Ce n’est pas tous les jours que sort un jeu annoncé plus de 15 ans auparavant. Metroid Dread, cinquième épisode de la série, arrive pourtant dans nos contrées presque 20 ans après son prédécesseur Metroid Fusion. Si Samus n’est jamais sorti de notre champ de vision grâce aux spin-off et aux remakes, cet opus porte énormément d’espoir sur son dos. Le studio Mercury Steam n’a heureusement pas craqué sous la pression…
Metroid Dread, un retour attendu sur Nintendo Switch
Définir le succès de la série Metroid n’est pas simple. D’un côté, les fans de Nintendo la placent au firmament, aux côtés des Mario et Zelda, faisant de Samus Aran une des plus grandes icônes de la marque. Sa place dans le tout premier épisode de Smash Bros en est d’ailleurs un signe évident : Nintendo tient beaucoup à cette franchise. Pourtant, de l’autre côté, Metroid n’a jamais été un vrai succès financier. Super Metroid, souvent vu comme un des meilleurs jeux de tous les temps, fut un cuisant échec en termes de ventes. En tout et pour tout, la série toute entière correspond à un peu plus de 20 millions de ventes de jeu, alors qu’un simple Animal Crossing New Horizons s’est vendu à 34 millions d’exemplaires à lui tout seul. Dur dur pour une série dont pratiquement tous les épisodes oscillent entre excellence et chef-d’oeuvre.
Heureusement, la ténacité de Nintendo reste remarquable et Metroid Dread débarque maintenant sur Nintendo Switch, 19 ans après le dernier épisode hors spin-off, Metroid Fusion. Reprendre le cours de l’histoire n’est pas chose aisée et le studio espagnol Mercury Steam le sait bien. L’intro résume brièvement la situation afin que personne ne se sente perdu, y compris les néophytes. Après avoir balayé la menace Metroid, puis la menace Parasite X qu’elle avait elle-même engendrée, la chasseuse de prime Samus Aran se rend sur la planète ZDR suite à la réception d’une étrange transmission vidéo : il semblerait qu’un spécimen de Parasite X, sorte de microbe capable de prendre le contrôle de son hôte tout en modifiant ses capacités, soit encore en vie. Mais à peine arrivée sur la planète, elle va faire la rencontre d’un guerrier Chozo pratiquement invincible qui lui colle une vilaine rouste, lui retirant une partie de ses pouvoirs par la même occasion.
Un Metroidvania pur souche, parfaitement maîtrisé
Dans sa structure, Metroid Dread est un pur Metroidvania, genre de jeu qui mélange action, plates-formes et exploration. Il s’agît d’un “open world” 2D dans lequel on gagne des capacités qui nous permettent d’accéder à de nouvelles zones. Metroid étant le créateur du genre, il est forcément un des meilleurs représentants et cet opus Dread s’en donne à coeur joie, notamment dans l’aspect labyrinthique cher à la série. Ce que l’on appellerait passage secret dans un jeu normal s’avère ici être votre route principale. Il va ainsi falloir sonder chaque mur, aidé par la carte, pour espérer trouver la bonne voie. L’aspect “gruyère” des niveaux n’est pas des plus faciles à maîtriser en matière de game design, mais on peut largement saluer le travail des développeurs car Metroid Dread s’avère être un maître du genre ! Avec l’obtention de nouveaux pouvoirs, on découvre régulièrement de nouveaux raccourcis et bien qu’au début de l’aventure on peut craindre d’y voir trop d’allers-retours, on est régulièrement surpris de découvrir un passage alternatif qui nous facilite la tâche. On n'est peut-être pas au niveau de perfection de Super Metroid à ce niveau, Metroid Dread gardant une séparation assez distinctes de ses zones majeures, mais on en n'est pas loin.
Il y a un élément où Metroid Dread est largement au-dessus de tous ses prédécesseurs : le gameplay, et plus précisément la maniabilité de Samus. Dès les premières secondes, alors qu’on ne dispose que des pouvoirs de base, la fluidité de ses mouvements est tout bonnement hallucinante et on a vraiment l’impression que l’on peut tout faire. Glissade, salto, rebond sur les murs, on dispose d’une précision remarquable tout gardant une vélocité constante en toute situation. Dès que l’on commence à maîtriser le personnage, il en devient jouissif de nettoyer les zones de ses créatures endémiques et autres robots. La possibilité d’effectuer des parades même en courant, déjà vu dans le remake Metroid : Samus Returns, ajoute une pêche indéniable à l’ensemble. En avançant dans le jeu, on gagne en puissance avec l’impression de devenir un super-héros, capable de voler, se téléporter brièvement, etc… Samus à pleine puissance, ça fait froid dans le dos !
Metroid Dread : Les 20 premières minutes de jeu
La chasseuse chassée
Malgré les capacités légendaires de notre chasseuse de primes, ne croyez pas que votre visite de la planète ZDR est une sinécure. La difficulté reste omniprésente, et cela de bien des manières. Les boss et mini-boss sont très, très nombreux, et il n’est pas rare que notre première rencontre avec l’un d’entre eux se solde par un échec cuisant, le temps de comprendre les mécaniques : Metroid Dread demande parfois des réflexes surhumains pour survivre. Toutefois, à force d’apprentissage, on arrive à vaincre l’adversité, parfois en serrant le poing très fort, fier d’avoir passer une épreuve aux apparences insurmontables. Une difficulté bien dosée qui pourra peut-être faire peur aux plus néophytes et aux moins patients cependant. Lors des phases d’exploration, certaines phases de plates-formes peuvent aussi s’avérer corsées, même si elles se soldent plus par une répétition de séquence que par une mort (il n’y a pas de “trous”, ni dégâts de chute dans Metroid).
Toutefois, la plus grande menace que l’on rencontre dans Metroid Dread porte le doux nom de E.M.M.I.. Au nombre de 7, ces robots autrefois envoyés par la Fédération Galactique pour vérifier la menace Parasite X avant votre arrivée ont été détournés de leur fonction et sont maintenant en mode sentinelle, prêts à chasser et détruire tout ce qui rentre dans leur zone. Et par “tout ce qui rentre dans leur zone”, comprenez Samus Aran. Totalement invincibles, les E.M.M.I. se repèrent au son, à tel point que chaque mouvement dans un rayon proche sera automatiquement détecté. Il faut donc fuir pour se cacher et trouver une sortie rapidement. Lorsqu’un E.M.M.I. repère le joueur, toutes les issues sont automatiquement fermées jusqu’à ce qu’il perde la menace de vue, ce qui complique bien évidemment la situation. Ces parties de cache-cache font partie des moments les plus intenses de cet opus, le joueur cherchant désespérément un coin pour se cacher en attendant la recharge de son pouvoir d’invisibilité. Il faut dire que se faire attraper par un E.M.M.I. est synonyme de mort immédiate dans 90% des cas, malgré la possibilité de parer l’attaque dans la cinématique avec un timing qui relève plus de la chance que du réflexe.
L’une des forces de la série Metroid est de garder le joueur sous tension constamment. Metroid Dread réussit cet exploit grâce à la variété de ces phases, mais aussi par sa capacité à casser son propre rythme. Alors qu’on a l’impression qu’on va enchaîner les phases découverte d’une nouvelle zone -> E.M.M.I. -> nouveau pouvoir, l’aventure prend une autre tournure et apporte de nouveaux éléments, y compris scénaristique. A ce sujet, il faut noter que la mise en scène un peu brutale n’est pas au top, malgré de belles révélations au cours de l’histoire. On finit par comprendre pourquoi on est sur ZDR et le véritable enjeu derrière Metroid Dread et les fans de la série seront sans doute ravis d’en découvrir un peu plus sur Samus Aran, mais certaines scènes pourtant épiques (et importantes), sont expédiées en matière de réalisation. Rien qui gâche le plaisir de jeu, mais cela reste un élément notable.
L'art et la manière
La saga Metroid n’a jamais frappé les joueurs par sa beauté, dans le sens artistique du terme. Il s’agissait d’ailleurs d’un des écueils principaux faits à Metroid : Samus Returns sur 3DS. Nous étions donc plutôt inquiets de voir ce que cet épisode nous réservait à ce niveau et à notre grande surprise, nous ne sommes pas déçus. Certes, l’aspect très souterrain de l’aventure n’offre pas de panoramas grandioses, mais la profondeur apportée par les animations en background font leur petit effet. Cela va même de mieux en mieux avec la découverte de nouvelle zone, pour dire vrai. En mode portable sur Switch OLED, le résultat est d’ailleurs plus que probant, même si la qualité de l’écran OLED y est forcément pour quelque chose.
La gestion du son est quant à elle très importante dans la série et Metroid Dread ne déroge pas à cette règle. La musique se fait discrète, voire muette dans les moments les plus intenses afin de mettre l’accent sur les bruits de l’environnement, parfois synonyme d’informations pour le joueur. Même en dehors du radar, les E.M.M.I. sont plus ou moins bruyants selon la distance qui les séparent du joueur par exemple. Les mélodies sont comme toujours des variations des classiques de la série, qui marquent par leur caractère menaçant.
Dernier point pour finir cet article sans ne rien vous gâcher : la durée de vie est dans les habitudes du genre. S’il m’aura fallu 8h pour finir le jeu en prenant mon temps, cette valeur n’a d’intérêt que pour les fans invétérés de la série dont je fais partie. Vous pouvez plutôt compter 10h en moyenne, et quelques-unes de plus pour le finir à 100%. Notez d’ailleurs que la chasse au 100% est différente du reste de l’aventure vu que Metroid Dread en devient presque un jeu de réflexion. Bien que vous sachiez où est l’item que vous convoitez, c’est souvent la manière d’y parvenir qui vous bloquera, la solution s’avérant souvent être une combinaison d'actions rapides qui demandent une parfaite maîtrise du personnage. Finir le jeu débloque un mode difficile qui fera plaisir aux fans de challenge.
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Conclusion
Points forts
- La fluidité des combats, de très haut niveau
- La structure du monde, pleine de secrets
- La difficulté parfaitement dosée
- L’intensité et la tension face aux E.M.M.I.
- La cassure du rythme à mi-chemin
- On en apprend plus sur Samus et les Chozo
Points faibles
- La mise en scène des cinématiques un peu bancale
- Manque un peu de bonus post-game
Note de la rédaction
Metroid Dread est exceptionnel en tout point, se plaçant d’office comme un des meilleurs épisodes d’une série qui ne manque déjà pas de pépites ! En mélangeant les phases d’action et d’infiltration, le jeu développé par Mercury Studios tient constamment le joueur en haleine. Mais au-delà de sa structure et de son aspect exploration, c’est la fluidité de gameplay qui nous a scotché au plafond, avec une Samus plus agile et virevoltante que jamais et une difficulté qui nous oblige à jongler avec ces nombreuses capacités dans de nombreuses situations. Que vous soyez un néophyte ou un fan de la série, Metroid Dread est un must-have pour tout possesseur de Nintendo Switch.