Dire que Century : Age of Ashes vient de loin est un euphémisme. Pascal Barret, ancien de Kalisto (Nightmare Creatures) et créateur chevronné, s’est entouré de pointures du jeu vidéo français (passées par Square-Enix, Kalisto, Dontnod…) pour donner vie à une œuvre dont les prémices remontent à 2014. Initialement, le projet tournait sur Unreal Engine 3 et prônait une approche « hardcore » dans un monde Dark Fantasy. Pendant environ 6 à 8 mois, les développeurs ont travaillé pour élaborer une enveloppe de jeu en attendant une opportunité. Des discussions – parfois avancées – ont eu lieu avec différents éditeurs et c’est finalement sous la houlette d’un nouveau studio installé à Bordeaux, Playwing, que le jeu a vu le jour. Créé par une équipe à taille humaine (14, 23 et désormais un peu plus de 40 personnes), Century : Age of Ashes est une œuvre qui a été conçue par des passionnés et qui s’imprègne du dragon tel qu’il apparaît dans la mythologie occidentale. Propulsé par le succès de Game of Thrones et inspiré par les films d’animation Dragons de Dreamworks ou les dragons de Harry Potter, Century : Age of Ashes ne manque d’ambition et pourrait créer la surprise dans les mois à venir, à commencer par son arrivée sur consoles au cours du premier semestre de 2022. Mais pour l’heure, que vaut-il ?

L’AIR DU VENT

Concrètement, il s’agit d’un jeu multijoueur compétitif – praticable à la fois en solo ou en équipe. Dans une arène de type organique (avec des montagnes, des rochers, des lacs, des châteaux…), les joueurs se défient à dos de dragon. Par certains côtés, l’œuvre de Playwing rappelle le très décrié Lair sur PlayStation 3, mais il est beaucoup plus instinctif et immersif. Sa grande force réside dans la précision de ses mouvements qui permet, en une seconde, de foncer à travers une faille rocheuse, de frôler une bâtisse en ruines ou d’effectuer un demi-tour pour surprendre l’adversaire. En termes d’action, les développeurs ont imaginé diverses mécaniques pour dynamiser les rixes aériennes. Après avoir pris son envol depuis un perchoir, le joueur se retrouve au cœur de l’arène et débute le combat. Pensé pour la manette, mais accessible au duo clavier/souris (le staff a organisé des playtests avec des spécialistes de ce type de contrôles), Century : Age of Ashes repose sur des commandes très simples. Les touches de la tranche permettent au joueur d’accélérer, de freiner et même de stopper. Chaque dragon possède un boost accessible via une endurance qu’il faut régulièrement remplir en survolant les nappes d’énergie au sol. Par ailleurs, chaque arène est composée de colonnes d’air qui propulsent votre monture dans les airs et vous donne un avantage stratégique sur vos concurrents. Les déplacements sont vraiment agréables et on fait ce qu’on veut de son destrier en quelques minutes. Mais, bien évidemment, ce n’est pas suffisant pour remporter la victoire.

LE SOUFFLE DU FEU

Comme dans la série Panzer Dragoon, le dragon est capable de projeter des boules de feu à distance pour atteindre ses cibles. Il y a un système de « lock » comme dans le jeu de SEGA pour suivre les fuyards, mais le combat rapproché est aussi permis. Lorsqu’un dragon ennemi passe à votre portée (ou que vous le suivez de près), vous pouvez déclencher un souffle enflammé et ainsi sérieusement entamer sa santé. Autant dire qu’il faut être rapide et avoir l’œil attentif, à la fois pour frapper les opposants, mais aussi pour fuir. Pour aider le joueur dans son œuvre de destruction, des artefacts (bouclier, etc.) sont trouvables en chemin et des capacités/pouvoirs viennent agrémenter les combats. Ces compétences, actives comme passives, peuvent changer une situation mal embarquée. Il peut s’agir de boules de feu à « tête chercheuse » ou encore d’un nuage toxique qui obstrue la vue du poursuivant et permet de déguerpir. Century : Age of Ashes est très prenant et les parties sont si rapides qu’on y revient régulièrement. Pour l’heure, trois classes (spectre, gardebrise et maraudeur) sont disponibles, chacune avec ses spécificités (soigneur, furtif, guerrier), et toutes peuvent être personnalisées en acquérant des objets dans la boutique. Du côté des modes de jeu, les novices apprécieront la présence d’un mode Débutant. C’est une bonne manière d’appréhender les contours du jeu avant de se frotter au deathmatch (6 contre 6), à la capture de drapeau, au pillage (en volant de l’or à vos adversaires en protégeant votre domaine) ou encore à l’escarmouche à 3 contre 3. Il est d’ailleurs important de préciser que Century : Age of Ashes n’est en rien un pay-to-win et qu'il n’oblige pas à l’achat. Les packs que l’on peut se procurer sont tous d’ordre cosmétique et permettent de donner un look unique à votre monture et à votre personnage. Avec 13 dragons légendaires qui seront disponibles fin janvier et la possibilité de faire éclore ses œufs de dragon, le titre de Playwing fait tout pour fédérer une communauté déjà très active et il est difficile de résister à sa plastique remarquable.

À S’EN CASSER LA RÉTINE

Les free-to-play ont souvent la réputation d’être des jeux créés avec peu de moyens et qui n’ont aucune ambition sur le plan visuel et sonore. Century of Ashes prouve le contraire en affichant des graphismes de toute beauté. Tournant sur le moteur Unreal Engine 4, le jeu du studio bordelais est sans aucun doute l’un des plus beaux free-to-play jamais réalisés. Personnages comme dragons sont superbes et les quatre arènes, bien que de taille moyenne pour l’instant, forcent le respect. Les animations ne sont pas en reste, que ce soit en plein jeu ou lorsque nos petits dragons s’extirpent de leur œuf. Et pourtant, ce n’est que le début. Outre le lancement sur consoles prévu pour juin 2022 (en crossplay, ce qui augure de belles joutes entre joueurs Xbox, PlayStation et PC), les développeurs ont pour ambition d’aller beaucoup plus loin. Parmi les pistes actuellement à l’étude, il est par exemple question d’arènes beaucoup plus grandes et interactives (destruction du décor), de nouvelles classes ou encore de PVE afin que les joueurs coopèrent pour lutter contre des créatures. Il sera aussi question de revoir certains éléments montrés du doigt par les joueurs, comme un certain déséquilibre entre les classes (le spectre domine de manière outrageuse par ses capacités furtives pour le moment), des arènes peu nombreuses et un matchmaking avec filtre géographique. Mais pour l’heure, ça vaut vraiment le coup de l’essayer !

Conclusion