Les moteurs vrombissent, les fumigènes brûlent et le rythme des hymnes électroniques se cale sur la fréquence cardiaque d’un public surexcité venu assister à la cinquième représentation du festival Horizon. Oui, cela fait presque dix ans que les organisateurs de cet événement motorisé se creusent les méninges pour proposer un manège qui déménage. Après le Colorado, l’Europe du Sud, l'Australie et le Royaume-Uni, la troupe se réunit au Mexique et compte bien frapper plus fort que jamais. Avec dans le rôle de la piñata au sourire hébété qui se prend des claques, le joueur.
Nous avons principalement testé Forza Horizon 5 sur Xbox Series X. Toutes les captures d’écran de cet article ont été faites sur cette console en mode Qualité.
Le coup du sombre héros
Nous y sommes : les organisateurs du festival Horizon, conscients de la déception d’une poignée de pilotes quant au manque d’exotisme du Royaume-Uni, ont survolé l’Atlantique dans le but de poser bolides et enceintes au Mexique. Il faut reconnaître que le pays qui a accueilli le X018 signe tous les prérequis pour accueillir le célèbre événement. Trois ans après Édimbourg, c’est à Guanajuato que les chauffards du monde entier vont pouvoir faire crisser les pneus de leurs véhicules. Le joueur incarne un personnage (totalement personnalisable) dont les précédents exploits en Grande-Bretagne ont franchi les frontières. Qualifié de “superstar” par les animateurs radio, il est la tête d’affiche du festival. Cette réputation sans pareil lui octroie quelques passe-droits, comme celui d’accompagner Ramiro aux quatre coins de la carte afin de trouver les meilleurs endroits où étendre le festival. C’est d’ailleurs ce qui rend cette nouvelle campagne singulière par rapport aux aventures antérieures.
Forza Horizon 5 améliore l’éditeur d’avatar mis en place dans Forza Horizon 4. Il est désormais possible de modifier tout un tas de paramètres et de se greffer des prothèses. Les véhicules sont eux aussi personnalisables.
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Party de campagne
Comme à l’accoutumée, le joueur est invité à faire des courses, à explorer les environs et à réussir divers défis afin de devenir le nouveau champion d'Horizon. Mais contrairement aux précédents épisodes où les challenges se débloquaient automatiquement durant la quête au bracelet d’or, Forza Horizon 5 revoit son système de progression sans pour autant bouleverser la formule. Accomplir des objectifs rapporte ici des points de distinction qui remplissent une jauge. Quand cette dernière est remplie, elle octroie à l’utilisateur un jeton capable de débloquer de nouvelles antennes du festival situées à différents endroits de la map. À chaque fois qu’une nouvelle antenne devient accessible, le joueur part en expédition avec Ramiro au cours de missions très plaisantes. Une fois l’expédition terminée, les épreuves relatives à la branche du festival jaillissent de la carte. À titre d’exemple, Horizon Apex amène des courses sur route, Wilds apporte des pistes sur terre tandis que Rush ajoute des coups de pub.
Cette manière de progresser aurait pu éviter l’aspect “sapin de Noël” avec les objectifs de la map que certains pilotes ont en horreur si le titre n’était pas aussi généreux dans les points de distinction qu’il attribue. Car oui, à l’instar des précédents épisodes, les conducteurs sont toujours récompensés dans Forza Horizon 5, qu’ils arrivent en tête ou non d’une course. Les jetons glanés grâce à la réputation déverrouillent également des éléments d’envergure du programme Horizon tels que de nouveaux rassemblements (épreuves face à des engins hors du commun allant du train à l’avion), des Stories (missions chapitrées articulées autour d’un thème précis) ou encore des courses spéciales (Colosse, Titan, Gantelet, Goliath, Mastodonte, Marathon, qui traversent toute la carte). Cela signifie que le joueur accède au contenu clé du titre selon son envie plutôt que celle des développeurs. En d’autres termes, Forza Horizon 5 affiche une ultime fois son envie de s’adapter aux volontés des joueurs. Quand bien même celles-ci seraient malmenées par le contenu gargantuesque du programme.
Ce n’est qu’après quelques heures passées sur les terres de Tierra Prospera que l’on commence à comprendre l’étendue des ambitions de Playground Games. Sur le terrain de jeu le plus grand jamais réalisé dans un Forza Horizon, le studio britannique ose la démesure. En plus des coups de pub et épreuves habituelles déjà mentionnées, nous retrouvons le mode Battle Royale “Eliminator” ainsi que le “Super7” proposant des défis créés par la communauté apparus en cours de route sur Forza Horizon 4. En outre, les développeurs ont ajouté l’Horizon Tour, un tournoi multijoueur à travers le Mexique, ainsi que le Labo d’épreuves, un outil puissant permettant de créer ses tracés et de changer les conditions de victoire. Enfin, le système de saison est conservé tandis que la météo dynamique évoluant en fonction des saisons/régions parvient à créer des ambiances visuelles époustouflantes de beauté.
Alors que nous pensions que la seule réelle victime de ce déplacement au Mexique était le dirigeable du Forzathon Live, nous le retrouvons en fait sous le nom d’Horizon Arcade. Ici, plus besoin d’attendre le déclenchement de missions à effectuer toutes les heures, les mini-jeux se déroulent à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, et sont découpés en thèmes (drift, sauts, destruction, etc.). Au pilote de choisir vers quel endroit de la carte il souhaite se diriger afin de participer à ces événements jouables en équipe. À une époque où le mode coopération d’un certain Halo Infinite n’est pas intégré au jeu de base le jour de sa sortie, la générosité de Playground Games force le respect. L’outil de génération rapide de circuits intitulé Blueprint, qui semblait avoir disparu, est en fait intégré au Labo. Plus que jamais, Forza Horizon possède dans son moteur de quoi faire rouler les joueurs pendant de nombreuses heures. La marque de fabrique de la saga.
Beau comme un tacot
Annoncé en grande pompe lors du Showcase 2021 de Microsoft, Forza Horizon 5 a su impressionner le public grâce à ses graphismes dignes d’une nouvelle génération de consoles. Le problème, c’est qu’après ce genre de présentation, il est aisé de décevoir. Que les esthètes se rassurent, le soft conçu par Mike Brown et ses équipes envoie du lourd. Sur Xbox Series X, les graphismes sont splendides que l’on joue en mode Qualité (4K/30fps) ou Performances (4K/60fps). Comme nous l’expliquions dans notre aperçu diffusé le mois dernier, Forza Horizon 5 gomme les quelques imperfections techniques constatées dans la version “next-gen” de son prédécesseur. En mode Qualité, le level of detail est moins perceptible qu’auparavant. Les façades des bâtiments cessent enfin d’apparaître brusquement à l’approche du véhicule, ce qui apporte beaucoup au confort visuel général. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour les fans de Forza ça veut dire beaucoup : les ombres cessent enfin de bouger par à-coups durant le cycle jour-nuit. La liste des détails qui tuent est longue et ne fait que prouver le grand talent des artistes de Playground Games : les sols sont détaillés, le ciel est photoréaliste, les véhicules sont superbement modélisés, les effets spéciaux sont nombreux, les éléments destructibles/déplaçables sont considérables et la distance d’affichage est énorme. Quant aux tempêtes de sable, elles créent une ambiance post-apocalyptique surprenante que les réalisateurs présents au festival cherchent à exploiter !
Cette maestria technique met en valeur les biomes variés visités au cours de l’épopée, avec des volcans accueillant de la neige lors de la saison sèche, des canyons, des côtes tropicales, des champs vallonnés, des collines arides, de la jungle, du désert, des plages, des marais et de la ville grâce à Guanajuato. “Le plus bel endroit sur Terre où chacun est le bienvenu” comme le dit le narrateur durant la vidéo d’introduction. Ces multiples biomes ne sont pas là que pour faire joli, ils permettent surtout aux organisateurs du festival de façonner des tracés plus ou moins tortueux sans que l’on ait l’impression de vivre deux fois la même course. À force de voir du pays, on en vient à trouver que les circuits classiques s'exécutant sur plusieurs tours n’ont plus vraiment leur place dans ce grand délire qu’est Horizon. Le terrain de jeu mexicain surpasse l’Australie du troisième épisode à tous les niveaux, quand bien même il manquerait une métropole digne de Surfer's Paradise. Le seul revers de la médaille que nous avons à signaler face à cette démonstration orchestrée par Playground Games, c’est qu’il est beaucoup trop tentant d’interrompre une course pour activer le mode photo et immortaliser le moment. Les rassemblements en mettent une nouvelle fois plein les yeux. Ils sont accompagnés cette fois-ci d’expéditions bourrées d’éléments scriptés qui en jettent. Nous ne voulons pas gâcher les surprises, mais de très bons moments attendent les pilotes en herbe dans le cœur de ce vaste terrain de jeu.
Du racing et diesel
Malgré l’emphase mise sur l’exploration avec tous ces trésors de grange à dénicher, Forza Horizon 5 est avant tout un jeu de courses. Bien que le Mexique ait une place prépondérante dans l’expérience, les autres stars de cette aventure sont les véhicules qu’il est possible d’acheter, de gagner, d’améliorer, ou encore de mettre aux enchères. Au moment où nous écrivons ces lignes, 526 bolides peuvent être pilotés. La série des Forza Horizon a beau être le terrain de jeu des collectionneurs et autres complétistes, elle n’en n’oublie jamais d’être fun avant tout. Comme le dit le célèbre dicton, les profanes s'amusent du spectacle mais les connaisseurs observent les techniques. De multiples options sont disponibles afin que le jeu s’adapte à toutes les envies. La difficulté générale des drivatars est modifiable alors que différentes aides peuvent être activées ou désactivées (ABS, contrôle de traction, contrôle de stabilité, etc.). Plus le joueur retire des aides, plus il augmente son bonus de crédits à la fin d’une course, crédits indispensables à l’achat de nouvelles voitures ou de maisons mexicaines. Que les choses soient claires : Forza Horizon 5 se joue globalement comme Forza Horizon 4. Nous ne notons aucun bouleversement majeur que ce soit dans la maniabilité ou dans le système de progression malgré la campagne légèrement repensée. Les joueurs avides d'originalité pourraient donc rester quelque peu sur leur faim.
Les épreuves de Forza Horizon 5 sont nombreuses. Nous comptons les courses sur route, sur terre, de cross-country, de rue, et de drag. Il y a aussi les coups de pub, les rassemblements et les expéditions. Du côté de l’exploration, nous retrouvons les trésors de grange ainsi que les panneaux bonus. Dans cet épisode, nous remarquons la présence de dix histoires d’Horizon aux thèmes variés (photos, cascades, pilote d’essai, etc.). On en trouve même un qui parle d’écologie ! Voilà qui est cocasse pour un festival qui doit avoir une empreinte carbone non-négligeable avec tous ces avions et véhicules réunis pour le plaisir des amateurs.
La série des Forza Horizon est connue pour être festive. Cela est dû, en partie, à la bande-sonore acidulée et aux animateurs radio qui se donnent à fond. Ces derniers sont de retour et ont toujours une réplique qui colle à ce que le joueur vient de faire. Peu importe la station sélectionnée parmi Pulse, Bass Arena, Block Party, XS, Hospital, et Eterna, il y a forcément une petite phrase adressée aux pilotes par rapport à leur progression dans le festival. De notre côté, nous apprécions trouver dans les playlists des morceaux d’artistes mexicains. Cela injecte un peu de “caliente” dans nos oreilles. Le sound design se révèle très bon, avec des ambiances sonores différentes d’un biome à un autre.
High five au sommet de la Caldera
Au sein des rues qui composent le Mexique imaginé par Playground Games, Forza Horizon 5 projette de faire se rencontrer des aventuriers du monde entier. Histoire de peupler ce monde d’âmes qui vivent, les développeurs utilisent le monde partagé du quatrième volet auquel ils ont ajouté diverses améliorations afin de faciliter la mise en relation. Tout ou presque dans Forza Horizon 5 est personnalisable et distribuable. Les livrées peuvent une nouvelle fois être conçues puis envoyées au monde entier, au même titre que les photos prises en cours de partie. C’est surtout dans la création d’épreuves que le titre fait un grand pas en avant. Grâce au Labo, l’utilisateur a la faculté de dessiner des tracés facilement tout en plaçant à peu près tout ce qu’il souhaite sur la piste. Il est ensuite invité à modifier les règles du jeu via un système simplifié de scripting. Nul doute que cet outil fera émerger des concepts farfelus imaginés par des petits génies. Avec son système de phrases préenregistrées bon enfant, ses “kudos” que l’on peut envoyer aux joueurs et les voitures à offrir, Playground Games mise sur la “positive attitude” pour lutter contre toute forme de toxicité. Cela génère un monde virtuel accueillant qu’il est bien difficile de quitter.
À l’instar de ce que nous avons connu avec Forza Horizon 4, Forza Horizon 5 récompense les joueurs fidèles de la série en leur offrant quelques voitures. Parmi elles, la 2013 Dodge SRT Viper GTS, la McLaren Senna 2018 ou encore la Porsche 911 GT2 RS 2018.
Conclusion
Points forts
- La formule Forza Horizon au top de sa forme
- Le Mexique, super terrain de jeu
- Contenu gargantuesque
- Graphismes magnifiques
- Ambiance sonore excellente
- Les expéditions et les rassemblements méritent le détour
- Plein d’outils de création et de personnalisation
Points faibles
- Des mécaniques de jeu qui évoluent peu
- Des chargements un peu longs (surtout en mode photo)
Note de la rédaction
¡Ay, caramba! Forza Horizon 5 fait mûrir sous le soleil mexicain une recette concoctée par Playground Games ayant déjà régalé des millions de pilotes. Tel un antojito, Forza Horizon 5 se déguste dans la bonne humeur avec n'importe qui, n’importe quand. Roulant sur tout ce qui a déjà été fait techniquement et profitant du tremplin Xbox Series X pour tamponner les cieux, le soft de Microsoft gravit le volcan du fun et déverse une coulée d’épreuves exaltantes à vivre seul ou à plusieurs. C’est le festival de la décennie.