Habitués des productions destinées au PlayStation Network, les studios Housemarque revoient leurs ambitions à la hausse sur la neuvième génération de consoles. Returnal est un Shooter 3D mâtiné de Roguelite drapé dans un thriller de science-fiction. Cette première exclusivité de la PlayStation 5 en 2021 est-elle à la hauteur des espoirs placés en elle ?
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Les Chroniques d’Atropos
L'histoire débute avec le crash d’un vaisseau spatial sur l’exoplanète Atropos avec à son bord l’astronaute Selene. L'héroïne, dont le prénom est une référence directe à la déesse grecque de la Lune, découvre alors un monde mystérieux, et l’explore dans l’espoir de survivre à un environnement ouvertement hostile qui aura raison d’elle à maintes reprises. Returnal se définit comme un thriller de science-fiction, et conte les multiples aventures d’une protagoniste captive malgré elle d'une boucle temporelle. Pour une énigmatique raison , chaque mort se solde par une résurrection et donc un retour à la scène du crash. Comprendre cet étrange phénomène et s’extirper de ce piège cosmique, tels sont les objectifs de ce personnage esseulé sur un astre inconnu.
Returnal s’appuie sur ce concept de boucle temporelle pour bâtir une narration faite de cycles et donc non linéaire. Les multiples morts de l’héroïne sont autant d'occasions d’en apprendre davantage sur la planète Atrapos ainsi que sur Selene elle-même via divers documents audio disséminés dans les environnements, mais pas seulement. Les scénaristes jouent par instant avec un procédé narratif en particulier par lequel un ou plusieurs auteurs suggèrent ce qui est à venir dans leur récit. Le foreshadowing permet ainsi d’étoffer la mise en scène, et de titiller notre curiosité naturelle. L’envie d’en savoir plus et de comprendre est un puissant moteur sur Atropos.
Toutefois, aussi intrigant soit le récit, ce dernier souffre d’une constante dilution née d’un genre vidéoludique qui pousse à mourir encore et encore. Il n’est pas rare, pour ne pas dire fréquent, de ne pas progresser d’un iota narrativement parlant. Il en résulte une narration clairsemée qui peine à se structurer. La dimension ludique prend en définitive le pas sur l’histoire, non pas par manque d’intérêt, mais simplement par manque de densité. Housemarque tente de surprendre en intégrant à l’aventure des séquences à la première personne qui rappelle le doux souvenir d’une démo, celle de P.T de feu Silent Hills. Ces instants hors du temps, dont nous tairons la finalité, cherchent à nous déstabiliser par une atmosphère inhabituellement calme, et des bribes de révélations qui à terme complètent un puzzle temporel complexe.
Gameplay : Le premier cycle de Selene sur Atropos
Un Nouveau Monde
La première chose qui saute aux yeux une fois Selene “délicatement posée” à la surface de la planète Atropos… c’est l’univers sombre et abondant imaginé par les studios Housemarque. Les inspirations sont nombreuses, maîtrisées, et donnent un cachet rarement vu qu’il convient d’apprécier à sa juste valeur. Nous sommes en présence d’une oeuvre de science-fiction qui par nature tend à rendre hommage aux grands courants de la S-F, de la "Dark Science-Fiction” au “Dark Cosmic Horror”, sans oublier certains auteurs et artistes majeurs, de Lovecraft et son mythe de Cthulhu à Hans Ruedi Giger et sa création devenue légendaire… le xénomorphe (Alien).
Au petit jeu des références, nous pourrions citer pêle mêle La Guerre des Mondes, Hellboy, Mimic, Stargate, Dune, Les Montagnes Hallucinées, etc. car Returnal ne reprend pas uniquement à son compte la science-fiction, mais également la culture populaire au sens large. L’univers n’en demeure pas moins tangible. Tous les éléments cités et bien plus encore s’imbriquent parfaitement, et bâtissent ensemble un monde complexe qui incite à l’exploration pour la simple plaisir de la découverte, et qui justifie par sa seule existence les nombreuses morts de l'héroïne. Parcourir la planète Atropos pourrait être une fin en soi tant la satisfaction d'y flâner fait partie intégrante de l’expérience.
Aussi intrigant soit cet univers dépeint par les artistes et séduisants soient les effets visuels bioluminescents qui éclairent de milles feux les différents biomes qui composent Atropos, Returnal ne peut prétendre au titre de vitrine technologique de la PlayStation 5. Le Shooter des studios Housemarque n’a pas pour autant à rougir des autres productions disponibles sur la console de Sony. Techniquement parlant, il ne se démarque en rien, mais assure l’essentiel au sein d'environnements partiellement destructibles. Une résolution en 4K avec le Ray Tracing activé, le tout à 60 images par seconde, garantit un confort de jeu optimal face au challenge que représente Returnal.
Gameplay : Découverte des étendues du Désert Pourpre
Planète Hurlante
Returnal est par définition un jeu de tir à la troisième personne (ou TPS pour Third Person Shooter) qui reprend à son compte certains codes d’un autre genre vidéoludique… le Roguelite. Cette décision lourde de sens implique un principe de cycles, une génération procédurale - comprendre ici aléatoire - des environnements et donc des éléments qui s’y trouvent, et des dizaines, voire des centaines, de morts en cascade. Ces échecs sont alors synonymes de retour à la case départ, dans le cas présent le vaisseau de Selene. Pour les non-initiés, cela signifie que vous perdez l’essentiel de votre équipement entre deux tentatives, exception faite de quelques éléments permanents, d’où le genre de jeu cité précédemment.
Cependant, Returnal n’est pas un Roguelite au sens premier du terme. En effet, ce TPS prend quelques libertés avec les règles qui régissent ce genre extrêmement codifié. Il n’est pas nécessaire de traverser à nouveau l’ensemble des niveaux à chaque cycle et encore moins de battre tous les boss. Housemarque intègre plusieurs raccourcis dans le but de rejoindre rapidement certains biomes, le premier servant de Hub central, ainsi que des gains accrus d’expérience à l'entrée desdits environnements afin d'ajuster le niveau de Selene à celui des ennemis présents. Pourtant, même avec tous ces éléments, un run dans Returnal dépasse facilement l’heure de jeu.
L’exploration est au centre d’une expérience qui encourage les survivants à faire preuve de curiosité, et les invite dans le même temps à la prudence, ce qui peut paraître paradoxal de prime abord. La planète Atropos est un puzzle visant qui altère sa structure, et donc l’agencement de ses zones, entre deux morts sans pour autant nous désorienter outre mesure. La survie passe essentiellement par la découverte. Selene chine divers items, armes et améliorations pour sa combinaison, à même de faciliter sa progression. Cela prend la forme de modules, de parasites et de reliques, ayant selon les cycles des propriétés (bonus et/ou malus) variées. L’armement récupéré est, quant à lui, lié à l’expérience accumulée (nommée "Niveau de Maîtrise"), au cours d’un run. Ce dernier détermine l’efficacité de l’arsenal mis à disposition, et donc les chances de survie de l’astronaute.
Gameplay : Exploration de la Citadelle Délabrée
La mort n’est que le commencement
Cette montée en puissance acquise non sans mal n’est jamais de trop pour venir à bout d’un environnement conçu pour vous éliminer. Le bestiaire, au demeurant varié et inspiré, donne du fil à retordre à une héroïne qui sait répondre par les armes à ces provocations. Les combats à la fois nerveux et tactiques imposent un apprentissage à la dure des forces en présence, de leurs comportements et de leurs attaques. Les affrontement prennent sur Atropos des airs de ballets explosifs. Le ressenti armes en mains, volontairement énergique, souligne l'urgence de l'instant. Ce dernier en même est accentué par les retours haptiques du contrôleur PS5 et du système d’adrénaline qui récompense les éliminations successives (sorte de killstreak) par divers bonus, à condition de ne pas être touché.
Que dire des combats de boss ? Ces séquences singulières sont la cerise sur un gâteau nommé “Difficulté”. Ces joutes épiques et leurs différentes phases d’intensification sont de véritables spectacles son et lumière où cligner des yeux peut vite se transformer en chant du cygne. La mort est bien souvent la seule alternative envisageable avant de triompher et de sentir naître un sentiment grisant d’accomplissement dans ce qu’il a de plus pur. Ne tournons pas autour du pot plus longtemps. Returnal est une expérience ardue dont personne ne ressort indemne. Le défi que représente ce jeu est à la hauteur des promesses faites par les studios Housemarque ce qui pourrait décourager les joueurs les moins persévérants.
La mort suit l’héroïne comme son ombre, mais loin d’être une source de frustration, les multiples échecs de Selene sont autant de sources de motivation qui poussent à persévérer. Néanmoins, la génération procédurale, qui la majorité du temps parvient à conserver un certain équilibre entre générosité et difficulté, manque parfois de discernement. Il arrive que le “Dieu du Random”, dans le cas présent la planète Atropos, n’ait rien de plus à offrir qu’une mort rapide. Accepter ce destin tragique est la seule option envisageable. Puis, le générique de fin ne sonne en rien la fin de l'aventure pour l'héroïne. Sur la planète Atropos, rien n’est jamais vraiment terminé. Il convient pour parachever ce tour d'horizon de Returnal de citer les différentes fonctionnalités sociales ajoutées par Housemarque ainsi que le mode "Défi Quotidien", même si ce Shooter reste au final une aventure avant tout solo.
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Gameplay : Un premier combat de boss face à Phrike
Points forts
- Un univers de S-F inspiré et inspirant
- Une direction artistique séduisante
- Un confort de jeu optimal (4K, 60fps, Ray Tracing)
- Des combats nerveux et stratégiques
- Une dimension Roguelite maîtrisée
- Les séquences narratives à la première personne
- Les fonctionnalités sociales et le mode "Défi Quotidien"
Points faibles
- Un histoire trop en retrait
- Une génération procédurale parfois déséquilibrée
Returnal est une incontestable réussite, non sans défaut, mais qui parvient habilement à fusionner Shooter et Roguelite. Ce thriller empreint de mystères rend un vibrant hommage à la science-fiction, malgré une narration diluée qui est la victime consentante de son postulat de départ… les mulitples morts de l'héroïne. Toutefois, cette aventure qui prend pour cadre la planète Atropos, magnifiée par une direction artistique soignée inspirée des différents courants de la S.-F, est une véritable ode à la découverte. Le système de combat lui-même assure une expérience mémorable faite de challenges constants dont les boss sont le point d’orgue. La difficulté inhérente au genre n’est que très rarement une source de frustration, et le sentiment grisant d'accomplissement ô combien présent. Malheureusement, la génération procédurale peine parfois à trouver un certain équilibre, ce qui pénalise le temps d'une boucle temporelle les joueurs.