Ces derniers mois nous auront permis d’en apprendre énormément sur Battlefield 2042. Après trois présentations et une phase de beta, ce nouvel opus débarque enfin sur nos machines. Alors, le titre de DICE opère-t-il un vrai bon en avant pour la licence ?
Ce test a été effectué sur la version PC de Battlefield 2042 lors d’un évènement en ligne de trois jours préparé par les équipes d’Electronic Arts. Nous avons pu faire tourner le jeu localement sur un PC équipé d’une carte GeForce RTX 3070 et de 32 Go de RAM.
2 fois plus de joueurs = 2 fois plus de plaisir ?
L’évènement organisé par EA auquel nous avons participé nous a permis de découvrir chacun des pans multijoueurs de BF 2042. Le premier jour a été dédié au segment All-Out Warfare qui regroupe les modes Conquête et Breakthrough qui font s’affronter 2 équipes de 64 joueurs (32 sur PS4 et One) sur de gigantesques cartes à l'aide d’armes et véhicules variés. Le premier consiste à capturer et à tenir différents points stratégiques disséminés sur le champ de bataille. En contrôler plus que l’adversaire fera chuter ses tickets plus rapidement. Une fois ces derniers réduits à 0, c’est la victoire. Le mode Breakthrough, lui, place une équipe en attaque et une en défense. Les attaquants disposent d’un nombre de tickets limités pour capturer simultanément plusieurs points. Une fois ces zones récupérées, les joueurs évoluent sur une zone plus avancée de la carte et doivent conquérir de nouveaux objectifs. Ce schéma se répète jusqu’à ce que les attaquants occupent tous les points ou que les défenseurs réussissent à réduire les tickets de leurs adversaires à 0. Vous l’aurez compris, ces modes bien connus de Battlefield représentent le pan multijoueur traditionnel de cet opus. 7 cartes inédites sont disponibles dans ces deux modes et si nous n’avons pas pu visiter les moindres recoins de chacune d’entre elles, on peut dire sans trop sourciller qu’elles sont globalement très réussies. Ce n’était pas gagné car ces aires de jeu ont largement gonflé entre Battlefield V et 2042. Et pour cause, le nombre de joueurs est doublé. Et s’il n’est pas toujours flagrant que les joutes se déroulent désormais à 128 joueurs, c’est bien parce que ces derniers sont répartis sur une très large zone. Il n’empêche que l’effet "waouh" est là. Observer le champ de bataille au loin est particulièrement impressionnant, car l’on peut apprécier la démesure des évènements qui y prennent place. Et si doubler le nombre de joueurs ne révolutionne pas la formule, le cœur de gameplay restant le même, il est indéniable que cela offre un souffle épique aux affrontements qui gagnent encore un peu plus en gigantisme.
Les cartes nous ont semblé particulièrement bien conçues, notamment car leur architecture paraissent parfaitement adaptée aux deux modes de jeu. En Conquête, les joueurs peuvent respawn près de leur escouade ou aux zones contrôlées, ce qui permet de profiter des différentes zones de la carte à sa guise. En Breakthrough, la carte se dévoile à chaque capture réussie par les attaquants. Cela structure la progression et permet d’apprécier l’excellent travail effectué sur les différents points clés des zones. S’affronter à l’intérieur des cargos échoués après avoir délogé les ennemis d’un no man’s land sur la carte Décharge n’a pas la même saveur que prendre à revers l’équipe ennemie après avoir traversé le réseau souterrain de Kaleidoscope. Rien qu’avec ces 7 cartes et ces deux modes de jeu, 2042 offre déjà des centaines de situations variées et des stratégies multiples particulièrement intéressantes. D’autant que ces maps profitent de terrains de jeu plutôt éclectique : désert, métropole, port, station militaire enneigée… Les environnements sont variés et si chacun aura forcément ses cartes favorites et celles qu’il déteste, ce contenu s'avère très satisfaisant.
Au cœur de la promotion du titre, les intempéries et autres effets météorologiques viennent régulièrement rebattre les cartes. Déployées aléatoirement, ces tornades perturbent lourdement les affrontements. Les pluies diluviennes et les bourrasques atténuent les bruits de pas tandis que les tempêtes de sable obscurcissent la vision et empêchent les appareils électroniques de fonctionner pleinement. Être pris au cœur de ces cataclysmes est souvent synonyme de mort, il est donc indispensable d’abandonner les lieux ou de se mettre à l’abri pour y survivre. Il est ainsi évident que l’intervention de ces catastrophes peut réellement retourner un match. Lors d’une de nos parties de Breakthrough, une tornade nous a bloqué le passage alors que nous nous apprêtions à capturer le dernier point de la carte. Le chaos causé a retardé notre assaut et a eu un impact direct sur notre partie que d'ailleurs été perdue. Et si ce cas de figure peut s’avérer frustrant, il faut avouer que la présence de ces évènements permet de dynamiser les parties et d’empêcher les statuquos à rallonge, ce qui est une bonne chose. Notez que l’intervention d’une de ces intempéries n’est absolument pas garantie. Sur nos sessions nous avons eu à faire à ces tornades environ une partie sur deux, ce qui nous a paru être un bon équilibre et qui permet de ne pas perturber le rythme de chaque partie.
Un FPS qui ne laisse rien au Hazard
Le second jour de ce Review Event a été dédié au mode Hazard Zone, le fameux mode “qui n’est pas un Battle Royale”. Dédié au jeu en escouade, il apparait comment étant celui qui est le plus tourné vers la compétition dans ce Battlefield 2042. Là où le All-Out Warfare est avant tout un prétexte pour faire des kills sur de gigantesques champs de bataille et s’immerger dans une ambiance de guerre totale, Hazard Zone resserre le conflit à une échelle plus réduite. 8 équipes de 4 (6 sur PS4 et One) sont déployées sur une version de taille réduite des cartes d’All-Out Warfare. Les équipes doivent mettre la main sur des Disques Durs disséminés un peu partout. Pour s’aider dans cette tâche, ils peuvent s’équiper d’un scanner en amont du lancement de la partie pour localiser ces objectifs. Ces sites de récupération généralement défendus par des IA très remontées sont forcément disputés, mais là où ça se complique c’est que pour remporter la partie, les joueurs doivent quitter l’aire de jeu en empruntant un hélicoptère qui opère deux extractions par partie. Seules deux escouades peuvent sortir victorieuses. Ces zones d’extraction sont révélées aux joueurs 3 minutes 30 avant l'arrivée de l’hélicoptère qui ne reste que 30 secondes sur place. Il est donc aisé de tendre une embuscade aux retardataires en prenant position au préalable.
Si ce mode n’est pas un Battle Royale, il en conserve la tension et met également l'emphase sur le travail d’équipe. C’est en coopérant et en composant leurs équipes avec intelligence que les joueurs parviendront à réussir une extraction. Il est par exemple indispensable de garder un emplacement d’équipement dédié au scanner de Disque Dur. Car ledit scanner permet même de repérer les DD que les ennemis ont en leur possession, il est ainsi possible d’avoir la position approximative de certaines équipes et ceci à tout moment. C’est également dans ce mode que les opérateurs de 2042 prennent tout leur sens. Remplaçant le système de classes des différents épisodes, les opérateurs ont chacun leur gadget unique qui brillera dans certaines situations. Un pistolet seringue permet de soigner rapidement et de relever à distance vos alliés, un drone offre la possibilité de signaler la position des ennemis à vos alliés, poser une tourelle sur une zone d’extraction ralentit la progression des adversaires, le grappin est idéal pour contourner rapidement vos opposants… Ces compositions d’équipe permettent à votre escouade d’élaborer votre propre style de jeu et offre une dimension tactique supplémentaire à BF 2042, mais encore plus au mode Hazard Zone. Mais ce n’est pas tout puisque que ce mode embarque un “metagame” qui change drastiquement l’approche que l’on aura à chaque partie.
En effet, en remplissant certains objectifs, comme tuer des ennemis ou extraire des Disques Durs, les joueurs gagnent des crédits. Ces derniers sont exclusifs au mode Hazard Zone et permettent d’acheter votre équipement en début de match. Si le joueur ne dispose pas de crédits, il doit utiliser un kit générique l’équipant d’une M4A3 sans accessoires. Le twist étant qu’à chaque partie, le joueur perd tout son équipement et doit le racheter. Toutefois, en cas de victoire, il récupère un emplacement d’équipement tactique supplémentaire et des réductions dans le magasin, ce qui lui permet de gagner en puissance à chaque fois. Ce système d’économie ajoute une certaine dose de tension aux affrontements, car l’idée de perdre tout son équipement n’a rien de séduisant. Ceux qui sont prêts à relever le défi y trouveront un mode punitif, mais franchement grisant et diablement bien rythmé. Jamais le joueur n’a le sentiment de s’ennuyer car les premières échauffourées se déroulent quelques minutes seulement après le lancement de la partie. Les deux séquences d’extraction font grimper la tension à une vitesse folle, tandis que les ennemis contrôlés par l’IA et les détecteurs de DD assurent l’action tout au long de la partie. Il est également possible de récolter des kits de livraison permettant de redéployer un allié tombé au combat ou de se faire livrer un chien robotique équipé d’une mitrailleuse qui fait un carnage sur les champs de bataille. Bref, nous n’attendions pas grand-chose de ce mode et force est de constater qu’il offre une lecture très intéressante et particulièrement grisante des matchs en escouade. Nul doute que de nombreux “Try Harders” y trouveront leur compte.
Portal ou l'assurance d'un contenu florissant
C’est le fameux mode Portal qui a été au centre du dernier jour de cet évènement. Cette “lettre d’amour à la saga Battlefield, d’après les développeurs, n’est ni plus ni moins qu’un outil de modding particulièrement complet, à l’instar d’un mode Forge d’Overwatch ou de Halo. En bref, les joueurs peuvent créer les modes de jeu qu’ils désirent. Dans le cas présent, cela permet de mixer énormément d’éléments parmi 4 jeux de la licence : 2042, 1942, Bad Company 2 et Battlefield 3. 6 cartes additionnelles et de nombreuses armes supplémentaires s’ajoutent donc au contenu déjà solide du jeu de base. Qu’on se le dise, Battlefield Portal est très puissant. Accessible depuis n’importe quel navigateur internet, cet outil offre la possibilité de modifier un nombre assez gigantesque de variables. Il est possible d'accélérer la vitesse des projectiles, d’activer ou non les intempéries, de modifier la répartition des joueurs, de limiter la sélection d’armes à certains opus de la licence ou au contraire de les mélanger, d’autoriser l’allongement, de créer sa sélection de cartes, d’intégrer des IA, du texte pour expliquer le concept du mode, etc. Mais l’outil gagne une puissance phénoménale lorsque l’on s’intéresse au “Logic Editor” qui y est présent. Cette feature, qui s'apparente à un logiciel de Visual Scripting, ou de programmation visuelle, permet d’associer différents blocs de logique entre eux afin de créer des règles et des conditions.
Lors de cet évènement, nous n’avons malheureusement pas pu essayer notre mode directement après l’avoir conçu. Cependant, nous avons pu nous intéresser à son contenu et essayer différentes expériences conçues par les développeurs. Nous avons néanmoins assisté à la création d’un mode Chacun pour Soi diablement nerveux ou les déplacements et les réapparitions étaient accélérées. Ensuite, en quelques clics dans le Logic Editor, notre hôte a modifié l’expérience en profondeur. D’un simple Chacun pour soi, nous sommes passés à des parties jouées exclusivement aux lance-roquettes. Mais ce n’est pas tout, car pour pimenter la partie, le développeur de chez Dice a limité nos munitions à une malheureuse roquette. Et enfin, pour clore le tout, il a rajouté une dernière condition : “Ajouter une munition lorsque le joueur saute 5 fois”. Ainsi, après chaque tir raté, les joueurs de la partie sautaient comme des cabris pour récupérer une précieuse roquette. Et bien que tout ne semblait pas parfait - les réapparitions semblaient approximatives en Chacun pour Soi - nous avons très hâte de voir ce que les joueurs feront de cet outil qui promet un contenu gigantesque aux joueurs de 2042, car s’il est possible de créer des expériences délirantes, ion peut évidemment en façonner des plus compétitives.
Des fondamentaux qui se perfectionnent
Nous avons pu prendre part à des matchs nostalgiques reprenant les éléments des opus précédents de la licence. Et si chaque asset, chaque carte et chaque arme a été retravaillé pour profiter de la puissance du moteur de Dice, nous avons été très agréablement surpris par le feeling qui émanait de ces parties. Si les joueurs ressentent forcément une différence par rapport aux jeux d’origine, force est de constater que les sensations de l’époque sont superbement retranscrites. La balistique est ajustée en fonction du jeu choisi, le sound design d’antan est sublimé pour évoquer les armes les plus légendaires sans pour autant conférer un aspect vieillot. Alors non, ce n’est pas exactement BC2, 1942 ou BF3. Oui, toutes les armes et tous les véhicules ne sont pas disponibles, mais à part ça, franchement, on s’y croirait. S’il est difficile de juger Portal dans son ensemble si tôt dans la vie du jeu, on ne peut qu’être séduit par la proposition et par les expériences montrées qui promettent de belles choses pour le futur du titre. Espérons simplement que de nouvelles cartes cultes viennent se greffer à l’éditeur au fil du temps, car il est évident que de nombreux joueurs attendent de pouvoir retourner sur Wake Island ou Métro.
Vous l’aurez compris, le contenu de 2042 allie qualité et quantité, si bien que l’on a le sentiment de n’avoir fait que gratter la surface malgré le nombre déjà conséquent de caractères qui composent ce test. Le cœur de l’expérience, le gunplay et la navigation, évoluent en douceur et opèrent des changements qui offrent un confort certain sur le champ de bataille. Pouvoir se faire livrer un véhicule où on le désire est un luxe qui devient très vite une habitude, car cela évite de crapahuter pendant 5 minutes entre deux points à capturer. La possibilité de modifier son viseur, ses munitions, son canon ou d’ajouter un lance-grenade en plein milieu du champ de bataille autorise parfois à retourner une situation. Passer d’un viseur réflex à une lunette de grossissement X3 en une fraction de seconde assure d'enchainer avec aisance combats au corps à corps et tirs à mi-distance. Et si ces deux idées n’ont l’air de rien, dans les faits, elles fluidifient réellement l’expérience. C’est incontestable, Battlefield 2042 est très agréable à jouer, notamment grâce à ces ajouts. Le joueur ne se sent pratiquement jamais impuissant et dispose de très nombreuses options tactiques pour attaquer un objectif quel que soit son mode de jeu.
Le temps sur cet événement étant limité, nous n’avons pas eu l’occasion d’essayer l’intégralité des réglages graphiques de la version définitive. Soyez sans crainte, nous réaliserons de multiples tests techniques et d’optimisation une fois le jeu disponible. Nous nous pencherons aussi plus tard sur les versions consoles...
D’un point de vue technique, DICE et Battlefield restent fidèles à eux-mêmes : 2042 est un jeu très joli. Si l’on peut noter quelques détails plus grossiers ou des textures moins fines par endroits, dans l’ensemble il est difficile de ne pas être séduit par les visuels particulièrement réussis de cet épisode. Et s’il est très beau en temps normal, 2042 devient réellement saisissant dès lors que la lumière ou que les conditions climatiques s'intensifient. Les pluies diluviennes impressionnent tandis que les tornades et les tempêtes de sable glacent le sang. Dans ces situations, dire que cet épisode est immersif est un euphémisme. Les effets de lumières sont sublimes, la fumée volumétrique est superbe tandis que les modèles 3D des pétoires et des véhicules sont bourrés de détails. Et s’il nous est arrivé parfois de constater quelques bugs visuels, comme des ennemis qui s’envolent à leur mort ou des exécutions effectuées dans le vide, ces derniers sont tout de même bien moins présents que sur la phase de beta et se font vite oublier. On finira sur le sound design toujours aussi efficace. Les balles fusent au loin tandis que les battements provoqués par le survol des hélicoptères donnent des frissons. Les bourrasques et les intempéries bénéficient d’un soin tout particulier et sont parfois accompagnées de motifs musicaux bienvenus. Nous aurons tout de même quelques réserves sur les bruits de pas dont le volume et la provenance ne rendent pas toujours aisée la localisation des ennemis. Hormis cet écueil, c’est du tout bon.
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Conclusion
Points forts
- Visuellement très réussi
- Un contenu colossal
- 7 cartes gigantesques et superbement conçues (auxquelles s’ajoutent les 6 cartes Legacy du mode Portal)
- 128 joueurs (sur PC, PS5 et Xbox Series), tout de même, ça envoie
- Les tornades et les tempêtes de sable ont un vrai impact sur le déroulement de la partie
- Le mode Portal et son potentiel gargantuesque
- Des ajouts de gameplay qui changent la donne (livraison de véhicules, modification des armes sur le terrain)
- Un épisode aux multiples facettes, qui peut se montrer fun, immersif ou compétitif
- Le mode Hazard Zone, une vraie surprise qui vaut le détour
- Un sound design toujours aussi percutant...
Points faibles
- ...Si l’on oublie les bruits de pas qui manquent de précision
- Pas de solo
- La liberté offerte par Battlefield Portal a ses défauts (spawns approximatifs, déséquilibres inévitables…)
- Quelques bugs subsistent
Note de la rédaction
Battlefield 2042 fait tout ce que l’on attendait de lui et plus encore. Non content de pleinement réussir son pan multi traditionnel, cet opus se paie le luxe d’offrir un contenu supplémentaire gigantesque et hautement qualitatif aux joueurs. Le mode Portal semble prêt à tenir toutes ses promesses et à permettre la création de modes divers qu’ils soient délirants ou compétitifs. Hazard Zone, lui, réussit où on ne l’attendait pas et offre une lecture particulièrement réussie du jeu en escouades. Beau comme un camion, généreux, modulable et fichtrement agréable à jouer, 2042 n'est ni plus ni moins que l'un des meilleurs opus de la licence.