Mine de rien, cela fait huit ans que Wario et ses mini-jeux loufoques n’ont pas fait la joie d’une console de salon Nintendo. Et surtout après le décevant Game & Wario sur Wii U, en 2013, le double maléfique du célèbre Mario avait fort à faire pour renouer avec le succès. Challenge accepté avec WarioWare : Get It Together!, qui débarquera sur Switch le 10 septembre prochain. Au programme : près de 200 mini-jeux et une quinzaine de personnages dont les capacités différentes mettront du piment dans les courtes séquences de jeu, seul, à deux voire à quatre. Une recette qui marche ?
Si les jeux Mario nous font parcourir de longs niveaux avec un certain sens de l’aventure, Wario et sa série phare font un peu tout l’inverse. WarioWare, c’est le plaisir coupable d’enchaîner des mini-jeux complètement débiles à toute vitesse. Le but est simple : réagir au quart de tour pour comprendre ce qu’il faut faire et surtout se bidonner devant les situations délirantes dans lesquelles on se retrouve (boucher le nez d’un inconnu, épiler les aisselles d’une statue grecque, faire s’embrasser deux personnages adorables). Et bien sûr, WarioWare : Get It Together! ne fait pas exception à la règle, avec 200 épreuves loufoques inédites. Dans cette nouvelle aventure, le double maléfique de Mario et tous ses amis se font aspirer à l’intérieur d’un logiciel, forcés à détruire tous les bugs qui s’y sont installés en enchaînant les mini-jeux.
Solo renouvelé, multi malmené
Première étape pour ce nouveau WarioWare : le mode Histoire. Il faudra tout d’abord passer par celui-ci pour débloquer tous les mini-jeux ainsi que les "modes variés", ensemble de défis qui permet d’accueillir jusqu’à quatre joueurs sur un seul écran (on en parle un peu plus bas). Comme d’habitude avec la série, ce morceau scénarisé vous fera enchaîner des niveaux entre 10 et 20 micro-défis sur des thèmes variés - culture, sport, animaux - avec comme prétexte la rencontre avec un nouveau personnage. Mais grande particularité de ce nouveau WarioWare : chaque héros rencontré possède ses propres capacités et devient jouable au moment où vous terminez le level qui lui est consacré. Wario peut ainsi voler comme il l’entend et faire une charge avec son épaule ; Cricket garde les pieds sur terre mais est capable de sauter plus haut que la moyenne ; 18-Volt n’a pas d’autres choix que de rester sur place et d'envoyer des disques pour attaquer et se téléporter. Au total, WarioWare : Get It Together! compte une quinzaine de héros à débloquer, qu’il faudra choisir pour former une équipe entre trois et cinq membres avant de lancer un niveau dans le mode Histoire. Ces derniers changeront de manière aléatoire entre chaque mini-jeu, obligeant à s’adapter selon les cas.
Comme dans d’autres modes, WarioWare : Get It Together! propose de parcourir l’Histoire à un ou deux joueurs. À plusieurs, il faudra collaborer sur le même écran pour réussir chaque mini-jeu. Les joueurs ont chacun leur équipe (de trois à cinq suivant votre progression), mais partagent la même jauge de vie. À noter que certaines épreuves, comme les boss, changent légèrement pour s’adapter au multijoueur.
Tant qu’on parle de cet éventail de capacités, il faut dire que le maniement de certains héros est assez surprenant. Dans une optique de simplicité (surtout en multi quand chacun tient dans sa main un Joy-Con), Nintendo et Intelligent Systems ont jugé bon de concentrer le maniement de chaque personnage sur un stick et un seul bouton, ce qui ouvre la voie à pas mal de bizarreries lorsqu’il s’agit de créer un casting au gameplay varié. Pour ceux qui marchent et sautent “façon Mario”, pas de problème, tout comme ceux qui peuvent s’envoler d’une simple pression sur l’axe supérieur du stick. En revanche, c’est pour le moins très déstabilisant de se retrouver avec des personnages qui ne peuvent pas avancer à moins d’avoir de quoi s’accrocher dans le coin, voire qui se déplacent ou sautent tout seul en guise de “pouvoir”. Pire, c’est même un frein pour les joueurs de passage (la plupart des modes en multi font changer les héros en pleine partie) qui enchaînent surprises et frustration, alors que la série demande déjà de réagir au quart de tour au fil des défis. Pour un jeu autant axé sur le multijoueur, il faut avouer que c’est quand même dommage.
Dans une moindre mesure, l’étrange casting de WarioWare : Get It Together! porte également un coup aux parties solo, quand on se retrouve avec un personnage pas vraiment adapté au mini-jeu imposé (exemple : Kate & Ana qui sautent sans cesse dans une épreuve où il faut se cacher derrière un rebord). Mais - faisons nous l’avocat du diable - il faut dire que ce système avec de nombreux personnages a tout de même ses qualités, notamment pour le twist qu’il apporte quand on connaît bien le gameplay de chacun. Aborder une séquence de jeu avec un héros plutôt qu’un autre ne sera en effet pas la même tasse de thé, forçant le joueur à comprendre encore plus rapidement ce qu’on attend de lui, et donnant même un plus grand intérêt aux phases où l’on refait les niveaux du mode Histoire pour débloquer d’autres mini-jeux. D’ailleurs, quand vous aurez terminé l’aventure principale de WarioWare : Get It Together!, vous pourrez refaire les levels avec tous les personnages dans votre équipe, pour une difficulté supplémentaire. Pour le reste, l'Histoire est classique et fonctionne toujours aussi bien. Du WarioWare comme on l'aime.
DES MODES ANECDOTIQUES
Après avoir épuisé les possibilités de l’Histoire (entre trois / quatre heures en ligne droite et une heure en plus pour débloquer tous les mini-jeux), vous vous intéresserez sans doute aux modes variés que l’on évoquait plus haut. Et soyons francs, ces modes sont anecdotiques et n’ont que pour seul avantage de permettre à quatre joueurs de se réunir sur un même écran. Dans les faits, vous pourrez faire des dribbles ou du volley avec vos amis, prendre part à une sorte de side scroller 2D pas très inspiré avec trois collègues, combattre vos camarades ou bien des vagues infinies d’ennemis avec les héros du titre, jouer à un équivalent du jeu de la bombe à la sauce WarioWare ou encore à un espèce de jeu de société où il faut réussir des mini-jeux visuellement très en retrait pour étendre sa domination sur un plateau. Dans le tas, il y a quand même quelques bonnes idées, comme dans "Hockey chaos", où les joueurs peuvent perturber le défi de leur ami en agitant sa zone de jeu, ou sur "Course aux étoiles" où celui qui a le plus aidé à la réussite d’une épreuve recevra un point.
Avec l’écran tactile et les Joy-Con de son support, WarioWare : Get It Together! aurait pu mettre à profit le touché ou le motion-gaming. Malheureusement, aucune des deux fonctionnalités n’est exploitée. Tous les personnages du titre se jouent avec un seul stick et un seul bouton, sans commandes alternatives.
Pour ne rien arranger, certains héros semblent parfois totalement inadaptés aux modes, comme 9-Volt dans le side scroller 2D, qui roule tout seul avec son skate et rebondit sans cesse sur les deux bords de l’écran. Sans parler du manque d’équilibrage dans "Baston générale", où de gros avantages seront donnés à ceux qui tombent sur des personnages capables de voler et de tirer. Après l’Histoire et un passage plein de curiosité (mais court) dans les modes variés, il reste deux trois choses à se mettre sous la dent mais rien de très passionnant pour le joueur casual. Dans "Wariopédie", vous pourrez par exemple reprendre un à un les mini-jeux et explorer leurs variantes plus difficiles pour marquer le plus gros score. Il y a aussi la Coupe Wario (défi qui change chaque semaine) et les missions qui vous demanderont de réaliser différents objectifs dans les niveaux afin de gagner des pièces et personnaliser tous les personnages disponibles. Les complétionistes purs et durs auront donc de quoi faire, en plus de la dimension compétitive et en ligne pour le défi hebdomadaire de la Coupe Wario. Mais on en attendait quand même plus.
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Conclusion
Points forts
- Un concept barré toujours agréable
- Mode Histoire classique mais efficace
- Un casting de héros bienvenu en solo
- L’accent mis sur l’aspect multijoueur
Points faibles
- Héros qui rendent le multi laborieux pour les nouveaux venus
- Manque d'intérêt et de soin pour les “modes variés”
- Un intérêt et une durée de vie vites à bout de souffle
Note de la rédaction
Plutôt intéressant sur le papier, le nouveau système de personnages de WarioWare : Get It Together! peine à convaincre. Oui, le mode Histoire et les 200 nouveaux mini-jeux sont toujours aussi plaisants, avec des héros qui font varier l'approche pour chaque défi et largement de quoi faire pour ceux qui viseront le 100%. Mais ce qui devait être la grande nouveauté de cet opus est au final son talon d'Achille. Car en multijoueur, les participants sont partagés entre surprise et frustration, cherchant à comprendre comment les différents héros fonctionnent ou pourquoi certains se déplacent et sautent sans arrêt. Pire, ces pouvoirs sont parfois tout sauf adaptés aux différents mini-jeux à plusieurs, qui souffrent pour certains d’un manque d’intérêt et de soin. Ce qui se présentait comme de longues heures de rigolade entre amis se limite finalement à un bref moment de curiosité. Le point fort de ce WarioWare, c'est finalement son solo. Et quelque part, c'est bien dommage.