Annoncé au cours du premier trimestre de 2020, le jeu de Deep Silver Fishlabs, Chorus, est arrivé (dans un certain silence) fin année 2021 sur la plupart des plateformes de jeu. Suite aux portages de Saints Row: The Third - The Full Package et Saints Row IV: Re-Elected sur Nintendo Switch et après une poignée d'années, le studio de développement en revient à ses premières amours, soit avec un shooter/jeu de tir spatial narratif. Si le genre a été délaissé par beaucoup, cette dernière décennie, eux font le pari de le remettre au goût du jour avec Chorus. Alors, pari réussi ?
Anciennement Fishlabs Entertainment gmBH, et désormais Deep Silver Fishlabs depuis leur rachat par Koch Media, le studio de développement allemand s'est fait connaître, à travers les âges, grâce à sa licence Galaxy on Fire. Série de simulations spatiales qui avait su marquer les esprits, tous les opus sont disponibles sur smartphones Android et iOS. Mais cette fois-ci, ils ont décidé de viser plus grand et plus haut en proposant un shooter spatial, répondant au nom de Chorus, qui a atterri sur PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series et PC. Exit l'aspect simulation, et place aux combats spatiaux nerveux, au gameplay affûté et à un soupçon de narration.
NARA, LA DÉMONE DÉCHUE
Promise à un grand avenir au sein du culte nommé Le Cercle, mené par un leader mystérieux appelé le Grand Prophète, Nara changera le cours de sa propre destinée alors qu'une mission ébranlera sa conscience et remettra en cause ses principes. Bien qu'impitoyable et féroce aux commandes de son vaisseau, sa conscience la rattrape alors qu'une mission lambda se termine sur la destruction complète de toute une planète. La raison ? La population habitant ladite planète a refusé d'embrasser la doctrine du culte et ainsi de rejoindre les rangs du Cercle. Une conclusion qui permet alors à notre héroïne d'entrevoir les plans troubles et machiavéliques du Grand Prophète, homme qui n'hésitera pas à tuer pour accomplir ses plus grands désirs. Ne voulant plus prendre part à de telles atrocités, notre protagoniste quitte le Cercle et finit par devenir une pillarde errante, avant de rejoindre la résistance, l'Enclave. De démone déchue à héroïne glorifiée, Nara est sur la voie de la rédemption… en tout cas, elle l'espère.
Si Nara souhaite fortement oublier son passé tumultueux, elle n'en aura pas réellement l'occasion car après quelques années de tranquillité, les forces armées du Grand Prophète, dont les Sans-Visage, mènent une attaque brutale et soudaine sur son nouveau foyer. Ne pouvant plus fermer les yeux face à la cruauté de son ancien leader, elle décide alors de le traquer afin de le tuer. Une aventure qui l'amènera aux quatre coins de la galaxie et vers 5 régions différentes. Bien que le scénario soit parfois assez décousu et nous perd, malheureusement, par moments, Deep Silver Fishlabs propose ici un shooter spatial dont la narration se veut aussi classique que progressive et efficace. On ne pourrait nier les nombreuses comparaisons possibles et faciles avec la saga Star Wars, d'ailleurs. On se plaît à traverser le titre de bout en bout afin d'avoir le fin mot de l'histoire quant à l'épopée de Nara et du Grand Prophète. D'autant plus que les thématiques abordées (rédemption, vengeance, la dichotomie du Bien et du Mal) sont traitées avec justesse et se révèlent intéressantes.
Si vous vous contentez de faire les missions principales, le soft de Deep Silver Fishlabs devrait vous occuper entre 15-20 heures. En ajoutant des phases d'exploration et sessions de jeu centrées sur les quêtes secondaires, la durée de vie de Chorus peut facilement dépasser 25 heures, au total. Un temps très correct, donc. D'ailleurs, les différentes quêtes annexes permettent aux joueurs d'en apprendre davantage sur le lore du jeu, via des souvenirs à collecter, et globalement on les apprécie pour leur apport scénaristique, malgré un aspect un tantinet répétitif pour certaines. Beaucoup permettent aussi de récupérer des crédits, des améliorations d'énergie et des pièces pour améliorer le vaisseau de Nara car Chorus propose un gameplay qui se veut progressif et ne cesse de s'alimenter de nouvelles mécaniques.
UN SHOOTER NERVEUX ET ÉVOLUTIF
La vie en tant que pillarde errante l'a apaisé mais cherchant à tuer le Grand Prophète, l'heure n'est plus à la tranquillité. Nara se doit de se préparer et de renouer avec certains éléments de son passé afin de disposer de toutes les armes nécessaires. À commencer par son vaisseau d'antan, doté d'une IA nommée Forsaken. L'ayant abandonné au fin fond de la galaxie, Nara se met rapidement en route pour retrouver son ancien compagnon de guerre et surtout son allié de taille. On notera que Forsaken possède lui aussi un background scénaristique se dévoilant progressivement, ce qui est appréciable et le tout s'avère bien mené. D'ailleurs, le duo Nara-Forsaken profite d'une bonne alchimie, fonctionnant à merveille, surtout durant les phases de combat.
Par ailleurs, grâce à ce vaisseau, les joueurs disposent de trois équipements mortels : une mitrailleuse gatling, un laser permettant de réduire la jauge de bouclier des ennemis ainsi qu'un lance-missile. Vous l'aurez deviné, c'est en fonction des faiblesses des ennemis qu'il faudra switcher, à l'aide des flèches de votre manette, entre celles-ci durant un même combat spatial. Si pour certains, il faudra impérativement détruire leur bouclier avant d'atteindre leurs points de vie, d'autres sont beaucoup plus coriaces et exigeront plus de manœuvres de votre part : éviter des mines, tirer à des endroits précis, etc. On pense notamment aux deux principaux boss du jeu qui s'avèrent relativement dangereux et pourraient demander plusieurs essais. Heureusement, Deep Silver Fishlab joue la carte de l'apprentissage progressif : les nouvelles armes et les nouveaux ennemis se présentent à nous au fil des quêtes, laissant à chacun un temps pour s'adapter et pour maîtriser le gameplay. Par ailleurs, cela permet de ne pas lasser le joueur et surtout de ne pas le noyer sous une myriade d'informations en début de jeu, au risque de le perdre, ce qui est bien vu. Tout comme Nara, nous apprenons à être un bon pilote et un redoutable guerrier de l'espace.
Les armes ne sont pas les seuls atouts dans la manche de notre protagoniste. Tout au long du jeu, nous avons l'occasion d'apprendre de nouvelles aptitudes, nommées "rites". Par exemple, le rite de l'étoile permet de foncer à toute allure à travers des portes ou même à travers les ennemis à l'aide d'une touche. Une autre est elle affiliée à la possibilité pour Nara de se téléporter derrière un ennemi. Et on vous en passe. La panoplie d'aptitudes n'est pas très large, car ces dernières se comptent sur les doigts d'une main, mais le tout fonctionne véritablement bien et profite d'une belle justesse. On se plaît à découvrir le gameplay de Chorus et à le maîtriser au fil des heures. Par ailleurs, on peut compter sur un vaisseau capable d'effectuer des virages très serrés, facilitant certaines manœuvres. À ce sujet, la maniabilité du vaisseau est assez bonne et satisfera à coup sûr les amateurs du genre ou bien les nouveaux venus. Loin de révolutionner le genre du shooter spatial, Chorus n'en reste pas moins intéressant et satisfaisant grâce à ses mécaniques de gameplay, certes classiques, mais attirantes et évolutives.
IN CHORUS OMNIA
Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'avec Chorus le dépaysement est au rendez-vous. Toutes les régions ouvertes à l'exploration profitent d'une belle diversité environnementale : nous sommes amenés à traverser des espaces rocailleux, comme d'autres glacés ou même une mégalopole futuriste aux allures cyberpunk. Dans d'autres cas, c'est à travers des temples quelque peu antiques, jouant avec des tons rougeâtres et noirs que nous devons manier notre vaisseau, malgré l'étroitesse des structures. Remarquons qu’il est, en revanche, impossible de sortir de son vaisseau pour d’explorer les lieux à pied. De façon générale, la palette de couleurs est maîtrisée et les jeux de lumière rendent le tout réellement vivant à l'écran.
En revanche, le tableau n'est pas parfait : la bande originale semble en retrait tout au long de l'aventure. Si la composition musicale est positivement surprenante dans le menu d'accueil du jeu, les autres musiques peinent à pleinement convaincre une fois la partie lancée. Mélodieuses et rythmées, elles ne rentrent malheureusement pas dans les annales. Dans ce sens, les bruitages, durant les combats, sont bel et bien présents et permettent une certaine immersion, sans pour autant faire des miracles. Les encouragements de Forsaken sont les bienvenus, par contre. La VO est très satisfaisante, même si cela exige une attention constante pour lire le sous-titrage français en plus de manœuvrer son vaisseau, puisqu'aucune VF n'est proposée. Notons que Nara se chuchote à elle-même car elle est hantée par sa culpabilité. Or, ses interventions sont bien trop présentes, peuvent se perdre dans le tumulte sonore et n'apportent parfois rien de plus au scénario.
D'un point de vue purement technique, Chorus tourne plutôt bien. Les phases de chargement sont relativement rapides et sont principalement présentes après l'échec d'une mission. Néanmoins, on déplore quelques baisses de framerate, notamment à la sortie des portes de saut stellaire et à l'arrivée dans une nouvelle région. Durant les combats, le soft est par contre stable et fluide. On remarquera tout de même que le système de sauvegardes peut vite être contraignant : il est impossible de sauvegarder sa partie durant une mission. Il est impératif de la finir. Or, les quêtes s'enchaînent rapidement et surtout automatiquement, imposant alors de continuer sa session de jeu et trouver le moment opportun pour y mettre un terme, au risque de perdre sa progression.
Conclusion
Points forts
- Une certaine nervosité dans le gameplay qui plaît.
- Un apprentissage constant et progressif des mécaniques.
- Le duo Nara et Forsaken qui fonctionne bien.
- De bonnes sensations, manette en main.
- Un dépaysement total avec une belle variété d'environnements.
- Des jeux de lumière maîtrisés et une palette de couleurs intéressante.
- Un titre globalement fluide et stable, sans bugs à déplorer.
- Une durée de vie correcte.
Points faibles
- Une bande originale en retrait.
- Un scénario décousu par moments.
- Des baisses de framerate notables.
- La trop grande présence des chuchotements de Nara.
- Un peu trop classique dans sa structure pour un shooter space opera.
- VF aux abonnés absents.
Note de la rédaction
Malgré quelques défauts, notamment quant à la structure du scénario, la trop grand présence de dialogues, une bande originale peu marquante et des baisses de framerate, Chorus est la belle surprise de la fin d'année 2021. Proposant un shooter spatial, sans l'aspect simulation mais plutôt un côté arcade, Deep Silver Fishlabs a développé un titre qui ne révolutionne, certes, pas les bases du genre mais qui parvient à convaincre grâce à son gameplay nerveux, progressif et efficace. Il accrochera à coup sûr les amateurs de combats spatiaux tout en attirant les nouveaux venus. On attendait une prise de risque plus grande... mais peut-être dans une suite ?