Fondé en 2008, le studio Supermassive Games s’est fait remarquer quelques années plus tard avec Until Dawn, un slasher movie interactif mettant en scène huit jeunes adultes aux prises avec un psychopathe au cœur d’un chalet. Mêlant choix cornéliens, épouvante et retournements de situation spectaculaires, le titre a conquis les joueurs et la critique. Après quelques expériences plus ou moins similaires (si l’on excepte le très perfectible Bravo Team), les développeurs britanniques ont fait de l’horreur vidéoludique une de leurs spécialités et créé l’anthologie The Dark Pictures. Après Man of Medan et Little Hope, les protégés de Guildford reviennent avec House of Ashes, une œuvre au rythme plutôt maîtrisée, mais destinée à un public averti. Parviendrez-vous à les sauver tous ?
Dans la littérature, la bande dessinée ou encore le cinéma, une anthologie est une collection d’histoires indépendantes reliées entre elles par une seule et même thématique. Ainsi, House of Ashes, est toujours un jeu d’horreur narratif à embranchements, où les décisions du joueur impactent l’histoire et ses conséquences. Par rapport à ses prédécesseurs, ce troisième épisode change de tonalité et s’éloigne du navire hanté de The Dark Pictures : Man of Medan et du village tourmenté de The Dark Pictures : Little Hope pour nous immerger en plein Désert d’Arabie. Le scénario fait écho à un évènement bien réel teinté de surnaturel.
AU FOND DU TROU
Après un flashback marquant la menace galopante, la trame scénaristique fait un bond de plusieurs siècles pour s’arrêter en 2003, à la fin de la guerre d’Irak. Les Forces Spéciales américaines, à la recherche d’armes de destruction massive, se retrouvent au Proche-Orient pour mener à bien leurs investigations. Comme précédemment, plusieurs personnages centraux sont au cœur de l’intrigue. Éric King, lieutenant-colonel de l’U.S Air Force, est celui qui mène les recherches. Avec son air parfois hautain et sa confiance affichée, il cache en réalité une grande sensibilité, surtout lorsqu’il se trouve face à sa femme, Rachel King. Cette dernière, officier de terrain de la CIA, s’est forgée une véritable carapace et peut être autoritaire. Nick Kay, quant à lui, est le sergent des Marines qui peut compter sur son ami et supérieur, Jason Kolchek. L’autre protagoniste, qui va avoir un rôle capital, est un soldat du camp irakien, le bien-nommé Salim Othman. D’autres protagonistes, de moindre importance, font également leur apparition durant l’aventure. C’est tout ce petit monde qui se retrouve plongé dans les ténèbres après une mission qui tourne mal et qui va, selon les souhaits du joueur, cohabiter pour s’en sortir ou poursuivre leur confrontation six pieds sous terre. L’intrigue de House of Ashes est intéressante, même si l’écriture, très soft de série Z, manque parfois de percussion. On sent venir certains évènements et il est préférable de ne pas être claustrophobe pour s’immerger dans cet univers où les couloirs sont nombreux.
LES CENDRES DU PASSÉ
Entre phases de gameplay et cinématiques, le jeu de Supermassive Games assume le parti-pris porté par les précédents titres du studio ou d'une compagnie comme Quantic Dream. Le joueur assiste à de nombreuses séquences et la plupart d’entre elles se finalisent par des choix qui font peu à peu évoluer les relations entre les protagonistes principaux de l’histoire. Méfiance, colère, gentillesse, compréhension, entraide, trahison… de nombreux sentiments traversent les lignes du scénario et il est amusant d’en jouer pour modifier la trajectoire des évènements. En parallèle de ces décisions, le joueur est amené à participer à des phases d’exploration pour y mener diverses investigations et recherches d’indices. En dépit d’un côté beaucoup trop stéréotypé (comme le fait de choper du ruban adhésif pour réparer le tuyau d’un générateur électrique), ces parties apportent un peu de variété et permettent de profiter de déplacements libres et de jolis décors. Enfin, conformément à l’aspect film interactif, le jeu est parsemé de QTE de différentes natures (appui bref au bon moment, tapotement de touche, curseur à pointer sur un ennemi, etc.). Dans l’esprit, House of Ashes reste donc fidèle à la ligne de conduite de l’anthologie proposée par les développeurs anglais, mais ce troisième volet apporte néanmoins quelques nouveautés. Désormais, les graphismes, lors des phases d’investigation, sont en 3D temps réel. Il ne s’agit plus de caméras fixes à la Resident Evil. Par ailleurs, pour se déplacer dans la pénombre, la lampe torche est fort utile et donne accès à des zones ou objets cachés (notamment des secrets qui viennent s’ajouter à l’inventaire). Ce n’est pas révolutionnaire, mais il faut l’utiliser avec parcimonie, car elle a tendance ralentir la démarche de l’avatar. Quoi qu’il en soit, les habitués de la saga retrouveront rapidement leurs marques, d’autant que les développeurs cherchent à optimiser la formule depuis Until Dawn. Ce n’est pas parfait, mais les efforts sont là, notamment dans l’intégration des QTE. Après, les séquences de tir mériteraient un peu mieux qu’un pauvre curseur qu’on déplace sur un écran figé.
TÊTES À CLAQUES
Dans un jeu de ce type, qui limite volontairement les phases de gameplay, la qualité des personnages est primordiale. Avec House of Ashes, on retrouve un peu les poncifs agaçants des précédentes œuvres du studio. Certains protagonistes sont intéressants (Salim, Nick, Jason…) tandis que d’autres sont de véritables têtes à baffes, la faute à des clichés trop marqués. Ainsi, la relation entre Éric et Rachel est assez agaçante, voire parfois totalement inadaptée aux évènements se jouant dans ces catacombes lugubres. Série Z oblige, c’est sûrement voulu, mais il y a des passages qui sortent le joueur de l’atmosphère étouffante dans laquelle il est enfoncée. La réalisation a aussi tendance à souffler le chaud et froid. Si le jeu ne se gêne pas pour récupérer des éléments des précédents épisodes (modèles, animations…), il souffre également d’une certaine inégalité visuelle. Dans l’ensemble, et ce n’est pas plus mal car l’intrigue se passe en grande partie sous terre, les environnements cloisonnés sont beaucoup plus réussis que les décors extérieurs. Les développeurs ont une réelle maîtrise des lumières et effets dans les lieux souterrains. En ce qui concerne les personnages, ils sont vraiment bien modélisés, mais le regard et la peau ont parfois un rendu peu naturel. Néanmoins, dans le cœur de l’intrigue, on s’en accommode et on est porté par les retournements de situation, d’autant que le jeu, dans sa version next-gen, se veut très stable. Dommage qu’il y ait encore quelques bugs, comme une VF qui se transforme subitement en VO pour quelques lignes de dialogue. Avec House of Ashes, le studio du Surrey bonifie son anthologie, même s’il n’épargne pas certains écueils. Il reste encore quelques axes de progression, mais le chemin entrepris est le bon. Si vous avez des amis ou une famille adepte des films d’épouvante, sachez que le titre conserve son multijoueur et qu’il est possible de parcourir l’histoire à deux en ligne ou en « soirée télé », de 2 à 5 joueurs, en se passant la manette.
Conclusion
Points forts
- Le personnage de Salim
- Une V.F efficace
- Rythme mieux maîtrisé que ses prédécesseurs
- Ambiance accrocheuse
- Une intrigue intéressante
- Visuellement réussi
Points faibles
- Décors moins variés que précédemment
- Des tons maussades persistants (en même temps, sous terre...)
- Quelques bugs sonores
- Écriture inégale
- Certains personnages agaçants
Note de la rédaction
House of Ashes ne dénature pas la philosophie de Supermassive Games. Tout en conservant la mise en scène cinématographique de la saga The Dark Pictures, ce troisième épisode propose désormais une caméra à 360° et des QTE mieux intégrés. Grâce à son rythme maîtrisé, son atmosphère claustrophobique et son intrigue intéressante, il surpasse ses prédécesseurs malgré ses défauts (écriture inégale, personnages caricaturaux, phases de shoot figées…). Pour quiconque aime les expériences interactives du genre, cette dernière itération de l’anthologie mérite la curiosité.
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