En 2019, CI Games avait surpris les amateurs de jeux de sniper avec sa nouvelle série intitulée Contracts. Après un épisode en open-world qui avait divisé, le studio polonais est revenu à des intentions plus en adéquation avec ses moyens techniques et humains. En misant sur cinq zones fermées mais vastes, le spin-off offrait d’excellentes sensations, entre tir à distance et infiltration. En s’appuyant sur cette base, les développeurs ont optimisé le concept pour offrir une suite très convaincante et différente.
Après la Sibérie et ses étendues neigeuses, place aux déserts arides, aux villages isolés et aux forêts escarpées. C’est sous un soleil de plomb que débute l’entraînement du joueur, entre déplacements furtifs, tirs à distance et utilisation de drones et mitrailleuse automatique. En quelques minutes, les habitués du premier épisode retrouveront leurs marques tandis que les nouveaux venus pourront profiter d’un tutorial à la fois court et efficace pour appréhender les différentes features du jeu. Sniper : Ghost Warrior Contracts 2 reste fidèle aux principes de la série, mais intègre une approche inédite pour les séquences de sniper : les tirs à ultra-longue distance ! Et comme on va le voir plus loin, cela implique pas mal de changements dans la conception des niveaux et la progression du joueur.
Maîtrise et précision
C’est incontestablement LA nouveauté de cet épisode. Durant les missions, celui qui se fait appeler Raven (corbeau en anglais) doit atteindre des cibles situées à plus d’un kilomètre ! En plus d’appréhender la distance, avec les jumelles, l’agent doit prendre en compte la direction du vent et adapter le zoom de sa lunette pour faire mouche. Autant dire que les modes de difficulté les plus élevées impliquent une concentration extrême et une grande patience. Comme expliqué lors de la preview, même en ayant dominé le titre précédent, Contracts, cette suite demande un certain temps d’adaptation et les développeurs de CI Games ont dû bien se marrer devant les exploits, disons perfectibles, de votre serviteur (lors de la preview, la difficulté était réglée sur un cran assez élevé – il faut bien se défendre comme on peut). Indéniablement, cette intégration du snipping à ultra-longue distance est une excellente idée et elle permet, en plus, d’alterner entre des phases libres et des spots entièrement dédiés à cette nouvelle fonctionnalité. Certains seront peut-être déçus par ce parti-pris, mais les développeurs n’ont pas remplacé le côté libre du premier épisode par ces spots longue-distance. C’est un ajout qui, à notre sens, apporte de la diversité à l’expérience.
Un level design inspiré
Sniper Ghost Warrior Contracts 2 reste un jeu assez libre. Il est toujours possible d’évoluer dans des environnements vastes (à pieds, en grimpant sur les parois, en utilisant des tyroliennes, en nageant, etc.), de prendre de la hauteur pour repérer les allées et venues des ennemis ou encore de se faufiler en douce derrière un ennemi pour l’interroger ou l’éliminer. Évidemment, les poncifs de l’infiltration vidéoludique, avec les sempiternelles herbes hautes, sont présentes. Les cinq zones que comporte le jeu distillent ainsi un panel d’approches assez vaste et le joueur a toujours cette latitude pour atteindre ses objectifs de différentes manières (tir direct, accident « domestique », bidon explosif…). Mais ce qui nous a particulièrement séduit avec cette suite, c’est la qualité du level design et notamment celui de la quatrième zone avec son réseau de tunnels souterrains (très bien protégé) reliant chaque zone de la map. Cette progression, sous terre, s’avère tout simplement grisante. Il y a vraiment de quoi rendre fous les ennemis, même si ces derniers sont redoutables (à condition de privilégier le mode de difficulté le plus élevé). Il faut vraiment se méfier car il suffit d’un tir raté pour que toute l’armada vous tombe sur la figure ! C’est d’ailleurs parfois cocasse lorsque les soldats ennemis se mettent à tirer, à coups de mitraillettes… alors que vous êtes planqué près d’un spot à plus d’un kilomètre de là. Les adversaires ne lâchent rien (méfiez-vous des snipers embusqués) et n’hésiteront pas à fouiller chaque recoin de broussailles pour vous repérer. Parfois, il y a tout de même des anomalies puisqu’il suffit de se planquer dans un coin en attendant que les affreux débarquent pour tous les aligner. Globalement, l’IA a gagné en réalisme, mais il arrive malheureusement qu’elle déraille.
Primes et contrats
Le jeu de CI Games est dans la lignée de son prédécesseur en matière de progression. Chacune des zones propose son lot de contrats, auxquelles viennent s’ajouter des primes annexes vous invitant à traquer des cibles optionnelles. Sans être d’une diversité fulgurante, les objectifs sont plutôt intéressants puisqu’il faudra, tour à tour, éliminer des cibles, mettre hors-service une antenne parabolique, désactiver des brouilleurs, aider un otage à s’enfuir, etc. Dans les modes de difficulté les plus élevés, la précision est de mise, sous peine de se retrouver acculé. Après chaque objectif accompli, le joueur a le choix de poursuivre ses exploits ou de retourner à un point d’évacuation. Entre deux missions, il est ainsi possible d’améliorer son arsenal, grâce à l’argent glané, pour récupérer des silencieux, des optiques plus précises, des grenades, des mines à gaz, un drone, etc. Il y a vraiment de quoi surprendre le camp adverse, d’autant que certains soldats sont vêtus de protections pare-balles et d’armes surpuissantes. Entre les contrats, les primes optionnelles, les armes et gadgets à acheter, les éléments à collectionner (cadres, documents militaires, etc.), il y a pas mal de choses à faire malgré des maps finalement peu nombreuses.
Une mise en scène fracassante
À l’image du premier épisode, les amateurs de killcam vont pouvoir s’en donner à cœur joie. Les ralentis (désactivables dans les options) sont spectaculaires et très appréciables, surtout lorsque la balle passe dans un trou de souris pour atteindre sa cible. Les headshots étant particulièrement gores, il est important de souligner que le jeu n'est pas à mettre entre toutes les mains (le PEGI 18 sur la jaquette n'est pas là par hasard). Graphiquement, l’apport de la résolution en 4K est un plus considérable et les environnements ont gagné en détails, notamment certaines textures qui n’apparaissent plus aussi fades que par le passé. Les panoramas sont superbes et le CryEngine se fait un plaisir de multiplier les effets pour booster le réalisme de la campagne principale. Qu’il s’agisse des lumières, de l’eau, de la pyrotechnie, les graphismes font le job et on ne peut que saluer la modélisation des troupes ennemies, des armes ou des décors. Sniper Ghost Warrior Contracts 2 n’est pas un AAA, mais il n’a pas grand-chose à envier à certaines grosses productions.
Points forts
- Profondeur de champ impressionnante
- Les spots à ultra longue-distance
- Le sentiment de liberté
- Level design inspiré
- Les différentes approches pour remplir les contrats
- Des paysages plutôt variés
- Un challenge encore plus redoutable (en mode difficile)
- La mise en scène de la killcam
Points faibles
- IA pas toujours au point
- Cinq zones uniquement
- Les dialogues ennemis qui se répètent
- Peu de nouveautés finalement
Plutôt complet et profitant d’une améliore visuelle appréciable, Sniper Ghost Warrior Contracts 2 a su s’émanciper de son aîné sans le dénigrer. Tout en restant fidèle aux principes du premier épisode, cette suite mise sur des spots à ultra-longue distance immersifs et spectaculaires. Les développeurs ont choisi une voie qui ne plaira peut-être pas à tout le monde, mais, à notre sens, ces séquences apportent une variété supplémentaire. Les phases libres, entre action et infiltration, sont toujours présentes et l’expérience globale se montre très solide. CI Games maîtrise de plus en plus son sujet et le démontre une nouvelle fois.