Alors que de nombreux fans attendaient une collection anniversaire des opus 3D sur Nintendo Switch pour fêter les 35 ans de Zelda, Nintendo aura sorti The Legend of Zelda Skyward Sword de son fourreau. Cet épisode, qui n’est pas forcément le plus populaire de licence, bénéficie donc d’un portage HD. Mais en a-t-il plus sous le capot ?
Réveillé en plein cauchemar par un Célestrier, sorte de gros oiseau que son peuple utilise comme monture pour fendre les cieux, Link doit se hâter de se préparer. La 25e cérémonie de la Chevauchée Céleste s’apprête à débuter. Cette épreuve de vol oppose Link aux loubards de Célesbourg, la ville natale de notre héros. Sortant vainqueur de cette épreuve, Link a le privilège de recevoir un parachâle confectionné par Zelda en guise de récompense. Cet objet lui permet d'atterrir de n’importe quelle hauteur sans problèmes. Pour célébrer la victoire de son ami, Zelda l’emmène se balader dans les cieux. L’occasion pour le joueur de découvrir la mer de nuages qui s’étend à perte de vue. Au-dessus de ces nuages flottent des ilots, dont la bourgade d’où viennent nos deux héros. Nul ne sait ce qui se cache en dessous des nuages, mais Link ne va pas tarder à le découvrir. Alors qu’elle s'apprêtait à lui déclarer son flamme, Zelda est happée par une tornade qui l’aspire loin de lui. À peine remis de cette mésaventure, Link met tout en œuvre pour la retrouver. Nous ne vous en dirons pas plus sur le scénario pour conserver la surprise à ceux qui découvriront l’aventure avec cette version HD. Cependant, il parait essentiel de noter que les premières heures sont plutôt fastidieuses. L’histoire prend quelques heures à décoller et le souffle épique de la saga met du temps à se faire sentir. On dirait bien que Nintendo est au courant, car plusieurs changements ont été opérés pour fluidifier l’aventure. Une fois son rythme de croisière atteint, l'aventure gagne en ampleur et alterne entre excellents donjons et scènes mémorables.
L'histoire d'une épée
Pour rappel, le Skyward Sword original a été intégralement pensé pour la Wiimote et le Wii motion plus. Pour l’occasion et comme pour la version Wii de Twilight Princess, Link est devenu droitier, sa main suit le moindre mouvement de notre manette et il ést donc possible de frapper selon 4 axes différents (vertical, horizontal et les diagonales). Cette maniabilité est bien évidemment encore de la partie lorsque l’on joue aux joy-cons. Le tout nous a semblé plus fiable que dans nos souvenirs. S'il faut toujours recalibrer le capteur de mouvement en appuyant sur Y de temps en temps, il est plutôt rare qu’un coup ne parte pas dans la direction voulue et ce même si l’on contorsionne son poignet dans tous les sens. Si l’on devait chipoter, on retiendrait peut-être une latence un brin trop prononcée à notre goût, mais nos ennemis ouvrant leur garde pendant de longues secondes, cela n'a pas d'impact négatif sur le gameplay. Ces contrôles basés sur la reconnaissance de mouvement fonctionnent donc mieux qu’à l’époque. Cerise sur le gâteau, il est désormais possible de contrôler la caméra avec le stick droit ! Alors oui, ça parait bête dit ainsi, mais ce n’était pas le cas à l’époque, car la wiimote ne disposait pas de stick analogique, hormis celui du nunchuk qui était assigné aux déplacements. C’est bien beau tout ça, mais comment fait-on pour jouer en portable ou sur une Switch Lite dénuée de contrôleurs amovibles ?
Un second schéma de contrôles a été pensé pour ce cas de figure. Ce dernier limite le motion gaming à la visée gyroscopique facultative. Comprenez par là que si vous le désirez, vous pouvez activer une option vous permettant de bouger votre manette ou votre console pour affiner votre visée. Pour le reste, l’intégralité des commandes est assignée aux boutons, tandis que les mouvements de joy-con sont remplacés par des mouvements de stick. C’est simple, une fois votre épée dégainée, il vous suffit de baisser le stick droit d’un coup sec vers le bas pour frapper en bas, l’estoc lui, s’effectue en cliquant le stick. Cela fonctionne pour toutes les directions et pour tous les objets nécessitant des mouvements. Ainsi le lasso, le filet à papillons ou les lancers de bombes fonctionnent de la même manière. Une fois les contrôles assimilés, il faut avouer que le tout est efficace et se contrôle étonnamment bien. Seul regret, l’épée et le maniement des objets étant assignés au stick droit, il est impossible de contrôler la caméra simplement en orientant le stick analogique. Pour déplacer la caméra, il faut maintenir la touche L appuyée avant de déplacer le stick dans la direction voulue. On finit par s’y faire, mais il n’est pas rare d’asséner un coup d’épée en voulant regarder sur le côté. Ce n’est pas forcément toujours intuitif. D’ailleurs déplacer la caméra dans ce mode affichera l’icône dédiée à la vue subjective, ce qui est une erreur étant donné que la caméra est placée à la troisième personne. L’inventaire souffre également d’un problème d’ergonomie et se voit assigné à la même touche que la visée. On s'emberlificote facilement et par moments, on sent que Skyward Sword accuse son âge d’un point de vue ergonomique. Sans être rédhibitoires, ces griefs brisent parfois l’immersion lorsque l’on joue en portable ou à la manette Pro. À vous de déterminer quel schéma correspond le mieux à votre style de jeu. Gardez cependant en tête que les contrôles au motion gaming sont tout de même un poil moins précis par nature et que la gestion de caméra en "mode boutons" est parfois fastidieuse. Toutefois n'ayez crainte, car votre choix ne sera absolument pas définitif. Un petit tour dans les menus et l'on adapte les contrôles à la volée.
Venons-en à un des points essentiels de n'importe quel portage HD, la technique. S’il est clair que nous avons affaire à un titre qui s’apprête à souffler sa dixième bougie, Skyward Sword HD affiche un rendu loin d’être honteux. La mise à jour graphique est flagrante, surtout quand on prend en compte que l’épisode original tournait en 480p. La bouillie de pixel aliasée laisse place à un rendu bien plus net et confortable, autant en portable qu’en docké. On peut donc pleinement apprécier la très bonne direction artistique de cet épisode et ses couleurs chatoyantes. Si cette DA plus chargée que celle d’un Wind Waker rend de facto les années moins clémentes avec le titre une fois porté en HD, le tout fonctionne encore à merveille. On regrette que les textures d’époques restent très floues, même si l’aspect aquarellé de l’ensemble parvient à atténuer ce grief. De leur côté, les modèles 3D font plaisir à voir et n’ont vraiment pas à rougir de leur grand âge. On leur compte assez peu d’aspérités et il est clair que le gain de résolution a fait le plus grand bien. Zelda, Link et son Célestrier sont plus charismatiques que jamais et font vite oublier les textures qui manquent de finesse. Évidemment, et fort heureusement, le tout tourne en 60 FPS constant en toutes circonstances. Bref, dix ans plus tard et malgré les quelques tares techniques qu’il traine derrière lui, Skyward Sword parvient toujours à enchanter.
Elle la Fay'rme
Ces ajouts permettent d’apprécier Skyward Sword dans de très bonnes conditions, mais ce qui change vraiment la donne pour qui a touché au jeu d’origine, ce sont les modifications apportées aux boites de dialogues et à Fay, l’entité accompagnant le héros. Dans le Skyward Sword de 2011, le joueur était constamment assailli d’informations et de tutoriels. Ramasser un rubis ou un papillon était synonyme d'interruption et d’explications en tout genre. Tous les 100 mètres, Fay venait nous donner des informations sur les lieux parcourus ou nous indiquer la marche à suivre sans qu’on l'ait sollicitée. C’est désormais de l’histoire ancienne, car les boites de dialogues lors de la récupération d’objet ne se répètent plus et les interactions avec Fay sont réduites au strict minimum. Vous pouvez cependant lui demander de l’aide quand bon vous semble en cas de galère. Il est également possible d’accélérer les dialogues ou de passer les cinématiques, un plus toujours bienvenu. Ces changements n’ont l’air de rien, mais au contraire ils rendent Skyward Sword beaucoup plus agréable à jouer. Le rythme en est positivement affecté et l’on a bien plus l’impression de partir à l’aventure plutôt que de suivre les directives d’un PNJ. Cette version HD offre une expérience plus fluide et plus plaisante que la version d’origine par ces simples modifications. C’est dire à quel point les boites de dialogue du Skyward Sword de 2011 étaient intrusives. Ces modifications mineures en apparence sont finalement celles qui font le plus de bien à cette aventure, un pur plaisir.
Pour le reste, Skyward Sword HD est identique au jeu d’origine et alterne phases narratives, combats et donjons. Si l’on regrette toujours que le monde dans le ciel se limite au pilotage de notre Célestrier, à quelques ilots et à Célesbourg, il est difficile de bouder son plaisir face à l’excellence des donjons qui n’ont pas pris une ride. Car si en termes d’ergonomie et de fidélité visuelle cet épisode accuse son âge, il n’en est rien de ses puzzles. Particulièrement agréables à résoudre, les énigmes font sens et exploitent intelligemment les équipements de Link et le motion gaming. Et s’il fait revisiter régulièrement des lieux déjà parcourus par le joueur, il en révèle une zone cachée gigantesque encore mieux pensée que celle d’origine. Le scénario, bien que (très) lent à démarrer, prend de l’ampleur et revient aux origines de la série pour notre plus grand plaisir. Il finit d’ailleurs par proposer des moments d’anthologie auxquels aucun fan de la licence ne peut rester insensible. Les combats prennent une dimension “puzzle” plus marquée en demandant au joueur de frapper dans la bonne direction pour briser la garde d’un ennemi ou contourner son bouclier. La bande originale est, comme on en a l'habitude avec la licence, absoluments fantastique. Toutes les pièces d’équipements sont améliorables grâce à un système de craft sympathique, la jauge d’endurance fait son apparition, le parachâle marque les prémices de la paravoile de BOTW… Pour de plus amples informations sur les points de scénario, la structure du jeu ou les multiples subtilités de gameplay, nous vous invitons à consulter le test d’époque de notre cher Anagund, car la plupart de ces éléments restent inchangés.
En bref, s’il est vendu à un tarif prohibitif, Skyward Sword HD n’en reste pas moins la meilleure version du titre. Les nouveaux venus apprécieront les visuels rehaussés et le choix offert entre les contrôles aux boutons et le motion gaming. Les vieux de la vieille ayant déjà chevauché au-dessus de la mer de nuage ne pourront qu’apprécier les modifications apportées aux dialogues et à Fay. L’aventure en devient bien plus rythmée et laisse le joueur vagabonder à sa guise, un vrai plaisir. Cette version n'offre peut-être pas de remaniement intégral ou de gap graphique phénoménal, mais modifie ce qui en avait le plus besoin. Il en résulte un jeu particulièrement agréable à parcourir, qui n'a jamais été aussi bon.
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Points forts
- Une aventure toujours aussi enchanteresse, qui prend toute son ampleur dans sa deuxième partie
- Des donjons fantastiques et des puzzle bien pensés
- Plusieurs moments d'anthologie
- La bande originale, sublime
- Des contrôles en motion gaming qui gagnent en précision et qui offrent une gestion intégrale de la caméra
- La possibilité de faire l'entièreté du jeu aux boutons et non au motion gaming
- Une direction artistique qui profite du lifting graphique
- Beaucoup moins bavard et intrusif que le jeu d'origine et donc bien mieux rythmé
- Manier l'épée comme un bretteur, c'est quand même très chouette
Points faibles
- Les trois premières heures restent laborieuses
- Une gestion de caméra peu instinctive lorsque l'on joue en "mode boutons"
- Quelques soucis d'ergonomie
- Des textures qui accusent le poids des années
Note de la rédaction
Nintendo semble avoir entendu les reproches faits au Skyward Sword de 2011 et les a drastiquement atténués. En offrant des contrôles alternatifs et en minimisant les interactions avec Fay qui cassaient le rythme de l’aventure, cette nouvelle version va plus loin que d'autres remasters et change ce qui en avait le plus besoin. S’il accuse son âge lorsque l’on s’intéresse aux textures ou à certains choix ergonomiques discutables, il propose néanmoins une aventure prenante qui gagne toute son ampleur dans sa deuxième partie. Skyward Sword HD est un incontournable pour qui n’a pas découvert le titre à l’époque et un plaisir pour les vétérans qui voudraient repartir à l’aventure au dos de leur Célestrier Vermeil. Ces derniers ne pourront qu’apprécier le rythme bien plus soutenu de l’aventure et redécouvriront dans d’excellentes conditions les origines de cette saga légendaire.
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