Le "Pape" du FPS néo-rétro refait parler de lui. Après une sortie remarquée en 2018 sur PC, Dusk arrive sur Switch, la console qui semble le moins adaptée pour jouer à ce ce type de titre ultra nerveux et qui demandent une grande précision dans les contrôles. Et pourtant...
Dusk est un FPS tellement frénétique et férocement lié au duo "clavier/souris" sur PC que l'on se demandait vraiment que ça pouvait donner sur Switch, une console qui n'est pas réputée pour offrir une prise en main optimale pour les shooters un tant soit peu nerveux. New Blood Interactive a pris le temps de travailler ce portage en prenant en compte les spécificités de la console, pour un résultat étonnamment réussi.
Soyons honnêtes : ce ne sera jamais aussi précis que sur PC, mais tout un tas d'options de contrôles permet de rendre l'expérience très agréable. Le jeu prend ainsi en compte le gyroscope des joy-cons, ce qui aide largement la visée. Le stick droit servant à lever ou baisser le regard n'est en effet jamais très précis et la possibilité d'ajuster son tir d'un léger mouvement des mains s'avère salvatrice dans bien des situations. Le titre propose également une aide à la visée ajustable sur 5 niveaux, ce qui là encore peu bien aider si vous avez vraiment du mal avec le pad. À cela s'ajoutent les classiques réglages de sensibilité des sticks, la modification du FOV et un grand nombre de réglettes pour modifier l'affichage. Bref, Dusk se veut le plus ouvert et customisable possible et, à moins d'être totalement réfractaire aux FPS à la manette, vous allez forcément trouver une configuration qui vous convient. À noter que cette version introduit une roue de sélection des armes - à la manière de derniers Doom - qui s'avère plutôt pratique, mais qui manque parfois de réactivité.
Techniquement, ce portage Switch tient très largement la route, avec un framerate à 60 FPS constant, que ce soit en portable ou en docké. Visuellement, le titre reste bien entendu très "rétro" et il est quasi-impossible de déceler une différence avec la version PC. C'est fluide, ça va très vite et l'ambiance "horrofico-industrielle" fonctionne toujours aussi bien.
Enfin, sachez que cette version Switch propose un contenu inédit, sous la forme d'une nouvelle arène pour le mode "Endless" (combats avec des vagues d'ennemis de plus en plus coriaces) qui reprend l'architecture du château central de Super Mario 64. Une version "démoniaque" très réussie, qui fait la part belle à la verticalité grâce à de nombreux "bumpers" disséminés un peu partout.
Le test de la version PC d'origine
Sous ses airs de jeu daté, Dusk est en réalité une véritable usine à bonnes surprises. En premier lieu, alors que nous pourrions croire le jeu totalement dénué de scénario, le créateur du titre, David Szymanski, s'est efforcé de développer un but et une vraie progression dans son intrigue. En quelques mots, vous incarnez le DuskDude, sorte de chasseur de trésors chargé d'éradiquer une menace exhumée de ruines anciennes. Ainsi, si vous aurez votre lot de créatures étranges à dégommer, vous serez également confronté à d'inquiétants cultistes et autres militaires, au cours des trois chapitres du jeu, eux-mêmes composés d'une dizaine de petits niveaux.
Rétro, mais pas seulement
En dépit de sa grande économie de polygones, Dusk sait créer une atmosphère anxiogène à souhait qui pourrait parfois le faire flirter avec le genre horrifique. En outre, ne croyez pas qu'une technique directement issue des années 90 empêche Dusk d'offrir de la diversité, au contraire. D'une ferme délabrée au complexe militaire en passant par une planète alien, le titre sait varier les ambiances et les plaisirs et semble à plus d'un égard clamer son amour indéfectible pour un certain Half-Life, notamment lors de quelques mises en scène avec les militaires qui ne sont pas sans rappeler les mémorables confrontations avec les marines du titre de Valve. Il y a un vrai sens de la mise en scène et de la narration environnementale chez Dusk, ce qui confère au titre un parfum de modernité qui tranche avec son aspect rétro.
Mais l'influence de Dusk ne s'arrête pas à Half-Life et emprunte autant à Quake qu'à Hexen en passant par Redneck Rampage, et donne au joueur une sensation que l'on croyait presque perdue dans le genre : la vitesse. À l'image des Fast FPS à l'ancienne, la clef de la réussite dans Dusk est le mouvement. Si vous avez laissé de côté le genre depuis 20 ans, nul doute que la première prise en main du jeu sera perturbante. Votre personnage glisse à une vitesse folle sur le sol, les ennemis sont nombreux et votre vie est très limitée. L'esquive est donc de rigueur et très rapidement, ce sont des souvenirs enfouis depuis longtemps qui vous éclatent au visage et qui vous laissent un sourire satisfait collé aux lèvres lorsque, en perpétuelle course, vous êtes parvenus à terrasser d'un coup une multitude d'ennemis grâce à des tirs précis et un vrai sens de l'esquive.
Un portion de niveau de Dusk
Bien évidemment, pas de régénération automatique de vie ici. Il faudra glaner les medkits et des morceaux de bouclier pour espérer survivre, mais fort heureusement, Dusk n'est pas avare en armes. Si certes, nous retrouvons quelques classiques, comme le lance-grande, le double shotgun ou le sniper, d'autres armes sont plus originales comme cette arbalète dont les traits passent à travers les ennemis et les murs ou ce pistolet à clous explosifs. À chaque ennemi correspond une bonne manière d'exploiter son arsenal, aussi le changement régulier d'arme sera de rigueur pour optimiser votre parcours. Si le bestiaire n'est pas extrêmement varié, la présence d'ennemis aux caractéristiques différentes contraint le joueur à basculer entre les 9 armes disponibles pour être le plus performant, rajoutant encore une dose supplémentaire de frénésie à un jeu qui mise tout sur l'action, sublimée par des sensations de shoot vraiment grisantes.
C'est également dans sa construction que Dusk permet au joueur de ne jamais reprendre son souffle. Chaque niveau peut en moyenne se parcourir en moins de 10 minutes et la plupart vous demanderont de récupérer des clefs de couleur pour ouvrir les portes correspondantes. Il faudra donc parfois faire quelques allers-retours pour récupérer un pass à l'autre bout de la carte. Cependant, l'intelligence du level design de Dusk permet au joueur de ne jamais être perdu et, si vous ne désirez pas fouiner chaque recoin des cartes pour en dénicher les secrets, vous n'aurez que très rarement la sensation de tourner en rond pour récupérer une clef ou retrouver une porte. Au terme de chaque niveau, vous pourrez observer un récapitulatif de votre temps, du nombre de créatures tuées et des secrets découverts, de quoi donner des idées aux speedrunners qui pourront choisir parmi 5 modes de difficulté.
À l'exception de quelques petits bugs mineurs, il est difficile de reprocher quoi que ce soit à Dusk qui, en dépit de son esthétique et de ses sensations rétro, reste terriblement moderne, bien construit, effréné et servi par un sound design de haute volée et d'une bande originale, signée Andrew Hulshult, qui n'est pas sans rappeler le boulot accompli par Trent Reznor sur Quake. Tout juste pourrions-nous trouver à redire sur le classicisme du multijoueur, qui ne propose qu'un Deathmatch et qui n'égale pas la créativité de la campagne, mais Dusk réussit si bien le reste que l'on en vient à presque oublier ses menus défauts.
Points forts
- Un portage Switch techniquement solide (60 FPS constant)
- Beaucoup d'options de contrôles pour rendre la prise en main au pad agréable
- Une arène inédite "Super Mario 64" pour le mode Endless
- Des sensations de shoot incroyables
- Level design intelligent
- Un vrai sens de la mise en scène et des environnements variés
- Excellente atmosphère
- Bande originale et sound design impeccables
- Un hommage vibrant et réussi aux FPS des années 90
Points faibles
- Malgré les efforts, la maniablité reste moins précise qu'au clavier/souris
- Intérêt des secrets limité
- Scénario à peine exploité
- Un style graphique qui, forcément, va diviser.
On s'engage : si vous acceptez le style graphique "rétro" qui peut forcément diviser, Dusk est probablement le meilleur FPS de la Nintendo Switch. Ce portage est en effet d'excellente facture, avec un framerate constant à 60 FPS et une très grande souplesse côté prise en main. La combinaison d'une visée plus permissive et de l'utilisation du gyroscope offre en effet d'excellentes sensations. Si vous ne connaissez pas l'original sur PC et que les FPS au pad ne vous font pas peur, foncez. Pour celles et ceux qui ont déjà passé quelques dizaines d'heures sur le jeu d'origine, l'achat peut valoir le coup si vous voulez profiter d'une version "à emporter".