Souvenez-vous, en 2007, Square Enix publiait The World Ends With You, un Action-RPG exclusif à la DS développé par les équipes de Kingdom Hearts. Si depuis la licence s'est faite discrète, elle a tout de même connu un regain d'intérêt l'an dernier grâce à une adaptation anime et l'annonce d'un nouveau jeu. Huit mois après, cette suite débarque enfin et place son action à Shibuya, le quartier tendance de Tokyo, comme son prédécesseur. Mais treize ans plus tard, la balade est-elle toujours aussi plaisante ?
Avant d'entrer dans le vif du sujet, un peu de contextualisation. Au milieu des années 2000, alors que Square Enix a dû mal à appréhender la structure de la PS3, l'éditeur japonais décide de se concentrer sur des titres destinés aux consoles portables. Si ses grandes licences comme Final Fantasy ou Dragon Quest ont droit à leur déclinaison sur ces supports, c'est également l'occasion pour de nouveaux titres de voir le jour, à l'image de The World Ends With You. Sorti en 2007 sur DS et développé par les équipes de Kingdom Hearts dans le style graphique de Tetsuya Nomura, character designer star de l'entreprise, le jeu avait pour grande particularité de situer son action en plein coeur de Shibuya.
Véritable ville dans la ville par sa taille et son importance, il s'agit du quartier de la mode et de la jeunesse par excellence de Tokyo qu'une partie du public occidental a pu découvrir notamment grâce à ce titre. Depuis, alors que TWEWY a été mis en sommeil pendant plus d'une décennie, Shibuya est devenu un lieu iconique dans de nombreux titres japonais qui se déroule dans un milieu contemporain urbain. On pense évidemment à Persona 5 qui fait de ce quartier un élément central de son esthétique. Face à ce récent engouement autour de Shibuya, Square Enix a alors décidé d'offrir une suite à TWEWY, treize ans après la sortie du titre original.
Let's play a game... a Reapers' Game
Après les aventures de Neku dans le jeu original, ce nouvel épisode nous fait suivre Rindo, un adolescent lambda qui traîne dans les rues de Shibuya avec son ami Fret. Mais alors qu'ils récupèrent d'étranges badges dans la rue, nos deux compères sont témoins d'un affrontement entre des humains et d'étranges créatures appelées Échos. Malgré le fait qu'ils se trouvent toujours à Shibuya, Rindo et Fret se rendent alors compte qu'ils ne sont plus dans leur dimension d'origine et que les habitants de Shibuya ne peuvent plus les voir. On leur apprend qu'ils participent désormais au Jeu des Reapers, une sorte de compétition de survie qui se déroule sur une semaine. Durant cette période, ils vont devoir remplir des missions face à d'autres équipes pour gagner des points, remporter la partie et retourner chez eux.
De ce postulat de jeu de survie plutôt classique, NEO TWEWY parvient à offrir un scénario riche en rebondissements tout en restant plus accessible qu'un scénario de Kingdom Hearts. On suit cette intrigue avec d'autant plus d'intérêt que le casting de personnages est très sympathique, en particulier l'équipe des héros qui bénéficient pour la plupart de développements intéressants qui les rendent attachants. Malheureusement, c'est plus au niveau de la mise en scène que le scénario pâtit. Tous les dialogues du jeu prennent la forme de portraits qui se répondent dans une esthétique bande dessinée et les cinématiques en temps réel se font rares. Si cela permet de profiter des illustrations de l'équipe artistique qui reproduit le style de Tetsuya Nomura, au bout d'un moment, on peut se sentir submergé par des tunnels de dialogues qui ne sont pas toujours doublés.
Balade à Shibuya
Mais au-delà même de son histoire, la grande force de NEO réside surtout dans son univers. Puisque toute l'action du titre se déroule à Shibuya, on explore la ville de fond en comble à tel point qu'elle et ses habitants deviennent parfois même des personnages clés de l'intrigue. Malgré l'urgence de la situation, on profite tout de même des plaisirs du quartier puisque les développeurs ont combiné éléments de la vie quotidienne et mécaniques de RPG. L’équipement est ainsi remplacé par des vêtements à la mode et les restaurants servent à faire monter les caractéristiques de votre équipe.
Pour bien faire ressentir que Shibuya est le quartier de la mode et de la jeunesse, les personnages ont fait l'objet d'un soin tout particulier au niveau de leur tenue qui reflète leur caractère. Tout dépend ensuite de votre affinité vis-à-vis du style de Nomura, mais tout cela confère au titre une esthétique qui sent bon les années 2000, à mi-chemin entre Jet Set Radio et Kingdom Hearts, et ce, malgré la présence d'éléments modernes comme les smartphones. D'ailleurs, pour bien faire sentir la jeunesse du casting, on peut souligner le soin de la traduction française qui parvient à retranscrire avec justesse le langage actuel des jeunes en utilisant avec intelligence et parcimonie du registre familier. Ainsi, tous ces éléments et la direction artistique soignée permettent de faire ressentir en quoi Shibuya est le quartier tendance de Tokyo.
La musique joue également un rôle central dans l'ambiance urbaine et jeune du titre. On retrouve Takeharu Ishimoto, déjà compositeur sur le premier jeu, qui propose à la fois de nouveaux morceaux et des remix d'anciens titres. Avec toujours autant d'énergie, la bande-son offre une grande variété de genre, au croisement entre le rock, l'électro, le hip-hop et la pop. Par cette variété, la bande-son rappelle une fois de plus celle de Jet Set Radio compte tenu des nombreuses pistes étonnantes qu'elle contient. Encore plus que dans l'atmosphère, la musique joue aussi un autre rôle central dans le titre car elle occupe une part importante du champ lexical du système de combat.
Toujours garder le rythme
C'est bien beau d'avoir une histoire et un univers soignés, mais concrètement, on fait quoi dans NEO ? C'est simple : chaque jour, nos héros doivent réussir une mission avant les équipes rivales pour emporter des points. La plupart du temps, les objectifs sont flous et vous demandent de résoudre des énigmes plutôt simples. Pour réussir à convaincre les PNJ les plus récalcitrants et progresser, vous pouvez compter sur les capacités extrasensorielles des membres de votre équipe : rappeler un souvenir à quelqu'un, graver une idée dans sa tête, affronter ses démons intérieurs ou encore remonter dans le temps... Tous les moyens sont bons pour sortir d'une mauvaise passe. Malheureusement, au fil de l'aventure, on se rend rapidement compte que l'on fait souvent la même chose et que les missions quotidiennes ne sont pas toutes autant inspirées. Parfois, certaines d'entre elles ne sont que des tunnels de combats sans grande réflexion.
Car oui, Action-RPG oblige, les combats constituent le coeur du jeu. Au cours de ces derniers, on y affronte des Échos à l'aide de badges qui offrent des pouvoirs à nos personnages. D'ailleurs, le jeu met à la disposition une grande variété de capacités : attaque au corps-à-corps, à distance, bombes, soin, rayon, trou noir, coup chargé... Concrètement, manette en main, chaque bouton correspond à un personnage et donc à un badge qui se décharge à chaque utilisation. Tout le but des combats est alors de varier les assauts entre les différents membres de votre équipe et de frapper les ennemis en rythme pour faire monter la jauge de Groove à 100% et déclencher de puissantes attaques.
Vous l'aurez compris, le gameplay de combat est donc plutôt simple. Au premier abord, les affrontements sont grisants grâce au déluge d'effets à l'écran et au sentiment de puissance qu'on acquiert à éliminer facilement les ennemis à toute vitesse. Malheureusement, si ces derniers se complexifient un peu au fil de temps grâce à quelques subtilités, force est de constater qu'on se contente tout de même de marteler les boutons de la manette au bout d'un certain temps. À cause de cette trop grande simplicité, les combats de boss ne représentent pas un grand intérêt et ne reposent plus sur la pourtant sympathique mécanique de Groove mentionnée plus haut. Le bât blesse également au niveau de la lisibilité de l'action. Régulièrement, il est difficile de comprendre ce qu'il se passe à l'écran à cause des nombreux effets et de la caméra qui a de mal à suivre. Pourtant sur la version PS4 à laquelle nous avons joué sur PS5, le titre parvient à offrir une fréquence à 60 images par seconde constamment.
Précommander NEO : The World Ends With You sur PS4 ou Switch à 49,99€ sur Amazon
Points forts
- Un vrai voyage en plein Shibuya
- Une direction artistique soignée
- Un système de combat simple et dynamique...
- Un scénario riche en rebondissements
- Des personnages attachants
- Une excellente OST
- Du bon 60 FPS sur PS4
Points faibles
- Mise en scène des conversations plate à la longue
- Tunnel de dialogues par moment
- ... mais répétitif et brouillon
- Boss peu intéressants
- Technique un peu faible
- Certaines phases de jeu se ressemblent trop
Note de la rédaction
Par sa direction artistique soignée et son univers urbain plein de charmes, NEO The World Ends With You parvient à offrir une aventure plaisante qui saura ravir les amateurs de la culture japonaise. On se plaît à découvrir le quartier de Shibuya dans ses moindres recoins et à profiter des nombreux commerces qu'il comprend. La balade est d’autant plus agréable qu’elle propose une histoire pleine de rebondissements et de personnages attachants. Finalement, c’est plutôt au niveau du système de combat que les limites se font sentir. Si ce dernier est plutôt agréable et nerveux au premier abord, le manque de profondeur finit par rendre les affrontements vraiment répétitifs à la longue. Néanmoins, pas de quoi gâcher cette visite de Shibuya d’une vingtaine d’heures en ligne droite qui saura ravir ceux qui apprécient le style de Nomura et les Action-RPG.
L'avis des lecteurs (8)
Lire les avis des lecteursDonnez votre avis sur le jeu !Précommander NEO : The World Ends With You sur PS4 ou Switch à 49,99€ sur Amazon