Avec les années, de plus en plus de productions venues d’Asie arrivent sur nos écrans, en occident. Des productions de genre et de style très différents qui ont souvent de quoi rivaliser avec nos studios maison. Eastward, jeu d’aventure développé par Pixpil et édité par Chucklefish, est une nouvelle preuve du talent de ces équipes encore méconnues. Il s’agit ni plus, ni moins que d’un jeu d’aventure exceptionnel à découvrir de toute urgence. Voici sans plus attendre notre verdict sur Eastward.
Test réalisé sur PC. Eastward existe aussi sur Nintendo Switch. Date de sortie : 16 septembre 2021.
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Lors de notre phase de test, nous avons rencontré plusieurs bugs de script qui nous ont obligés à recharger une ancienne sauvegarde (ou attendre un patch des développeurs) pour avancer. Si cela vous arrive, pas de panique : le système de sauvegarde d’Eastward est là. En plus des points de sauvegarde manuels, le titre enregistre automatiquement votre progression. Ainsi, si vous devez recharger votre session, vous pourrez choisir parmi les enregistrements manuels et ceux faits par le jeu. Il y en a plusieurs à chaque fois.
Dans le jeu vidéo, il y a parfois des directions artistiques et des univers qui vous agrippent sans prévenir, qui sont tellement maîtrisés et réussis que l’on est irrémédiablement charmé, absorbé. C’est ce que nous avons ressenti avec Eastward, jeu d’aventure développé par le studio chinois Pixpil. Un studio méconnu qui, pour son premier projet, déploie un savoir-faire technique et esthétique très impressionnant. C’est bien simple, l’univers fantastique et rétro-industriel du titre, à base de pixel art détaillé et de techniques d’éclairage en 3D, est à tomber par terre. C’est dans ce décor de rêve que l’on suit les aventures de John et Sam, inséparable duo avec, d’un côté, une jeune fille aux mystérieux pouvoirs, et de l’autre, un homme hirsute, muet comme une tombe, tellement passionné par la cuisine qu’il utilise sa propre poêle pour se défendre. Du jour au lendemain, le tandem est chassé de sa ville souterraine - l'Île-Cocotte - forcé à affronter les soi-disantes menaces qui règnent à la surface. Tout d’abord bouleversés par ce que cache en réalité l’extérieur, John et Sam sont confrontés à une étrange substance qui menace leurs nouveaux amis et ce monde qu’ils ont appris à aimer. Le duo devra donc survivre, mais aussi comprendre ce qu’il se passe. Une vérité à laquelle Sam n’est pas étrangère.
SOUS LE CAPOT
Nous éluderons volontairement les péripéties qui attendent John et Sam lors de leur aventure (comptez environ 20h). Tout ce que vous devez savoir, c’est que cette épopée fait preuve d’une justesse et d’un rythme assez exemplaire. Dans les faits, Eastward alterne régulièrement entre scènes de dialogue et phases d’action en temps réel - on parle des combats plus bas -, brisant régulièrement la monotonie susceptible de s’installer lors des très nombreuses cinématiques. Oui, le titre de Pixpil n’a pas la langue dans sa poche, mais il l’ouvre rarement pour rien : toutes les cutscenes d’Eastward, aussi bien drôles que touchantes, mettent en valeur un univers et des personnages riches. Le soin quasi-maladif apporté aux décors se retrouve en effet dans les héros secondaires et autres personnalités de passage, qui ont tous bénéficié d’une attention toute particulière pour leur design et animations. Nous ne pouvons ainsi que vous conseiller de parler aux PNJ, d’écouter leurs histoires et anecdotes loufoques. Certains auront même des petites quêtes à vous confier.
Eastward - À la recherche du mystérieux cochon vert (Gameplay)
Du début à la fin, Eastward est un titre linéaire : il faut constamment suivre l’objectif marqué sur la carte et les détours hors des sentiers battus sont rares (l'accès à de nouvelles zones est souvent conditionné par une arme à débloquer). L’exploration est toutefois vivement conseillée, déjà afin de profiter de toutes les histoires des personnages sur la route, mais aussi pour trouver les nombreux trésors cachés ici et là. Ces derniers vous serviront à faire évoluer les armes de John - fusil à pompe, lance-flammes, bombes - et l’inventaire qu’il partage en commun avec Sam. Vous l’aurez compris, Eastward embarque également un aspect RPG qui s’avère primordial lors des affrontements, à la difficulté assez relevée. Il faudra donc rassembler des “unités de sel”, monnaie du jeu, et des composants électroniques pour gagner en puissance. Ce système d’upgrade se passe exclusivement auprès des marchands des villes, qui ont également en stock des ingrédients pour réaliser des plats et regagner de la vie en combat. Eastward met enfin beaucoup l’accent sur EarthBorn, RPG fictif auquel il est possible de jouer grâce à des bornes d'arcade installés dans les villes, et dont Sam est très fan.
Dans Eastward, il est possible de cuisiner de bons plats qui permettront de régénérer votre santé pendant les combats. Au fil de l'aventure, vous trouverez ainsi des ingrédients qu’il sera possible d’associer pour découvrir de nouvelles recettes. Avec les bonnes associations, vous pourrez regagner plus ou moins de vie, des cœurs bonus mais surtout des effets bien pratiques (défense / attaque renforcée, munitions illimitées pendant quelques secondes). Pour ce faire, il faut se rendre à des endroits précis, aux allures de kitchenette.
DANS LE RING
Outre les bains de foule, John et Sam devront souvent se rendre au-delà des villes pour accomplir tout un tas d’objectifs (venir en aide à tel personnage, aller terrasser tel monstre, etc). Il s’agit des phases d’action, qui se déroulent en deux temps : des zones plus ouvertes propices à l’exploration et de véritables donjons, avec des énigmes et un boss de fin. C’est dans ces situations que la complémentarité entre John et Sam sera vraiment mise à profit, en plus de la complicité touchante qu’ils partagent déjà en temps normal. Lors des phases d’action en temps réel, le joueur peut alterner comme il l’entend entre les deux héros afin d'exploiter leurs capacités. Avec ses pouvoirs, la jeune fille peut en effet pétrifier les ennemis pendant un court instant, que ce soit à l’aide d’un tir multi-directionnel ou d’une attaque de zone. Une aide précieuse pour John, qui pourra alors prendre le relais et se faire plaisir sur les adversaires sans défense. L’homme peut quant à lui frapper à volonté avec sa poêle, mais surtout utiliser ses armes à feu et plusieurs types de bombe.
En plus des très bons points cités plus haut, Eastward se paye même le luxe d’avoir des combats réussis, agréables et intéressants. Leur légère exigence pourra d’ailleurs surprendre (la vie peut en effet descendre très rapidement) mais elle encourage à exploiter les capacités des deux héros. Vous commencerez ainsi sans doute par vider toutes les munitions de John, plus efficaces que sa poêle, pour faire le ménage. Et quand ces dernières viendront à manquer, c’est certainement Sam qui prendra le relais, donnant à son meilleur ami la possibilité de sortir son ustensile de cuisine préféré. Entre-temps, le robot à recharge automatique qui vous permet de regagner des ressources sera peut-être opérationnel. Surtout que certains ennemis sont beaucoup plus sensibles aux pouvoirs de la jeune Sam. Bref, vous voyez la logique. On peut seulement déplorer un léger manque d’ergonomie pour les combats. La navigation entre les armes n’est pas très pratique, ce qui pourra entraîner quelques frustrations. Tout comme se faire avoir par un petit ennemi qui traîne dans les pattes.
Cerise sur le gâteau : Eastward est tout aussi pertinent lorsqu’il met à profit ses héros lors des énigmes. Plusieurs phases demanderont de séparer John de sa comparse, pour que l’un puisse par exemple rester sur une plateforme, ou qu'untel fasse appel à ses capacités pour dégager le passage de l’autre côté de la rive, John ou Sam étant coincé par des obstacles qu’il ou elle ne peut détruire. C’est simple, mais ça fonctionne, et surtout, ça se renouvelle tout au long de l’aventure. Tout comme les combats d’ailleurs, dont les monstres et les boss réservent pas mal de bonnes surprises. Cela peut d’ailleurs s’appliquer à Eastward au global : le titre de Pixpil regorge de bonnes surprises, de situations surprenantes et variées. De quoi en faire un excellent jeu d'aventure. Mais avec son final magistral, aussi bien en termes de mise en scène que d'émotion, jouant sur l'attachement que l'on a créé avec les personnages pendant 20h, cela va plus loin. Jusqu'au bout, Eastward est inventif, intelligent, pertinent. Bref, tout ce qu'il faut pour en faire un jeu exceptionnel dont on se souviendra.
Eastward - Une chance incroyable au casino de Barrageville (Gameplay)
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Conclusion
Points forts
- Direction artistique et univers somptueux
- John et Sam, duo réussi et bien exploité
- Des rencontres toujours attachantes
- Un rythme quasiment irréprochable
- Aussi bien drôle, touchant qu'épique
- Combats variés avec du challenge
- Un final absolument magistral
- Bande-son toujours dans le ton
- Très bonne durée de vie (20h)
Points faibles
- Chapitres à Barrageville, un peu longs
- L’ergonomie des combats pas au top
- Le système d’objectif et de carte
Note de la rédaction
Que dire de plus ? Eastward est un jeu d'aventure exceptionnel qui réussit pratiquement tout ce qu’il entreprend, et parvient à tenir sa barque d’une main de maître sur les 20 heures qu’il faut pour le finir. Le titre du Pixpil ne se repose que très rarement sur ses lauriers, avec constamment de nouveaux personnages au design et à l’écriture soignée, des zones inédites et toujours somptueuses, sans oublier un scénario intéressant, aussi bien léger qu'épique. Même les combats et énigmes sont réussis, avec un duo de héros complémentaire manette en main mais également dans l’histoire qui nous est contée. Un souci du détail de chaque instant, et une aventure à découvrir de toute urgence.