Après avoir vécu de sacrées aventures fin 2016, les Mii remettent le couvert avec une réédition de Miitopia, sorti initialement sur 3DS. Cette fois, c’est la Switch qui accueille les péripéties des célèbres avatars de Nintendo, dans le cadre d’une expérience à la fois loufoque et accessible. Et pour cette seconde jeunesse, le RPG se pare même de quelques nouveautés. Voici notre verdict.
Tout d'abord, une mise en garde s'impose : si vous n’accrochez pas à l’humour décalé des Mii et à l’ambiance espiègle de Nintendo, passez votre chemin. C’est l’atout principal qui vous encouragera à passer des dizaines d’heures en compagnie de Miitopia, le titre manquant de challenge et de profondeur pour retenir les fans de RPG classique. Car malgré une certaine simplicité (que nous détaillerons plus bas), l’aventure de Nintendo est une incroyable fabrique à comique de situation qui n’aura de cesse de vous faire rire, dans le cadre d’une quête visant à retrouver les visages des habitants de la région et d’abattre l’avatar du mal.
Dis-moi “Mii”, Indee !
À l’avant-poste de cette réussite, on retrouve bien sûr les Mii, avatars personnalisables introduits par Nintendo avec la Wii. Dans Miitopia, vous pourrez choisir le visage d’absolument tous les personnages, de votre héros au grand méchant de l’histoire, en passant par les habitants des bourgades et d’autres PNJ clés. Une porte d’entrée à des situations déjà pas mal loufoques, le titre vous donnant tous les outils pour régler au millimètre près le minois de votre casting - avec une nouvelle interface perruque et maquillage très complète dans cette version Switch - et un accès aux Mii les plus populaires (Harry Potter, Goku, Pikachu, François Hollande) pour s’amuser sans passer de temps dans l’interface de création.
Si vous avez joué à la version 3DS de Miitopia, vous vous souvenez sans doute de l’utilisation du Street Pass, qui permettait de recevoir les Mii d’un joueur croisé dans la rue. Et sur Switch, Miitopia ou pas Miitopia, il n’y a pas de Street Pass. Pour remplacer cette fonctionnalité, le titre permet désormais d’échanger des personnages voire un groupe entier en ligne, via un code ami. Pratique pour partager une création dont vous êtes fier.
Miitopia Switch - On teste le nouveau coin maquillage
Surtout, ce qui donne de la vie à l’humour de Miitopia, ce sont les innombrables scénettes et phrases bien senties lors des phases d’aventure et des nuits à l’auberge. On peut apercevoir, par exemple, un Mii jaloux de voir l’un de ses compagnons sympathiser avec son meilleur ami, ou un autre qui raconte une histoire insensée en pleine balade. Sans parler des Sorties, inédites à la version Switch, qui amènent encore de nouvelles conversations décalées, que ce soit dans un bar, au parc, voire au karaoké. Bref, votre groupe fait sa petite vie, et vous, vous vous délectez du spectacle. Ces scénettes ont en plus l’avantage de se répéter très rarement (sauf pour celles en compagnie du Cheval) et de surprendre à tous les coups ou presque.
L'union fait la force
Mais ces séquences rigolotes ne sont pas seulement là pour votre bon plaisir. Elles sont aussi au cœur du gameplay et de la montée en puissance dans Miitopia. Dans le RPG de Nintendo, plus vos personnages passeront de temps ensemble, plus ils créeront de liens, et plus ils pourront s’entraider en combat (en offensif comme en défensif). Les auberges, que vous retrouverez à la fin de chaque phase d’aventure ou en passant par la carte du monde, jouent un rôle central dans cette équation. C’est là que les amitiés naîtront, en mettant deux Mii dans la même chambre, ou en les invitant à sortir pendant un court instant. Tant qu’on parle des Sorties d’ailleurs, sachez qu’elles viennent en surcouche du système de lien déjà présent, et alimentent “seulement” l’humour du titre. Enfin, les ententes se renforceront parfois en plein combat.
Qu’on se le dise, dans Miitopia, créer des relations solides dans votre groupe facilitera grandement la progression, qui n’est déjà pas bien complexe. C’était déjà le cas sur 3DS et ça l’est encore plus sur Switch, avec l’arrivée du Cheval, nouveau personnage de soutien qui augmentera de temps en temps vos attaques, voire la régénération de vos PV. De plus, si vous prenez la peine d’acheter régulièrement des armes et d’améliorer les caractéristiques de vos héros (également via l’auberge), vous roulerez alors littéralement sur le jeu, bien que certains boss demandent plus d’attention. De fil en aiguille, vous ne prendrez sans doute plus la peine d’améliorer vos personnages. C’est dommage, car Miitopia avait le potentiel de s’adresser à un public plus exigeant en plus d’être un RPG accessible, surtout à l’occasion de cette réédition.
Nintendo pur jus
Avec tout ça, nous n’avons pas encore pris la peine d’évoquer le gameplay de Miitopia. Pour résumer, on peut dire que le RPG de Nintendo reprend tous les codes du genre avec une sauce plus ludique et accessible. Lors des combats au tour par tour par exemple, vous ne contrôlez que votre avatar - les autres attaquent automatiquement -, avec toutefois la possibilité de placer n’importe quel vaillant bonhomme dans l’Abri, un havre de paix qui l’isolera des coups ennemis et lui fera regagner des PV. Vous pouvez également répartir des points de vie et de magie à l’aide d’une Salière, accessible après chaque attaque alliée et adverse, comme l’Abri. Miitopia met donc en place un système de combat individuel / omniscient intéressant, mais plombé par le manque de challenge.
Miitopia Switch - Les 15 premières minutes de l'aventure
Toujours dans cette démarche d’épurer le RPG, la progression et l’exploration dans Miitopia sont assez sommaires. Vous évoluez sur une carte du monde “à la Mario” et passez de case en case. Dans 95% des cas, la case vous fera entrer dans une phase d’aventure, où votre groupe se déplace automatiquement de la gauche vers la droite, tombant sur des monstres, mais aussi des trésors, des embranchements (le tout bien sûr rythmé par les petites scènes évoquées plus haut). Après chaque parcours, c’est retour à l’auberge. Et ainsi de suite, ainsi de suite. Les 5% restants, ce sont de courtes zones à explorer librement, où vous rencontrerez tout un tas de PNJ. Vous l’aurez compris : la structure de Miitopia est très répétitive. Peut-être un peu trop.
Mais on ne peut pas enlever au titre son côté addictif, presque hypnotique. Oui, nous allons remettre le couvert avec l’humour du RPG de Nintendo, mais ce ton décalé est tellement efficace qu’il fait parfois office de moteur à l’aventure à lui seul. Tout comme le fait de débloquer des tenues toujours plus excentriques via des classes loufoques (cuisinier, chanteur voire chat en marge des grands classiques) ou de choisir un énième visage insolite pour un PNJ important. La réalisation, et notamment le travail sur les animations et la bande-son, participent aussi beaucoup à cette inlassable comédie qu’est Miitopia. Un petit vent de fraîcheur.
Points forts
- Personnaliser absolument tous les personnages
- L’interface de création des Mii, étoffée sur Switch
- Un humour efficace et omniprésent
- Les animations et la bande-son
- Une bonne durée de vie
- Un RPG accessible
Points faibles
- Structure trop répétitive
- Manque de challenge
- Réédition Switch un peu feignante
En voilà un jeu qui va diviser. Pour certains, Miitopia sera cet RPG bizarre et vaguement rigolo, manquant de profondeur, de challenge et de diversité. Mais pour d’autres - ceux qui adhèrent à l’univers des Mii et à la bonne humeur inhérente à Nintendo -, ce sera tout l’inverse. Non pas que le ton décalé du titre efface ses défauts, mais on passe un si bon moment qu’on est prêt à les oublier. Avec la possibilité de choisir le visage de tous les personnages, Miitopia ouvre la voie à un comique de situation quasi-infini, porté par une quantité impressionnante d’interactions entre les personnages très souvent drôles. Pour ce faire, le joueur pourra passer des heures dans l’interface de création, ici étoffée, ou bien piocher dans les Mii les plus populaires pour créer des crossover improbables. Alors oui, avec cette vision épurée du RPG et une difficulté presque inexistante (sans parler de sa structure répétitive), Miitopia rate l’occasion de parler à un public plus large. Mais il a le mérite d’être accessible. Et de faire passer un sacré bon moment.