Après un passage remarqué sur mobile, ce troisième épisode de la série de jeux de rôle fait son entrée sur nos Switch. Le studio coréen KiwiWalks propose ici des graphismes et une bande son retravaillés, de nouveaux contenus, le tout dans une mouture qui s’offre même différentes versions boîte.
Une sorcière, une waifu ?
Depuis des décennies, les sorcières s’illustrent dans de nombreux médias. Leur aspect a évolué au fil du temps, elles se sont éloignées de l’image de la vieille et méchante créature au nez crochu, aux protubérances dégoûtantes, arpentant le ciel sur son balais. Le medium jeu vidéo ne fait pas exception et nous propose régulièrement de rencontrer de jeunes - et jolies - sorcières, parfois un peu naïves, parfois femmes fatales à la beauté saisissante. WitchSpring3 a opté pour un jeu de rôle qui met en scène une ingénue dont la douceur cache d’impressionnantes capacités au combat, une sorcière sans nom toute mignonne qui parvient à donner vie à des marionnettes, qui, nous le verrons plus tard, représentent un atout indéniable lors des combats.
L’histoire d’Eirudy
Si les marionnettes de WitchSpring3 se déplacent sans l’ombre d’un fil, c'est bien là le seul point commun entre elles et ce cher Pinocchio. Lorsque nous faisons sa connaissance, notre jeune sorcière déplore ne pas réussir à doter ses marionnettes de la capacité de parler, elles ne parviennent à s’exprimer qu’avec une simple onomatopée. Il s’avère rapidement que ce manquement est le cadet des soucis de notre magicienne sans nom, puisqu’une raison encore inconnue fait qu’elle doit cacher sa condition de sorcière et fuir les soldats qu’elle croise lors de ses sorties aux alentours de sa maison. Alors qu’elle s’aventure un peu plus loin afin de trouver des ressources et matériaux, elle vient en aide au jeune Adrian. Cette rencontre va donner un tour inattendu à la vie de la sorcière, nouvellement baptisée Eirudy.
WitchSpring3 reprend les bases de tout jeu de rôle au tour par tour (protagonistes et ennemis agissent chacun leur tour), tout en y injectant son propre style aux inspirations variées, à commencer par la série Atelier qui demande de synthétiser des matériaux afin de créer de nouveaux objets. Eirudy récupère des ressources dans les divers lieux visités, qu’elle va ensuite associer dans le chaudron - il s’agit d’une sorcière, rappelons-le - qui se trouve dans sa maison, centre névralgique des opérations. Au choix, il est possible de créer des objets qui restituent des points de vie, de magie, ou même qui augmentent ses statistiques. Mais ce n’est pas le seul moyen dont elle dispose pour devenir plus forte. Les développeurs ont conçu un système d’entraînement qui nous demande d’opter pour une discipline à pratiquer chaque jour (qui peut être la même tous les jours, libre à chacun de choisir son programme !), sur une durée de cinq journées. Il est notamment possible d’améliorer sa défense, la capacité destructrice de sa magie ou de son arme, le nombre de ses points de vie ou de mana… Cette option a cependant ses limites : un laps de temps est nécessaire entre deux séances de pompes, de chaudron ou autre activité choisie. La réalisation d’un objectif permet également de lancer un nouvel entraînement et il devient vite évident qu’il est nécessaire de gonfler les statistiques de notre jolie sorcière si nous voulons progresser dans l’aventure, mais que les poupées qui vivent dans le sous-sol de la maison représentent également un précieux atout au combat.
Oh, oh, oh, joli pokémon
D’entrée de jeu, Eirudy peut recruter une première poupée qui apporte des bonus passifs lors des affrontements (augmentation de statistique et soin automatique en fin de tour). Dès le départ, plusieurs marionnettes attendent sagement dans le sous-sol de sa masure que notre sorcière dispose d’un cristal d’âme plus étoffé (cristal jaune qu'elle porte sur elle), afin de leur faire prendre vie. Une fois éveillée, une marionnette peut accompagner Eirudy et lui faire profiter de bonus et capacités spécifiques. Cet aspect du système de combat est un mélange de celui de la licence Pokémon qui demande d’emporter une sélection de créatures puis de les utiliser alternativement, et du ô combien addictif RPG Dungeon Crawler Labyrinth of Refrain : Coven of Dusk avec sa sorcière qui manipule des marionnettes lors des combats.
Il devient cependant vite frustrant d’attendre la première amélioration dudit cristal pour profiter de l’aide d’une seconde marionnette, puis d’une troisième parmi toutes celles disponibles. En effet, les allers-retours étant légion - manœuvre nécessaire afin de réaliser des quêtes, de trouver des objets et ressources, ou d’affronter quelques ennemis afin de récupérer ce qu’ils laissent tomber et gagner des points de statistiques au passage - la répétition des situations peut entraîner une certaine lassitude et une impatience de voir arriver un peu de nouveauté. Si dès le départ il est possible de retourner dans la maison d’Eirudy à n’importe quel moment (notamment pour récupérer ses points de vie et de magie suite à la rencontre avec un boss récalcitrant), l’arrivée de téléporteurs disséminés sur la carte atténue légèrement cette redondance. Mais il est à noter que parfois, le manque d’indications concernant la marche à suivre nous amène encore et encore à passer et repasser dans les différents lieux afin de parvenir à trouver où reprendre notre progression. Cette redondance est accentuée par l'emplacement des ennemis et de certaines ressources qui ne varie jamais. Notez qu'une jauge de vie vidée de son contenu implique la téléportation automatique de la protagoniste dans sa maison.
Seul un nombre limité de marionnettes peut accompagner Eirudy. Elles sont à choisir en fonction des ennemis à affronter et, fait appréciable, non seulement les caractéristiques des créatures hostiles s’affichent avant que l’affrontement ne s’engage - ce qui permet d’avoir une idée de la marche à suivre - mais il est également possible de refuser de lancer le combat, s’il s’avère que notre sorcière va se faire rouler dessus à coup sûr. Les plus audacieux peuvent tout de même tenter leur chance et en tirer quelques enseignements utiles... A noter que dans une moindre mesure, les marionnettes peuvent elles-aussi bénéficier d’une augmentation de leurs capacités si elles sont "nourries" avec le cristal d’âme d’Eirudy.
Avada Kedavra ! Ou presque...
Ici pas de baguette magique, mais un système de création et d’association d’éléments occultes qui apportent des bonus statistiques, mais permettent surtout d’infliger des dégâts magiques. Allant des classiques attaques de feu ou de glace, à celles faites de foudre et autres joyeusetés. A nous d’associer jusqu’à trois des éléments conçus avec les ressources demandées, afin d’obtenir des cercles magiques offensifs ou défensifs, dont un nombre limité peut être équipé. Celui qui permet de soigner Eirudy va vite s’imposer afin de rester suffisamment longtemps en vie pour venir à bout de certains boss. Les armes ont également une place de choix dans la capacité offensive de la jeune sorcière, son épée peut être améliorée et modifiée avec certaines ressources, tandis que le nombre de coups infligés peut être augmenté et stratégiquement choisi en fonction de la consommation de points de vie qu'il demande. Une option en combat permet en outre d'attribuer un boost des dégâts infligés, valable durant un certain nombre de tours.
Du changement du côté des graphismes et du son
Pour son entrée sur console, WitchSpring3 met les petits plats dans les grands. Outre l’amélioration graphique, celle des modèles 3D et l’ajout de scènes illustrées inédites, les fenêtres de dialogue permettent de profiter de personnages redessinés pour l’occasion. Durant les séquences jouables, de par la perspective choisie et le style graphique, l’esthétique du titre a un petit air de Bravely Default (opus suivi par Bravely Second toujours sur 3DS, puis par Bravely Default II sur Switch) l’excellent jeu de rôle de Silicon Studio et Square Enix. Le son n’est pas en reste puisque sa qualité a été améliorée et qu’il a été fait appel à des professionnels réputés pour le doublage japonais des nombreux personnages. A noter l’absence de sous-titres français et la présence d’une traduction de la totalité des lignes de dialogue et de l’interface en anglais. Si seule une connaissance des bases de la langue de shakespeare peut suffire pour parcourir le jeu, une maîtrise plus correcte est préférable pour saisir les détails des dialogues, afin d'être en mesure de faire des choix conscients lorsque cela nous est demandé. En effet, nos décisions influencent l’histoire et son issue.
Du côté du bestiaire, des ennemis d'origine humaine se joignent à des créatures variées, allant du classique golem, aux insectes géants, en passant par des monstres visuellement moins communs ou issus de la culture fantasy. Un effort a été fait pour que l'aspect des ennemis soit diversifié - même si certains sont recyclés tout au long du jeu - mais aussi pour qu'il soit nécessaire d'adapter notre approche afin de les vaincre, en tenant compte de leurs caractéristiques, forces et faiblesses. Cela apporte de l'envergure aux combats : rien n'est acquis, nous devons continuellement nous adapter aux circonstances.
Conclusion
Points forts
- Les mécaniques de combat et la création des magies
- Une certaine variété des ennemis, qu'elle soit visuelle ou dans la méthode pour les battre
- Les nouvelles illustrations
- Le doublage japonais de qualité
- Possibilité de jouer quelques minutes ou plusieurs heures
Points faibles
- Des ralentissements
- Globalement répétitif
- Progression ponctuellement peu intuitive
- On aurait aimé des décors plus variés et moins fades
Note de la rédaction
WitchSpring3 Re:Fine réussit son entrée sur la machine de Nintendo. Tout d’abord grâce aux améliorations visuelles et sonores apportées, qui font du titre un jeu console à part entière. Ensuite grâce à la conception de cet opus, initialement fait pour les mobiles, qui se prête fort bien à la Switch. Il permet en effet de se lancer aussi bien dans des sessions courtes, que dans des parties d’une durée plus conséquente, ce qui est particulièrement adapté à ceux qui profitent de l’aspect nomade de la console pour jouer dès qu'ils ont un peu de temps. Ceci dit, au registre des défauts figure une optimisation qui manque de finition, les ralentissements et saccades nous suivent tout au long de l’aventure. Rien d’extrêmement rébarbatif cependant, WitchSpring3 n’en reste pas moins un titre agréable à parcourir, avec un système de combat à la profondeur inattendue et une histoire qui tient la route. Demeure un aspect assez répétitif qui, s'il peut satisfaire les adeptes de montée en niveau et de fabrication d'objets, peut rebuter les autres.