les différents types d’armes – épées, marteaux, arcs, bâtons, boucliers… – dessinant la stratégie à adopter (corps-à-corps, à distance, etc.). Les joutes sont plutôt dynamiques, c’est fluide (malgré des animations d’un autre temps) et on prend un certain plaisir à modifier sa tactique selon les ennemis rencontrés, qu'il s'agisse de créatures mystérieuses ou qu'ils soient humains, rampants, volants, etc. Malheureusement, on se rend vite compte que Babylon’s Fall souffre d’un problème de rythme. Et pour un jeu dit service, avec son système économique d’objets à débloquer/acheter et de futures saisons, ça devient compliqué.

Tout d’abord, même si la comparaison peut sembler logique, Babylon’s Fall n’atteint, à aucun moment, la grâce, le dynamisme et la diversité d’un Bayonetta, NieR Automata ou même Astral Chain, en termes de combats. Certes, le jeu donne l’illusion d’être riche en approches offensives et défensives, mais on comprend vite que la durée de vie est allongée artificiellement avec des combats qui s’étirent. La difficulté est extrêmement élevée (bien souvent mal dosée) et la plupart des affrontements, y compris face à des ennemis basiques, sont inutilement longs. Il est vrai que l’on peut octroyer une touche à chaque arme – et cela donne lieu à de multiples expérimentations – mais les environnements sont peu interactifs (tout au plus quelques obstacles élémentaires comme le vent, l’eau, la lave…) et l’ensemble devient vite monotone. Pour contrer cette répétitivé, il est plus que primordial de s’essayer à Babylon’s Fall en participant à des missions en coopération. D’ailleurs, à mesure que l’on progresse, on se rend compte que les développeurs de PlatinumGames ont pensé leur aventure sous cet angle. Malheureusement, il aurait fallu que l’intrigue, tout comme la réalisation, soient à la hauteur. C’est bien beau de multiplier les quêtes, en se farcissant des boss effroyablement longs à vaincre, mais il faut un fil rouge solide pour être motivé. Et là, même si le titre a quelques qualités, il manque de narration et peine terriblement à convaincre.

UNE DIRECTION ARTISTIQUE DISCUTABLE

En découvrant Babylon’s Fall, on ne peut s’empêcher d’avoir un mouvement de recul. En choisissant un effet « coup de pinceau » au jeu, les artistes ont essayé de créer une ambiance unique en s’inspirant de peintures à l’huile médiévales. Le problème, c’est que le rendu 3D affiche constamment un filtre qui donne une impression de flou. Pire, à mesure que l’on s’approche, le voile disparaît et laisse transparaître des textures et modèles totalement dépassés. La place principale est plutôt correcte visuellement, mais les niveaux en couloirs auraient mérité un bien meilleur traitement. On ne parle pas même pas des effets spéciaux d’une pauvreté étonnante en 2022. Si elle voulait reproduire le style des peintures d’époque, on se demande bien pourquoi l’équipe de développement n’a pas opté pour un rendu en simili cel-shading, un peu comme El Shaddai : Ascension of the Metatron. Là, le visuel est vraiment particulier et il est évident qu'il ne plaira pas à tout le monde.

Quoi qu'il en soit, on se pose la question d'une telle sortie à une période aussi chargée de l'année. Babylon’s Fall se retrouve enfermé parmi des jeux de très haute volée et risque d’avoir bien du mal à émerger parmi les blockbusters. Pour le moment, il est clair que le jeu en coopération procure plus de plaisir pendant les quêtes (il y en a plus de 70 pour ce lancement), les serveurs ne sont pas encore suffisamment remplis et cela empêche, en attendant un possible regain d’intérêt, de profiter du véritable potentiel du titre. Mais seuls les plus courageux (certains combats sont vraiment trop longs, encore plus quand ils se déroulent sous l’eau) et les personnes capables de passer outre ces défauts laisseront sa chance à Babylon’s Fall. Elles seules pourront alors découvrir les escarmouches – qui arrivent tardivement – et qui prennent la forme de missions facultatives visant à récupérer des matériaux d’artisanat. L’intérêt réside dans les ennemis que l’on y affronte, les « infâmes », et qui sont très puissants. Les amateurs de challenge apprécieront. Les autres seront passés à autre chose depuis belle lurette.

Conclusion