Quatre ans après la sortie du premier épisode, Koei Tecmo a donné son feu vert au studio Gust afin de développer un second épisode de Blue Reflection. Dans ce J-RPG au tour par tour composé d'un casting 100% féminin, on y retrouvait trois jeunes filles capables de se transformer en magical girls pour faire face à d'étranges créatures. Avec ce second opus qui marche dans les pas de son aîné, la formule s'est-elle bonifiée avec le temps ?
Blue Reflection : Second Light nous fait suivre les aventures d'Ao Hoshizaki, une lycéenne japonaise lambda qui se plaint ne pas être spéciale et d'avoir une vie ennuyeuse. Alors qu'elle est sur le chemin pour rejoindre ses cours d'été, elle se rend compte qu'elle a oublié son portable. Mais lorsqu'elle le ramasse, elle se retrouve transportée dans un autre monde particulier. Entouré d'eau à perte de vue, Ao se retrouve en face d'une école à la dérive où elle fait la rencontre de trois autres filles qui ont perdu la mémoire et qui ne se souviennent que de leur nom. Ensemble, les trois adolescentes vont travailler main dans la main pour retrouver leurs souvenirs, mais aussi aider Ao à retourner dans son monde. Au fil de l'aventure, elles seront rejointes par d'autres lycéennes qui sont elles aussi bloquées dans cet étrange univers.
Vous avez dit Persona ?
Pour retrouver les souvenirs de chaque fille du groupe, nos héroïnes devront explorer des Heartscapes, des lieux qui représentent le cœur et l'esprit de chaque personnage, à la manière de Persona dont le jeu s'inspire librement. D'ailleurs, cette justification scénaristique donne lieu à des décors inspirés par les paysages urbains japonais dont se dégage un certain charme par l'aspect abandonné. Ainsi, on évolue entre des gratte-ciels à l'abandon, des rails submergés par la mer ou encore des temples désertés. Les personnages profitent aussi d'un style soigné et assez unique grâce aux coups de crayon et à l'aquarelle de l'illustrateur Mel Kishida qui donne une certaine aura à l'ensemble. Une aura également renforcée par la bande-son qui varie entre musique épique d'anime en combats et morceaux plus calmes, à la limite du lo-fi lors des phases d'exploration.
D'ailleurs, heureusement que le titre profite de ces qualités artistiques puisqu'il n'est pas rattrapé par sa technique. Entre un effet d'aliasing particulièrement présent sur Switch, des animations faciales figées et des textures souvent simples, les graphismes de Blue Reflection 2 apparaissent datés et rappellent ceux de la PS3, si ce n'est avant. D'un autre côté, il faut bien se rappeler que le titre dispose d'un petit budget de développement, comme tous les autres jeux du studio Gust, ce qui explique ce rendu. À cause de ces mêmes raisons financières, le titre n'est malheureusement disponible qu'en anglais chez nous aussi, ce qui risque d'empêcher certains joueurs de profiter de l'expérience surtout parce que le jeu est par moment particulièrement bavard.
Si vous hésitez entre les différentes versions du jeu, on aurait tendance à vous orienter en fonction de votre façon de jouer. Si vous ne comptez jouer au jeu que devant votre écran, alors les versions PC et PS4 sont à privilégier pour leur rendu graphique plus agréable, même si le titre conserve son aspect technique daté. En revanche, si vous êtes sûrs de ne jouer qu'en portable, la version Switch est bien évidemment préférable, en particulier sur Switch OLED où les couleurs du titre ressortent mieux grâce à l'écran de ce nouveau modèle.
Pouvoir du prisme lunaire, transforme-moi !
Tout au long de l'aventure, le joueur est donc amené à explorer ces différentes zones peuplées uniquement de démons. Heureusement, pour se défendre, vos personnages possèdent des bagues qui leur permettent de manier de puissantes armes et de se transformer en Reflector comme des magical girls. Si vous avez récemment joué à un titre de la série Atelier, vous serez en terrain connu puisque Blue Reflection 2 repose sur un système assez similaire de combat au tour par tour avec une notion de temps réel.
En bas à gauche de l'écran, une timeline affiche l'éther accumulé par chaque participant au fil du combat qui lui permet de faire une action. Au premier niveau de gear, vos combattantes ne peuvent utiliser que 1000 points d'éther, ce qui correspond aux attaques les plus basiques. Mais à force d'attaquer, ces dernières finiront par monter en gear pour pouvoir utiliser plus d'éther, débloquer de nouvelles compétences plus puissantes, mais aussi se transformer automatiquement. Ainsi, pour infliger le plus de dégâts possible, tout l'enjeu est d'attaquer sans interruption pour faire monter le nombre de combo.
Grâce à ce système à pause active, les combats paraissent simples au premier abord mais se révèlent très efficaces au fil de l'aventure et gagnent en dynamisme grâce à de nombreux plans de caméra pour montrer l'action. Mais si les rencontres face aux ennemis de base finissent par être redondantes à la longue, c'est surtout face aux boss que les mécaniques de combat dévoilent tout leur potentiel. Après avoir suffisamment affaibli un boss, une de vos combattantes peut l'affronter en face à face, ce qui constitue l'occasion parfaite pour lui infliger un maximum de dégâts. De plus, si vous parvenez à esquiver et contrer ses assauts durant cette séquence, il est possible que votre héroïne réussisse à déclencher son attaque ultime.
Après l'effort, le réconfort
Mais derrière ces phases d'exploration et de combat, le jeu propose une ambiance bien plus calme une fois de retour à l'école qui fait office de base, à l'instar des phases du quotidien de Persona. Tout d'abord, grâce aux différents éléments récupérés en cours de route, le titre permet de faire du craft, à la manière des jeux Atelier mais dans une version beaucoup plus simple. En plus des différents objets de soin et de soutien, cette option vous permettra de mettre au point des éléments qui vous serviront à construire différents bâtiments dans la cour de l'école. Ces derniers ont une incidence en combat puisqu'ils permettent de bénéficier de bonus passifs mais aussi de débloquer de nouveaux rendez-vous avec vos camarades.
Car au-delà de ces aspects pratiques, les phases à l'école vous permettent de vous rapprocher de vos camarades grâce aux quêtes et aux dates. En remplissant ces deux types d'activités, vous obtiendrez des points à dépenser pour acheter de nouvelles compétences pour chaque personnage. Avec son cadre particulier d'école à la dérive, Blue Reflection 2 profite donc d'une atmosphère posée hors du temps mais aussi de colonie de vacances puisque nos personnages ne sont pas pressés par le temps et profitent de ce cadre unique entre deux missions.
Évidemment, avec ce casting 100% féminin composé de stéréotypes inspirés des animes, on était en droit de s'attendre à un fan service très présent. Pour rappel, le fan service est une pratique qui consiste à attirer l'attention des fans avec des éléments souvent aguicheurs qui n'apportent pas grand-chose au récit. Si on aurait pu s'attendre à bien pire dans un jeu de ce genre, il faut reconnaître que Blue Reflection 2 économise les plans racoleurs sur les formes de ses héroïnes, même si ceux qui restent présents auraient pu être épargnés. On ressent également cet aspect lors des rendez-vous où il est possible de répondre avec des remarques parfois assez... directes. Finalement, le côté fan service du jeu ressort surtout à travers les costumes disponibles en DLC à des prix élevés qui restent tout de même moins élevés que ceux du précédent épisode.
Conclusion
Points forts
- Un J-RPG calme et posé à l'ambiance de colonie de vacances
- Des environnements colorés inspirés des paysages urbains japonais
- Système de combat simple mais dynamique qui gagne en complexité
- Une sympathique bande-son
Points faibles
- Uniquement en anglais
- Graphiquement très simple, voire daté
- Trop bavard par moment
- Du fan service dont on aurait pu se passer
Note de la rédaction
Avec son atmosphère calme, Blue Reflection : Second Light se révèle être une bonne surprise de cette fin d'année pour les amateurs de jeux japonais. Malgré sa partie technique franchement datée, le titre de Gust propose des environnements inspirés et une agréable bande-son qui donne un certain charme à l'expérience. Heureusement, le jeu n'en oublie pas pour autant de proposer un système de combat efficace ainsi que des activités en dehors des affrontements comme l'entretien de l'école et les relations avec ses camarades. Finalement, passé la barrière de langue et le côté fan service, Blue Reflection 2 n'en reste pas moins un J-RPG au rythme plus lent mais qui propose une expérience posée et apaisante qui parlera surtout aux amateurs de productions japonaises.