Devenu l'un des jeux de cartes à collectionner incontournables sur mobiles et PC, Shadowverse débarque finalement sur Switch avec une nouvelle approche. Destinée au plus jeune, cette nouvelle déclinaison se base sur la série anime diffusée en 2020 pour permettre à une nouvelle cible d'appréhender les mécaniques du titre. Mais derrière cet aspect plus enfantin, Shadowverse : Champion’s Battle est-il une bonne introduction à Shadowverse pour un public plus jeune ?
Avant de revenir sur les spécificités de cette déclinaison Switch, petit rappel des faits. En 2016, Cygames sort Shadowverse, un jeu de cartes à collecter qui reprend des éléments d'un de ses précédents titres qui n'a pas rencontré le succès, Rage of Bahamut. Peu connu par chez nous, cet éditeur de free-to-play mobiles s'est rendu célèbre grâce à Granblue Fantasy, véritable carton au Japon qui n'a jamais quitté l'archipel. La licence n'a fait qu'une apparition en occident avec un spin-off, Granblue Fantasy Versus développé par Arc System Works. Mais Shadowverse a eu plus de chance puisqu'il a eu droit à une sortie internationale à la fois sur iOS, Android et PC. Une décision qui donnera raison à l'éditeur puisque le titre réussit à générer plus de 100 millions de dollars de revenus en 2017.
Comme un air de Yu-Gi-Oh ?
Fort de ce nouveau succès, Cygames décide de produire quatre ans plus tard un anime basé sur son jeu de cartes. Diffusé entre avril 2020 et mars 2021, c'est dans ce contexte que sort pour l'accompagner Shadowverse : Champion’s Battle sur Switch. C'est donc sans grande surprise que l'on retrouve l'univers et les personnages de l'anime. Coupes de cheveux bariolées et improbables, monde qui tourne uniquement des cartes, stade rempli pour voir des parties de Shadowverse... Clairement, on retrouve de nombreux points communs avec les adaptations en dessin animé de la franchise Yu-Gi-Oh. C'est donc dans cet univers que l'on incarne un nouvel élève qui arrive à la Tensei Academy et devient ami avec les héros de l'anime, évidemment tous fans de Shadowverse. Malheureusement, leur club est menacé de dissolution faute de membres et de résultats concrets. Pour empêcher que cela n'arrive, vous allez devoir recruter de nouveaux membres et gagner des tournois avec vos compagnons pour prouver la légitimité de votre association.
Vous l'aurez compris par la légèreté de l'histoire, l'ambiance du titre est évidemment bon enfant et rempli de clichés typiques de ce genre d'anime. D'ailleurs, soulignons au passage qu'une grande partie des dialogues principaux sont doublés. Cependant, en résulte un scénario prévisible dont on devine rapidement ce qu'il va se passer et quel rôle va jouer chaque personnage. Idem pour la structure du jeu qui est assez répétitive puisqu'on y fait tout le temps la même chose : on enchaîne les combats pour monter de rang, puis on participe à la prochaine compétition et on répète l'opération jusqu'à la fin du jeu. Entre chaque duel, on explore une ville fictive divisée en différents quartiers où se trouvent des adversaires ainsi que des bornes qui proposent différentes cartes.
D'ailleurs, c'est l'occasion d'évoquer la technique datée du jeu qui se ressent particulièrement lors des phases d'exploration. Ralentissements, clipping (les personnages apparaissent d'un coup à vue d'oeil), aliasing (effet escalier autour des modèles)... même pour de la Switch, le rendu déçoit compte tenu du peu d'éléments affichés à l'écran. À noter que ces problèmes sont d'autant plus visibles en version dockée qu'en portable. L'expérience est ainsi plus agréable en mode nomade, d'autant qu'on peut profiter du jeu grâce au tactile de la console. À côté de cela, les graphismes sont simples et lisses tandis que les duels proposent des animations plutôt impressionnantes lorsqu'une carte puissante est jouée.
Une expérience accessible... à condition de parler anglais
Pour ce qui est de l'histoire et de son déroulé, ces derniers sont assez convenus pour un public habitué à ce type d'anime. Cependant, ce n'est pas à eux que le titre se destine en premier. Par cet univers bon enfant, Shadowverse : Champion’s Battle est bien sûr un jeu pour un public jeune dont le but est de leur apprendre les fondamentaux et les mécaniques de Shadowverse. Malheureusement pour nous autres Français, le titre dispose d'une contrainte de taille qui lui fait rater sa cible initiale : la barrière de la langue. En effet, le titre n'est disponible uniquement qu'en anglais ce qui le coupe instantanément du public visé en France. Une situation d'autant plus problématique quand il s'agit d'expliquer les règles subtiles d'un jeu de cartes. À cause de la barrière de la langue, le jeu se destine donc plus à un public plus âgé qui cherche à découvrir Shadowverse par la voie d'un mode solo qu'aux enfants.
Là où Champion’s Battle brille particulièrement c'est parce qu'il réussit à prendre les joueurs par la main afin de leur inculquer ses mécaniques au fur et à mesure de leur progression. On peut facilement essayer différents decks et la difficulté est croissante afin de ne pas effrayer les nouveaux joueurs. De plus, le titre dispose d'options d'aide très efficaces qui permettent vraiment d'apprendre les subtilités du jeu à son rythme. Ainsi, après avoir vaincu un adversaire, il est possible de récupérer un code afin de reproduire son deck, il ne nous reste ensuite plus qu'à rassembler les cartes nécessaires. Pour ce qui est des combats, l'option Indice vous donne la meilleure option possible et en les suivant à la lettre, ces indications vous conduiront aisément à la victoire. Ainsi, si certains combats vers la fin du jeu peuvent s'avérer difficiles, toutes ces petites aides permettent à chacun d'aborder l'expérience à sa façon.
C'est l'heure du du-du-du-duel !
Côté contenu, le jeu sait également être généreux. En plus de l'histoire principale qui vous demandera une trentaine d'heures pour en voir le bout, Shadowverse : Champion’s Battle propose de nombreuses quêtes annexes ainsi que des missions spécifiques à chaque personnage secondaire qui finiront par vous transmettre leur carte fétiche. Vous pouvez également participer à l'Underverse, sorte de compétition cachée qui donne lieu à des matchs avec des règles spéciales souvent difficiles. Enfin, une fois le scénario terminé, le post-game solo vous donnera l'opportunité d'atteindre le grade de Grand Master, rang ultime du jeu, qui vous demandera encore de longues heures de jeu afin de l'obtenir.
Mais évidemment, le véritable end-game réside dans le multijoueur en ligne, faisant du mode solo presque un long mode tutoriel. Malheureusement, difficile de jauger la qualité du service et du niveau des autres joueurs car nous n'avons pas pu nous y essayer, les serveurs étant fermés à l'heure où nous écrivons ces lignes. Seule constatation, le titre propose des missions quotidiennes ainsi qu'un battle pass. Cependant, là où le contenu peut décevoir, c'est par rapport au nombre de cartes présentes dans le jeu. En effet, le titre s'arrête à la seconde extension de Shadowverse, Rise of Bahamut, sorti en décembre 2016. Peut-être est-ce pour ne pas effrayer les nouveaux joueurs, mais plus d'une dizaine de mises à jour ont été ajouté depuis ainsi qu'un nouveau type de deck, le Portalcraft.
Points forts
- Les mécaniques de Shadowverse, intuitives et efficaces
- Une bonne porte d'entrée pour les nouveaux joueurs
- Des aides vraiment utiles (indices, deck préconstruits...)
- Solide durée de vie (+30h pour l'histoire et beaucoup de contenus annexes)
- Les animations pour les cartes les plus puissantes
- Beaucoup de dialogues doublés
Points faibles
- Un jeu pour enfant... en anglais !
- Technique datée (surtout en docké)
- Boucles de gameplay trop répétitives
- Un scénario ultra classique d'anime
- Peu de cartes par rapport aux versions mobiles et PC
Note de la rédaction
Accessible et d'une durée de vie généreuse, Shadowverse : Champion’s Battle parvient à offrir une porte d'entrée efficace au jeu de cartes de Cygames. Enrobé d'un univers bon enfant, le titre permet à chacun de s'accoutumer avec les mécaniques de Shadowverse grâce à de nombreuses aides vraiment utiles. Malheureusement, l'absence de traduction française l'empêche de toucher le public plus jeune visé, ce qui le destine plutôt à ceux qui souhaitent s'essayer à un jeu de cartes en solo et en portable, de préférence. Même reproche du côté de sa technique décevante, son scénario trop simple et sa structure un peu trop répétitive qui ont de quoi ternir l'expérience. Pas de quoi non plus empêcher le titre d'offrir une sympathique introduction à son véritable end-game : Shadowverse sur PC et mobiles.