Alors que la mode des Battle Royale n’en finit pas d’attirer de nouveaux prétendants, la licence Vampire : The Masquerade se pare de ses plus beaux vêtements et nous propulse dans une Prague aussi majestueuse que dangereuse. Disponible en accès anticipé depuis le 7 septembre dernier, le dernier-né du studio Sharkmob AB tente de se faire une place dans le monde impitoyable des jeux à la Fortnite. Un free-to-play sanglant et immersif qui pourrait bien surprendre les amateurs des créatures de la nuit.
Né en 1991, Vampire the Masquerade est un jeu de plateau au ton « gothique-punk » où se défient des chasseurs de vampire. Rencontrant un grand succès, ce dernier a ensuite été adapté en jeux de cartes, en romans, en émission télévisée et, bien entendu, en jeux vidéo. La licence, appréciée par une large communauté, est tombée dans l’escarcelle de plusieurs éditeurs (Activision, Activision Blizzard, Paradox Interactive…) et revient régulièrement sur le devant de la scène. En attendant de pouvoir toucher à Bloodlines 2 – qui vit décidément un développement compliqué – c’est sous la lune d’une Prague en mode Battle Royale qu’on redécouvre la franchise. Et franchement, ça le fait !
UNE VIE DE BOHÊME
Modelée par des transfuges de Massive Entertainment ou encore IO Interactive, Vampire : The Masquerade - Bloodhunt n’est pas une œuvre sortie de nulle part. Délaissant les aventures solos aux forts relents de RPG, le titre de Sharkmob AB prône les combats multijoueur (en solitaire ou en escouade) au cœur d’une capitale tchèque plongée dans la nuit. Gratuit et accessible à toutes et tous, le jeu n’a rien de très original dans son approche, mais il se montre particulièrement solide. Si l’histoire se dévoilera au fil des mois, elle n’est pour l’heure qu’un prétexte à un affrontement sanglant dans les rues de la ville dorée. Une organisation secrète, appelée l’Entité, a pour but d’exterminer les vampires. C’est finalement une trahison, par l’un des clans, qui va transformer Prague en une gigantesque poudrière. Mêlant civils et créatures de la nuit, Blood Hunt est un Battle Royale qui tente de se démarquer par son univers issu du Monde des Ténèbres (World of Darkness en langue originale) et son casting éclectique aux pouvoirs surprenants.
Battle Royale oblige, la première étape consiste à personnaliser son avatar et à sélectionner l’une des six classes disponibles. Comme leur nom l’indique, la Brute et le Vandale font partie des tankers, autrement dit les individus privilégiant les attaques frontales et physiques. Le Saboteur et le Rodeur aiment, quant à eux, misent sur l’infiltration. Tel un Shinobi, leur approche consiste à se faufiler, à frapper et à disparaître immédiatement. Si vous faites partie de la catégorie des joueurs qui déchantent à l’idée de se faire annihiler à peine la partie commencée, voilà une classe permettant d’atteindre un très bon classement, même en faisant face à des joueurs expérimentés. Pour terminer, la Sirène et la Muse sont les soigneuses, celles indispensables au soutien d’un jeu en équipe. Chaque clan comporte deux capacités – l’une passive, l’autre active. Cela va de l’invisibilité au saut en flèche (permettant de bondir de plusieurs mètres de haut) en passant par une création holographique. À ces aptitudes vient ensuite s’ajouter une compétence d’archétype, autrement une capacité spéciale visant à repérer les ennemis, à les surprendre, à vous soigner, etc. Ce n’est pas d’une grande originalité, mais ça change des autres titres du genre, ce qui est pas mal. En revanche, il faut espérer que le nombre de classes soit revu à la hausse dans un futur proche car on en fait vite le tour.
LA VILLE AUX CENT TOURS
Moins baroque que son univers peut se laisser penser, Blood Hunt puise dans les habitudes des Battle Royale à succès. On retrouve absolument tout ce qui a fait le succès du genre. Immergé (aléatoirement ou non) dans un environnement, le joueur doit se défaire de ses adversaires en veillant à ne pas se faire attraper, minute après minute, par le gaz rouge qui vient infecter la quasi intégralité de la carte. Lorsque la rixe se termine, les participants encore vivants se retrouvent dans une zone ultra-restreinte pour tenter d’obtenir la première place du podium. On aurait aimé que les codes du genre soient un peu moins présents, mais il faut reconnaître que faire la chasse aux vampires dans une Prague plus belle et ténébreuse que jamais, ça offre un cachet assez unique au rejeton de Sharkmob. Les développeurs ont particulièrement travaillé les différents secteurs de la ville, tantôt gothiques et morbides, d’autres fois colorés et même psychédéliques. L’aspect Assassin’s Creed, permettant de crapahuter sur les édifices de la ville, fonctionne bien et les sensations, armes à la main, sont convaincantes. Blood Hunt a tout de même pour lui une mécanique vraiment intéressante. Dans les rues, il est possible de croquer les civils pour régénérer sa vie, mais il faut le faire en toute discrétion. En effet, si un autre habitant vous voit commettre votre méfait, il va immédiatement prendre la fuite et le pacte de sang sera rompu. Par conséquent, tous les adversaires sauront où vous êtes durant un laps de temps défini. Autant dire qu’il faut le faire avec parcimonie. Blood Hunt ne révolutionne pas le genre, mais il a un dynamisme et un background qui font qu’on y revient régulièrement.
TAPI DANS L’OMBRE
Se nourrissant du sang de ses prédécesseurs, Blood Hunt manque pour le moment de contenu et se veut un peu trop conventionnel. Mais à l’inverse de certains Battle Royale sans idées, qui ne font que repomper le géant Fortnite, le titre de Sharkmob tente des choses et s’avère très solide dans sa réalisation et son gameplay. Les modélisations et l’environnement sont soignés et les différentes lumières et effets offrent un cachet visuel très intéressant à la ville de Prague. Sachant qu’il est en free-to-play, c’est assurément un jeu à essayer si vous faites partie des amateurs de Battle Royale.
Conclusion
Points forts
- Prague, aussi belle que ténébreuse
- La verticalité du gameplay
- Un Battle Royale aux idées intéressantes
- Techniquement et artistiquement solide
- Incarner un vampire, la classe !
- Des micro-transactions non envahissantes
Points faibles
- Chargements un peu trop longs
- Des bugs persistants
- Les tricheurs sont malheureusement présents
- Un Battle Royale somme toute assez classique
Note de la rédaction
Prenant place dans une Prague nocturne, Blood Hunt est un Battle Royale opposant 45 joueurs. Puisant dans les codes du genre, le jeu de Sharkmob AB a pour lui un univers immersif et une réalisation très solide, à défaut d’être une originalité sans faille. Avec ses six classes de personnages et ses multiples pouvoirs paranormaux, l’œuvre du studio cosmopolite distille des idées intéressantes et s’avère un free-to-play à suivre de très près. Les développeurs savent que le jeu est encore en rodage, mais on peut compter sur eux pour que le suivi, entre la correction des bugs, la stabilité du système et le bannissement des tricheurs, soit optimal. On croise les doigts tant le potentiel de Blood Hunt est énorme.